Academia.eduAcademia.edu
11 Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée sous la direction de Gérard BATAILLE et Jean-Paul GUILLAUMET Actes de la table ronde de BIBRACTE, 13-14 octobre 2004 Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée Collection 11 2006 La collection Bibracte est éditée par BIBRACTE, Centre archéologique Européen. Du nom antique de la capitale des Éduens, elle rassemble tout d'abord les études analytiques qui traitent des recherches anciennes et des fouilles récentes sur le site du Mont Beuvray et le territoire éduen. Elle regroupe également des recherches effectuées dans le cadre du Centre. Le comité de rédaction de la collection est constitué des membres du Conseil scientifique de BIBRACTE, Centre archéologique Européen. Ouvrages parus dans la collection Bibracte : Bibracte 1 Bibracte 2 Bibracte 3 Bibracte 4 Bibracte 5 Bibracte 6 Bibracte 7 Bibracte 8 Bibracte 9 Bibracte 10 Bibracte 11 Bibracte 12 - L'environnement du Mont Beuvray (1996) La quantification des céramiques : conditions et protocoles (1998) Les remparts de Bibracte - : recherches récentes sur la Porte du Rebout et le tracé des fortifications (1999) Les processus d’urbanisation à l’âge du Fer – Eisenzeitliche Urbanisationsprozesse (2000) L’aristocratie celte à la fin de l’âge du Fer (2002) Les âges du Fer en Nivernais, Bourbonnais et Berry oriental (2002) Les amphores de Bibracte – 2. Le commerce du vin chez les Éduens d’après les timbres d’amphores. Catalogues : les timbres de Bibracte (1984-1998), les timbres de Bourgogne (2003) Bibracte : le site de la maison 1 du Parc aux Chevaux (PC 1) : des origines de l'oppidum au règne de Tibère (2004) Archéologie des pratiques funéraires : approches critiques (2004) Études sur Bibracte - 1 (2006) Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée (2006) Celtes et Gaulois, l’Archéologie face à l’Histoire (2006) 12-1 : Celtes et Gaulois dans l’Histoire, l’historiographie et l’idéologie moderne. 12-2 : La Préhistoire des Celtes 12-3 : Les Civilisés et les Barbares (du Ve au IIe siècle avant J.-C.) 12-4 : Les mutations de la fin de l’âge du Fer 12-5 : La romanisation et la question de l’héritage celtique Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée Actes de la table ronde organisée par L'UMR 5594 CNRS – Culture – université de Bourgogne Archéologie, cultures et société en Bourgogne et en France orientale Équipe 3 : la société gauloise Glux-en-Glenne, 13-14 octobre 2004 sous la direction de Gérard BATAILLE et Jean-Paul GUILLAUMET Collection Bibracte - 11 BIBRACTE – Centre archéologique européen F - 58370 Glux-en-Glenne 2006 Couverture : les objets du dépôt découvert à Sajópetri (Hongrie) en 2002 (recherches archéologiques franco-hongroises en Hongrie,“L'occupation celtique de la Grande Plaine hongroise”, co-dirigées par M. Szabó, professeur à l'université de Budapest, et J.-P. Guillaumet, D.R. au CNRS, UMR 5594). ©Bibracte/A. Maillier Notice catalographique Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir. — Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Glux-en-Glenne : Bibracte, Centre archéologique européen, 2006 (Collection “Bibracte”; 11, ISSN 1281-430X, ISBN 2-909668-44-4). ISBN 2-909668-44-4 Premier élément date et référence bibliographique Bataille, Guillaumet 2005 : BATAILLE (G.), GUILLAUMET (J.-P.) dir. — Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Glux-en-Glenne : Bibracte, Centre archéologique européen, 2006, 336 p., 187 ill. (Bibracte ; 11). Directeurs de la publication Gérard BATAILLE (Docteur en archéologie, chercheur associé, UMR 5594, Dijon - F) Jean-Paul GUILLAUMET (Directeur de recherche au CNRS, UMR 5594, Dijon - F) Auteurs et collaborateurs (titres au jour du colloque) Anne-Marie ADAM (Professeur, université Marc-Bloch, Strasbourg, UMR 7044 - F) Gérard BATAILLE (Docteur en archéologie, chercheur associé, UMR 5594, Dijon - F) Marion BERRANGER (Doctorante, université Paris-I, UMR 7041 - F) Tomasz BOCHNAK (Maître de conférence, université de Rzeszów - P) Louis BONNAMOUR (Conservateur au musée de Chalon-sur-Saône - F) Sébastien CHEVRIER (Doctorant, université de Bourgogne, UMR 5594, Dijon - F) Frédéric DEVEVEY (Ingénieur INRAP, chercheur associé, UMR 6565 - F) Émilie DUBREUCQ (Doctorante, université de Bourgogne, UMR 5594, Dijon - F) Annie DUMONT (Ingénieur de recherche au DRASSM, UMR 5594, Dijon - F) Mots clefs Archéologie, Europe tempérée, dépôts terrestres, dépôts fluviaux, métal, outils, parure, armement, fragmentation, Néolithique, âge du Bronze, âge du Fer, époque romaine. Andrej GASPARI (Université de Primorska - SL) José GOMEZ DE SOTO (Directeur de recherche au CNRS, UMR 6566, Rennes/ Nantes - F) Jean-Paul GUILLAUMET (Directeur de recherche au CNRS, UMR 5594, Dijon - F) Crédit des illustrations Illustrations originales des divers auteurs participant à l’ouvrage. Mise aux normes éditoriales : Charlotte Félix (BIBRACTE) Directeur de la collection Vincent Guichard (BIBRACTE) Secrétaire d’édition/Mise en page Charlotte Félix (BIBRACTE) Colin HASELGROVE (Professeur, université de Leicester - GB) Richard HINGLEY (Professeur, université de Durham - GB) Peter JUD (Chercheur au fonds. nat. Suisse de la rech. scient., UMR 7044, Strasbourg - CH) Bernard LAMBOT (CRAVO - Compiègne, chercheur associé, UMR 8546, ENS, - F) Anne LARCELET (Ingénieur INRAP - F) Patrice MÉNIEL (Directeur de recherche au CNRS, UMR 5594, Dijon - F) Olivier NILLESSE (Ingénieur INRAP - F) Aide à la mise en forme des textes Myriam Giudicelli (BIBRACTE) Patrick PION (Maître de conférence, université Paris-X, Nanterre, UMR 7055 - F) Relecteurs D. Garcia (Professeur, université Aix-Marseille) C. Mordant (Professeur, université de Bourgogne) J.-P. Thevenot (Conservateur Général du Patrimoine, Dijon) Pavel SANKOT (Directeur du département Pré et Protohistoire, musée national, Prague - CZ) Diffusion/distribution BIBRACTE - Centre archéologique européen F - 58370 Glux-en-Glenne – e-mail : edition@bibracte.fr Téléphone : 33 (0)3 86 78 69 00 – Télécopie : 33 (0)3 86 78 65 70 Copyright 2006 : BIBRACTE ISSN 1281-430X – ISBN 2-909668-44-4 Imprimé en France Sabine RIECKHOFF (Professeur, université de Leipzig - D) Martin SCHÖNFELDER (Chercheur au Römisch-Germanisches Zentralmuseum, chercheur associé UMR 5594, Dijon - D) Otto-H. URBAN (Professeur, université de Vienne - D) Stéphane VERGER (Directeur des Études pour l'Antiquité, Palais Farnèse - I) Stefan WIRTH (Maître de conférence, chercheur associé UMR 5594, Dijon - F) Domiciliations complètes, p. 9-10 Remerciements La tenue de la table ronde à l'origine de ces actes doit beaucoup au soutien matériel du ministère de la Culture et de la Communication, sous-direction de l'Archéologie, et du Conseil Régional de Bourgogne. Sommaire Les origines du phénomène Patrick PION – “Les dépôts d'avant les dépôts”: un aperçu hexagonal des pratiques antérieures aux âges des Métaux ...................................................................................................................................................... 15 Stéphane VERGER – À propos de vieux bronzes du dépôt d’Arbedo (Italie) Essai de séquençage d'un ensemble complexe ......................................................................................................... 23 Sébastien CHEVRIER – Observations sur quelques dépôts du premier âge du Fer dans le quart nord-est de la France .............................................................................................................................. 57 Les dépôts laténiens José GOMEZ de SOTO – Les dépôts métalliques du second âge du Fer dans les grottes du centre-ouest de la France ......................................................................................................................................... 75 Otto-H. URBAN – Ausgewählte latènezeitliche Eisendepotfunde aus Österreich .................................................... 83 Pavel SANKOT – Les dépôts métalliques de Bohême et de Moravie .......................................................................101 Martin SCHÖNFELDER – Ein spätlatènezeitlicher Werkzeug- und Gerätehort aus dem ostkeltischen Gebiet ..109 Peter JUD – Les dépôts d'objets métalliques aux âges du Fer en Suisse : guerriers, femmes et artisans ............129 Anne-Marie ADAM – Dépôts d’objets métalliques du second âge du Fer dans le nord-est de l'Italie et les Alpes orientales. ..................................................................................................................................................135 Colin HASELGROVE, Richard HINGLEY – Iron deposition and its significance in pre-Roman Britain ..............147 Tomasz BOCHNAK – L’état des recherches sur les dépôts d’objets métalliques du second âge du Fer en Pologne......................................................................................................................................................................165 Jean-Paul GUILLAUMET – Quelques autres dépôts d'Europe..................................................................................183 Bernard LAMBOT – Assemblages métalliques dans les structures du village d’Acy-Romance (Ardennes) .....193 Marion BERRANGER – Les dépôts de demi-produits de fer (VIIIe - Ier s. av. J.-C.) Contextes et associations de mobiliers ......................................................................................................................211 Olivier NILLESSE – Les dépôts d’objets en fer dans les établissements ruraux gaulois de l'ouest de la France : le rituel est-il au fond de la poubelle ? ................................................................................................221 Gérard BATAILLE – Dépôts de mobiliers métalliques de la période de La Tène Premiers essais de classement.....................................................................................................................................247 Annie DUMONT, Andrej GASPARI, Stefan WIRTH – Les objets métalliques des âges du Fer découverts en contexte fluvial. Les exemples de la Saône (France), du Danube (Allemagne) et de la Ljubljanica (Slovénie).....................................................................................................................................257 La continuité du phénomène Sabine RIECKHOFF – Les dépôts laténiens d’Allemagne : la continuité d'un phénomène en Europe ..............279 Louis BONNAMOUR – La découverte de Tailly (Côte-d’Or). Un dépôt votif d'époque gallo-romaine en Bourgogne ? ..............................................................................................................................................................293 Frédéric DEVEVEY, Anne LARCELET – Des dépôts métalliques dans un contexte du VIe siècle après J.-C. à Chevroches “le Domaine de Noé” (Nièvre) ............................................................................................................301 Conclusion Patrice MÉNIEL – Conclusion de la table ronde ......................................................................................................327 5 Avant propos Les premiers dépôts des âges du Fer, identifiés à la fin XIXe et début du XXe siècle, furent découverts dans des rivières, des marais et des lacs, comme à La Tène en Suisse et à Kappel en Allemagne. Au début de la seconde moitié du XXe siècle, furent mis en évidence d’autres types de dépôts d’objets en fer. Il s’agit en majorité d’outillage artisanal et agricole de la période des oppida, essentiellement en Tchécoslovaquie, dont les plus connus sont ceux de Kolín, Hostyn, Pohanská. La découverte de dépôts du premier âge du Fer et du début de la période de la Tène est encore plus récente. En France, elle a permis de reclasser un certain nombre de dépôts de haches en bronze, tant dans l'Ouest qu'en Bourgogne et dans les régions limitrophes, en mettant en valeur une déposition encore méconnue de bracelets en alliage base cuivre. Dans le même temps, étaient mis en évidence des dépôts d'objets en fer du Hallstatt, surtout en République tchèque. Aux âges du Bronze, le phénomène de dépôt est un sujet d’étude emblématique et un des fondements de la connaissance de cette période. Pour les âges du Fer, le sujet est rarement abordé en tant que tel. Lorsque cela est le cas, il s’agit le plus souvent d’inventaires. Nous désirions organiser une première confrontation des approches dans le but de mettre en place une méthodologie commune :réfléchir aux modalités de composition et aux significations des dépôts. Notre propos n’était pas de réaliser un recensement exhaustif des dépôts et de traiter de tous les thèmes possibles ni même de réunir tous les chercheurs s’intéressant à ce sujet. Ainsi, il nous faut noter l’absence dans les débats de sites importants, comme le dépôt de La Tène, pourtant site éponyme de notre période, mais dont les conditions de découverte et la dispersion empêchent d’avoir un aperçu de la globalité de cet ensemble. Le travail que Thierry Lejars a présenté au colloque AFEAF de Bienne en mai 2005 sur les collections conservées au musée de Bienne sera déjà un premier pas vers une meilleure compréhension de ce gisement essentiel et pourtant si mal connu. Les participants n’avaient aucune consigne particulière pour traiter le sujet. Certains se sont essentiellement attachés aux dépôts de mobilier en fer. En revanche, d’autres comme Th. Bochnak, ont intégré à leur présentation des dépôts monétaires ou de métaux précieux. Souvent considérés comme particuliers, ces ensembles sont aussi, au sens strict, des dépôts d’objets métalliques. Au cours de cette table ronde, il fut mis en évidence que les notions de “dépôts” et de mobiliers métalliques sont différentes d’un chercheur à l’autre, de même que les approches, ce qui est normal pour un sujet encore perçu comme peu représentatif des sociétés des âges du Fer. Lors de la présentation des communications, il est apparu que le sujet des dépôts d’objets métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée est une source inépuisable de thèmes de recherche, que chaque auteur développe selon sa propre vision. La diversité des approches témoigne d'une recherche en devenir, avec de nombreuses pistes que l'on commence à peine à défricher. Ces actes montrent les multiples réalités du phénomène des dépôts : composition, répartition, signification et datation ainsi que le travail qui reste encore à accomplir. Ce volume d’actes comprend trois parties. Les origines du phénomène sont abordées pour la période pré-métallique par Patrick Pion. Il y présente, dans le cadre du territoire de la France actuelle, les rares caches de la fin du Paléolithique dont deux, La Goulaine et Volgu se situent non loin de Bibracte, dans le Brionnais, et pour le Néolithique, les dépôts d’objets de grande qualité comme les haches, les herminettes 6 polies et les grandes lames du Grand-Pressigny. Stéphane Verger propose à partir de la remarquable publication exhaustive de Martin Peter Schindler en 1998, un nouveau regard sur le dépôt d’Arbedo (Italie). Par la méthode novatrice du séquençage, mis au point par l’auteur, il propose une interprétation où la dimension technique, cultuelle et historique est prise en compte. Sébastien Chevrier présente une première synthèse sur les dépôts du premier âge du Fer dans le nord-est de la France, phénomène encore mal quantifié pour cette période. La seconde partie est au cœur des préoccupations de cette table ronde. Certains proposent une synthèse régionale : l’Autriche pour Otto-H. Urban, la Bohême et la Moravie pour Pavel Sankot, la Grande-Bretagne pour Colin Haselgrove et Richard Hingley, l’Italie du Nord et les Alpes orientales pour Anne-Marie Adam, la Suisse pour Peter Jud, la Pologne pour Tomasz Bochnak, l'Europe en général pour JeanPaul Guillaumet. D’autres auteurs ont préféré présenter un site, Acy-Romance pour Bernard Lambot ou un type de site : les grottes pour José Gomez de Soto, les cours d’eaux pour Annie Dumont, Andrej Gaspari et Stefan Wirth ou les établissements ruraux pour Olivier Nillesse. Deux auteurs ont mené des réflexions sur les contextes et associations de type de mobilier tels Marion Berranger et Gérard Bataille. La troisième partie ébauche la continuité du phénomène. Sabine Rieckhoff, après un vaste tour d’horizon des dépôts laténiens en Allemagne, les compare avec des ensembles d’offrandes germaniques de l’Antiquité tardive retrouvées le long du limes de la Germanie supérieure. Elle y voit la permanence d’un rituel social remontant aux époques anciennes. Louis Bonnamour, ensuite, présente un ensemble d’objets en fer, en majorité des bousandales, déposés dans un chaudron en bronze à proximité d’une source. Sa composition, similaire aux découvertes recueillies dans les gués de la Saône toute proche, lui fait proposer d’y voir un dépôt votif. Pour terminer, Anne Larcelet et Frédéric Devevey étudient les ensembles métalliques découverts lors d’une fouille de sauvetage à Chevroches (Nièvre). Par le contexte, ces quatre dépôts nivernais apparaissent comme des réserves de métal liés à l’artisanat du métal et n’ont rien de religieux. En conclusion, Patrice Méniel a proposé, à partir de son expérience sur les dépôts d’ossements animaux, une méthode pour pouvoir comparer avec rigueur ces données disparates : création d’une base de données communes traitant de la description et des questions soulevées par l’étude des dépôts – modalités, composition, nature. Cette première table ronde a montré la richesse du sujet et les interrogations qu’il suscite. D’autres réunions, plus ciblées, sont prévues. Leurs objectifs sont doubles. Tout d'abord, elles permettront de redéfinir les différents aspects de ce phénomène encore mal connu pour les âges du Fer. Ensuite, nous pourrons confronter nos interprétations avec les spécialistes d'autres périodes concernées, âge du Bronze, époque romaine, haut Moyen Âge et Moyen Âge. Glux-en-Glenne, le 26 mars 2006 Gérard BATAILLE, Jean-Paul GUILLAUMET 7 PROGRAMME DE LA TABLE RONDE LES DÉPÔTS MÉTALLIQUES AUX ÂGES DU FER EN EUROPE 13-14 OCTOBRE 2004 LES ORIGINES DU PHÉNOMÈNE Patrick PION – Les dépôts au Néolithique. Stéphane VERGER – Les “vieux bronzes” du dépôt d’Arbedo et les trafics d’offrandes métalliques en Méditerranée occidentale dans la seconde moitié du VIIe et la première moitié du VIe s. av. J.-C. Sébastien CHEVRIER – Les dépôts du Hallstatt moyen et final de l’est de la France. LES DÉPÔTS LATÉNIENS José GOMEZ DE SOTO – Les dépôts de fer dans les grottes en centre ouest de la France. Otto-H. URBAN – Ausgewählte Eisendepots in Österreich. Pavel SANKOT – Les dépôts métalliques de Bohême et de Moravie. Martin SCHÖNFELDER – Un dépôt d’outillage de La Tène finale dans l’est du monde Celtique. Peter JUD – Les dépôts métalliques aux âges du Fer en Suisse nord alpine. Anne-Marie ADAM – Le site de Sanzeno nell’Anaunia et les dépôts d’objets métalliques en Italie nord orientale. Colin HASELGROVE, Richard HINGLEY – The deposition of iron in pre-Roman Britain. Tomasz BOCHNAK – L’état des recherches sur les dépôts d’objets métalliques du IIe âge du Fer en Pologne. Jean-Paul GUILLAUMET – Un point sur les dépôts laténiens en Gaule. Bernard LAMBOT – Assemblages métalliques dans les structures du village d’Acy-Romance (Ardennes). Marion BERRANGER – Les dépôts de demi-produits au Ier millénaire avant J.-C. Émilie DUBREUCQ – Un dépôt d’armes du IIIe s. av. J.-C. à Bourguignon-lès-Morey (Haute-Saône). Olivier NILLESSE – Les dépôts d’objets métalliques dans les fermes laténiennes. Gérard BATAILLE – Les dépôts de sanctuaires comparés à d’autres ensembles. Annie DUMONT, Andrej GASPARI, Stefan WIRTH – Les objets métalliques des âges du Fer découverts en contexte fluvial : Les exemples de la Saône (France), du Danube (Allemagne) et de la Ljubljanica (Slovénie). LA CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE Sabine RIECKHOFF – Les dépôts laténiens d’Allemagne et la continuité du phénomène à l’époque romaine. Louis BONNAMOUR – Le dépôt de Tailly (Côte-d’Or). Un dépôt votif du IIIe s. de notre ère en Bourgogne ? Frédéric DEVEVEY, Anne LARCELET – Les dépôts d’objets métalliques dans un contexte métallurgique du IVe s. ap. J.-C. à Chevroches (Nièvre). CONCLUSION Patrice MÉNIEL — Conclusion des journées de la table ronde sur les dépôts. 8 TITRES ET DOMICILIATION DES AUTEURS Anne-Marie ADAM Émilie DUBREUCQ Professeur, université Marc-Bloch de Strasbourg, UMR 7044, Prof : Palais universitaire, Doctorante, université de Bourgogne, UMR 5594, Dijon Domicile : Les Barbiers 9 place de l'université F - 71990 Saint Prix F - 67000 Strasbourg Tél.: 33 (0)3 88 35 37 95 amadam@umb.u-strasbg.fr Tél.: 33 (0)6 13 27 17 71 emiliedubreucq@yahoo.fr Annie DUMONT Gérard BATAILLE Docteur en archéologie, chercheur associé, UMR 5594, Dijon Domicile : Les Brenots Ingénieur de recherche DRASSM (ministère de la Culture), UMR 5594, Dijon F - 58430 Arleuf Prof : Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), Antenne d'Annecy Tél.: 33 (0)3 86 78 81 98 58 bis rue des Marquisats Prof : Bibracte, Centre archéologique européen F - 74000 Annecy Le Bourg, F - 58370 Glux-en-Glenne g.bataille@libertysurf.fr Tél.: 33 (0)4 50 51 82 74 - Fax.: 33 (0)4 50 51 03 91 annie.dumont@culture.gouv.fr Marion BERRANGER Andrej GASPARI Doctorante, université Paris I Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 (MAE) Domicile : 36 rue de Chaignot Université de Primorska Prof : Centre de recherche scientifique, Institut du patrimoine méditerranéen F - 21000 Dijon SL - 6000 Koper Tél.: 00 386 31 888 117 andrej.gaspari@siol.net marion.berranger@wanadoo.fr Tomasz BOCHNAK Maître de conférence, université de Rzeszów Prof : Uniwersytet Rzeszowski Instytut Archeologii ul. Hoffmanowej 8 José GOMEZ de SOTO Directeur de recherche au CNRS, UMR 6566, Rennes/Nantes 35-016 Rzeszów Domicile : 52 rue Fontaine du Lizier F - 16000 Angoulême Tél.: (48) 17 872 15 81 / Fax : (48) 17 852 57 37 Tél./ Fax : 33 (0)5 45 92 48 42 tbochnak@univ.rzeszow.pl jgzdsoto@free.fr Louis BONNAMOUR Jean-Paul GUILLAUMET Conservateur au musée Denon, Chalon-sur-Saône Prof : Musée archéologique V. Denon Directeur de recherche au CNRS, UMR 5594, Dijon Domicile : Chez l'Antoine du Soldat Place de l'Hôtel de Ville F - 71100 Chalon-sur-Saône F - 58370 Glux-en-Glenne Tél.: 33 (0)3 86 78 69 50 - Fax : 33 (0)3 86 78 65 70 Tél.: 33 (0)3 85 48 29 52- Fax : 33 (0)3 85 93 49 88 jpguillaumet@aol.com atelier.denon@chalonsursaone.fr Colin HASELGROVE Professeur, université de Leicester Sébastien CHEVRIER Prof : University of Leicester Doctorant, université de Bourgogne, UMR 5594, Dijon School of Archaeology and Ancient History Domicile : Les Sanrats F - 71990 La Comelle University Road Tél.: 33 (0)3 85 82 59 37 sebchevrier@yahoo.fr GB - Leicester LE1 7RH Tél.: (44) 116 252 5016 cch7@leicester.ac.uk Frédéric DEVEVEY Ingénieur INRAP, chercheur associé, UMR 6565,Besançon Prof : Base archéologique INRAP Richard HINGLEY Professeur, université de Durham rue Aristide Berges F - 21800 Sennecey-lès-Dijon Department of Archaeology University of Durham Tél.: 33 (0)3 80 32 02 70 frederic.devevey@inrap.fr South Road GB - Durham DH1 3LE richard.hingley@dur.ac.uk 9 TITRES ET DOMICILIATION DES AUTEURS Peter JUD Pavel SANKOT Chercheur au Fonds national Suisse de la recherche scientifique, UMR 7044, Strasbourg Dir. du département de Pré et Protohistoire,musée national de Prague Prof : Národni Muzeum Domicile : Efringerstrasse 24 CH - 4057 Bâle Tél.: (41) 61 373 21 90 Département d'Archéologie Vaclavské námesti 68 Plzenska 551 CZ - 115 79 Praha 1 peterjud@hotmail.com Tél.: (42) 022 449 73 22 Bernard LAMBOT pavel.sankot@seznam.cz CRAVO Compiègne, ENS Paris, chercheur associé UMR 8546 Domicile :1 rue des Acacias F - 60150 Machemont Prof. : CRAVO, 21 rue des Cordeliers Martin SCHÖNFELDER Chercheur au Römisch-Germanisches Zentralmuseum - Allemagne Chercheur associé UMR 5594, Dijon F - 61000 Compiègne Prof : Römisch-Germanisches Zentralmuseum Tél.: 33 (0)3 44 96 00 04 Ernst-Ludwig-Platz 2 lambotdacy@wanadoo.fr D - 55116 Mainz Tél.: (49) 61 31 91 24 266 Anne LARCELET Fax : (49) 61 31 91 24 199 Ingénieur INRAP schoenfelder@rgzm.de Domicile : Les Roulots F - 71190 La Chapelle-sous-Uchon Tél.: 33 (0)3 85 54 37 66 larcelet@iksis.fr Otto-H. URBAN Professeur, université de Vienne Prof : Universität Wien Institut für Ur- und Frühgeschichte Patrice MÉNIEL Franz-Klein Gasse 1 Chercheur au CNRS, HDR, UMR 5594, Dijon A - 1190 Wien Domicile : La Grilletière Tél.: (43)1 42 77 40 347 - Fax : (43)1 36 80 575 F - 89240 Escamps Tél./ Fax : 33 (0)3 86 41 75 06 otto.urban@univie.ac.at menielpat@aol.com Stéphane VERGER Dir. d'études à l'École Pratiques des Hautes Études, IVe section Prof : École Pratique des Hautes Études 45-47 rue de la Sorbonne Olivier NILLESSE Ingénieur INRAP Domicile : Barzoin F - 85420 Damvix Tél.: 33 (0)2 51 87 02 92 olivier.nillesse@inrap.fr F - 75005 Paris stephane.verger@ephe.sorbonne.fr Stefan WIRTH Maître de conférence associé, université de Bourgogne, UMR 5594 Patrick PION Maître de conférence, université Paris-X, UMR 7055, Nanterre (MAE) Prof : Maison de l'archéologie et de l'ethnologie - René Ginouvès 21 allée de l'université F - 21000 Dijon F - 92023 Nanterre Cedex Tél.: 33 (0)3 80 39 38 36 - Fax 33 (0)3 80 39 57 87 Tél.: 33 (0)1 46 69 25 68 - Fax : 33 (0)1 46 69 25 69 stefan.wirth@u-bourgogne.fr pion@mae.u-paris10.fr Sabine RIECKHOFF Professeur, université de Leipzig Prof : Universität Leipzig Ritterstraße 14 Tél.: 0341 97 37 051 - Fax : 0341 97 37 046 rieckhoff@rz.uni-leipzig.de Domicile : Lederergasse 9 D - 93047 Regensburg Tél.: 0941 58 39 786 - Fax : 0941 58 39 787 10 Prof : Université de Bourgogne, UMR 5594 “Archéologie, cultures et sociétés” 6 boulevard Gabriel Communications orales “Les dépôts d’avant les dépôts” un aperçu hexagonal des pratiques antérieures aux âges des Métaux Patrick PION La présence sporadique de culots ou de fragments d’objets en fer dans les dépôts de l’âge du Bronze final pourrait laisser penser que les dépôts d’objets métalliques des âges du Fer en constituent un simple prolongement. Le nouveau métal qu’est le fer se substituerait simplement au bronze comme matériau d’affichage : privilégié, pour la manipulation de symboles sociaux, dans un cadre conceptuel où le phénomène du dépôt – à caractère technoéconomique et/ou rituel – est considéré comme emblématique des sociétés complexes et très hiérarchisées des âges des Métaux. Pourtant, sans même rentrer dans une analyse comparative poussée, des différences flagrantes s’imposent d’emblée, qu’illustre bien la diversité des contextes et des contenus embrassés par le programme de cette table ronde. Au-delà des aspects chronologiques et d’une supposée continuité du phénomène qui reste à préciser, la diversification et la “spécialisation”qui transparaissent suggèrent que les logiques à l’œuvre derrière les pratiques des âges du Fer sont quelque peu différentes de celles de l’âge du Bronze. Les lignes qui suivent rappellent que le “dépôt” – terme qui supporte des définitions et recouvre des réalités variées qu’il conviendrait de préciser ! – n’est pas un phénomène propre aux âges des Métaux. Elles visent à élargir la perspective et le cadre de référence interprétatif en évoquant brièvement ce que l’on sait de ces pratiques et de leur variété avant cette période. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p.15-22 (Bibracte ; 11). PATRICK PION SÉLECTIONNER, RASSEMBLER, CACHER : UNE DISPOSITION LARGEMENT PARTAGÉE DES DÉPÔTS ET DES CACHES DANS DES “SOCIÉTÉS SIMPLES” ? La “thésaurisation” n’est pas une disposition comportementale propre à l’espèce humaine, et les éthologues en font l’un des critères possibles pour reconnaître l’existence de mécanismes cognitifs d’anticipation chez certaines espèces animales. Chacun connaît évidemment le cas métaphorique de l’écureuil et de ses “magasins à noisettes et à pommes de pins” méticuleusement approvisionnés avant la mauvaise saison : il s’agit là non pas d’épargne (en dépit de ce que voudraient nous faire croire certaines banques !) mais de réserves alimentaires qui assurent la soudure en période de pénurie. Qui aime Rossini sait cependant qu’il existe aussi d’autres motifs moins prosaïques et plus mystérieux – en apparence du moins ! – à ces comportements d’accumulation : la pie par exemple, qui cherche tout ce qui brille et entasse dans son nid… Trois, voire quatre types de dépôts sont repérés comme tels dans les groupes de chasseurs-cueilleurs-collecteurs du Paléolithique et du Mésolithique. Chez l’humain, le psychologue J. Piaget a décrit et individualisé une étape fondamentale et transitoire dans le développement intellectuel du jeune enfant dont l’une des manifestations les plus claires est le classement et la collection (Piaget 1964), tandis que les psychiatres cliniciens identifient dans le comportement d’accumulation exacerbé de certains patients le symptôme d’une névrose obsessionnelle compulsive (TOC), état extrême d’une structuration névrotique dont le versant obsessionnel semble corrélatif de l’émergence des comportements symboliques et d’un inconscient “moderne”. Si l’on se fie à ce qui est perçu par l’archéologue comme dépôt : un objet ou un lot d’objets sélectionnés et isolés physiquement de façon temporaire ou définitive (mis à l’écart, voire dissimulés) les champs et l’éventail des mobiles de tels gestes sont donc extrêmement vastes : du comportement spécifique au comportement idiosyncrasique propre à un individu dans un contexte donné, et aux comportements technoéconomiques et sociaux, absents des exemples que l’on vient d’évoquer mais qui sont généralement les principaux sinon les seuls à être implicitement retenus dans les interprétations archéologiques : car ce qui intéresse l’archéologue – à tort ou à raison – c’est avant tout le dépôt en tant que phénomène et fait social. 16 À côté des dépôts funéraires (Binant 1991), rares mais parfois spectaculaires 1, sont connues une poignée de caches de grandes lames en silex dissimulées dans des anfractuosités, des fissures de parois ou des chatières inaccessibles de grottes ornées du Paléolithique supérieur pyrénéen 2 (Cordier 1986, Simonnet 1981). La singularité de ces dépôts se dégage de la taille exceptionnelle des lames (entre 15 cm et 25 cm de long, soit bien au-delà des mensurations de celles rencontrées dans les habitats contemporains, dont les plus grandes n’excèdent pas 10-12 cm), du caractère exogène du matériau (un silex veiné et coloré à grain très fin probablement originaire pour une part au moins de Dordogne ; et qui ne se rencontre pratiquement pas, lui non plus, parmi l’outillage des habitats), et du contexte particulier que désigne la localisation de ces dépôts dans des secteurs peu accessibles de grottes ornées. Ces lames ont en outre toutes été utilisées, certaines vraisemblablement pour racler des surfaces de paroi décorées. On s’accorde ainsi généralement à reconnaître une dimension symbolique à ces objets et à ces caches (Simonnet 1981). Il existe aussi des amas d’ossements ou de crânes humains ou animaux, des objets disposés géométriquement sur des sols ou des objets “emballés” dans de l’ocre (Leroi-Gourhan 1964 : chapitre III, “Objets et rites”). Il existe enfin de véritables caches isolées en rase campagne, rares car difficiles à repérer, dont les trois ou quatre signalées sur le territoire métropolitain regroupent des pièces lithiques de nature variée. Ces “caches” sont, par la manière dont elles se présentent, les plus proches des dépôts métalliques des âges des Métaux. Le paradigme interprétatif dominant est techno-économique et fondé sur la nature des assemblages : des tools-kit associant matière première (nucléus épannelés), percuteurs, lames ou éclats bruts et quelques objets façonnés, soit des “réserves” de tailleurs jalonnant les parcours saisonniers d’un groupe de chasseurs ainsi allégés dans leurs déplacements. “LES DÉPÔTS D’AVANT LES DÉPÔTS” : UN APERÇU HEXAGONAL DES PRATIQUES ANTÉRIEURES AUX ÂGES DES MÉTAUX C’est l’interprétation la plus généralement retenue pour les dépôts de la culture de Clovis et des autres cultures du Paléolithique supérieur et de l’Épipaléolithique du continent nord-américain, même si la qualité exceptionnelle de certaines des pièces enfouies laisse augurer d’autres significations possibles pour ces dépôts (Collins 1999, p. 76-80 ; Frison, Bradley 1999, p. 78-81). C’est également l’interprétation techno-économique qui est retenue en France pour le dépôt du Magdalénien final de La Goulaine (La-Motte-Saint-Jean, Saône-et-Loire : Breuil 1907, Surmely et al. 2002) 3. Mais en aucun cas on ne peut maintenir une telle interprétation pour le fameux dépôt solutréen voisin de Volgu (Rigny-surArroux, Saône-et-Loire), composé d’une douzaine de pièces identiques et exceptionnelles 4. On est là en présence d’une production qui relève de la prouesse technique à des fins non utilitaires, dont on peut se demander jusqu’à quel point elle n’a pas été destinée d’emblée à l’enfouissement. Réserve de produits valorisés en eux-mêmes à des fins d’échanges ultérieurs avec d’autres groupes ? Rien n’autorise à sauter le pas pour en faire un dépôt rituel, mais on touche là néanmoins au domaine des comportements non utilitaires et du symbolique stricto sensu, à relier aux autres pratiques de dépôts en grottes évoquées ci-dessus. Bien que peu nombreux, les cas documentés pour le Paléolithique français, essentiellement datés du Paléolithique supérieur, présentent déjà tous les cas de figures ultérieurs concernant les contextes : funéraire, habitat, sanctuaire, dépôts isolés ou “caches”. Parmi ces derniers, on rencontre également au moins deux types d’assemblages qui répondent à des motivations différentes et renvoient à la bipolarisation ultérieure et récurrente des champs d’interprétation, balançant entre pôle techno-économique et pôle symbolique ou “rituel” quand il ne se dégage pas de rationalité évidente. Cantonnées à ces grandes catégories descriptives, les pratiques connues plus tard ne sont donc pas l’apanage des sociétés des âges des Métaux, ni même des premières sociétés agricoles plus ou moins sédentaires, bref, des sociétés de production. On pourrait en conclure que cette corrélation entre pratique des dépôts et organisation sociale complexe est infondée. Mais en fait, ces pratiques du Paléolithique supérieur constituent plutôt un indice supplémentaire plaidant contre la thèse qui voit dans ces sociétés de chasseurs-cueilleurs des sociétés “simples” (Sassaman 2004 ; Vanhaeren, d’Errico 2005). DÉPÔTS ET CACHES DANS LES PREMIÈRES SOCIÉTÉS AGROPASTORALES D’EUROPE OCCIDENTALE Les dépôts sont pour cette période d’une variété déroutante, tant concernant les contextes que la nature et la composition des dépôts : matériel lithique, céramique, parures animales ou animaux associés aussi bien à des contextes funéraires qu’à des habitats, aux fossés des grandes enceintes interrompues et aux occupations en grottes (Barret, Kinnes 1989 ; Hodder 1990 ; Jeunesse 1998). On n’envisagera ici que les dépôts de type “cache”. Deux types de produits sont principalement thésaurisés”: les lames de haches et herminettes polies (parfois accompagnées de parure comme les anneaux disques) et les produits particuliers comme les lames et “poignards” pressigniens (Whittle 1995). Leur écart chronologique suffit à expliquer que l’un et l’autre ne sont jamais associés. L’exemple des dépôts de haches et herminettes polies (Ve/début IVe millénaire) À l’heure actuelle, un peu plus d’une centaine de dépôts sont répertoriés, dépôts “funéraires” des tumulus carnacéens inclus (Cordier, Bocquet, 1973 ; 1998). Le phénomène présente plusieurs caractères spécifiques qui se dégagent de la localisation des matières premières comparée à celle des dépôts, et de l’état des objets en fonction de cette localisation. La diffusion des produits à partir des sources de matière première ne s’opère pas par capillarité, du type “down the line” de Renfrew avec décroissance proportionnelle au carré de la distance (Renfrew 1975 ; 1977), mais “en ricochet” avec concentrations en cercle au-delà de 500 km (Pétrequin et al. 1997 ; 1998). On est donc en présence de transferts à longue distance selon des modalités spécifiques : systèmes d’échanges complexes centralisés de type redistributifs. Les produits subissent d’importantes transformations aux diverses étapes de ces transferts : sur-polissage, voire gravure et perforation en font, sur les segments distaux du réseau, des objets extraordinaires au sens propre (cf. le poli-miroir et la transparence des tranchants de certains exemplaires carnacéens), non fonctionnels et dont la vocation principale 17 PATRICK PION est d’affichage social. Sauf exception (Bennwihr : Pétrequin, Jeunesse, 1995), les dépôts sont justement localisés loin des sources, dans le 2e et le 3e cercle, là où les produits sont les plus élaborés et ne sont plus utilitaires (Pétrequin, Croutsch, Cassen 1998, fig. 3) : on est là dans une “économie des biens de prestiges” circulant entre strates supérieures de sociétés hiérarchisées (Pétrequin, Cassen 1998). Ce qui valorise les haches, c’est leur longueur et la finition du profil et du poli (miroir), traitements qui exigent la compétence de spécialistes (et du temps) et qui retirent à l’objet sa valeur fonctionnelle. Sa valeur de prestige est proportionnelle à la distance, soit au nombre de passages de mains en mains, l’état final figurant l’aboutissement de ces transferts dont il conserverait en quelque sorte la mémoire (cf. par exemple, en ethnologie, les objets circulant dans la Kula mélanésienne : leur statut est proportionnel au nombre et à la notoriété de ceux qui l’ont possédé, dont la mémoire se transmet et circule avec l’objet : Malinowski 1921 ; 1922 ; Mauss 1925). Des aspects plus culturels ressortent également de ces répartitions. Celles des haches en jadéite verdâtre et en éclogite vert foncé mettent en évidence une ligne de démarcation Genève/Caen qui recoupe une opposition “culturelle” entre le nord (surtout des dépôts hors contexte funéraire) et le sud (dépôts parfois associés à des sépultures). Cette variation culturelle des contextes dans l’espace est à rapprocher des variations diachroniques mises en évidence au Bronze final par K. Kristiansen, avec l’oscillation dans le temps entre dépôts isolés de type cache et dépôts funéraires (Kristiansen 1998, p. 74-75). Il existe donc différentes politiques de dépôts, qui relèvent d’une dialectique jouant sur tout l’éventail des formes, et on ne peut étudier une catégorie de dépôt et en saisir le sens indépendamment ou en ignorant les autres. L’exemple des dépôts de grandes lames pressigniennes (IIIe millénaire) Le cas des lames en silex du Grand Pressigny (Indre) est différent et complémentaire – voire inverse – de celui des grandes haches. On n’entrera pas ici dans les détails, d’autant que les inventaires régionaux en cours ne permettent pas 18 encore le même type d’approche de la diffusion des produits à grande échelle. On retiendra pour notre propos qu’il s’agit de productions spécialisées relevant d’une technologie très sophistiquée qui enchaîne invariablement une série d’étapes techniques extraction des nucléus – préformage des nucléus selon exigences très strictes combinant différents types de percuteur – débitage des lames – polissage et retouches (possibles seulement si la pièce est polie, et avec une technique très difficile à maîtriser) qui réclament des compétences et des savoir-faire dont la maîtrise exige plusieurs années d’apprentissage. Ce ne sont pas les habitants du Grand Pressigny qui taillent et les tailleurs – des spécialistes donc semblent assurer la mise en forme finale des lames en “poignards” une à une sur commande et à demeure (Pelegrin 2002). La diffusion des produits est préférentiellement bipolarisée : Bretagne/Jura et Suisse, mais essaime vers le sud et vers le nord jusqu’en Belgique et aux Pays-Bas. Des atelierssatellites aux mains des mêmes spécialistes ont fonctionné plus momentanément en Bergeracois (?), dans le Vercors, et en Champagne (?). On connaît quelques dépôts isolés, répondant à au moins deux motivations différentes bien illustrées par la comparaison des “cachettes” de Barrou, La Creusette (Indre-et-Loire) (Geslin, Bastien, Mallet 1975 ; Pelegrin 1997) et de Moigny, La Croix Blanche (Essonne) (Mallet et al. 1994). Le premier, localisé sur les gîtes de matière première, consistait en 140 lames brutes dont l’étude technologique montre qu’il s’agit d’une fraction non sélectionnée d’un ensemble initial de 500 à 800 lames tirées de 50 à 80 livre de beurre, soit une session de taille de 25 à 40 jours, et un fardeau de 21 à 22 kg pour un ensemble initial de 77 à 124 kg. Il s’agirait de la réserve d’un tailleur saisonnier colportant lui-même ses produits, d’un spécialiste itinérant (Pelegrin 1997, p. 33 ; 2003). Le second, découvert aux environs de 1890, est à plus de 200 km au nord-est des sources de matière première. Il comportait quinze à vingt lames dont treize sont conservées et quatorze connues : toutes les lames sont retouchées (dont trois en grattoir) mais non utilisées ; aucune ne provient du même bloc (nucléus) ; les matières premières attestent diverses origines au sein du domaine pressignien. Il s’agit là d’un lot constitué par accrétion, en sélectionnant et prélevant dans les produits finis qui circulent à distance de la “LES DÉPÔTS D’AVANT LES DÉPÔTS” : UN APERÇU HEXAGONAL DES PRATIQUES ANTÉRIEURES AUX ÂGES DES MÉTAUX source, selon un processus de “thésaurisation” bien différent du mode de constitution du dépôt précédent. Initiative individuelle d’un Harpagon chalcolithique ? Pratique communautaire ? En tout état de cause, les poignards, très convoités, sont thésaurisés neufs (sans avoir servi) et parfois déposés en nombre dans des tombes, ou bien seuls en association avec armatures pédonculées armoricaines, ambre, or, etc. dans les ensembles tardifs du Campaniforme et du Bronze ancien d’Armorique et du Wessex. Ils ont un rôle de marqueur du genre (masculin) et de statut, et certainement ont eux-mêmes le statut de bien de prestige. Pourtant, en Suisse comme ailleurs, ils sont utilisés pour moissonner (Beugnier, Plisson, 2004). Et sur tous les habitats même les plus lointains, les poignards brisés sont réutilisés pour fabriquer sur place un petit outillage varié. Ce qui fait la valeur du poignard – qui est une faucille – est la longueur de la lame : brisé, il perd son statut. ON NE NAÎT PAS (FORCÉMENT) BIEN DE PRESTIGE, ON LE DEVIENT... Dans cette perspective, le dépôt enfoui est une opération qui soustrait l’objet à son devenir naturel, le fige à jamais dans son statut, et fixe peut-être par la même occasion et pour l’éternité le statut de son ou ses détenteurs. Pour pousser la logique à son terme et s’assurer que jamais il ne deviendra autre chose, quoi de plus efficace alors que de le détruire rituellement (ce qui est différent de le casser à l’usage). Les perspectives ouvertes ici par les dépôts antérieurs aux âges des Métaux quand aux mécanismes qui président à leur constitution reposent sur le fait que ces dépôts sont constitués d’objets lithiques, dont la matière première est une, clairement localisée et non recyclable. Leur analyse technologique permet d’associer spatialement diffusion, changements d’état et changements de statut. Il en va bien différemment, tant au plan méthodologique qu’à celui de l’interprétation, si le matériau associe deux matières premières dont les sources sont géographiquement éloignées, et s’il est en outre recyclable sans laisser de traces facilement identifiables d’un état antérieur. Ces quelques exemples antérieurs aux âges des Métaux n’épuisent pas – loin s’en faut – la diversité des pratiques qui caractérisent ces derniers (pour une revue générale : Bradley 1991 ; 2000 ; Kristiansen 1998 ; Wait 1995 ; Hill 1996). Ils proposent cependant quelques points d’ancrage susceptible de nourrir la réflexion. En ce qui concerne la composition variable des dépôts et leurs significations, ils montrent notamment qu’il n’y a pas d’objet qui soit en lui-même et a priori un bien de prestige. Lames comme haches ont une fonction prosaïque dans un système technique particulier : moissonner, abattre des arbres, etc.. On pourrait voir dans l’adoption d’un tel matériau – comme c’est le cas justement avec le bronze – l’extension d’une logique visant à l’intégration et au contrôle plus ou moins centralisé d’espaces plus vastes qu’auparavant, au risque en contrepartie, de perdre ce contrôle par tarissement de l’une des sources, ou par “parasitage” de la circulation des produits, détournés à fins de recyclage : le foyer métallurgique n’est plus lié géographiquement à la localisation de la matière première (ce que montre bien le vigoureux foyer métallurgique scandinave), et le statut de l’objet devient relativement autonome de la distance par rapport à cette dernière (de fait, les dépôts métalliques de l’âge du Bronze tendent à se concentrer sur les frontières entre techno-complexes : Brun et al. 1997). Dans le cas des haches, le statut symbolique de bien de prestige s’acquiert par une sélection sur certains critères (la longueur), et par une suite de transformations/traitements très techniques qui lui confèrent progressivement un certain aspect et son statut. Il en va différemment pour les lames pressigiennes, où l’investissement technique important qui préside à leur fabrication est d’emblée au service du symbole. Mais on constate inversement que ce statut peut se perdre. Dans tous les cas, être bien de prestige est un statut et un état transitoires d’un objet en devenir permanent ! Enfin, une solution au problème posé par la nature duale des biens de prestiges et par la dérive toujours menaçante qu’elle fait peser sur leur statut serait de créer des biens de prestige qui n’auraient d’autre fonction : – par exemple en usant d’un matériau interdisant l’usage de l’objet (on pense aux haches à douilles armoricaines en plomb, inutilisables sans émousser au premier coup le tranchant !) – ou bien en se satisfaisant d’une “image” de l’objet (modèles réduits : micro-haches néolithiques, armes des sanctuaires laténiens ; ou même figurations planes…) 19 PATRICK PION – ou bien en créant un objet sans autre usage : on pense évidemment à la monnaie, car c’est bien dans cette perspective qu’il faut envisager plus tard l’apparition des monnayages d’or et les nombreux dépôts dont ils firent l'objet, contrairement aux espèces viles qui relevaient d’une autre sphère de circulation. La démarche n’aurait en effet aucun sens si l’on n’envisage pas simultanément – dans une perspective structuraliste – les rapports dialectiques et diachroniques qu’ils entretiennent nécessairement entre eux et avec les autres formes de dépôts si largement attestées durant le millénaire qui clôt la Protohistoire. On l’aura compris à travers ce panorama rapidement brossé : saisir les logiques à l’œuvre derrière les pratiques très diversifiées de dépôts métalliques, aux époques du Hallstatt et de La Tène, exige d’abord de les documenter (inventaire, cartographie, chronologie, composition fonctionnelle et techno-économique, contexte de découverte…) mais ne saurait s’y cantonner. D'ailleurs, ces pratiques ne s’arrêteront pas là, loin s’en faut, et leur spécificité aux âges du Fer ressortiraient certainement d’autant mieux d’une approche comparative étendue aux périodes plus récentes : romaine (Wilkins 1996 ; Rieckhoff 1998), médiévale (Burkart et al. 2005), et même moderne. 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Wilkins 1996 : WILKINS (J.) dir. — Approaches to the study of ritual : Italy and the Ancient Mediterranean. Being a series of seminars given at the Institute of classical studies, School of advanced study, University of London. London : Accordia Research Centre, 1996. Wait 1985 : WAIT (G). — Ritual and Religion in the Iron Age. Oxford : BAR, 1995 (British Archaeological Report [BAR] ; 149). NOTES 1. Soungir (près Vladimir, centre de la plaine russe, 27 700 av. J.-C.). Pour mémoire, trois sépultures à inhumation. I : homme adulte, 3 500 perles en ivoire et dents de renard bleu cousues sur anorak en peau, pantalon et bottes en peau, nombreux bracelets, colliers et anneaux en ivoire. II : deux squelettes tête bêche de jeunes adolescents : costume identique au précédent, parures innombrables (bracelets, anneaux et pendeloques en ivoire), objets divers : statuettes en ivoire de mammouth et de chevaux, rondelles et épingles en ivoire, deux lances en ivoire de 2,42 m et 1,66 m de long, onze javelots, trois poignards, bâtons percés, etc. 2. Par exemple grotte de Labastide : quatre grandes lames dissimulées dans une anfractuosité suspendue, au milieu d’une paroi peinte et gravée ; grotte du Mas d’Azil : “cachette” de quatre grandes lames et d’un harpon en bois de renne posés côte à côte sur le sol d’un diverticule très étroit accessible seulement par reptation ; grotte d’Enlène : trois grandes lames dans une fente de rocher au niveau du diverticule d’accès au “sanctuaire” des Trois Frères ; Tuc d’Audoubert : grande lame dans une anfractuosité à l’entrée d’une chatière (Simonnet 1981). 3. Découverte fortuite de la fin du XIXe s., qui comportait 400 objets dont plus de 200 lames, groupés sur un petit espace à flanc de colline, à dater probablement du Magdalénien supérieur. Les 112 pièces conservées au Musée Déchelette (Roanne) se répartissent en quatre nucléus unipolaires à lames, un grand nucléus prêt à être débité (préformé), 82 lames brutes, deux lames brutes semi-corticales, une lame à crête, sept outils sur lame, douze éclats, trois éclats de ravivage Les caractéristiques de l’assemblage sont : l’origine exogène des matériaux (une source à 150 km et 1 à 50 minimum) ; la très forte proportion de produits semi-finis ; l’homogénéité des lames brutes, de 8 à 18 cm, qui forment une série issue d'un ou deux nucléus ; la présence d’outils “neufs” (sans ravivage). Le dépôt est interprété comme une cachette de “tailleur” qui transporte son matériel : matière première de qualité, préformée (allégement) ; lames brutes prêtes à être retouchées en outils, quelques outils neufs (Surmely et al. 2002). 4. Découverte fortuite de 1873, lors du creusement du canal latéral à la Loire : douze feuilles de laurier solutréennes disposées côte à côte et de chant, conservées pour parties au MAN et au British Museum. La matière première est exogène (Gien), les dimensions des pièces exceptionnelles (23 à 35 cm) et l’investissement technique hors du commun. L’examen qu’en a fait J. Pelegrin (com/pers.) montre qu’elles n’ont jamais été utilisées (tranchants frais sans aucun esquillage) : deux pièces présentent par ailleurs une fracture discrète intervenue en cours de fabrication, qui fragilise les pièces à tel point qu’elles ont été “finies” en “maquillant”: elles ne pouvaient être utilisées.  22 À propos des vieux bronzes du dépôt d’Arbedo (Italie) essai de séquençage d’un ensemble complexe Stéphane VERGER Les “dépôts de bronzier” sont-ils des ramassis aléatoires de fragments récupérés pour la refonte − et doit-on alors les traiter comme des échantillons représentatifs de la production ou de la consommation d’une communauté, c’est-à-dire avec des outils statistiques simples (dans la lignée de Verron 1973, voir par exemple Coffyn, Gomez, Mohen 1981, p. 36-40 ; Garcia 1987, p. 10-11 et plus récemment Gabillot 2000 ; 2003) − ou bien peut-on y reconnaître des lots cohérents d’objets entiers et fragmentaires associés selon des modalités plus ou moins complexes − et doit-on alors effectuer un long travail préliminaire de mise en évidence de divers types de connexions entre les pièces enfouies ensemble ? comme les restes d’équipement individuel (Verger 1998a). Le travail de Maréva Gabillot sur les dépôts de l’âge du Bronze moyen (Gabillot 2000, p. 468) et l’enquête, malheureusement encore inédite, effectuée par Estelle Gauthier sur les dépôts de la fin de l’âge du Bronze de la Bourgogne (Gauthier 2001) ont enrichi le corpus et précisé divers points. La fouille exhaustive du nouveau dépôt de Faréberviller en Moselle et son étude soigneuse, que l’on doit à Cécile Véber (1998 ; 2002, notamment p. 76-77), ont offert à la réflexion un cas exceptionnel dans lequel le caractère complet du dépôt ne peut être mis en doute, contrairement à ce qu’il advient généralement pour les dépôts trouvés anciennement ou fortuitement. Depuis que cette question a été abordée dans un article sur les dépôts associant une panoplie à une épée et un stock de métal sous forme standardisée (Verger 1992), plusieurs études en ont montré la pertinence, quoique l’approche ait fait l’objet de critiques diffuses, qui n’ont toutefois jamais été véritablement explicitées. Divers exemples de dépôts comprenant un équipement personnel masculin ou féminin et une ou plusieurs séries d’objets semblables ont été examinées (Nicolardot, Verger 1998) et l’on s’est attaché à définir plus précisément la nature et les modalités de la constitution des lots identifiés Un pas supplémentaire a été effectué par Pierre-Yves Milcent, qui s’est attaché à identifier et à décrire en détail des situations plus complexes. Dans certains dépôts, il a reconnu les restes d’équipements personnels, masculin et féminin, formant un couple, portant une attention toute particulière aux dépôts à connotation féminine (Milcent 2004, vol. I, p. 57, 187-196). Son analyse du dépôt du Petit Villatte à Neuvy-sur-Barangeon dans le Cher (Milcent 1998) a clairement montré, grâce à l’identification de plusieurs groupes d’objets étrangers à la région d’enfouissement, que l’on pouvait chercher une logique de regroupements par lots Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne- : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 23-55 (Bibracte ; 11). STÉPHANE VERGER individuels même dans les dépôts apparemment les plus confus. Cela justifiait d’ailleurs rétrospectivement les cas les plus problématiques de ce que j’avais appelé les dépôts de type Bühl-Briod, comme justement celui de Bühl, sur lequel il faudrait sans doute maintenant revenir plus en détail. Pierre-Yves Milcent a aussi donné une dimension géographique et culturelle au groupe des dépôts contenant un seul équipement personnel à épée, montrant qu’à la fin de l’âge du Bronze ils étaient caractéristiques du domaine continental mais à peu près absents du domaine atlantique (Milcent 1998, p. 64, fig. 5 ; 2004, vol. I, p. 57-58). Nous tenterons ici de faire encore un pas de plus, à propos d’un cas apparemment désespéré qui est généralement considéré, avec ceux de Larnaud, de Vénat et de San Francesco à Bologne, comme l’un des exemples types du grand dépôt de bronzier contenant des objets destinés à la refonte dans le cadre des activités d’un atelier, amassés sans logique ou bien en fonction de critères exclusivement techniques. Il s’agit du dépôt d’Arbedo dans le Tessin (Italie), qui a été choisi pour sa complexité exceptionnelle, parce qu’il contient des types d’objets rares que nous avons, par ailleurs, rencontrés dans une recherche sur les circulations votives archaïques en Méditerranée occidentale, mais aussi parce qu’il a bénéficié d’une édition exhaustive récente admirable de la part de Martin Peter Schindler (1998 ; 2000). Cette étude constituera pour nous une base de référence irremplaçable et nous n’y ajouterons que les informations supplémentaires auxquelles les hasards de la recherche nous ont donnés accès, nous conduisant à proposer, de manière hypothétique, une interprétation différente du dépôt, dans la lignée des recherches précédemment mentionnées sur la composition des ensembles métalliques complexes (sur les diverses interprétations du dépôt d’Arbedo, voir Schindler 1998, p. 35-36 ; Adam 2003, p. 304). Le dépôt d’Arbedo a été mis au jour dans une localité située immédiatement au nord de Bellinzona, au confluent du Misox avec le fleuve Tessin, qui se jette dans le lac Majeur à une vingtaine de kilomètres en aval. Plusieurs nécropoles importantes du premier et du deuxième âges du Fer ont été fouillées dans un rayon d’un kilomètre et demi, autour du confluent (Cerinasca, Molinazzo, San Paolo, Castione). Elles figurent parmi les ensembles de référence de la culture du Tessin. Il est vrai 24 1. Carte de situation d’Arbedo dans les Alpes centrales (d'après Schindler 1998). que l’endroit se trouve au débouché de la Valle Mesolcina, qui permet d’accéder au col du San Bernardino et, au-delà, à la haute vallée du Rhin au niveau de Chur et de la haute vallée du Tessin, qui conduit vers le col du Saint Gotthard et, de là, à la haute vallée du Rhône ainsi qu'au lac de Lucerne (ill. 1). Pour les VIe et Ve s. av. J.-C., la carte de répartition des petites parures caractéristiques de la culture de Golasecca montre bien l’importance des circulations de produits et des personnes qui suivaient ces itinéraires (Casini 2000, fig. 3 ; Kaenel 2000, fig. 1). C’est à partir du confluent que, venant de la plaine du Pô, commence l’ascension vers le cœur de la chaîne des Alpes, puisque d’Arbedo, qui se trouve à 270 m d’altitude, on atteint en une quarantaine de kilomètres des altitudes voisines de 2000 m. C’est à 500 m environ, à l’est du confluent, qu’un gros dépôt d’objets de bronze a été mis au jour en janvier 1946. L’emplacement de la trouvaille fit aussitôt l’objet d’une exploration de contrôle de la part de l’archéologue Aldo Crivelli et une grande partie du matériel, prélevée directement par l’inventeur, fut rapidement transférée au musée de Bellinzona, où elle est encore conservée. L’ensemble est donc à peu près complet, à l’exception de quelques objets qui ont été emportés par des particuliers au moment de la découverte. Il a fait l’objet de plusieurs publications partielles et a bénéficié récemment d’une remarquable édition exhaustive, accompagnée d’un très riche commentaire de la part de Martin Peter Schindler, dans la collection de la Société Suisse de Préhistoire et d’Archéologie. Le dépôt se trouvait dans une fosse circulaire de 55 cm de diamètre et 40 cm de profondeur dont les parois étaient revêtues de galets et qui était couverte par une dalle de pierre. On ne sait A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE rien sur la disposition des objets dans la fosse. Le dépôt contenait environ 4 050 objets et fragments, dont 3 866 sont conservés. Le poids total devait atteindre 44 kg (près de 43 actuellement). 92 % des objets présentent la même patine, les autres se répartissent entre quatre autres états de surface qui s’expliquent peut-être par la position qu’ils occupaient dans la fosse. Plus d’une centaine de restes organiques ont été repérés et une dizaine analysés. Il s’agit essentiellement de restes de graminées, de quelques graines et d’un cheveu humain. L’examen typologique complet a confirmé que l’enfouissement avait eu lieu dans la première moitié du Ve s. av. J.-C. Les objets se répartissent en trois grandes catégories : – les objets finis, le plus souvent fragmentaires (2 161) ; – les fragments de lingots (114) ; – les pièces liées à la manufacture : objets en cours de fabrication, déchets de fonte et demiproduits (1 320), résidus de métal informes (271). Compte tenu de la grande quantité de pièces liées à la fabrication d’objets de bronze, Martin Peter Schindler, comme l’avaient d’ailleurs fait la plupart de ses prédécesseurs, suppose un lien étroit entre le dépôt et un ou plusieurs ateliers de bronziers spécialisés d’une part dans la fabrication de petits objets, de parure notamment, d’autre part dans la production de tôles et de récipients. Il interprète donc le dépôt comme une réserve de métal destinée à être refondue dans le cadre des activités d’une fonderie ou de plusieurs fonderies installées à proximité (Schindler 1998, p. 23-25, 250-257). Les trois catégories de fragments correspondraient ainsi à trois sources d’approvisionnement : – le métal brut sous forme standardisée (les lingots) ; – le recyclage interne (les objets en cours de fabrication, déchets de fonte, demi-produits et résidus informes) ; – le recyclage externe (les fragments d’objets usagés de fabrication régionale ou lointaine). Ce schéma est convaincant et l’interprétation fonctionnelle semble s’imposer même s’il reste difficilement concevable que, dans un gros atelier de bronzier, une réserve d’une quarantaine de kilogrammes de métal n’a pas été utilisée ou, dans l’hypothèse d’une cessation brutale d’activité, transformée en lingots faciles à transporter ou à échanger. La seconde difficulté provient de la composition du lot de fragments d’objets manufacturés qui comprend certes une grande majorité de petites parures en usage dans la région au cours du demi-siècle qui a précédé l’enfouissement, mais aussi une quantité non négligeable de pièces très anciennes ou d’origine lointaine qui ne sont pas attestées par ailleurs dans la région voire, dans certains cas, dans l’ensemble du domaine nord italique, alpin et transalpin. Même si ces pièces ont fini leur existence dans un stock de bronze oublié par ses propriétaires, on ne peut éviter de s’interroger sur les parcours parfois très complexes qu’elles ont empruntés. Cette enquête, qui prendra appui sur l’étude de Martin Peter Schindler, en en précisant certains aspects, conduira à effectuer des regroupements différents de ceux qu’a proposés cet auteur, pour tenter d’élaborer une interprétation plus nuancée de l’ensemble exceptionnel que constitue le dépôt d’Arbedo. Pour cela, nous examinerons de nouveau rapidement les quelque 2 161 fragments d’objets finis qui ont été recensés dans la publication. Beaucoup d’entre eux ne sont pas identifiables. Les lots qui nous intéressent ici sont plutôt ceux qui sont constitués d’objets anciens ou étrangers. LA COMPOSITION DE L’ENSEMBLE DE FRAGMENTS D’OBJETS MANUFACTURÉS DU DÉPÔT D’ARBEDO Objets et lots d’objets italiques entre le Chalcolithique et le début de la période orientalisante Les objets les plus anciens sont originaires de l’Italie centrale et septentrionale. Ils se répartissent entre quatre époques bien distinctes : le Chalcolithique, le Bronze ancien, les XIIe-Xe s. av. J.-C., la seconde moitié du VIIIe et la première moitié du VIIe s. Les deux objets les plus anciens (ill. 2) sont une hache plate chalcolithique (n° 17), qui n’a sans doute pas été fabriquée dans la région, mais dont les meilleurs parallèles se trouvent en Italie centrale, et une lame de poignard triangulaire du Bronze ancien (n° 204). On ne connaît pas le parcours que ces pièces ont suivi avant d’être intégrées au dépôt et il est notamment impossible de préciser à quelle époque la hache plate a été portée dans la région : au moment de son utilisation primaire, pendant l’âge du Cuivre, ou bien plus tard, en même temps que d’autres objets mis au 25 STÉPHANE VERGER jour dans le dépôt, qui ont la même origine mais sont bien postérieurs ? Cette question apparemment gratuite prendra tout son sens, on le verra, en référence à la composition particulière d’autres lots présents dans le dépôt. Le deuxième groupe est un petit ensemble de d’objets des XIIIe-Xe s. av. J.-C. (ill. 3). Ce sont essentiellement des parures de fabrication peut-être régionale du Bronze récent (épingle n° 216, bracelets n° 208-209, fibule en archet de violon n° 211) et final (épingle n° 207, fibule n° 212), auxquelles s’ajoutent deux ustensiles de toilette plus exceptionnels (la pince à épiler n° 210, qui est d’un type assez largement répandu entre l’Italie centrale et le domaine nord alpin, et le rasoir n° 19 qui peut être attribué au type de Terni, qui est caractéristique de l’Italie centrale) ainsi qu’un tronçon de pointe de lance du Hallstatt A1. Ce petit ensemble de fragment n’est pas sans rappeler ceux qui, à l’âge du Bronze final, accompagnent les stocks de lingots − pani a piccone, palettes à douille brutes et lingots plano-convexes − dont on connaît maintenant d’assez nombreux exemples dans la plaine orientale du Pô (à Frattesina [ill. 4-6] : Salzani 1986, fig. 1 ; 2000, p. 44 ; 2003, fig. 3), dans le Frioul (Borgna 2000-2001), en Romagne (à Poggio Berni : Morico 1984-1985, fig. 2, 10 et 13) et en Étrurie tyrrhénienne (Peroni 1961, I. 5, p. 10-11), ainsi qu’au-delà des Alpes vers l’ouest 2. Fragments d’objets de l’âge du Cuivre et du Bronze ancien du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). (à Larnaud : Verger 1998b, p. 292-297, fig. 9) comme vers l’est (en Slovénie, en Croatie et maintenant aussi dans le sud-ouest de la Hongrie, comme le montre Zoltán Czajlik dans un article sous presse). On trouve à Arbedo la même association caractéristique de types d’Italie du nord, d’objets spécifiques de l’Italie centrale (le fragment de rasoir) et de pièces qui constituent des sortes de marqueurs des réseaux de relations à longue distance en Italie et à travers les Alpes, comme les pincettes à décor de bossettes (Delpino 1998, p. 25, fig. 11). Par sa composition comme par le lieu de sa découverte, le petit lot d’Arbedo s’intégrerait parfaitement dans les diverses reconstitutions des réseaux complexes de relations entre l’Étrurie tyrrhénienne, l’Italie du Nord, l’arc alpin et à sa proche périphérie septentrionale, à l’époque où ceux-ci étaient, semble-t-il, contrôlés par les agglomérations artisanales de la plaine orientale du Pô, comme le village de Frattesina (Bietti Sestieri 1998, notamment p. 45-52 ; Cassola Guida 1999). Arbedo se trouve, en effet, au départ ou au débouché d’une voie qui devait jouer un rôle important dans les circulations transalpines à l’âge du Bronze récent et final. Rappelons simplement que deux dépôts de l’âge du Bronze final composés essentiellement de pani a piccone ont été mis au jour dans deux localités des Grisons (à Schiers dans la vallée du Langquart et à Filisur dans la vallée de l’Albula : Keller-Tarnuzzer 1935 ; La Suisse 1998, fig. 105, 2), dans une zone des Alpes qui, à proximité de la haute vallée du Rhin, pouvait être reliée à l’Italie du nord par le col du San Bernardino, à partir duquel on passait nécessairement par Arbedo. Six objets peuvent être attribués à la fin de l’époque villanovienne et au début de la période orientalisante (ill. 7). Il s’agit de deux rasoirs lunulaires villanoviens (n° 20-21) qui peuvent être attribués, de manière générique, à un ensemble de types caractéristiques de la seconde moitié du 3. Fragments d’objets de l’âge du Bronze récent et final du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). 26 A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE 4. Fragments d’objets associés à des lingots dans le dépôt 2 de Frattesina di Fratta Polesine (d’après Salzani 2000). 5. Fragments d’objets associés à des lingots dans le dépôt 3 de Frattesina di Fratta Polesine (d’après Salzani 1986). 6. Fragments d’objets associés à des lingots dans le dépôt 4 de Frattesina di Fratta Polesine (d’après Salzani 2003). 27 STÉPHANE VERGER 7. Fragments d’objets italiques des VIIIe-VIIe s. av. J.-C. du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). VIIIe et du début du VIIe s. et qui sont diffusés dans l’ensemble de l’Italie centrale et jusqu’à Bologne vers le nord. Le troisième objet de cette époque est un bout de fermoir de ceinture rectangulaire à deux crochets originellement ornés de têtes animales (n° 22). Il est caractéristique de l’Étrurie tyrrhénienne centrale et septentrionale dans la première moitié du VIIe s. av. J.-C., même si quelques exemplaires proviennent de l’Étrurie interne, du Picenum, de l’Étrurie méridionale et du Latium. La hache à ailerons terminés par des volutes (n° 18) s’insère dans un groupe de types caractéristiques de l’Étrurie et de l’Étrurie padane dans la seconde moitié du VIIIe et au début du VIIe s. Elle présente un détail morphologique rare, une paire appendices latéraux à volute qui est attesté sur les haches des très riches tombes A et H1 de la nécropole de Casa Nocera à Casale Marittimo, dans la région de Pise, qui datent de la première moitié du VIIe s. (Esposito 1999, photographie p. 100 ; Morogi Govi 2000, p. 238-239, n° 270). Les deux derniers objets de cette époque sont beaucoup plus modestes. Il s’agit d’un côté d’un arc de fibule d’Italie du nord des VIIIe-VIIe s. (n° 213) ; de l’autre, d’un arc de fibule a navicella (n° 16) d’un type fréquent en Italie du Sud, notamment dans les nécropoles de Campanie mais aussi dans le Latium, dans la seconde moitié du VIIIe et la première moitié du VIIe s. Plusieurs exemplaires de ce type ont aussi été mis au jour dans des sanctuaires d’Italie du Sud et de Sicile (en particulier dans le sanctuaire 28 de la Malophoros à Sélinonte : Gàbrici 1927, fig. 155a). Ils peuvent alors provenir de strates ou de contextes de la seconde moitié du VIIe ou de la première moitié du VIe s., comme nous aurons l’occasion d'en rappeler. Un lot réuni en Sicile dans la seconde moitié du VIIe et la première moitié du VIe s. av. J.-C. La composante chronologique du dépôt qui semble la plus hétérogène est celle qui couvre la seconde moitié du VIIe et la première moitié du VIe s. Les fragments de cette époque sont originaires de régions très variées et ne présentent apparemment aucune cohérence fonctionnelle. Seul un examen très attentif de l’ensemble permet en réalité d’en comprendre la logique de composition et de restituer l’histoire complexe de son rassemblement. On reconnaît d’abord des fragments de vaisselles de fabrication grecque du VIe s. av. J.-C. (ill. 8). Il est difficile de les dater avec précision dans la mesure où, dans plusieurs cas, les meilleurs parallèles connus proviennent de sanctuaires grecs non stratifiés. Les fragments d’Arbedo sont, pour la plupart, extrêmement réduits ce qui empêche aussi leur identification précise. Le fragment le plus reconnaissable est une partie d’attache d’anse annulaire mobile de chaudron (n° 181). Un récipient complet servait d’urne cinéraire dans une tombe de Gela (Orsi 1906, col. 323-325, fig. 240). Un autre, très réparé, provient A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE 8. Fragments de vases grecs du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). du sanctuaire d’Olympie (Gauer 1991, p. 26-27 et p. 182, pl. 16, 1). Des anses entières, très semblables, proviennent des sanctuaires d’Héra de Perachora (Payne 1940, pl. 35, 4) et du Cap Colonne près de Crotone (Spadea 1996, p. 114, n° 31). Le type apparaît sans doute dans la seconde moitié du VIe s. Les exemplaires plus récents sont plus épais et leur découpe est moins complexe (comme dans le cas des exemplaires d’Apulie, datés jusque dans la seconde moitié du Ve s.: Tarditi 1996). On trouve ensuite une bobine avec la trace de l’emplacement de la fixation sur le vase (n° 176, non représenté). Un tronçon de couronne de support à trois pieds (n° 183) appartient sans doute à un podanipter archaïque. La portion d’applique discoïdale à motif de pétales rayonnants n° 184 doit sans doute être rattachée à un récipient de fabrication grecque, même si l’on ne peut guère être plus précis (s’agit-il par exemple d’un disque d’attache d’anse de bassin ?). Deux extrémités d’anses à charnières proviennent de chaudrons à attaches d’anses ornées d’une palmette (n° 178179) d’un type bien connu en Grèce, par exemple à Olympie (Furtwängler 1890, pl. 50, n° 825, 827 ; Gauer 1991, p. 48-58, pl. 35-46, notamment 36, 38 et 41) et à l’Héraion d’Argos (Waldstein 1905, p. 292, pl. 122, n° 2177). Le type est attesté depuis le milieu du VIe s., mais persiste, avec une décoration plus grossière, jusqu’à la fin du Ve s. dans les Balkans et dans le sud-est de l’Italie (Tarditi 1996, p. 59-65). Un tout petit fragment (n° 177) creux et fortement bombé, orné de trois pétales de palmette, pourrait faire partie de l’ornement inférieur d’une attache d’anse de ce type, semblable par exemple à celle qui a été mise au jour près de l’édifice cultuel archaïque du sanctuaire de Santa Anna près d’Agrigente en Sicile (Fiorentini 1969, p. 67, note 6, pl. 36, 1-2). Enfin, l’extrémité de branche latérale d’anse de cruchon (n° 137) pourrait être plutôt grecque qu’étrusque. Il ne s’agit pas de toute façon d’un fragment d’oenochoé rhodienne (Schindler 1998, p. 79). Des comparaisons précises se trouvent sur une anse de cruchon du sanctuaire de Bitalemi à Gela en Sicile et sur une autre du sanctuaire du Cap Colonne près de Crotone (Spadea 1996, p. 113, n° 29). Martin Peter Schindler considère que le fragment n° 182 est la partie centrale d’une anse mobile de podanipter de taille moyenne. Les exemplaires de comparaison les plus proches proviennent du sanctuaire d’Olympie et sont datés par W. Gauer de la seconde moitié du VIe s. (P9-11 : Gauer 1991, p. 238, pl. 58). On peut toutefois noter qu’à la différence de l’ornement côtelé qu’ils portent, celui d’Arbedo n’est pas parfaitement symétrique, ce qui est curieux, même si l’on suppose une maladresse de fabrication. Cette particularité s’explique en revanche parfaitement si l’on interprète le fragment comme un ornement latéral d’anse mobile de récipient. Il faudrait alors restituer une anse plus grande, comparable, pour la forme comme pour les dimensions, à celles du chaudron de la tombe princière de Hochdorf (Biel 1985, pl. 37 ; Bieg 2002, fig. 93). Le fragment d’Arbedo devait appartenir à une anse légèrement plus petite mais, si les proportions étaient les mêmes que sur l’exemplaire trouvé en Allemagne, sa largeur atteignait environ 24 cm, au lieu de 26 pour les exemplaires de Hochdorf (ill. 9). La comparaison avec ce vase exceptionnel est compliquée du fait que ses anses à bobine appartenaient à l’origine à un autre récipient et n’ont été adaptées au chaudron actuel que dans un second temps. Quoi qu’il en soit, le dépôt d’Arbedo contient bien un fragment de très grand vase grec de la seconde moitié du VIe s., comparable aux plus importants récipients fabriqués à cette époque. Ajoutons une importante série de fragments de fonction ou d’origine indéterminées qui trouvent toutefois de bons parallèles parmi les objets de la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi à Gela, comme les nombreux fragments de râpes (n° 50113) et les objets n° 1247, 1249, 1 258. On reconnaît aussi un petit poids de métier à tisser pyramidal (Schindler 1998, pl. 52, n° 1232) dont la forme évoque celle d’un exemplaire comparable mis au jour sur l’acropole de Gela. 29 STÉPHANE VERGER 9. Disposition du fragment n°182 d’Arbedo sur une grande anse à bobine. Ici, d’après Bieg 2002, une des anses du chaudron de Hochdorf (en arrière plan) réduite aux proportions restituables de l’exemplaire d’Arbedo (au premier plan, avec le fragment d’Arbedo). 10. Fragments de clous et d’éléments d’ameublement ou de bâtiment grecs du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). 30 A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE À côté de ces restes, il faut attirer l’attention, plus clairement que ne l’a fait M. P. Schindler sur un ensemble exceptionnel d’ornements de meubles grecs archaïques (ill. 10). Le premier fragment (n° 186) qui peut lui être attribué provient d’une poignée en bronze qui recouvrait des tiges de fixation en fer. Elle devait équiper un coffre ou un meuble de forme indéterminée. Un autre objet très caractéristique est la grosse tête-de-clou conique n° 187. Plusieurs exemplaires semblables proviennent de sanctuaires de Grèce (Olympie et Argos : Furtwängler 1890, pl. 67, n° 1221 ; Waldstein 1905, p. 326, pl. 134, n° 2749-2 750), mais ils sont surtout fréquents en Sicile. Ils sont présents dans les sanctuaires : dans celui de la Malophoros à Sélinonte (Gàbrici 1927, fig. 154, h-i) ; dans la déposition 6 de Santa Anna à Agrigente (Fiorentini 1969, pl. 35, 2, 4) ; dans le bothros d’Éole de Lipari, qui en contient deux exemplaires (Bernabò Brea 1998, p. 48, fig. 12ef). On les trouve aussi dans les nécropoles, comme l’exemplaire malheureusement erratique de celle de Buffa à Sélinonte (TR. IX, 6 : Meola 1996, p. 264, pl. 225) et ceux de la tombe 28 du Fusco à Syracuse (Orsi 1893, p. 456). Dans cette grande fosse, Paolo Orsi en mit au jour 24 exemplaires à tige de bronze répartis sur la longueur de trois des parois (nord, est et sud). Ils devaient orner la caisse du cercueil, plutôt qu’un lit funéraire. Ils étaient associés à onze clous plus petits à tête circulaire bombée et à tige droite en bronze de 7 cm de long environ, à section quadrangulaire. C’est exactement cette forme que présente le clou à grosse tête (n° 958) et, de manière plus générale, les exemplaires déformés (n° 959-9641) et les cabochons fragmentaires en tôle (n° 9991 001 et 1008-1010). L’un d’entre eux (n° 959) présente une tige deux ou trois fois coudée. Il est exactement identique aux 36 clous ornementaux de la tombe M de la nécropole de Rifriscolaro à Camarina (indication fournie par Paola Pelagatti) et aux 9 clous de la très riche tombe 1 de la nécropole du Giardino Spagna à Syracuse (Orsi 1925, p. 186, fig. 12). On peut aussi rapprocher l’exemplaire (n° 958) d’un grand clou en bronze mis au jour dans le secteur méridional de l’habitat de la cité de Mégara Hyblaea (Gras, Tréziny, Broise 2004, p. 214, fig. 250). De nombreux exemplaires ont, en fait, été inventoriés dans les nécropoles grecques de Sicile méridionale (Meola 1996, I, p. 264). Compte tenu de la très grande rareté de ce type d’objet dans le nord de l’Italie, du caractère relativement peu précis des rares comparaisons disponibles et de l’association avec un clou grec à tête “en chapeau de chinois”, il faut se résoudre à voir dans cette série d’une dizaine de clous en bronze à grosse tête bombée, des ornements de meuble ou de cercueil grecs du VIe s. av. J.-C. La même question doit être posée pour les clous à tige en fer et grosse tête bombée directement coulée sur la tige (n° 967-998), pour lesquelles il existe quelques comparaisons régionales exactes et plusieurs exemplaires en cours de fabrication dans le dépôt d’Arbedo même (n° 2032-2 035). Que dire des grands clous en bronze à petite tête discoïdale plate, à tige quadrangulaire plusieurs fois recourbée (n° 1145-1 146) dont il n’existe pas de parallèles régionaux, mais qui sont tout à fait identiques aux clous d’architecture grecs qui existent depuis l’époque archaïque ? À titre d'exemple, plusieurs exemplaires ont été mis au jour dans l'épave archaïque de Gela, qui a coulé au début du Ve s. av. J.-C. (Fiorentini 1990, p. 27, pl. 11, 7). L’auteur de la monographie attribue aux Grecs un autre petit groupe d’objets qui revient en fait aux cultures indigènes de l’âge du Fer de la Sicile (ill. 11). On reconnaît deux fragments certains de plaques de fixation d’anse de chaudron triangulaires à anneau central, du type de celles du dépôt du Mendolito à Adrano (n°170-171). Elles sont simples et sans décor visible. L’exemplaire n° 171 ressemble beaucoup à l’un des fragments présents dans un dépôt de bronze actuellement conservé à Sciacca en Sicile sud-occidentale. Il n’est pas impossible, comme le suggère l’auteur, que le fragment n° 1188 fasse partie de la même série. Les n° 172 et 173 sont des tronçons de flammes de pointes de lance qui présentent une nervure centrale hexagonale aplatie ou à facettes. Elles s’intègrent dans la série des grandes lances siciliennes du VIIIe s. av. J.-C. qui sont également très bien représentées au Mendolito. Le degré de fragmentation est très élevé, comme c’est le cas pour les deux fragments de la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi à Gela (ill. 15, n°3-4). Il n’est pas impossible que certains des fragments de lance moins caractéristiques, comme les n° 1112-1114, soient également d’origine sicilienne. Il faut revoir également l’attribution des fragments de parures annulaires (n° 174-175), qui sont considérés comme grecs simplement parce qu’ils ressemblent à des exemplaires des sanctuaires de Pérachora et de Bitalemi. Comme nous l’avons montré par ailleurs, ces derniers sont en fait originaires de différentes régions de la Gaule (Verger 2000 ; 2003a), ce qui doit également être le cas 31 STÉPHANE VERGER 11. Fragments d’objets indigènes de Sicile du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). 12. Fragments de parures annulaires gauloises du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). 32 des fragments d’Arbedo. Le groupe à considérer est d’ailleurs plus important, car il faut adjoindre aux deux pièces mentionnées les n° 1140-1 143 et 1224-1226. Examinons plus en détail ces neuf objets (ill. 12). Le plus caractéristique est le n° 1126. Il s’agit d’un petit bout d’anneau de jambe tubulaire à groupes de bossettes anguleuses séparés par des surfaces planes originaire du Massif Central, plus précisément de l’Auvergne (ill. 13, n° 1 ; ill. 15, n°6; ill. 17, n°5 ; Milcent 2004, vol. I, p. 173, fig. 84, Jb.25. XI.a.: groupe de Moissat). Le n° 1225 provient d’un anneau de jambe à grosses bossettes creuses arrondies du centre de la France (Milcent 2004, vol. I, p. 173, fig. 84, Jb.20.XI ; Verger 2003b, p. 534, fig. 7, 1-3). Plusieurs fragments de ce type proviennent du dépôt de Roque-Courbe à Saint-Saturnin dans l''Hérault (ill. 17, n°2 ; Garcia 1987, fig. 10, 14-15). Le fragment n° 175 est orné de bossettes creuses anguleuses jointives. Il peut s’agir d’un tronçon d’anneau de jambe à groupes de bossettes creuses anguleuses séparés par des filets, tel qu’il en existe plusieurs exemplaires dans l’ensemble conservé à Sciacca, à Bitalemi (ill. 15, n°12 ; voir aussi un fragment des fouilles d'Orsi : 1906, col. 722, fig. 555) et dans le dépôt de Roque-Courbe à SaintSaturnin (ill. 17, n° 3 ; Garcia 1987, fig. 10, 12, 15 et 30 par exemple). Le n° 174 présente une extrémité intacte et porte un décor de bossettes séparées par des paires de filets, comme un fragment de l’ensemble conservé à Sciacca. Les fragments n° 1140 et 1141 entrent dans la série des anneaux de jambe pleins à groupes de bossettes anguleuses séparés respectivement par des groupes de filets et des surfaces planes. Le n° 1141 peut être comparé, par exemple, à un bracelet de la tombe 2 du tumulus 21 de Laurie dans le Cantal (ill. 13, n° 2 ; Milcent 2004, pl. 10, 2) Tous les quatre doivent être originaires du centre ou du centre-est de la France. Le n° 1142 est un tronçon d’anneau de jambe rubané à bossettes basses séparées par des filets semblables à un fragment de Bitalemi (ill. 15, n° 10) et surtout à la série mise au jour dans la tombe 7 du tumulus de Courtesoult en Haute-Saône (ill. 13, n° 4 ; Piningre 1996, fig. 26, p. 93-94, fig. 100-102 ; Verger 2003b, p. 538, fig. 5-6, 8). La largeur de l’exemplaire d’Arbedo (1,5 cm) est intermédiaire entre celle des exemplaires franc-comtois (1,2 cm) et sicilien (1,7 cm). Il peut être rangé parmi les anneaux de jambe rubanés de la Bourgogne et de la Franche-Comté du Hallstatt D1. Le n° 1143 est un tronçon de parure annulaire à petites bossettes jointives, sans doute très usé sur les tranches. Enfin A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE 13. Quelques pièces de comparaison pour les fragments de parures annulaires gauloises du dépôt d’Arbedo. 1. Moissat (Puy-de-Dôme, d’après Pommerol, Milcent 2004) ; 2. Laurie (Cantal), tumulus 21, sépulture 2 (d’après Milcent 2004) ; 3. Ecury-le-Repos (Marne, d’après Brisson 1941) ; 4. Courtesoult (Haute-Saône), tombe 7 (d’après Piningre 1996). le n° 1224 provient d’un gros anneau de jambe à bossettes hautes. Il pourrait être originaire de la Champagne (ill. 13, n° 3 ; ill. 15, n° 9 ; Brisson 1941, fig. 5 ; Lepage 1989, p. 321-329, fig. 1-4). Toutes ces parures annulaires gauloises datent du Hallstatt D1, c’est-à-dire de la fin du VIIe ou des deux premiers tiers du VIe s. Par ailleurs, deux fragments de tôle épaisse courbée (ill. 12, n°1227, 1479) classés parmi les non identifiés, pourraient provenir de haches à douille du type de celles que l'on trouve dans les dépôts laucaniens du Languedoc. Ils peuvent être comparés précisément à des débris du dépôt de Saint-Saturnin (ill. 15, n° 7) et du sanctuaire de Bitalemi (ill. 17, n°1). C’est à la même époque que l’on peut attribuer une série de fragments de récipients étrusques de types généralement attribués à des ateliers l’Étrurie interne des deux premiers tiers du VIe s. av. J.-C. (ill. 14). L’une des pièces les plus reconnaissables est un embout de vasque d’infundibulum (n° 153) auquel on peut associer l’extrémité du manche d’une passoire de même type (n° 154). Cette forme particulière de filtre-entonnoir apparaît, sans doute, dans le deuxième quart du VIe s. et reste en usage pendant une partie au moins de la seconde moitié du siècle. Les n° 130 et 131 sont des fragments d’attaches de poignée d’un type de bassin généralement monté sur trépied dont on peut attribuer la fabrication à des ateliers l’Étrurie interne actifs dans les deux derniers tiers du VIe s. Plusieurs autres fragments proviennent, peut-être, du même type de récipient, voire du même exemplaire : une patte de félin schématisée (n° 132) et une épaisse barre rectiligne (n° 133), qui pourraient faire partie d’un support à trois pieds, et une tige coudée (n° 195), peut-être un angle de poignée. Deux fragments de petites roues (n° 48-49) ont été identifiés par M. P. Schindler comme des pièces de support de brasero. Ce type de récipient doit avoir à peu près la même datation que les deux précédents. Il est diffusé avant tout en Étrurie interne, ce qui suppose vraisemblablement une fabrication dans cette région, peut-être à Orvieto. Parmi les fragments de vases non identifiés, on trouve une série de parties de panses de vases sans doute tronconiques à carène haute et col oblique tourné vers l’intérieur, qui s’épaissit régulièrement jusqu’à la lèvre (n° 1154-1 158). Ils semblent appartenir à deux vases différents au moins. Un fragment présente une perforation sur le col (n° 1154). On peut y reconnaître des fragments de situles tronconiques du type de Crossac (sur ce type voir 33 STÉPHANE VERGER 14. Fragments de vases et d’ustensiles de banquet étrusques du 34 VIe s. av. J.-C. du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE notamment Nortmann 1998 ; Grassi 2003, p. 495, fig. 3b). Cette forme particulière, largement diffusée au nord des Alpes, est aussi bien présente dans les nécropoles de l’Étrurie interne et des Abruzzes dans les deux premiers tiers du VIe s. Il s’agit probablement d’une production l’Étrurie interne. On compte donc un ensemble chronologiquement et culturellement homogène d’au moins six vases sans doute fabriqués en Étrurie interne dans les deux premiers tiers du VIe s. av. J.-C. On pourrait ajouter au même groupe quelques fragments de pieds annulaires de vases qui, toutefois, sont trop fragmentaires et trop simples pour être identifiés avec certitude (n° 143-152). Une attache d’anse (n° 23) pourrait provenir soit d’une situle fabriquée en Étrurie padane ou sur la côte adriatique, soit d’une petite ciste à cordons de type Novilara ou Ancône, une série fabriquée exclusivement dans le Picénum. L’objet daterait alors de la fin du VIIe ou de la première moitié du VIe s. av. J.-C. Le dépôt d’Arbedo contient donc un ensemble composite de pièces qui, au premier examen, ne semble présenter aucune cohérence, mais qui, si on le compare à certaines autres séries, s’avère avoir été constitué selon une logique complexe. On y trouve associés des parures annulaires du Hallstatt D1 du centre de la Gaule également présentes dans les dépôts “launaciens” du Languedoc, quelques objets caractéristiques des dépôts métalliques de la Sicile interne de la seconde moitié du VIIIe ou de la première moitié du VIIe s., plusieurs fragments de vases étrusques probablement fabriqués en Étrurie interne dans les deux premiers tiers du VIe s., des restes de vases grecs fréquents dans les sanctuaires grecs, notamment en Sicile au VIe s. et des clous d’ameublement d’un type bien attesté dans les habitats, les nécropoles et les sanctuaires grecs de Sicile au cours du VIe s. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cet assemblage improbable n’est pas propre au dépôt d’Arbedo. On le retrouve en effet dans un petit nombre de dépôts votifs de Sicile méridionale. L’ensemble le plus caractéristique de ce point de vue est le dépôt de bronzes conservé à Sciacca dans la collection de Primo Veneroso, qui contient plusieurs centaines de tronçons de parures annulaires du Hallstatt D1 de la Gaule du sud et du centre, divers fragments d’objets de l’âge du Fer sicilien (plusieurs grandes lances et de rares fragments d’anses de chaudrons), une extrémité de manche d’infundibulum étrusque, une série d’éléments de vases métalliques grecs du VIe s. (anses de bassins, support à pieds en forme de patte de félin, embouchure d’aryballe) et une plaque de serrure également grecque. Ajoutons à cette liste plusieurs fibules a navicella tyrrhéniennes du VIIe s., proches du type du fragment n° 16 d’Arbedo. L’ensemble ne contient pas d’objets certainement postérieurs au troisième quart du VIe siècle. Dispersés dans les dépôts et parmi les objets isolés de la couche 5 du sanctuaire de Bitalemi à Gela (Orlandini 1965-1967 ; 1966 ; Verger 2003a, p. 530538, fig. 3-8), on reconnaît de la même manière plusieurs dizaines de tronçons de bracelets et d’anneaux de jambe de Gaule du Sud et du Centre, de petits restes de lances et plusieurs fragments d’anses de chaudrons indigènes de Sicile (ill. 15), une olpé haute probablement étrusque du VIe s. et divers objets grecs du VIe s., parmi lesquels une anse d’olpé. Le dépôt et l’enfouissement de tous ces objets ont eu lieu du dernier quart du VIIe au troisième quart du VIe siècle. Au centre du bâtiment archaïque principal du sanctuaire de Santa Anna à Agrigente se trouvait un grand vase de fabrication indigène − le pithos du dépôt 6 − qui était rempli de fragments de lingots de cuivre ou de bronze (Fiorentini 1969, notamment p. 71-76, pl. 35). Parmi les quelques fragments d’objets associés au métal brut, on peut mentionner plusieurs pièces indigènes de Sicile (comme des “astragales” décorés), des bouts de vases grecs (comme une attache d’anse de podanipter) et une grosse tête de clou moulurée semblable au n° 187 d’Arbedo. On pourrait aussi comparer une douille à deux appendices courbes au pommeau du poignard hallstattien de la tombe 10 du tumulus 5 de la nécropole de Chabestan dans les Hautes-Alpes (Mahieu, Boisseau 2000, fig. 64, 3 ; Verger 2003b, p. 540). L’association d’objets, des VIIe et VIe s. mise en évidence dans le dépôt d’Arbedo, est trop caractéristique pour que la ressemblance avec les ensembles de Sicile soit le produit d’une simple coïncidence. On peut plutôt supposer que l’on a affaire à un ensemble réuni en Sicile méridionale dans la seconde moitié du VIe s. Examinons plus en détail les caractéristiques et l’histoire de ce type de lots de fragments d’objets de bronze. Nous avons tenté de restituer la chaîne d’opérations qui a pu conduire à la constitution de ces ensembles composites de la Sicile méridionale. Résumons ici les résultats de l’enquête, qui conservent, par bien des aspects, un caractère hypothétique (ill. 16). 35 STÉPHANE VERGER 16. Essai de restitution des étapes de constitution du lot “sicilien” du dépôt d’Arbedo dans le contexte des circulations votives entre la Gaule et la Sicile dans la seconde moitié du VIIe et la première moitié du VIe s. av. J.-C. (S. Verger). 15. Fragments d’objets indigènes de Sicile et de parures annulaires gauloises du sanctuaire de Bitalemi à Gela (S. Verger). On peut supposer qu’il existait dans certaines cités grecques de cette région dans le dernier tiers du VIIe et les deux premiers tiers du VIe s. deux formes principales de stockage probablement public du bronze : d’un côté des réserves de fragments de lingots, de l’autre des dépôts de fragments d’objets non grecs. On ne peut guère préciser plus le mode de formation de la première forme, qui est documentée par le pithos 6 de Santa Anna à Agrigente, faute d’étude morphologique et chimique précise des lingots. En revanche, diverses observations permettent de restituer la dynamique de formation du second type de stock, qui est illustré par le dépôt conservé à Sciacca. Y étaient regroupés des objets presque exclusivement non grecs apportés soit 36 sous forme d’objets isolés, utilisés sur place par les Grecs comme objets usuels (les vases étrusques par exemple), liés à des pratiques spécifiques (comme les vases originaires du nord du Caucase) ou bien utilisés comme amulettes (comme les perles et petites pendeloques de Sicile indigène, de Gaule du Sud et des Balkans), soit sous forme de lots constitués. Parmi ces derniers, on peut mentionner des lots de fragments d’objets indigènes de Sicile, sans doute rassemblés dans l’intérieur de l’île selon les mêmes modalités que pour la constitution des dépôts métalliques indigènes, comme celui du Mendolito (Albanese Procelli 1993, p. 109-207) et les lots d’objets gaulois. Pour ces derniers, la chaîne d’opérations qui a conduit à leur rassemblement est plus longue. En effet, les cas connus présentent une composition très semblable à celle de certains dépôts de bronze launaciens du Languedoc, en particulier celui de Roque-Courbe à Saint-Saturnin dans l’Hérault (Garcia 1987). On y trouve les mêmes catégories et types d’objets dans des proportions semblables, mais aussi dans un état de fragmentation identique (ill. 17). Ces ensembles, eux-mêmes hétérogènes, sont le fruit du regroupement de pièces originaires de diverses régions − le Languedoc mais aussi plusieurs zones de la Gaule du centre, du sud du Massif Central à la Bourgogne et même à la Normandie. Il faut sans doute imaginer plusieurs étapes dans la A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE réunion et la fragmentation des objets, tout au long du trajet entre les régions d’origine des pièces et le Languedoc. Il faut supposer qu’il existait aussi, dans cette dernière région, des stocks de fragments de métal qui ont été, pour une part, enfouis sur place et pour une autre transportés jusqu’en Sicile méridionale et incorporés là dans les réserves de bronzes manufacturés non grecs. Ces réserves de métal n’étaient pas immédiatement enfouies. Elles étaient accessibles et l’on pouvait en extraire des pièces isolées ou de petits lots, par exemple pour les besoins de certaines pratiques cultuelles publiques − comme le montre l’examen des dépôts mis au jour dans la couche 5 du sanctuaire thesmophorique de Bitalemi à Gela − ou privées − comme l’indiquent les trouvailles effectuées récemment dans les niveaux les plus anciens des maisons des abords de l’agora de Sélinonte (indication fournie par Dieter Mertens et Sophie Hellas). Les quelques pièces grecques de vaisselle et d’ameublement que l’on trouve dans ces réserves de métal semblent dater de la toute dernière phase de la constitution de celles-ci, c’est-à-dire du troisième quart du VIe s. Ces fragments d’objets manufacturés grecs ont modifié la composition originelle des deux types de réserves de métal puisqu’ils apparaissent à la fois dans les stocks de fragments non grecs − dans le dépôt conservé à Sciacca − et dans les stocks de métal brut − dans le pithos 6 du sanctuaire de Santa Anna à Agrigente. Il s’agit peut-être des derniers ajouts effectués avant l’enfouissement définitif des différentes réserves de bronze. Cette dernière opération est documentée dans le cas du pithos 6 de Santa Anna. Le vase rempli de bronze a été enterré au centre du bâtiment principal du sanctuaire et l’on a placé au-dessus une petite tasse et un fragment de coupelle en céramique ainsi que deux lames de couteau en fer, possible ustensiles d’une libation et d’un sacrifice effectués à l’occasion de la clôture définitive du dépôt (Fiorentini 1969, p. 72, pl. 34.1-3, 9-10). Le lot “sicilien” du dépôt d’Arbedo peut donc être rattaché à un phénomène spécifique de stockage sélectif du bronze tel qu’il apparaît dans certaines cités grecques de Sicile méridionale, plus précisément dans le troisième quart du VIe s. (en raison de la présence des fragments de vases et de meubles grecs caractéristiques de la dernière phase de constitution des réserves de métal). La présence d’un tel lot dans le Tessin 17. Fragments de parures annulaires gauloises du dépôt de Roque-Courbe à Saint-Saturnin (Hérault), d’après Garcia 1987. ouvre des perspectives historiques inédites qui dépassent largement le cadre de la présente étude, mais dont on peut résumer les termes, simplement pour montrer ce qu’un ensemble, comme celui d’Arbedo, peut apporter à la connaissance fine des réseaux de contacts à longue distance. Après le milieu du VIe s., on ne décèle plus d’indices de relations maritimes directes entre la Gaule, et plus particulièrement le Languedoc, et la Sicile méridionale grecque (Verger 2003b, p. 569-571). Ce fait est sans doute dû à une transformation des conditions de navigation qui intervient à l’époque de la bataille d’Alalia. C'est, en effet, alors que se mettent en place de grands domaines maritimes contrôlés par les Phocéens de Massalia au nord et les Carthaginois au sud, qui laissent peu de place à d’autres trafics de grande ampleur. C’est précisément de cette époque que l’on peut dater la constitution de l’ensemble “sicilien” d’Arbedo. D’autres indices suggèrent que des relations plus directes s’instaurent dans la seconde moitié du VIe s. entre la Sicile et le domaine de Golasecca. Rappelons ainsi qu’une ciste à cordons caractéristique des productions de cette dernière région a été mise au jour en Sicile orientale, sans doute à Terravecchia, un centre indigène hellénisé situé à une trentaine de km à l’ouest de la cité grecque de Leontinoi (Orsi 1915-1918 ; Minozzi 2001 ; Verger 2003a). Elle est associée à un couvercle orné d’une frise zoomorphe (ill. 18, n° 1) dont on trouve les meilleurs parallèles sur les situles en 37 STÉPHANE VERGER 18. Le couvercle de la ciste à cordons de Terravecchia et ses parallèles. 1. Terravecchia ; 2. Trezzo sull’Ada ; 3. Hochdorf (d’après Orsi 1915-1918 ; de Marinis 1974 ; Biel 1985) ; 4. Fliess (d’après Sydow 1995) ; 5. Como, Ca’Morta (d’après Saronio 1968-1969) ; 6. Hallstatt (d’après Kromer). Échelles diverses. bronze de la tombe Baserga de la Ca’Morta près de Côme (ill. 18, n° 5 ; Saronio 1968-1969 p. 4961) et de Trezzo sull’Ada (ill. 18, n° 2 ; de Marinis 1974), mais surtout sur la banquette de la tombe princière hallstattienne de Hochdorf (ill. 18, n° 3 ; Biel 1985, fig. 54, pl. 25 ; Trésors 1987, p. 174-175). La construction même du dessin des animaux se retrouve sur divers types de supports dans la zone de la culture de Golasecca et dans le Tessin, comme par exemple la plaque de ceinture de la tombe 26 de Cerinasca d’Arbedo (de Marinis 2000b, fig. 10) ou le vase en céramique orné de chevaux d’Osco (Ravaglia 2000, fig. 4). Le rapprochement avec la banquette de Hochdorf suggère que le vase mis au jour en Sicile peut dater lui aussi du troisième quart du VIe siècle. D’autres récipients originaires du nord-ouest de l’Italie proviennent de sites de Sicile orientale. Ils sont moins bien datés mais pourraient être plus récents. Il s’agit d’une part d’une autre ciste à cordons trouvée dans une tombe de Paternò (Rizza 1954, p. 138-141) et surtout d’une situle de type “rhénano-tessinois” provenant d’une nécropole de Léontinoi (Orsi 1899 ; de Marinis 2000a, p. 350, fig. 6). L’objet est intéressant à cause de son origine, mais 38 aussi parce qu’il servait d’urne cinéraire. En outre, il a été trouvé partiellement démonté : les rivets qui fixaient les attaches d’anses ont été retirés et l’anse elle-même n’a pas été déposée. On reconnaît là le traitement que subissent systématiquement les situles cinéraires de la région de Côme avant leur ensevelissement. On a donc affaire à une incinération dans un vase fabriqué en Italie du Nord-Ouest, d’un type fréquemment utilisé comme ossuaire en Lombardie et qui a subi les mêmes traitements que les urnes de cette région. Quoique l’on ne sache rien du mobilier déposé dans cette sépulture, on peut tout de même supposer un lien étroit de son titulaire avec le domaine de Golasecca. L’ensemble, qui est assez mal daté, peut être attribué au dernier tiers du VIe ou à la première moitié du Ve siècle. Nous avons tenté de montrer ailleurs, comment ces indices de contacts entre la Sicile orientale et l’Italie du Nord-Ouest pouvaient s’intégrer dans le contexte plus large d’un vaste réseau de relations aristocratiques de haut niveau qui se met en place dès le début du VIe s. entre la côte adriatique et le domaine hallstattien et qui s’étend dans le troisième quart du siècle à certaines cités de la Grande-Grèce et de la Sicile orientale (Verger A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE quer de deux manières : soit les vases ont été dans un premier temps exportés vers la Sicile grecque, où ils ont été utilisés avant d’être déposés dans une réserve d’objets de bronze non grecs, de laquelle ils auraient été extraits en même temps que le reste des fragments de la série “sicilienne” du dépôt tessinois ; soit ils ont simplement été exportés vers l’Italie du Nord-Ouest, comme c’est d’ailleurs le cas pour quelques vases contemporains attribués aux ateliers d’Étrurie interne, comme l’olpé d’Albate par exemple (de Marinis 1988, p. 68, fig. 28) et de là, intégrés directement dans le dépôt. La deuxième solution est bien sûr la plus simple mais elle n’est pas pour cela plus assurée que l’autre. L’essentiel du dépôt : des objets de la fin du et de la première moitié du Ve siècle. VIe 19. Le circuit supposé suivi par les fragments d’objets du lot “sicilien” d’Arbedo (S. Verger). 1. Agde et le Languedoc (lot de parures et d’objets gaulois) ; 2. Sicile interne (lot d’objets indigènes de Sicile) ; 3. Cités grecques de Sicile méridionale ou orientale (lot de vases et de pièces de mobilier grecs) ; 4. Étrurie interne (vases étrusques du VIe s. av. J.-C.) 2003a, notamment p. 593-603). Pour certains Grecs de Sicile, cet itinéraire terrestre oriental vers le domaine hallstattien, par les Alpes, pourrait s’être substitué après 540 à la route maritime occidentale qui conduisait directement de la pointe occidentale de l’île au Languedoc. Le lot “sicilien” d’Arbedo pourrait documenter le moment précis où s’effectue le basculement d’une voie vers l’autre (ill. 19). De ce point de vue, il est remarquable qu’il contienne à la fois des fragments de parures annulaires de Gaule du Centre et un fragment d’anse identique à celle du grand chaudron grec de Hochdorf, c’est-à-dire à la fois les vestiges de relations anciennes modestes, à caractère religieux et le témoin de nouvelles formes de contacts aristocratiques au plus haut niveau. Les fragments de vases originaires de l’Étrurie interne tiennent une place particulière dans ce tableau car d’un côté des exemplaires semblables, ou au moins de même origine, sont présents dans les ensembles métalliques siciliens de la fin du VIIe et de la première moitié du VIe s., comme on l’a vu, et de l’autre, ils sont largement diffusés dans les deux premiers tiers du VIe s. par les canaux de distribution qui longent la côte adriatique et qui se confondent avec les étapes du réseau de contacts aristocratiques de haut niveau que l’on a mentionné. Leur présence dans le dépôt d’Arbedo peut donc s’expli- Le lot de fragments le plus important du dépôt d’Arbedo est constitué d’objets fabriqués ou utilisés localement au cours du siècle précédant l’enfouissement. La majorité d’entre eux appartiennent d’ailleurs à des types encore en usage dans la première moitié du Ve s. Il s’agit avant tout de fibules (ill. 20-21). On en compte près de 550 fragments, presque toutes de fabrication régionale, à l’exception de sept fibules de modèle hallstattien datés du Hallstatt D23 (n° 1-7), de trois fibules caractéristiques des Alpes orientales (n° 11-13), de deux exemplaires originaires du Caput Adriae (n° 10-14) et de neuf fibules du type Certosa originaires de l’Étrurie padane (n° 27-35). Ces fibules de types étrangers sont rares dans la région, mais leur lieu de découverte n’est pas totalement excentré par rapport à leur zone de diffusion extrême. Il n’est pas impossible qu’elles aient été portées dans la région, soit par des femmes étrangères (sur cette question, Casini 2000, p. 78-86), soit parce qu’elles accompagnaient des vêtements importés. Environ 80 autres fragments appartiennent à des pièces de vêtement ou de parure du Tessin ou de la culture de Golasecca du VIe ou de la première moitié du Ve s. (ill. 22). Il s’agit de fermoirs de ceinture, de bracelets et de rares torques, de perles et de boucles d’oreilles, de pendeloques en panier et ajourées ainsi que d’instruments de toilette. Les exemplaires étrangers sont plus rares dans cette catégorie, mais on compte trois fragments de bracelets valaisans (n° 8-10), d’un type par ailleurs inconnu dans la région et peut-être deux épingles originaires de l’Étrurie padane (ill. 25, n° 36-37). Près d’une cinquantaine de fragments de tôles et de tiges provient de récipients fabriqués dans la région dans la seconde moitié du VIe ou la première moitié du 39 STÉPHANE VERGER 20. Fragments de fibules de la fin du 40 VIe et de la première moitié du Ve s. av. J.-C. du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE 21. Fragments de fibules de la fin du VIe et de la première moitié du s. av. J.-C. (ill. 23) Ce sont avant tout des situles de type tessinois (une soixantaine de morceaux), mais aussi quatre fragments de tasses. Ve La grande concentration de fibules, de petits éléments de vêtement et de parures simples n’est pas sans évoquer certains contextes votifs transalpins de la première moitié du Ve s., au premier rang desquels se place le lot mis au jour dans les sources de la Douix à Châtillon-sur-Seine (Côted'Or), pas très loin de la résidence princière hallstattienne du Mont Lassois (Coudrot 1996). Comme à Arbedo, on a affaire à un ensemble chronologiquement et fonctionnellement cohé- Ve s. av. J.-C. du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). rent. Il est bien difficile de préciser comment de tels lots se sont constitués : ont-ils été réunis en une seule fois ou bien sont-ils le fruit d’une accumulation progressive d’objets apportés les uns après les autres pendant plusieurs décennies ? Si l’on suppose qu’il s’agit de dépôts votifs − ce qui ne semble guère faire de doute dans le cas des sources de la Douix − doit-on imaginer un unique acte votif massif, à l’occasion d’un événement exceptionnel ou en réponse à une situation particulièrement critique, ou bien une multitude de petits actes de dévotion privée, dans le cadre d’un lieu de culte organisé ? Il n’est pas possible de trancher dans le cas bourguignon. La série 41 STÉPHANE VERGER 22. Fragments de parures régionales de la fin du VIe et de la première moitié du 23. Fragments de vases métalliques régionaux de la fin du (d'après Schindler 1998). 42 VIe Ve s. av. J.-C. du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). et de la première moitié du Ve s. av. J.-C. du dépôt d’Arbedo A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE 24. Fragments de vases métalliques étrusques et padans de la fin du (d'après Schindler 1998). VIe et de la première moitié du Ve s. av. J.-C. du dépôt d’Arbedo 43 STÉPHANE VERGER 25. Fragments d’ustensiles étrusques de la fin du VIe et de la première moitié du Ve s. av. J.-C. du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). d’Arbedo pose quant à elle des problèmes supplémentaires sur lesquels nous reviendrons. Parmi les objets étrangers les plus récents, on compte un petit groupe de fragments d’ustensiles de banquet étrusques de la fin du VIe ou de la première moitié du Ve s. (ill. 24-25). Même si le décalage chronologique est faible par rapport au groupe de fragments du vase étrusques du VIe s.précédemment commenté, il s’agit bien de deux lots indépendants qui sont composés de types d’objets rarement associés dans les tombes. Ils correspondent à deux étapes successives de la fabrication de vases de banquet étrusques (le deuxième tiers du VIe d’un côté, la fin du VIe et la première moitié du Ve s. pour l’autre), à deux lieux de production distincts (l’Étrurie interne pour l’un, l’Étrurie méridionale ou l’Étrurie padane pour l’autre) mais aussi à deux parcours de diffusion indépendants. La plupart des fragments attribuables au groupe tardo-archaïque appartiennent à des types bien connus en Étrurie padane, notamment à Bologne et à Marzabotto. On compte d’abord une attache d’anses mobiles de situle stamnoïde (n° 115) et 44 quelques fragments qui pourraient appartenir au même type de récipient, voire au même objet (n° 116-118). L’applique n° 115 date de la première moitié du Ve s. et doit avoir été fabriquée en Étrurie méridionale, à Vulci, ou dans un centre de l’Étrurie padane comme Bologne. Cette forme n’est pas connue par ailleurs dans le Tessin, mais les nécropoles de Lombardie en ont livré plusieurs exemplaires. L’anse de stamnos n° 114 est un des objets les plus connus du dépôt que Brian Shefton a choisi comme exemplaire éponyme du type d’Arbedo qui regroupe sept vases de la fin du VIe et du début du Ve s. et qui a dû être produit en Étrurie. Les cistes à cordons sont représentées par six fragments (n° 123-127, auquel il faut sans doute ajouter la portion de fond n° 954), qui proviennent de deux récipients au moins. Un tronçon d’anse horizontale à renflement médian permet de classer assez certainement l’un des vases dans le groupe de la Certosa que l’on peut attribuer à un atelier felsinéen de la seconde moitié du VIe ou de la première moitié du Ve s. Les autres fragments ne peuvent être classés précisément dans A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE les groupes définis par Berta Stjernqvist, mais rien n’empêche qu’ils entrent eux aussi dans le groupe de la Certosa. D’après M. P. Schindler, l’anse n° 122, que B. Stjernqvist hésitait à identifier comme une anse de ciste à cordons, n’a aucun parallèle, si ce n’est la paire de poignées de la banquette de la tombe princière de Hochdorf. À côté des vases de présentation de la boisson, on trouve des fragments d’ustensiles du service. Il n’y a aucun fragment de Schnabelkanne, ce type de cruche pourtant si largement diffusé vers le nord à partir de l’Étrurie. On trouve, en revanche, une anse d’oenochoé de forme 9 (n° 140), produit étrusque qui apparaît dans la première moitié du Ve s., et une attache d’anse d’olpé ornée d’un petit lion couché (n° 134), un vase étrusque sans doute produit à Vulci dans la première moitié du Ve s. Deux têtes d’oiseaux aquatiques (n° 156-157) sont des extrémités de manches de simpula étrusques du Ve s. et un manche tubulaire provient d’un puisoir (n° 155) d’un type rare de la même époque. Il faut sans doute ajouter à ce groupe de vases à verser étrusques, au moins une attache d’anse de cruchon cordiforme (n° 135). Parmi les récipients ouverts, on note la présence d’un grand fragment de bassin à bord perlé à paroi basse et oblique (n° 129), sans doute du type d’Imola-Hundersingen, une production l’Étrurie interne de la fin du VIe et de la première moitié du Ve s. L’équipement de la salle de banquet est illustré à Arbedo par deux fragments de candélabres étrusques (n° 45-46) dont un est datable du deuxième quart du Ve s.,et par plusieurs garnitures de sièges ou de meubles (n° 40-41 ; Jurgeit 1999, p. 205-206, n° 311-312). Ces fragments forment un ensemble très homogène, à la fois du point de vue culturel, du point de vue chronologique et du point de vue fonctionnel. Ils pourraient d’ailleurs constituer les maigres vestiges d’un unique mobilier métallique étrusque de la première moitié du Ve s. (ill. 26), tel qu’il devait en exister dans les plus riches demeures felsinéennes de l’époque, comparable à ceux qui sont déposés dans les sépultures les plus riches de la nécropole de la Certosa, mais surtout dans la grande tombe du cimetière des Giardini Margherita (vue générale du mobilier dans Malnati, Manfredi 1991, fig. 38). La liste minimale des objets rassemblés est éloquente : un stamnos, une situle stamnoïde, une ou deux cistes à cordons bolonaises, une oenochoé ou un grand kyathos, une ou deux olpés, deux simpula, un bassin à bord perlé, deux candélabres et un siège. Il manquerait seulement la passoire à manche 26. Restitution du groupe de vases étrusques de la fin du VIe et de la première moitié du Ve s. av. J.-C. représentés par des fragments dans le dépôt d’Arbedo (S. Verger). pour que le service soit complet, à moins que le fragment n° 159 provienne de la vasque d'un seul ustensile. Il faut y ajouter à cette série un seul objet, sans doute grec, l’extrémité d’une anse mobile de situle (n° 185) que M. P. Schindler date du premier quart du Ve s. Deux fragments de casques de Negau (n° 38-39) viennent compléter la série. L’un d’eux peut être attribué au type de Vetulonia qui n’est attesté par ailleurs qu’en Italie centrale. M. P. Schindler a aussi identifié deux petits fragments de lingots bivalves (ill. 28, n° 3753-3 754) qui pourraient appartenir à la série “à la branche sèche” et qui ont fait l’objet d’une analyse de composition. La teneur relativement forte en plomb et l’absence de fer permettent de les rapprocher d’une des séries de l’Étrurie padane du Ve s. (San Polo, Servirola et Poviglio) plutôt que des exemplaires siciliens de Bitalemi et de Grammichele, qui sont en cuivre presque pur (Pellegrini, Macellari 2002, p. 169). Par rapport à ceux du VIe s., les fragments de la première moitié du Ve s. témoignent d’une certaine restriction de l’amplitude des relations à longue distance dont le dépôt d’Arbedo porte la trace. Les objets proviennent de différentes régions de l’arc alpin et de sa périphérie immédiate ainsi que de l’Italie septentrionale,jusqu’à l’Étrurie padane et, de manière indirecte, de l’Étrurie tyrrhénienne méridionale. Les traces de contacts à très longue distance, avec la Grande-Grèce et la Sicile en particulier, ont disparu presque totalement et la diversité culturelle s’est également affaiblie. Mais, dans le même temps, la présence de vestiges de l’équipement complet 45 STÉPHANE VERGER d’une salle de banquet étrusque semble suggérer que, à l’intérieur d’un espace de relations restreint, les contacts entre communautés sont devenus plus étroits et intenses. De manière générale, cette double tendance semble bien caractériser les réseaux de contacts aristocratiques transalpins qui se mettent en place dans la première moitié du Ve s. Les différences que l’on peut déceler entre les deux derniers lots de fragments étrangers du dépôt d’Arbedo sont comparables à celles que l’on a pu noter entre les composantes ancienne et récente du mobilier de la tombe “princière” de Vix (Verger 2003a, p. 592-593, tableau 1). LA LOGIQUE DE CONSTITUTION DU DÉPÔT D’ARBEDO ET SES CONSÉQUENCES SUR L’ÉTUDE DES DÉPÔTS DE BRONZE Des vestiges des phases de développement des contacts transalpins Les observations effectuées précédemment confirment l’hypothèse convaincante avancée par M. P. Schindler selon laquelle les “vieux bronzes” du dépôt d’Arbedo sont arrivés dans le Tessin sous forme de lots de fragments.Toutefois, il ne s’agit pas de simples regroupements aléatoires de fragments choisis simplement pour leur alliage spécifique ou pour d’autres raisons techniques dans l’optique du recyclage. Les différents lots se distinguent par leur chronologie et par leur origine et, si on les examine de plus près, on peut remarquer qu’ils ont été constitués aux différentes époques pendant lesquelles les contacts transalpins se sont développés de manière particulièrement significative. La première, qui correspond aux XIe-Xe s., est marquée, en particulier, par la large diffusion du cuivre alpin au nord et au sud des Alpes, sous la forme de pani a piccone et par la constitution de réseaux de relations à longue distance qui étaient contrôlés, entre autres, par les villages de la plaine orientale du Pô et dont l’extension est documentée par la large diffusion de certains types d’objets de l’Italie vers le nord, comme les pinces à épiler du type de celle qui figure dans le dépôt d’Arbedo. La deuxième étape correspond à la fin du VIIIe et la première moitié du VIIe s., c’est-à-dire à la mise en place des relations entre les grands centres orientalisants de l’Étrurie septentrionale côtière, comme Vetulonia et les premières aristocraties 46 hallstattiennes occidentales (de Marinis 1988, p. 57-59, fig. 20-21 ; von Hase 1989, p. 1050-1 052). C’est à cette époque par exemple qu’apparaissent les premiers vases métalliques étrusques dans l’est de la France (les phiales godronnées de Poiseulla-Ville et d’Appenwihr) et en Allemagne du Sud (la phiale et la situle à attaches d’anses arquées de Frankfurt Stadtwald) (Chaume, Feugère 1990, p. 42-46, fig. 38-41, 44). La troisième étape − celle qui nous intéresse plus particulièrement ici − couvre le deuxième tiers du VIe s. L’ensemble d’objets correspondant à cette phase est composite et présente exactement les mêmes associations que les dépôts que l’on a pu examiner en Sicile : fragments d’objets indigènes de Sicile, de parures gauloises et de vases l’Étrurie interne. On y trouve aussi de petits morceaux de vases et des clous d’architecture et d’ameublement grecs identiques à ceux qui sont déposés dans les tombes et les sanctuaires de la Sicile méridionale dans la seconde moitié du VIe s. L’objet le plus important est sans doute un fragment d’anse mobile décorée, identique à celles qui ornent le grand chaudron grec de la tombe princière de Hochdorf. Tout cet ensemble met en évidence l’existence d’une forme originale de relation entre les cités grecques de Sicile méridionale ou orientale et le Tessin dans la seconde moitié du VIe s. L’association caractéristique montre que l’on a affaire à un ensemble de fragments extrait, au cours du troisième quart du VIe s., d’une réserve de bronze constituée progressivement dans une cité grecque de Sicile méridionale ou orientale depuis la seconde moitié du VIIe s. Ce lot rend compte, à la fois des contacts qui existaient entre la Sicile grecque et la Gaule au cours du Hallstatt D1 et d’une transformation des réseaux de relations à longue distance au cours du troisième quart du VIe s., au terme de laquelle, pour une période brève, certaines cités grecques de Sicile constituent l’extrémité méridionale d’une grande chaîne de contacts aristocratiques de très haut niveau qui s’étend, à travers l’Italie centrale adriatique jusqu’aux Alpes et au domaine hallstattien occidental. C’est un circuit à peu près identique que semble pouvoir décrire un lot de fragments d’objets étrangers du dépôt de Fliess en Autriche (Sydow 1995), dans lequel sont associées (ill. 27) : des parures annulaires du sud de la Gaule, identiques elles aussi à divers exemplaires mis au jour dans les dépôts de Sicile méridionale (n° 99, 102, 106-107, 337) ; des fibules à long porte-ardillon à bouton de type “pré-Certosa” (n° 228, 229, 273, 274-277) caracté- A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE ristiques de l’Italie centrale adriatique et présentes en Italie du Sud et en Sicile à la fin du VIIe et dans la première moitié du VIe s.; un fragment de disque décoré caractéristique de l’intérieur des Abruzzes (Tomedi 1993) ; un fragment de bassin à large bord orné de tresses (n° 144), production de l’Étrurie probablement interne de la fin du VIIe ou du VIe s. av. J.-C. L’ensemble, que nous ne faisons que mentionner ici, demanderait un commentaire approfondi qui dépasserait le cadre de la présente étude. La quatrième phase correspond au développement d’un réseau de relations capillaires et étroites entre les centres étrusques de la plaine du Pô, la Lombardie et les groupes aristocratiques de la fin du premier et du tout début du second âge du Fer du centre-est de la France, de la Suisse et de la vallée du Rhin. Elle est marquée par un rétrécissement des horizons des contacts, qui ne s’étendent pas, au sud, au-delà de l’Étrurie tyrrhénienne, mais aussi par une intensification des contacts à l’intérieur de cette zone plus limitée. Le dépôt d’Arbedo, loin de constituer simplement un amas sans logique de fragments récoltés au hasard ou même de lots de débris à recycler, se présente donc comme un ensemble complexe de lots plus ou moins homogènes, véritable conservatoire des vestiges de la mise en place des divers réseaux d’échanges transalpins qui se sont succédé et ont pris, pour étape, ce lieu crucial pour le franchissement des Alpes que constitue le confluent des vallées du Tessin et du Misox. L’insertion double dans le processus du recyclage et dans les circulations votives La composition du dépôt d’Arbedo conduit logiquement M. P. Schindler à y reconnaître une réserve de bronze constituée et conservée pour le recyclage dans le cadre des activités d’un atelier de métallurgiste installé dans les environs du lieu d’enfouissement, dans la première moitié du Ve s. Le lien étroit du dépôt avec une importante activité métallurgique et son insertion dans le processus du recyclage ne fait aucun doute. Toutes les étapes du cycle du métal sont représentées (ill. 28). On trouve d’abord du bronze brut sous forme de bouts de lingots qui ont pu servir de moyen d’échange plutôt que de réserve de métal sous forme standardisée, comme l'a montré l'interprétation des analyses de composition de ces pièces (P. Northover in : Schindler 1998, p. 291). Viennent ensuite tous les produits bruts de la coulée : coulures en dehors du moule, remplissages de canaux d’alimentation et entonnoirs de coulée, objets laissés bruts de coulée pour un défaut ou une rupture. Sont ensuite représentées les opérations ultérieures comme le martelage (plaques et tiges en cours de mise en forme), la découpe (chutes de tôle) et l’assemblage (pièces rapportées non finies, rivets, etc.). L’ensemble de ces pièces représente 50 % de la masse totale conservée du dépôt (Schindler 1998, p. 161, tableau 7). L’autre moitié est constituée par les fragments d’objets usagés destinés à la refonte qui sont en majorité de fabrication locale et récente, mais qui comprennent aussi les lots anciens ou étrangers qui ont été commentés précédemment. On peut parfaitement leur appliquer l'observation que Frauke Stein faisait à propos des fragments d'objets dans les dépôts de l'âge du Bronze d'Allemagne du Sud : « des observations sur leur degré d'utilisation, sur le mode de fragmentation [...] montrent clairement qu'il s'agit de vieux métal et en aucun cas d'offrandes rituellement brisées » (Stein 1979, p. 118). Nous aurions donc là une image fidèle des formes sous lesquelles le métal circule dans l’atelier qui reflète les étapes du cycle du bronze. De ce tableau cohérent découle la conclusion logique selon laquelle on a affaire à « un dépôt de métal rattaché à un atelier [Giesserdepot], sans doute à l’atelier du métallurgiste d’Arbedo », ou plus précisément « à deux ateliers distincts, mais travaillant en étroite connexion, et procédant chacun d’une spécialisation particulière » (Schindler 1998, p. 267). M. P. Schindler répond par avance, de manière convaincante, à plusieurs interrogations concernant cette interprétation strictement technique. Il faut peut-être en ajouter deux autres, l’une d’ordre général, l’autre plus spécifiquement liée à l’identification proposée précédemment d’un lot de fragments constitué en Sicile au VIe siècle. La première concerne l’existence même du dépôt. Les pièces qui le composent sont certes insérées dans le processus cyclique qui conduit au recyclage du bronze dans le cadre de l’activité d’un ou de plusieurs ateliers. Mais elles en ont été extraites à un certain moment pour regagner un stock de métal ensuite enfoui et abandonné. La question précise que l’on doit poser concerne bien les raisons pour lesquelles ces objets ont échappé à la refonte alors que tout indique qu’ils étaient déjà insérés dans le processus technique qui devait y conduire. Les raisons souvent invoquées − mais pas par l’auteur de la monographie, qui s’abstient prudemment d’aborder la question − sont purement 47 STÉPHANE VERGER 27. Quelques fragments d’objets du dépôt de Fliess (d’après Sydow 1995). 48 A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE 28. Fragments en relation avec une activité métallurgique du dépôt d’Arbedo (d'après Schindler 1998). 49 STÉPHANE VERGER circonstancielles. On imagine la mort d’un artisan, la destruction d’un atelier, la thésaurisation de métal en période de crise, etc. Ces suppositions reposent sur une hypothèse très forte selon laquelle, dans un lieu de passage comme l’est la zone d’Arbedo, à une époque florissante de l’artisanat du bronze, qui suppose une récupération systématique du métal disponible, une si grosse quantité de métal puisse être perdue ou laissée de côté ; et surtout elles ne permettent pas d’expliquer le caractère récurrent et massif du phénomène des dépôts de bronzier, dont la trouvaille d’Arbedo n’est qu’un exemple − certes exceptionnel − parmi d’autres. Ce caractère récurrent et massif suggère plutôt que l’enfouissement, volontaire, ne s’effectuait pas dans l’espoir d’une récupération ultérieure. Les fragments qui constituent plus spécifiquement le lot“sicilien”ont effectué un très long voyage jalonné d’étapes nombreuses, pour certains depuis le centre de la Gaule jusqu’au Languedoc puis à la Sicile méridionale, avant même d’être de nouveau transportés vers les Alpes (ill. 16, 19). L’intérêt strictement économique de ce trafic est sans doute bien faible. Par ailleurs, en Sicile, ce type de lots se rencontre, comme on l’a vu, dans des contextes cultuels, soit dans le cadre domestique, comme à Sélinonte, soit plus massivement dans des sanctuaires, comme à Gela, à Agrigente ou encore à Licata (Orlandini 1966, p. 22-23, 1976-1977, II.1, p. 429-430, fig. 1-4). Dans ces cas, ce sont bien des fragments d’objets usagés, associés d’ailleurs à des bouts de lingots, qui ont été offerts dans le contexte de pratiques votives liées à un culte thesmophorique. Enfin, si l’on examine plus précisément la répartition de certains types d’objets constituant le lot, comme les lances et les anses de bassins originaires de la Sicile indigène, on constate qu’en dehors de leur région de production, on les trouve exclusivement dans des contextes cultuels : d’une part dans les sanctuaires grecs des côtes méridionale et orientale de l’île, à Gela certes, mais aussi dans l’athénaïon de Syracuse (Orsi 1919, col. 576577, fig. 163) ; d’autre part, dans plusieurs grands sanctuaires de Grèce propre, comme Delphes, Olympie, Samos (von Hase 1997, p. 298, fig. 13, 4-5 ; Baitinger 2001, p. 38-39, pl. 15-17 et 69b) et peut-être le Ptoïon près de Thèbes (Ducat 1971, p. 430, pl. 150, n° 276-277). Le rapprochement proposé précédemment entre le lot de fibules, de petites parures locales et le dépôt de fibules mis au jour dans les sources de la Douix à Châtillon-sur-Seine, pourrait suggérer, en outre, qu’une partie des objets usagés les plus 50 récents du dépôt sont à mettre en relation avec des pratiques de dévotion individuelle ou collective, plus spécifiquement féminine. Dépôt votif ou stock de métal abandonné : une fausse alternative Se pose ici avec une grande acuité la question de l’interprétation des “dépôts de bronzier”. S’agitil de stocks de métal destinés à la refonte, dans le cadre d’une économie du recyclage gérée par des ateliers de bronziers ? Ou bien de dépôts votifs pour lesquels les objets ont été soigneusement sélectionnés et ont ensuite subi un traitement rituel, de fragmentation, par exemple, dans le cadre de lieux de culte plus ou moins organisés ? Dans cette formulation traditionnelle, la question est sans doute mal posée. Elle empêche d’échapper à l’alternative sans issue − dépôt de bronzier/dépôt votif − qui marque depuis le XIXe s. l’étude de ce type d’ensembles. Toutes les observations précédentes conduisent à la conclusion selon laquelle l’interprétation du dépôt d’Arbedo doit au contraire nécessairement prendre en compte trois dimensions complémentaires, sans en privilégier une seule : – la dimension technique : l’ensemble reflète la pratique du recyclage du métal dans le cadre de la fabrication des petits objets de bronze par des ateliers métallurgiques locaux spécialisés ; – la dimension historique : l’association de différents lots d’objets que constitue le dépôt conserve le souvenir précis de plusieurs phases successives de mise en place de réseaux de contacts transalpins dans lesquels le secteur d’Arbedo occupe une place stratégique, du XIIe au Ve s. av. J.-C. ; – la dimension cultuelle : la présence de certaines pièces étrangères rares trouve son explication dans les phénomènes de circulation votive à très grande distance qui sont documentés, par ailleurs, en Méditerranée occidentale ; la présence d’une abondante série de petites parures locales, particulièrement de fibules, trouve des échos dans les pratiques votives féminines qui se développent dans la première moitié du Ve s. au nord des Alpes. L’explication qui pourrait concilier ces diverses dimensions consisterait à reconnaître dans le dépôt d’Arbedo une décharge votive contenant les restes de la part de métal offerte aux divinités présidant d’une part, au bon fonctionnement du cycle du bronze à proximité d’un centre artisanal local florissant, d’autre part au bon déroulement du voyage A PROPOS DES VIEUX BRONZES DU DÉPÔT D’ARBEDO (ITALIE) : ESSAI DE SÉQUENÇAGE D’UN ENSEMBLE COMPLEXE périlleux à travers les cols alpins, à l’endroit exact où commence le parcours montagneux, enfin à la protection du cycle de l’existence humaine, plus spécifiquement féminine, qui requiert le don périodique de petits effets personnels. Cette association spécifique de composantes cultuelles distinctes n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle que l’on peut reconnaître, grâce à l’examen des séries d’offrandes métalliques, dans les thesmophoria archaïques des cités grecques de Sicile méridionale, dont le sanctuaire de Bitalemi à Gela est actuellement l’exemple de loin le mieux documenté. Le séquençage des dépôts de bronze En deçà de l’interprétation du dépôt qui ne peut donner lieu ici qu’à des hypothèses difficiles à vérifier, le cas d’Arbedo montre bien l’exigence dans laquelle on se trouve face à un ensemble métallique complexe de procéder à une opération préalable que l’on pourrait appeler le séquençage par analogie avec d’autres disciplines. Il s’agit bien d’identifier, à l’intérieur de l’ensemble, des lots cohérents qui peuvent être identifiés en fonction de critères variés et qui peuvent correspondre à diverses formes de regroupements d’objets plus ou moins complexes : séries de pièces identiques, éléments d’un équipement individuel complet ou partiel, lots apparemment hétérogènes extraits manifestement en bloc d’un autre ensemble (comme le lot “sicilien” d’Arbedo), etc. Un même ensemble peut d’ailleurs contenir une ou plusieurs formes de lots. C’est sans doute le cas de celui d’Arbedo, dans lequel on peut reconnaître, entre autres, une série de fibules et de petites parures locales, les fragments d’un équipement de salle de banquet étrusque et un lot extrait d’une réserve de métal composite conservée dans une cité grecque de Sicile. Le séquençage ne peut être une opération strictement mécanique, car la reconnaissance de lots de natures et de compositions variées requiert une connaissance globale précise de tous les types possibles de regroupements d’objets métalliques, dans un contexte chronologique et géographique qui peut être relativement étroit, certes, mais qui peut aussi être extrêmement étendu comme c’est le cas à Arbedo. Le caractère fragmentaire de la documentation disponible dans ce domaine empêche d’arriver à une restitution complète des lots qui constituent un ensemble. Dans le cas qui nous occupe ici, par exemple, le problème de l’identification de chaque fragment se double, sans doute, d’une méconnaissance partielle des formes d’associations d’objets susceptibles d’être représentées dans le dépôt, de sorte qu’une grande partie de l’ensemble demeure pour nous un regroupement de fragments apparemment aléatoire. C’est ce qui arrive également lorsque l’on est dans l’impossibilité pratique de distinguer des lots. C’est le cas du dépôt du Petit Villatte, étudié par P.-Y. Milcent (1998). Ce dernier a pu identifier quelques équipements personnels étrangers, parce que les pièces qui les constituent se distinguent typologiquement de tout le reste du dépôt. Mais que dire justement de la grande masse des objets locaux ? Sont-ils un regroupement aléatoire de pièces isolées ou bien constituent-ils les vestiges aujourd’hui mélangés et indissociables d’une série d’équipements personnels tous semblables ou de lots d'une autre nature (comme semblerait l'indiquer la présence d'un groupe de six objets présentant une patine spécifique : Milcent 1998, p. 65, fig. 6) ? En un mot, les dépôts, apparemment sans ordre, le sont-ils vraiment ou bien ont-ils été constitués selon une logique complexe que l’on a pas encore su ou pu mettre en évidence ? Quoi qu’il en soit, le travail de séquençage est un préalable nécessaire à toute forme d’interprétation d’un dépôt. Ainsi, le comptage brut des pièces se révèle bien souvent inutile dès que l’on a pris conscience de l’existence de lots différenciés : il est par exemple inutile de compter huit torques et cinquante bracelets − pour conclure à une surreprésentation de la parure de bras − là où l’on a affaire à une série de colliers emboîtables et à deux séries de vingt-cinq bracelets de tailles croissantes − c’est-à-dire aux éléments d’une unique riche parure féminine. Autre exemple d’interprétation hâtive, celle que l’on ferait à partir d’un simple pointage sur une carte des origines des objets constituant le lot “sicilien” d’Arbedo, qui consisterait à supposer des relations entre le Tessin et diverses régions de la Gaule, la Sicile indigène, les cités grecques de la Sicile méridionale et l’Étrurie interne, quand l’opération de séquençage révèle une situation historique à la fois plus simple et plus compliquée qui n'a, en tout cas, rien à voir avec l'image que fournit la carte brute. Nous pourrions multiplier les exemples d’erreurs d’interprétation dues à l’absence ou à l’insuffisance du séquençage préalable des dépôts étudiés. 51 STÉPHANE VERGER Étudier un dépôt − comme étudier une tombe − est une tâche complexe qui passe par une série d’opérations préalables dont certaines sont évidentes − l’identification fonctionnelle et typologique de chacune des pièces qui le constituent − et d’autres moins couramment effectuées, comme la reconnaissance de divers types de connexions entre certains des objets qui constituent l’ensemble. De la même manière que l’analyse des objets requiert l’utilisation de typologies de référence, la reconnaissance des lots doit s’appuyer sur une typologie des ensembles d’objets, qui reste en grande partie à construire. Prendre comme ensemble-test le dépôt d’Arbedo, qui est un plus complexes connus, se révèle sans doute bien imprudent. Quoi qu’il en soit, l’enquête montre qu’il ne faut jamais s’arrêter devant le manque de logique apparent d’un regroupement d’objets, car le désordre devant lequel on croit se trouver est bien souvent le produit d’un processus de constitution particulièrement complexe, dont il nous revient de déceler certaines étapes, sans prétendre en rendre compte de manière exhaustive et définitive.  BIBLIOGRAPHIE Albanese Procelli 1993 : ALBANESE PROCELLI (R.M.). — Ripostigli di bronzi della Sicilia nel museo archeologico di Siracusa. Palerme, 1993. Baitinger 2001 : BAITINGER (H.). — Die Angriffswaffen aus Olympia. Berlin-New York, 2001. Bernabò Brea 1998 : BERNABÒ BREA (L.), CAVALIER (M.), VILLARD (F.). — Meligunìs Lipára IX. Topografia di Lipari in età greca e romana, I, L’acropoli. Palerme, 1998. Bieg 2002 : BIEG (J.). — Hochdorf V. Der Bronzekessel aus dem späthallstattzeitlichen Fürstengrab von Eberdingen-Hochdorf (Kr. Ludwigsburg). 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Nous profitons donc de cette occasion pour proposer un inventaire préliminaire des dépôts du premier âge du Fer du quart nord-est du territoire national. À partir de cette base, et avec l'aide d'une documentation de plus en plus importante au sujet des dépôts recensés sur une grande part du territoire français (France centrale, centre-ouest, nord et France Méridionale), nous procéderons ensuite à l'examen rapide des caractéristiques principales de ces ensembles dans la perspective de les insérer dans un phénomène évolutif. Au cours du premier âge du Fer, les dépôts métalliques présentent des contextes ou des formes d'organisation diversifiés, évoluant à première vue dans une acception plus chronologique que spatiale. Cette communication est une présentation globale des prochaines études sur les enjeux culturels de ces ensembles non funéraires. Ces dernières permettront probablement de nuancer ces propos. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne- : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 57-74 (Bibracte ; 11). SÉBASTIEN CHEVRIER RÉPARTITION DES DÉPÔTS Exception faite pour la phase moyenne du premier âge du Fer, le faible corpus recensé à ce jour ne permet pas d'observations particulières sur la répartition des dépôts. Au Hallstatt D1, une concentration marquée des sites apparaît dans la moyenne vallée de la Seine et dans la basse vallée de l'Yonne. Le dépôt d'Aulnizeux (Marne) se situe quant à lui au cœur des marais de Saint-Gond (Yonne). Il faut noter l'extrême proximité des dépôts de Périgny-la-Rose et de Crancey (Aube), situés à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, de part et d'autre de la Seine. Un peu plus en retrait par rapport à la vallée de la Seine, les dépôts de Mortery et de Saint-Brice (Seine-et-Marne) ne sont distants que de quelques kilomètres (ill. 1). Nous verrons d'ailleurs plus 1. Carte de répartition des dépôts du premier âge du Fer dans le quart nord-est de la France.. A : Compiègne (Blanchet 1984, p. 387) ; B : Saint-Martin-de-Bossenay (Villes 1995, p. 128-129). 1 : Crancey (Villes 1995, p. 130131) ; 2 : Périgny-la-Rose (Piette 1989, p. 235-241) ; 3 : Crancot (Millotte, Vignard 1962, p. 9-10, pl. 2, n° 1, 3 et 16) ; 4 : Aulnizeux (Lepage 1989) ; 5 : Chelles (Bulard 1977, p. 43-52) ; 6 : Mortery (Bourquelot 1858, p. 97-98 et Félix 2004) ; 7 : St-Brice (Göetz 1966 et Félix 2004) ; 8 : Cheny (Baray 2002, p. 52) ; 9 : Dixmont (Félix 2004) ; 10 : Paron (Hure 1931, p. 64-65) ; 11 : Châtillon-sur-Seine (Buvot 1998, p. 26-33) ; 12 : Clamecy (Adam 1999, p. 5). 58 OBSERVATIONS SUR QUELQUES DÉPÔTS DU PREMIER ÂGE DU FER DANS LE QUART NORD-EST DE LA FRANCE loin les similarités entre ces différents groupes rapprochés de dépôts. À ce jour, nous n'avons pas recensé de dépôt de l'âge du Fer ni en Alsace, ni en Lorraine. LIEUX DE DÉPOSITION Fleuves et épées hallstattiennes en bronze Dans la continuité de phénomènes observés dès le début du Bronze final (Boulud 1998, p. 103-114), nous trouvons encore des épées déposées dans les fleuves au Hallstatt C, mais on observe que seuls les exemplaires en bronze sont “sélectionnés” pour être offerts à la rivière. On remarque cette pratique dans l’est de la France grâce aux découvertes effectuées dans le Rhône ou la Saône (ill. 2a et b). On note un phénomène similaire dans le nord ouest du pays avec les trouvailles provenant de la Seine (Bichet, Millotte 1992, p. 96-97, fig. 73). Les épées hallstattiennes en fer proviennent essentiellement de dépôts terrestres, correspondant à des ensembles clos funéraires. Sauf cas exceptionnel, aucune épée du Hallstatt C en fer ne provient de contexte humide de manière générale (Chevrier 2003). Doit-on envisager que cette absence d'épées en fer déposées en contextes humides ne soit due en fait qu'à une mauvaise conservation des objets en fer élaborés au cours du Hallstatt C ? Cette hypothèse semble peu probable au regard des objets en fer des périodes postérieures trouvés par exemple dans le lit de la Saône. Malgré l’apparition d’épées en fer dans des contextes anciens du Hallstatt C, voire dès le Hallstatt B3, doit-on considérer que seule la distinction métallique guide les contingences des dépôts en milieu humide au cours du Hallstatt C ? Enfin, est-il possible d’avancer une particularité chronologique, à savoir que, dans leur ensemble, 2a. Carte de répartition des épées hallstattiennes en bronze d'après Bichet, Millotte 1992, p. 96-97, fig. 73. 59 SÉBASTIEN CHEVRIER 2b. Carte de répartition des épées hallstattiennes en fer d'après Bichet, Millotte1992, p. 98-99, fig. 74. les épées hallstattiennes en bronze seraient plus anciennes que celles en fer, et que ce type de dépôts pourrait s'inscrire dans la continuité des pratiques du Hallstatt B3 ? Des parures annulaires en contextes terrestres au Hallstatt D1 (ill. 1) Au cours du VIe s. av. J.-C., un ensemble de dépôts, caractérisé par la présence marquée et systématique de parures annulaires en bronze, émerge dans le Bassin parisien. Ces dépôts proviennent tous de contextes terrestres.Toutefois, ils sont situés dans leur grande majorité en fond de vallées importantes, parfois sur les premières terrasses (Pérignyla-Rose et Crancey dans l'Aube). Situés de part et d'autre de la Seine, à quelques centaines de mètres seulement, ces deux dépôts nogentais s'organisent naturellement autour de l'axe fluvial. L'existence d'un passage à gué à cet endroit n'est évidemment pas à exclure. Le dépôt incertain d'Aulnizeux (Marne) provient du secteur des Marais de Saint-Gond. 60 Celui de Crançot dans le Jura n'est pas éloigné de la source de la Seille. Les découvertes fluviales de parures annulaires du premier âge du Fer sont rares, voire exceptionnelles. Issus de découvertes anciennes ou fortuites, les structures internes et l'environnement proche de ces lots d'objets ne nous sont globalement pas connus. Il est donc impossible pour l'heure de savoir si ces ensembles se trouvaient à proximité d'habitats ou de zones funéraires, s'ils intègrent un groupe de dépôts, etc. Notons toutefois dès le VIe s. av. J.-C., de manière encore restreinte, que la source de la Douix (Côted'Or) devient un lieu privilégié de déposition de fibules. Variété des milieux au Hallstatt D2-3/La Tène A L'inventaire présenté en annexe doit évidemment être approfondi. Manifestement, on note vers la fin du IVe et le début du Ve s. av.J.-C. l'appropriation OBSERVATIONS SUR QUELQUES DÉPÔTS DU PREMIER ÂGE DU FER DANS LE QUART NORD-EST DE LA FRANCE 3. Dépôts de fibules dans différents contextes du Hallstatt D23/La Tène A. a : Châtillon-sur-Seine, Côte-d’Or (Labeaune 2003, p. 43) ; b : Clamecy, Nièvre (Adam 1999, p. 5). de nouveaux contextes. L'ensemble des fibules de la Douix (Côte-d'Or) est à ce titre caractéristique (ill.3a). Malgré l'absence de publication, il semble, d'après les quelques présentations globales,que ce lieu naturel exceptionnel était fréquenté de façon plus ou moins marquée tout au long du VIe s. et du Ve s. av. J.-C. L'essentiel des objets appartient toutefois au Hallstatt D2/3 - La Tène A. C'est d'ailleurs au cours de cette période que le site est fréquenté de manière importante (Buvot 1998). La présence de dépôts regroupant de nouveaux types d'objets (bien qu'ils intègrent toujours la catégorie des parures) dans de nouveaux contextes, peut, dans certains cas isolés, être mis en relation avec des actes symboliques marqués. C'est le cas sur le site de hauteur fortifié de Sembert, commune de Clamecy (Nièvre), où trois fibules du Hallstatt D3 semblent avoir été découvertes dans le rempart (ill. 3b). Il est envisageable de reconnaître ici un acte symbolique effectué lors de la fondation ou de la reconstruction de cet ouvrage défensif. Sauf exception, il existe d'une part un type de dépôt dans lequel seule une catégorie fonctionnelle est enfouie et, d'autre part, un second type marqué par la présence de catégories fonctionnelles nombreuses. Ces dépôts ont des formes variées. Le Hallstatt C est caractérisé par des dépôts d'épées en bronze, déposées en milieu humide ainsi que le dépôt de phalères de SaintMartin-de-Bossenay (ill. 4). La fin du premier âge du Fer et le début de La Tène A est marquée par le dépôt collectif de la Douix à Châtillon-sur-Seine en Côte-d'Or (ill. 3a). Hormis le dépôt de Saint-Martin-de-Bossenay (Aube), il est évident de constater que tous ces dépôts simples revêtent un caractère personnel : épée en bronze pour l'équipement du guerrier jetée dans la Saône, lot de parure annulaire féminin du VIe s. av. J.-C enfouies dans la vallée de la Seine, fibules offerts à la Douix. Le VIe s. av. J.-C. est marqué par l'apparition de dépôts de parures annulaires en bronze, souvent agencés selon des règles communes. Ces ensembles ne regroupent que des parures de bras ou de jambe, rarement des torques. Les assemblages de ces dépôts simples sont élaborés à partir d'un nombre réduit de modèles typologiques (un, voire deux types). Ces ensembles constituent cependant des lots comprenant de nombreux objets. AGENCEMENT DES DÉPÔTS Dépôts simples et ensembles complexes Des dépôts simples, mais variés, durant toute la période du premier âge du Fer Cette appellation regroupe les dépôts dont le nombre de catégories fonctionnelles représentées est inférieur ou égal à deux. En ce qui concerne le premier âge du Fer, leur identification est aisée. 4. Hallstatt C. Saint-Martin-de-Bossenay, Aube (Villes 1995, p. 128-129), Sans échelle. 61 SÉBASTIEN CHEVRIER Une nuance doit être apportée au terme de “dépôts simples”. En effet, ces ensembles réunissant une seule catégorie fonctionnelle sont, dans certains cas, composés d'un lot d'objets entiers, n'ayant probablement jamais servi, et d'un lot généralement plus important d'objets fragmentés. L'exemple le plus frappant est celui des dépôts voisins de Mortery et Saint-Brice en Seine-et-Marne (ill. 5a et b ; Félix 2004). Non seulement ces dépôts ne sont distants que de quelques kilomètres, mais encore la typologie des anneaux à godrons contenus dans les deux ensembles est identique. Enfin le rapport entre objets entiers et objets fragmentés est assez proche pour les deux assemblages. Certaines de ces observations sont également valables pour les deux dépôts complexes de l'Aube de Périgny-la-Rose et de Crancey. Les dépôts complexes au Hallstatt D1 Après une période de raréfaction au Hallstatt C, les dépôts complexes réapparaissent au Hallstatt D1. Les dépôts de Périgny-la-Rose (ill. 6 à 7) et de Crancey (Aube) situés non loin l'un de l'autre, constituent les ensembles complexes de cette contribution. Ces nouveaux assemblages permettent diverses approches. Ces dépôts présentent des associations de mobilier et des influences culturelles intégrées dans la dynamique des cultures matérielles de la phase moyenne du premier âge du Fer. La parure annulaire constitue la catégorie fonctionnelle de loin la plus représentée.Bien que la documentation sur les pratiques et les assemblages funéraires de la phase moyenne du premier âge du Fer dans la moyenne vallée de la Seine soit encore mince, des liens avec les assemblages matériels retrouvés en contextes funéraires sont donc évidents (Lepage 1989). De nouveaux types d'objets, rares et réservés normalement à des assemblages funéraires privilégiés, intègrent ces dépôts (un manche de poignard à antennes à Périgny-la-Rose). Ces ensembles reflètent les courants culturels dominants à cette période : objets provenant du centre ou du sud de la Gaule pour le dépôt de Crançot, dans le Jura ; objets provenant de l'est de la Gaule pour les dépôts de Périgny-la-Rose (récipient métallique) et de Crancey dans l'Aube. D'un autre côté, ces nouveaux assemblages du s. av. J.-C. s'inscrivent, par leurs caractères généraux, dans une tradition héritée de l'âge du Bronze, VIe 62 s'assimilant aux dépôts de type Bülh-Briod identifiés par S.Verger (1992). Le lot d'objets “manufacturés” est donc ici constitué par les parures annulaires. Les assemblages individuels sont constitués quant à eux d'armes, d'éléments de ceinture et de vaisselle métallique comme à Périgny-la-Rose. CATÉGORIES FONCTIONNELLES REPRÉSENTÉES La parure Elle constitue la catégorie prédominante des dépôts à partir du Hallstatt D1. Nous l'avons vu, les parures annulaires de type bracelets ou anneaux de jambes sont les objets les plus fréquents des dépôts du Hallstatt D1. À l'unité ou dans des proportions beaucoup moins importantes, nous remarquons également la présence de fragments de torques, d'épingles, d'éléments décoratifs de ceinture (boutons) ou encore d'éléments pendentifs (pendeloques, appliques). Même s'il semble possible d'identifier un fragment de fibule à l'intérieur du dépôt nogentais de Crancey, ce type d'objet ne se développe pourtant dans les dépôts qu'au cours de la phase récente du premier âge du Fer. Malgré un corpus à compléter pour le nord-est de la Gaule, ces objets semblent alors prendre une place cruciale au sein des pratiques de déposition telles que l'on peut les envisager dans le cadre de cette table ronde. L'armement Cette catégorie est très nettement représentée au Hallstatt C grâce aux dépôts unitaires d'épées en bronze, en rivière. Cette pratique débute dès le Bronze final (Boulud 1998). Nous l'avons vu, au Hallstatt C, les modèles d'épées fabriqués en fer ne participent quant à eux quasiment jamais à ce type de pratiques. Pour la zone qui nous concerne, l'armement n'apparaît plus en contexte de dépôt à la fin du Hallstatt C. Ces observations s'intègrent évidemment dans le courant général de mutations progressives des catégories fonctionnelles dominantes entre le Hallstatt C et D1. De manière exceptionnelle toutefois, un manche de poignard à antennes constitue l'un des éléments d'une panoplie individuelle dans OBSERVATIONS SUR QUELQUES DÉPÔTS DU PREMIER ÂGE DU FER DANS LE QUART NORD-EST DE LA FRANCE 5. Hallstatt D1. A : dépôt de Mortery, Seine-et-Marne (Félix 2004, pl. 23 bis et 24, inédit) B : dépôt de Saint-Brice “Saint-Martin-des-Champs”, Seine-et-Marne (Félix 2004, pl. 24, inédit). 63 SÉBASTIEN CHEVRIER 6. Hallstatt D1. Périgny-la-Rose (Aube), parures annulaires massives (Piette 1989, p. 229-241). 64 OBSERVATIONS SUR QUELQUES DÉPÔTS DU PREMIER ÂGE DU FER DANS LE QUART NORD-EST DE LA FRANCE 7. Hallstatt D1. Périgny-la-Rose (Aube), a : parures unitaires et équipement personnel (Piette 1989, p. 229-241) ; b : objets fragmentaires et lingots (Piette 1989, p. 229-241). 8. Hallstatt D1. Dépôt de Crançot (Jura). D'après Millotte, Vignard 1962, p. 9-10. 65 SÉBASTIEN CHEVRIER donc supposer l'existence d'un stock important de métal brut. Les lingots étaient contenus dans le récipient métallique. La description mentionne la présence d'un lingot plus important que les autres qui servait de couvercle. À partir du Hallstatt D1, ces produits intègrent uniquement les dépôts complexes. Il serait intéressant de connaître le poids de chaque fragment. Pour l'instant, les observations se cantonnent à un stade plus que primaire.Quelques fragments renvoient aux formes caractéristiques des lingots plano-convexes. 9. Dépôt de Compiègne, Oise (Blanchet 1984, p. 387). Sans échelle. le dépôt de Périgny-la-Rose (ill. 7a). Une pointe de flèche en bronze complète l'armement offensif de cet ensemble particulier. REPÉRAGE DES STRUCTURES LIÉES AU DÉPÔT Peu d'informations permettent de discuter de la présence et du rôle joué par d'éventuelles structures archéologiques liées à l'environnement immédiat des dépôts. L'outillage Structures englobantes Seul le petit ciseau du dépôt de Crancey (Aube) intègre cette catégorie. La vaisselle métallique La datation du chaudron de Compiègne est difficile à préciser (ill. 9). Nous savons que l'utilisation et la circulation de ces objets couvrent une longue période chronologique et, en l'absence d'élément typo-chronologique complémentaire, nous maintiendrons une large attribution entre le Hallstatt B ou C. Ce chaudron se caractérise par des attaches d'anses cruciformes et anses torsadées, un fond plat et une panse carénée. L'objet n'est pas décoré. Il faut encore noter l'existence d'un récipient en métal à Périgny-la-Rose (Aube). Cet objet a malheureusement été perdu et nous n'avons aucune information à son sujet. Rappelons la présence de récipients métalliques dans le dépôt de La Mouleyre à Saint-Pierre-Eynac en Haute-Loire. Ces objets correspondent à deux bassins à rebord perlé, importés, et un petit vase de fabrication probablement nord alpine (Milcent 2004). Les restes d'activité métallurgique Cette catégorie est matérialisée par des lingots et quelques fragments de métal refondu. Malgré une documentation ancienne et succincte au sujet du chaudron de Compiègne, nous pouvons 66 Le dépôt de Crançot, dans le Jura, était recouvert d'une pierre. Rien n'indique la nature du contenant. Les observations effectuées sur la nécropole de Cheny, dans l'Yonne, permettent de replacer le petit dépôt dans une structure correspondant à une fosse de faibles dimensions. Les contenants céramiques Les vingt et une phalères de Saint-Martin-deBossenay (Aube) étaient stockées dans un récipient en céramique. À Mortery (Seine-et-Marne), c'est dans une poterie rougeâtre qu'était déposé le lot de parures annulaires. Les contenants métalliques Le stock de lingots de Compiègne était contenu dans un chaudron à attaches d'anses cruciformes et anses torsadées. À l'instar de certains dépôts métalliques du Bronze final, un récipient en métal accompagnait l'ensemble de Périgny-la-Rose (Aube). Si nous comparons ce dépôt avec l'ensemble contemporain de La Mouleyre à Saint-Pierre-Eynac, en Haute-Loire (Milcent 2004, p. 187), nous pouvons donc proposer d'attribuer au récipient métallique de Périgny-la-Rose la fonction de contenant. L'objet ayant disparu, il n'est pas possible d'affirmer son origine. Toutefois, une provenance méditerranéenne reste évidemment privilégiée. OBSERVATIONS SUR QUELQUES DÉPÔTS DU PREMIER ÂGE DU FER DANS LE QUART NORD-EST DE LA FRANCE DATATION DES DÉPÔTS La longue période d'utilisation des chaudrons à attaches d'anses cruciformes ne permet pas d'attribuer le dépôt de Compiègne au Hallstatt C de manière évidente. Nous le proposons dans l'inventaire dans une démarche d'information. Le Hallstatt C Nous ne reviendrons pas sur le cas des dépôts d'épées en bronze en contexte fluvial. Leur attribution au Hallstatt C est parfaitement bien appuyée par les découvertes funéraires. L'origine atlantique de certains de ces objets, évolués de modèles du Bronze final (Milcent 2004), semble constituer un argument pour identifier ces pratiques en continuité avec la période précédente. Les phalères à calotte hémisphérique de forme conique semblent être caractéristiques du Hallstatt B final. Toutefois, B. Chaume et M. Feugère proposent de ranger ces objets présentant une rupture marquée entre le rebord plat et la calotte centrale bombée, au Hallstatt C. Le décor permet également d’opérer une distinction chronologique puisque les nervures concentriques placées indifféremment sur les objets du Bronze final ou du Hallstatt C sont, néanmoins, restreintes au rebord plat de la phalère dans la phase ancienne du premier âge du Fer (Chaume, Feugère 1990, p. 28-29). Selon ces auteurs, la carte de répartition des phalères du Hallstatt C montre une concentration importante en Bavière (Chaume, Feugère 1990, p. 29, fig. 26), à la différence de la période précédente qui voit une concentration plus marquée des objets sur la zone des palafittes. Les observations menées sur le dépôt de Saint-Martin-de-Bossenay (Aube) permettent de remarquer que l'ensemble de ces objets intègre le corpus typologique des phalères du Hallstatt C (ill. 4). Le Hallstatt D1 La plupart des dépôts du Hallstatt D1 doivent leur attribution chronologique à la présence de parures annulaires massives. À propos des dépôts situés dans le Bassin parisien, une très large majorité des anneaux présentent un jonc creux, ouvert, ainsi qu'un décor plastique composé d'oves volumineux. La forme générale de ces objets renvoie aux parures massives découvertes dans les sépul- 10. Hallstatt D1. Dépôts de parures annulaires de l'Yonne. 1 : Cheny (Baray 2002, p. 52) ; 2 : Dixmont (cliché : C. Félix 2004, p. 41). Sans échelle. tures de Champagne, de Lorraine et de Bourgogne, datées du Hallstatt D1 (Lepage 1989). De la même manière, les dépôts de Cheny (Yonne) et de Crançot (Jura) doivent pouvoir être calés au Hallstatt D1 grâce à la présence de bracelets ou anneaux à bossettes et de parures dont le jonc est décoré de plages incisées. Il convient toutefois de reprendre les dessins du dépôt jurassien afin d'affiner ces informations. Les dépôts nogentais de Crancey et de Périgny-la-Rose présentent divers objets qui permettent de confirmer une attribution au Hallstatt D1. Nous pouvons donc renforcer le calage de ces dépôts simples dont nous venons de discuter. Le poignard à antennes, l'agrafe de ceinture quadrangulaire décoré au trémolo et les pendeloques triangulaires à anneaux de Périgny-la-Rose sont également de bons indicateurs chronologiques (ill. 6). À Crancey (Aube), la présence d'une paire de brassards-tonnelets constitue un élément de datation appréciable. Malgré l'absence de publication, les traits généraux avancés lors de présentations rapides sur le dépôt collectif à caractère cultuel de la Douix permettent de mettre en évidence la présence d'une proportion dominante de fibules de la fin du premier âge du Fer, et du début du second 67 SÉBASTIEN CHEVRIER âge du Fer. L'essentiel de ces objets semble pouvoir être calé au Hallstatt D final-La Tène A. La présence de fibules à arc serpentiforme plaide toutefois en faveur d'une fréquentation discrète du site dès le Hallstatt D1. Le Hallstatt D2-3/La Tène A Les trois fibules découvertes vraisemblablement dans le rempart du site de hauteur hallstattien de Sembert-le-Haut à Clamecy (Nièvre) appartiennent au Hallstatt D3 (ill. 3b). La fibule à arc cranté et pied circulaire décoré d'une croix ainsi que la fibule à timbale conique et pied vasiforme de type dP1, trouvent des similitudes dans un groupe de fibules découvertes dans le tumulus à char “de Morgan” (Pininre, Ganard 2004). La grande majorité des fibules découvertes dans la source de la Douix renvoie à des modèles caractéristiques du Hallstatt D2-3/La Tène A (cf. inventaire). ÉVOLUTION DES DÉPÔTS ENTRE LE IXe ET LE Ve S. AV. J.-C. Si les grands dépôts terrestres caractéristiques du Hallstatt B3 parsèment une large zone du territoire national, le Hallstatt C est marqué par une nette récession de ce phénomène, voire une absence complète d'ensembles de ce type dans la plupart des régions françaises. Seules les épées hallstattiennes en bronze continuent d'être déposées dans les fleuves, selon une tradition issue de l'âge du Bronze final. À partir du Hallstatt D1, on observe un nouveau développement des dépôts terrestres. À la différence du Hallstatt C, cette période est marquée 11. Hallstatt D1. Aulnizeux (Marne), dépôts de parures annulaires (Lepage 1989). 68 par un développement important des dépôts à parures annulaires majoritaires. Ces derniers s'organisent selon deux modèles distincts. On remarque d'une part l'émergence de dépôts simples, constitués exclusivement de parures annulaires massives. Au sein de ces dépôts, une part minoritaire est constituée d'éléments entiers. On identifie d'autre part la présence de dépôts complexes, à parures annulaires également dominantes, dont la majeure partie des catégories fonctionnelles est commune. Le mode de sélection des objets permet également de reconnaître dans les dépôts nogentais de Crancey et de Périgny-la-Rose la présence de lots manufacturés (les parures annulaires) accompagnés de panoplies individuelles. Ces dépôts de type Bülh-Briod, décryptés par S.Verger (1992), s'inscrivent dans une tradition héritée de l'âge du Bronze. L'identification de lots manufacturés, l'existence de panoplies individuelles et, dans certains cas, la présence d'un récipient métallique renvoient directement à des modèles de la fin du Bronze final avec le dépôt de Venareyles-Laumes, en Côte-d'Or (Nicolardot,Verger 1998). Hors de notre sphère d'investigation, le dépôt de la Mouleyre à Saint-Pierre-Eynac (Haute-Loire) entre dans cette dynamique (Milcent 2004). Lorsque la documentation sera disponible, il sera certainement possible de proposer une lecture détaillée du dépôt de Crancey (Aube). Cet ensemble intègre selon toute vraisemblance les dépôts à panoplies mixtes et lots manufactuées, mis en évidence par P.-Y. Milcent (1998 ; 2004). Les relations entre la “Celtique” et le monde méditerranéen transparaissent également à travers la lecture des dépôts complexes, dont certains sont accompagnés d'un récipient métallique importé (Périgny-la-Rose, Saint-Pierre-Eynac). L'analyse du mobilier contenu dans ces ensembles permet de mettre en évidence une disparition de ces dépôts composés majoritairement de parures annulaires, vers la fin du VIe s. av. J.-C. Aux périodes suivantes, Hallstatt D2-3/LaTène A, la composition des dépôts se modifie sous l'action de mutations profondes et généralisées du costume vestimentaire. Le phénomène d'adoption progressive et la présence croissante des fibules découvertes dans les différents contextes archéologiques du Hallstatt D2-3 (habitat, funéraire) accentuent les manifestations en genèse au Hallstatt D1. Présentes de manière sporadique et selon des schémas typologiques récurrents au Hallstatt D1, les fibules subissent à la période suivante une dis- OBSERVATIONS SUR QUELQUES DÉPÔTS DU PREMIER ÂGE DU FER DANS LE QUART NORD-EST DE LA FRANCE CONCLUSION 12. Hallstatt D1. Chelles (Seine-et-Marne), dépôts de parures annulaires (Bulard 1977). persion typologique et géographique. Les dépôts permettent de lire ces événements. Le cas de la résurgence de la Douix à Châtillon-sur-Seine (Côted'Or) est à ce titre éloquent. Timides au cours du Hallstatt D1, les fibules du Hallstatt D2-3 et de La Tène A se trouvent sureprésentées. La nature des dépôts se transforme également. Que ce soit à Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) ou à Clamecy (Nièvre), un seul type d'objet est représenté en petite ou grande quantité. La parure disparaît au profit des fibules. À la fois individuelle et collective, l'action de“donner”, trahi à nos yeux et à cette période, la mise en scène de nouveaux lieux. Le cas des sources de la Douix n'est pas isolé, P.-Y. Milcent rapproche cette découverte avec celle effectuée à Artonne, La Mothe dans le Puy-de-Dôme. Une fibule à timbale et ressort en arbalète court, et une autre sans timbale, ont été trouvées dans un captage de source (Milcent 2004, vol. 2, p. 577). D'après les informations de l'archéologue local, la découverte de trois fibules dans la masse du rempart de Sembert, à Clamecy (Nièvre), est plus ardue à déchiffrer. Geste collectif ou individuel, cet ensemble clos pourrait s'inscrire dans un acte de fondation ou de reconstruction des structures défensives du site. La prise en compte progressive des dépôts non funéraires du premier âge du Fer permet maintenant de mettre le doigt sur une série de phénomènes tout à fait particuliers. Le caractère original des dépôts du premier âge du Fer, exposé rapidement dans cette contribution, se développe selon des traits variés dans une dynamique d'ordre essentiellement chronologique. À la différence des dépôts de l'âge du Bronze et des ensembles métalliques non funéraires, l'intégralité des catégories fonctionnelles représentées dans les dépôts du Hallstatt entrent, par leurs compositions matérielles, dans la sphère des assemblages caractéristiques du domaine funéraire. Excepté peut-être le ciseau de Crancey (Aube), la lecture de ces ensembles ne nous permet pas d'apprécier la variété des autres catégories fonctionnelles en usage à ces périodes (notre connaissance de l'outillage hallstattien est limitée si l'on met de côté le phénomène particulier, mais néanmoins marqué, des haches hallstattiennes). L'armement en bronze du Hallstatt C prend une place spécifique au sein de la catégorie dite des dépôts. Probablement à partir de la fin du VIIe, dans tous les cas,au cours du VIe s. av. J.-C., la parure en bronze devient le dénominateur commun. Le dépôt héraultais de Roque-Courbe, commune de Saint-Saturnin, est à ce titre symptomatique. Fragmentées ou intactes, les parures annulaires massives du Hallstatt D1 constituent d'ailleurs le type d'objet récurrent dans les lots de produits manufacturés des dépôts de type Bülh-Briod de cette période dans le quart nord-est de la France. Une analyse rapide des ensembles non funéraires de cette période permet également de remarquer que le fer est absent des dépôts métalliques jusqu'à l'extrême fin du premier âge du Fer. D'une manière générale, excepté au Hallstatt C, le fer ne prend une importance quantitative dans les assemblages funéraires et non funéraires qu'à partir du début du second âge du Fer. Ce trait de caractère semble particulièrement caractéristique des régions situées à l'ouest de l'arc alpin. Cette première présentation doit évidemment être complétée par un travail de reprise générale de la documentation (dessins, comptages). Les phénomènes issus de l'analyse du taux de fragmentation des ensembles, l'étude de l'origine“culturelle”des objets devraient permettre, prochainement, de préciser et de développer ces observations préliminaires. 69 SÉBASTIEN CHEVRIER BIBLIOGRAPHIE Annuaire du Jura 1855, p. 121. Dossiers communaux du musée des Antiquités nationales. 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Datation : Par comparaison avec l'exemplaire de Poiseul-laVille, La Perrière (Côte-d’Or) : Hallstatt B3 ou Hallstatt C. On doit toutefois prendre en compte l'utilisation prolongée de ce type de récipient, ainsi que leur lente évolution morphologique. Lieu de conservation : MAN. Hallstatt C St-Martin-de-Bossenay, “Les Vignes” (Aube) Bibliographie : Ballet 1963, p. 64-68 ; Villes 1995, p. 128-129. Contexte de découverte : Au XIXe s. par M. Massey de Saint-Loup de Buffigny. Compte rendu effectué par le Dr Ballet en 1963. Les phalères semblent avoir été regroupées à l'intérieur d'un contenant en céramique (ill. 4). Après la découverte, les objets ont été dispersés à travers trois lots, quinze exemplaires au MAN (dont une partie déposée à Nogent-sur-Seine), cinq exemplaires au musée d'archéologie et des Beaux-arts de Troyes, enfin un exemplaire au British Museum de Londres. Inventaire et caractéristiques : Le dépôt des Vignes de SaintMartin-de-Bossenay a livré vingt et une phalères de deux types différents. Le premier type correspond à un modèle de grand diamètre (14 à 17 cm), le second type présente un diamètre de 12 cm en moyenne. Les deux catégories d’objets intègrent le corpus typologique définit par G. Von Merhart et B. Chaume, M. Feugère. Datation : Hallstatt C Analyse : Si les phalères à calotte hémisphérique de forme conique semblent être caractéristiques du Hallstatt B final, B. Chaume et M. Feugère proposent de ranger les objets présentant une rupture marquée entre le rebord plat et la calotte centrale bombée, au Hallstatt C Le décor permet également d’opérer une distinction chronologique puisque les nervures concentriques placées indifféremment sur les objets du Bronze final ou du Hallstatt C sont toutefois restreintes au rebord plat de la phalère, dans la phase ancienne du premier âge du Fer. Selon ces auteurs, la carte de répartition des phalères du Hallstatt C montre une concentration importante en Bavière (Chaume, Feugère 1990, p. 29, fig. 26), à la différence de la période précédente qui voit une concentration plus marquée des objets sur la zone des palafittes (Chaume, Feugère 1990, p. 28-29). 71 SÉBASTIEN CHEVRIER Datation : En fonction de ces diverses observations, il semble possible d’apporter une distinction typo-chronologique au sujet des phalères du Hallstatt C. Les objets en association avec un assemblage mobilier “ancien’’ (Chavéria) trouvent des parallèles avec les productions métalliques de la phase chronologique précédente sur le site lacustre d’Auvernier. Par contre, les exemplaires associés à des objets potentiellement plus récents (épée en fer de Saulces-Champenoises, assemblage à épée en fer/rasoir en bronze à Poiseul) présentent des caractéristiques typologiques et décoratives sensiblement différentes. C’est à ce dernier groupe que nous attribuerions les 21 phalères du dépôt de Saint-Martin-de-Bossenay dans l’Aube. Lieu de conservation : 3 lots répartis au MAN, musée de Troyes et le British Museum. Hallstatt C1 Crancey (Aube) Bibliographie : Villes 1995, p. 130-131. Contexte de découverte : Fouille clandestine au détecteur en contrebas de la basse terrasse bordant le lit majeur de la Seine, en terrain alluvionnaire plat, humide et inondable. Aucune information sur la disposition des objets ou sur la présence d'un éventuel contenant. Certains bracelets ont subi une altération lors de la découverte. Inventaire et caractéristiques : – une paire de brassards-tonnelets, – un bracelet godronné massif et fermé, – deux paires de bracelets ouverts et massifs, à godrons arrondis, – quatre paires de bracelets ouverts, moins massifs, à godrons carénés – un bracelet ouvert, également moins massif, à godrons arrondis, – une paire d'anneaux plus petits, fermés, à godrons sphéroïdaux, – un anneau rubané, à extrémités ornées en double spirale ; – divers fragments de parure : torque tubulaire non décoré, bracelet à petites nodosités, disque de fibule de type italique, anneau à “engrenage”, bracelets à jonc mince et plein, dont un décoré d'incisions transversales, fragment éventuel de manche ajouré de rasoir, anneau en ruban frangé d'un décor incisé, – un petit ciseau à deux tranchants opposés, sur mince tige ronde, – une applique rectangulaire à double bélière, – un petit disque régulier, sans décor, à perforation centrale ; – une applique de forme trapézoïdale, perforée à l'extrémité étroite et pourvue de deux anneaux sur le bord opposé, pour la suspension de grelots ou de pendeloques, – un mince fil de bronze très tordu, – deux lingots plano-convexes de petite taille, dont un constitué d'un amalgame de petits fragments partiellement refondus. Datation : Hallstatt D1 Analyse : Ce dépôt présente près des deux tiers de ses articles en commun avec celui de Périgny-la-Rose. Les éléments originaux sont le disque de pied de fibule de type italique, le bracelet rubané à extrémités terminées en double spirale et deux brassards-tonnelets non décorés. Bibliographie : malgré l'existence de plusieurs mentions bibliographiques, l'autorisation d'étudier et de publier cet ensemble 72 ne nous a pas été accordée. Lieu de conservation : musée de Nogent-sur-Seine (Aube). Périgny-la-Rose, “Les Usages” (Aube) Bibliographie : Piette 1989, p. 229-241 ; Piette 1995, p. 132-133. Contexte de découverte : découverte effectuée en 1981 par M. Renon lors de travaux de labours. il découvrit un récipient en bronze dans lequel se trouvaient des éléments d'équipement personnel et diverses parures. Le récipient a été perdu. Inventaire et caractéristiques (ill. 6-7) : – un brassard fermé à godrons et motif ternaire constitué de quatre godrons obliques (D : 108 ; H : 55 à 60 mm), – un bracelet fermé à huit godrons (D : 65 ; H : 47 mm), – un bracelet fermé à dix godrons (D : 60 ; H : 45 mm), – deux bracelets fermés à onze godrons (D. : 62 ; H : 35 mm), – deux bracelets ouverts ornés de quinze godrons (D : 95 mm ; H : 45 mm), – six bracelets de forme ovale, fermés constitués de vingtquatre demi-olives jointives (L : 103 ; l : 78 ; H : 18 mm), – un bracelet rubané ouvert décoré d'un motif de triangles hachurés (D : 58 ; H : 35 à 39 mm), – un fragment de bracelet à bossettes, – un fragment de torque tubulaire, – un fragment de bracelet rubané au décor gravé très estompé, – un vase en bronze, – une agrafe de ceinture décorée au trémolo, – une applique en tôle de bronze, – deux pendeloques triangulaires à anneaux de suspension, – un lot de 86 boutons à bélière, – une épingle à tête enroulée ou un bracelet filiforme, – une armature de flèche en bronze, – un manche de poignard à antennes en bronze (L : 108 mm), – un fil de bronze à section circulaire, – des fragments de lingots plano-convexes. Datation : Hallstatt D1 Analyse : S. Verger propose une lecture compartimentée de cet ensemble (Verger 1992) : Équipement masculin : – un manche de poignard à antennes, – un fermoir et des ornements de ceinture, – une pointe de flèche, – un petit bracelet filiforme, – divers boutons, – un vase en bronze. La série d'objets manufacturés : – une série de parures annulaires (une vingtaine de bracelets, anneaux de jambes et torques), – des éléments de métal brut. Lieu de conservation : musée de Nogent-sur-Seine (Aube) Crancot (Jura) Bibliographie : Annuaire du Jura 1855, p. 121 ; Millotte, Vignard 1962, p. 9-10 ; Millotte 1963, p. 287, pl. 53, n° 12-14. Contexte de découverte : “Cachette” découverte en 1852 dans un champ labouré sur le territoire de cette commune, sous une pierre. Inventaire et caractéristiques (ill. 8) : 16 bracelets en bronze dont : – un bracelet en bronze ouvert aux extrémités proches. Surface extérieure constituée de godrons. (gd diam. : 68/pt diam. : 55 mm), – un bracelet semblable au précédent, OBSERVATIONS SUR QUELQUES DÉPÔTS DU PREMIER ÂGE DU FER DANS LE QUART NORD-EST DE LA FRANCE – un bracelet en bronze ouvert. Surface extérieure ornée de godrons, en deux fragments. (gd diam : 70 mm/petit diam : 57 mm), – un bracelet massif à extrémités proches. La surface extérieure est constituée de godrons. (gd diam : 62 mm/petit diam : 52 mm), – un fragment de bracelet semblable, – un fragment de bracelet semblable dont la patine a disparu, – un bracelet en bronze ouvert, intérieur plat, face extérieure bombée. Décor de zones rectangulaires garnies d'incisions horizontales ou obliques. (gd diam : 70mm/ petit diam : 60 mm), – un bracelet identique au précédent ; – un bracelet en bronze ouvert, avec de légers tampons aux extrémités et précédés de cannelures transversales. Décor de bandes obliques incisées. (gd diam : 70/pt diam : 60 mm), – un bracelet semblable au précédent ; – un bracelet fragmenté identique au précédent, – un bracelet fragmenté identique au précédent, – un bracelet fragmenté identique au précédent, – un bracelet fragmenté identique au précédent, – un bracelet en bronze ouvert orné de cannelures obliques au centre du jonc. On relève des cannelures perpendiculaires et des incisions fines en chevrons aux extrémités. (gd diam : 67 mm/petit diam : 65 mm), – une extrémité d'un bracelet identique au précédent. Datation : Hallstatt D1. Lieu de conservation : Musée de Lons-le-Saunier (Jura). Aulnizeux (Marne) Bibliographie : Lepage 1989, p. 322-323. Contexte de découverte : incertaines. Les anneaux seraient liés à une sépulture creusée dans la tourbe, à la naissance des Marais de Saint-Gond. Inventaire et caractéristiques (ill. 11) : – un bracelet fermé à oves massifs ; séparés par des surfaces plates et lisses ; – deux anneaux à godrons (respectivement treize et quatorze godrons) ; – deux fragments d'anneaux à godrons identiques aux précédents ; – un torque à figurines humaines (?). Datation : Hallstatt D1 pour les anneaux et bracelets. Analyse : dépôt incertain. Lieu de conservation : MAN, n° inventaire 6835/68436/68438. Chelles (Seine-et-Marne) Bibliographie : Bulard 1977. Contexte de découverte : découverte effectuée en 1848 sur la commune de Chelles, “sur la rive droite de la Marne, à l'emplacement du canal, au niveau de l'actuelle zone industrielle et à la base du méandre recoupé ceinturant le site antique de Chelles”, dans des circonstances inconnues. Inventaire et caractéristiques (ill. 12) : – six gros anneaux en bronze ornés de décors incisés ; – des fragments d'anneaux à godrons en bronze. Datation : Hallstatt D1. Lieu de conservation : Cabinet des Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) à Paris. Mortery, “Grisy” (Seine-et-Marne) Bibliographie : Bourquelot 1858, p. 97-98 ; Félix 2004, pl. 17, 23 bis. Contexte de découverte : découverte effectuée par un bûcheron, sous le tronc d'un vieux chêne, à deux ou trois pieds sous terre. « Un ensemble d'une trentaine d'objets était déposé dans un grand vase en poterie rouge », dans un champs du territoire de Grisy, à Mortery. Ce dépôt a été présenté en 1858 à la Société des Antiquaires de France. Inventaire et caractéristiques (ill. 6): – des épingles à tête globuleuse décorée de cercles concentriques, Pour la parure du premier âge du Fer : – quatre anneaux à godrons en bronze ainsi que des fragments, – trois anneaux fragmentés ouverts à jonc circulaire simple. Datation : âge du Bronze et Hallstatt D1. Analyse : une partie de ce dépôt correspond à des objets caractéristiques de l'âge du Bronze final (épingles proches des modèles de Villethierry dans l'Yonne). L'autre partie comprend des éléments de parure du premier âge du Fer. Parmi les anneaux, deux portent les traces de perforations circulaires liées probablement à un assemblage. F. Bourquelot d'ailleurs avait remarqué la présence d'un “goupillon” métallique qui doit vraisemblablement correspondre à une barrette d'assemblage. Lieu de conservation : Cabinet des Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale de France, (Paris) MAN, musée de Provins (Seine-et-Marne). Saint-Brice, “La ferme de Saint-Martin-des-Champs” (Seine-et-Marne) Bibliographie : Göetz 1966 ; Félix 2004, pl. 24. Contexte de découverte : trouvé en 1867, dans le champ de la ferme d'un particulier à Saint-Brice au cours de travaux agricoles. Inventaire et caractéristiques (ill. 5) : – un anneau fermé à vingt-et-un godrons (D int. : 92 x 104 mm ; D. ext. : 140 x 152 mm ; ép. : 27 mm ; poids : 445 gr.), – un anneau fermé à vingt-et-un godrons (D int. : 96 x 107 mm ; D. ext. : 139 x 152 mm ; ép. : 27 mm ; poids : 427 gr.), – des fragments d'anneau à godrons : (deux fragments comprennent douze godrons, deux autres en comportent cinq, un fragment en compte quatre tandis qu'un dernier en porte seulement deux). Datation : Hallstatt D1. Lieu de conservation : musée de Provins (Seine-et-Marne), n° inventaire MP 338/339/1947.1/1947.2/1947.3/1947.4/1947.5. Cheny, “Les Groseillers” ou “Les Mardelles” (Yonne) Bibliographie : Baray 2002, p. 52. Contexte de découverte : fouilles effectuées par R. Lapert, de 1945 à 1959. Le site correspond à une vaste nécropole composée d'enclos circulaires et quadrangulaires. Outre des sépultures laténiennes et hallstattiennes, un petit dépôt constitué de quatre anneaux en bronze fut repéré dans un petit trou, à proximité des enclos. Inventaire et caractéristiques (ill. 10) : – quatre anneaux en bronze, ouverts, à jonc plein. Le corps de chaque objet présente une alternance régulière de bossettes et d'espaces incisés. Datation : Hallstatt D1. Lieu de conservation : musée d'Auxerre (Yonne). 73 SÉBASTIEN CHEVRIER – La Tène A : vingt et un exemplaires de fibules à timbale hypertrophiée (type de Weidach) et arc décoré/une fibule de type Marzabotto à ressort à quatre spires et corde externe/une fibule à tête d'oiseau et arc renflé…), – aucun objet de La Tène B1 (type pré-Dux ou Dux), – certains objets plaident en faveur d'une fréquentation dès le Hallstatt D1 : fibules à arc serpentiforme et disque d'arrêt, S5 de Mansfeld, – des témoins discrets incitent cependant à voir ce lieu fréquenté dès la Hallstatt C, voire au Hallstatt B final (céramique du Hallstatt B final/épingle à col de cygne). Datation : Hallstatt D2-D3/La Tène A. Analyse : l'origine de la fréquentation de ce lieu pourrait donc remonter au Bronze final ; il est intéressant de noter que les fibules de La Tène A, présentes dans l'ensemble de la Douix, sont, pour le moment, absentes des recherches menées sur le Mont-Lassois. Concernant les fibules hallstattiennes retrouvées en contexte de dépôt collectif en milieu humide, il faut noter la présence de pratiques similaires en Suisse, sur le site même de La Tène (Kaenel 1990, p. 305 ; Milcent 2004). Lieu de conservation : musée de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or). Dixmont (Yonne) Bibliographie : dossiers communaux du MAN, Félix 2004. Inventaire et caractéristiques (ill. 10), – dix anneaux à godrons carénés en bronze, ouverts (on compte seize godrons par unité), – deux anneaux à godrons carénés en bronze, fermés. Datation : Hallstatt D1. Analyse : tous les anneaux ouverts de ce dépôt présentent la même déformation, une légère torsion du jonc qui provoque un décalage entre chaque extrémité. De plus, la totalité des anneaux montre des traces d'usures de part et d'autre du jonc. Lieu de conservation : MAN, n° inventaire 36.006/10 ; 36.006.1 et 5/12. Paron, “Saint-Bond” (Yonne) Bibliographie : Salmon 1878 p. 5-15 ; Hure 1931, p. 64-65. Félix 2004. Contexte de découverte : inconnu. “Au bas de la colline de Saint-Bond”, au bord de la voie romaine de Sens à Orléans. Inventaire et caractéristiques : – deux grands bracelets en bronze à grosses perles creuses, – un fragment d'un autre bracelet perlé, – des fragments de tube creux, – deux fragments d'une tige pleine en bronze (bracelet ou torque ?), Datation : Hallstatt D1. Analyse : dépôt incertain. Lieu de conservation : MAN, n° inventaire 20.838 et 20.840. Clamecy, “Sembert” (Nièvre) Bibliographie : Adam 1999, p. 5, fig. 1. Contexte de découverte : découverte de trois fibules, dans la masse du rempart. Malgré une description imprécise, il semble qu'il s'agisse d'un lot. Inventaire et caractéristiques (ill. 3b) : – une fibule à timbale en forme de cône décoré de lignes parallèles et concentriques. Le pied est vasiforme, le ressort court à corde interne, – une fibule à arc cranté et pied circulaire à motif cruciforme incrusté, – une fibule à arc cintré losangique. Le dessin ne permet pas plus de précision. Le pied, dans le prolongement du porte ardillon est en forme de croix à trois branches. Sa forme et la présence de petits rivets semblent pouvoir identifier ce pied à un socle, dont l'élément rapporté a disparu. Datation : Hallstatt D2-3. Analyse : La fibule 2 correspond au type dP1 de Mansfeld. La timbale est en forme de cône sur lequel s'organise un décor de lignes parallèles et concentriques. Le pied est vasiforme, le ressort court à corde interne. Cette fibule est identique à un exemplaire découvert selon toute vraisemblance dans le contexte de la tombe à char du tumulus “de Morgan” dans la forêt des Moidons (Piningre, Ganard 2004, p. 115, fig. 62, n° 4), attribuée au Hallstatt D3. Lieu de conservation : musée de Clamecy (Nièvre). Hallstatt D2-3/La Tène A Châtillon-sur-Seine, “La Source de la Douix” (Côte-d’Or) Bibliographie : Buvot 1998, p. 26-33 ; Labeaune 2003, p. 43. Contexte de découverte : découverte effectuée en 1996, lors de sondages spéléologiques pratiqués à l'intérieur même d'une résurgence naturelle ayant vraisemblablement subi des aménagements anthropiques. Outre la découverte de monnaies et ex-voto antiques, un lot d'environ 300 fibules et fragments a été découvert dans la source. Cette découverte n'est pas publiée. Inventaire et caractéristiques (ill. 3a) : – un lot important de fibules (entre 200 et 300 à déterminer), – d'après les premières analyses, 90 % des objets sont en fer (à la différence des fibules trouvées sur le MontLassois dont la majorité est en bronze), – l'essentiel du matériel peut être calé au Hallstatt D final/ La Tène A type à timbale simple, F4 de Mansfeld/type à pied droit mouluré, F2 E de Mansfeld/type Golfe du Lion à pied droit et bouton conique,  74 Dépôts métalliques du second âge du Fer dans les grottes du centre-ouest de la France José GOMEZ de SOTO Dans les régions karstiques, l’utilisation des grottes est restée intense tout au long de la Protohistoire. La nature de cette utilisation fut des plus diverses, habitat ou annexe d’habitat et lieu de sépulture sont les modalités les plus courantes, ou plutôt les plus couramment admises. La réalité des lieux de culte ou des dépôts d’offrandes est moins aisément perçue. Qu’en est-il dans le centre-ouest de la Gaule ? Pour les quelques exemples présentés ci-dessous, le terme “dépôt” sera entendu, non dans l’acception usuelle et restrictive de “regroupement d’objets”, mais dans celle “d’objets retirés de la circulation”, échappant ainsi à leur usage habituel pour un autre de nature différente. PRINCIPAUX SITES KARSTIQUES DU CENTRE-OUEST DE LA FRANCE AYANT LIVRÉ DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES Grotte de La Roche Noire à Mérigny (Indre) Située aux confins nord-occidentaux de la région considérée, la grotte de La Roche Noire se présente comme un réseau karstique dans lequel coule une rivière souterraine. Les dépôts de restes humains (une vingtaine d’individus), de faune domestique et de mobilier avaient été réalisés sur ses rives, mais quelques artefacts proviennent cependant de son lit (Cordier 1978). La nature sépulcrale du site, affirmée dans la publication princeps, a depuis été discutée (Gomez de Soto, Milcent 2003) Le mobilier comporte une série notable de céramiques et des éléments métalliques : fibules à faux ressort sur le pied, pointe de lance, couteau, ainsi qu’un agglomérat d’objets parmi lesquels une paire de fibules en bronze, une fibule et un bracelet de fer. Les fibules à faux ressort sur le pied assurent une datation des dépôts au début de la Tène Grotte du Quéroy à Chazelles (Charente) La grotte du Quéroy est riche d’une stratigraphie s’étendant du Würm IV à la Tène ancienne (Gomez de Soto 1978). Lors de La Tène B, l’ouverture du site était déjà très largement colmatée et l’accessibilité des lieux particulièrement malaisée. À ce moment, un petit nombre d’artefacts furent introduits dans la grotte, quelques vases et deux outils en fer : un marteau et une serpette (ill. 1). Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 75-81 (Bibracte ; 11). JOSÉ GOMEZ DE SOTO 1. Grotte du Quéroy à Chazelles (Charente). Serpette et marteau en fer (dessins J. Gomez de Soto). Grotte des Perrats à Agris (Charente) Grotte de Rancogne (Charente) Les sondages à courte distance dans le talweg dans l’environnement de la grotte révèlent que la fréquentation du site pendant le second âge du Fer ne s’étendait probablement pas à l’extérieur de la cavité, ou fort peu (Gomez de Soto, Boulestin 1996, p. 89 sq., 124 sq.). L’hypothèse qui considérait la grotte de Rancogne comme un lieu funéraire et cultuel de l’âge du Bronze final (Guillien 1968) ne peut plus être retenue sans discussion. Des restes humains y furent découverts à diverses occasions depuis le XVIIIe s. Sur la série issue des fouilles conduites de 1961 à 1970 dans une salle relativement éloignée de l’entrée, l’information est assez sommaire dans l’ouvrage consacré au site (Gruet et al., 1997, cf. p. 35 en particulier), mais l’association de restes humains et de pièces métalliques est affirmée dans le rapport de fouilles de 1966. Outre une fibule de La Tène D, furent recueillis des bracelets en fer et une pointe de lance, ainsi que des éléments de fer non identifiables, même après radiographie, et une pièce tubulaire en bronze enserrant une barre de fer. Les dépôts laténiens dans la grotte débutent au IVe s., avec des céramiques et quelques objets métalliques, fibule du type de Dux, demi-anneau creux de suspension d’épée. Si on ne peut assurer que le casque “d’apparat”, qui fut réalisé pendant ce siècle, fut bien enfoui à ce moment, cette hypothèse reste vraisemblable. C’est au cours de la période La Tène C2/D1 que la fréquentation est la plus importante. Les dépôts de céramique comportent plusieurs centaines de récipients parmi lesquels, avec environ 10 % du total, une proportion anormalement élevée de vases balustres (Ducongé 2003). Les dépôts métalliques se composent majoritairement d’outils : houe, couteaux, hache, etc. (Thonont 2001), d’ustensiles divers, dont un rasoir et un anneau de suspension de baquet, de quelques rares parures, dont deux bracelets et une fibule de La Tène II en bronze, et de rares pièces d’armement, deux pointes de flèches, l’extrémité d’une sorte de pilum (ill. 2a et b). Un dé à jouer en os ou bois de cerf est encore à noter (Gomez de Soto, Boulestin 1996, fig. 61). 76 Aven du Trou de la Coupe à Touvre (Charente) Partiellement fouillé, l’aven du Trou de la Coupe contenait les restes d’au moins douze sujets, huit adultes et quatre immatures (Germain, 2002) et des restes de faune, dont des suidés et des chevaux. Deux vases avaient, semble-t-il, été déposés sur une corniche, un bracelet de fer fut recueilli à l’aplomb de celle-ci. DÉPÔTS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER DANS LES GROTTES DU CENTRE-OUEST DE LA FRANCE 2a. Grotte des Perrats à Agris (Charente). Armes, outillage et objets divers en fer de La Tène C2/D1 (dessins J. Gomez de Soto). 77 JOSÉ GOMEZ DE SOTO 2b. Grotte des Perrats à Agris (Charente). Armes, outillage et objets divers en fer de La Tène C2/D1 (dessins J. Gomez de Soto). 78 DÉPÔTS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER DANS LES GROTTES DU CENTRE-OUEST DE LA FRANCE Quelques grottes du Périgord Des vestiges laténiens ont été signalés dans la grotte des Ormes à Javerlhac (Chevillot 1978), dans un aven près de La Calévie (Chevillot et al.1977), dans la grotte Rouffignac (Barrière 1974), ou encore dans la cavité à ruisseau souterrain de La Fontanguillère à Rouffignac-de-Sigoulès (Chevillot 1989). De concert avec les artefacts, des restes humains incinérés ou non ont été mentionnés, sans que leur contemporanéité avec ces derniers fût bien toujours solidement établie, sauf probablement à Rouffignac. Pour cette grotte, l’hypothèse funéraire n’a guère été contestée (Gaillard, Girardy-Caillat 1996 p. 210), bien que la découverte dans l’environnement immédiat des supposées sépultures de divers menus objets et surtout d’un dépôt de onze monnaies (Barrière, op. cit., p. 197) ne soit pas sans poser question. LES MÉTAUX DANS LES GROTTES : DÉPÔTS DU QUOTIDIEN, DÉPÔTS FUNÉRAIRES, OU PRATIQUES CULTUELLES ? Topographie et environnement des cavités La plupart des cavités présentées offrent des conditions d’accès malaisées : entrée malcommode comme au Quéroy ou à La Roche Noire, cheminements plus ou moins longs à Rancogne, Rouffignac et La Fontanguillère, descente dans un aven au Trou de la Coupe. De telles conditions d’accès ou de circulation excluent une utilisation aisée et, quand ce n’était pas le cas, les hommes négligèrent les facilités offertes par l’environnement immédiat : la grotte des Perrats n’oppose aucune difficulté d’accès, mais sa fréquentation paraît limitée à sa seule salle principale sans débordement notable à l’extérieur. Contrairement à ce qui se produisit pendant ses phases d’occupation comme habitat ou annexe d’habitat pendant l’âge du Bronze, seule la cavité elle-même intéressait les hommes du second âge du Fer. Que ces cavités fussent utilisées pour un habitat, même temporaire, paraît peu probable ; il faut donc envisager une fonction particulière. 2.2. Les restes humains : quelle signification ? La présence de restes humains en milieu souterrain est encore presque systématiquement comprise en termes funéraires. Les avancées de l’anthropologie funéraire ont appris que l’équation “restes humains = sépulture” n’est pas toujours valable. Les traces d’intervention que portent certains ossements indiquent dans certains cas un traitement funéraire particulier du corps, mais, dans bien d’autres, les traces sont conséquences de la manipulation du cadavre à des fins non funéraires (cf. Ribemont-sur-Ancre) voire de pratiques sacrificielles. Dans la région concernée, ces traces, parfois discrètes, ne furent pas toujours systématiquement recherchées, ou les études anthropologiques furent réalisées à une époque où on ne savait pas encore bien discerner − ou ne cherchait pas − les moins visibles. Seuls les ossements du Trou de la Coupe ont bénéficié d’une étude complète menée selon les normes actuelles (Germain 2002). Divers stigmates d’interventions, traces de découpe et de fracturation, ont été reconnus. Les corps ont donc subi des manipulations, qui, pas davantage que leur dépôt dans un aven, ne paraissent relever de pratiques funéraires telles qu’on les connaît dans le monde laténien, mais invitent à chercher des rapprochements avec ces autres corps déposés, complets ou partiels, dans divers types de milieux souterrains, des silos en particulier (Arcelin, Brunaux 2003). Des exemples sont attestés en Gaule du Centre, près de la limite nordoccidentale de la région ici considérée (Gomez de Soto et al. 2003). Par voie de conséquence, il paraît clair que les dépôts accompagnant de tels restes ne peuvent apparaître comme des mobiliers funéraires stricto sensu. Pour la grotte de Rouffignac, la découverte dans l’environnement immédiat des sépultures supposées d’un dépôt monétaire et de quelques menus objets n’est pas sans évoquer le cas de la grotte de Chenoves en Saône-et-Loire (Guillard 1934 ; Fischer 1982). Dans cette cavité furent mis au jour des squelettes humains et divers objets avec, là aussi, un dépôt monétaire. Des dépôts non funéraires laténiens de restes humains associés à des dépôts de nature variée, dont des pièces de fer en quantité appréciable, sont attestés dans un certain nombre de cavités souterraines pendant la période laténienne. Un exemple particulièrement significatif est celui de la grotte du Trou de l’Ambre à Eprave, province de Namur, en Belgique. Il s’y trouvait entre autre un dépôt de currency bars disposé en étoile (Mariën 1970). 79 JOSÉ GOMEZ DE SOTO une clé pour comprendre la présence de ces restes − de certains d’entre eux tout au moins – et des objets qui les accompagnent dans les milieux souterrains. À une époque où la pratique de la sépulture en grotte a généralement disparu, les restes humains apparaissent plutôt comme traces de ces pratiques sacrificielles mentionnées par les sources littéraires et attestées par l’archéologie en divers lieux de l’Europe celtique, et les objets métalliques comme offrandes ou mobiliers votifs destinés aux entités du monde chthonien. Le nombre important des outils témoigne, comme ceux des dépôts des établissements ruraux, de pratiques cultuelles liées à des préoccupations agricoles ou plus généralement de production, et d’une religiosité populaire qui, par ses procédures de destruction, se rapprochait des pratiques aristocratiques des sanctuaires de plein air à dépôts d’armes (dont, d’ailleurs, l’outillage n’est pas absent, comme par exemple à Muron en Saintonge : Gomez de Soto 1989 ; 1991). L’importance numérique des objets en fer rappelle les propos d’Isidore de Séville, qui pour une période postérieure constatait qu’on honorait les dieux infernaux par des offrandes de fer. Ces dépôts à caractère sacré, considérés sur la longue durée, ne marquent qu’une étape au sein d’une tradition pluriséculaire initiée dans la région dès le Bronze moyen au moins (Gomez de Soto 1995, p. 244) pour ne s’éteindre que pendant la période gallo-romaine. Dépôts en grotte et dépôts dans les sanctuaires de plein air Le nombre des outils appelle des rapprochements avec les sanctuaires laténiens de Gaule du centre-ouest où, à côté des armes, les outils apparaissent en nombre appréciable (Gomez de Soto, Lejars 1991 ; Gomez de Soto et al. 2003). Les dépôts à caractère sacré des établissements ruraux privilégient parfois les armes, mais surtout les outils (Guillaumet, Nillesse 2000), comme à Barbezieux en Charente (Gomez de Soto 2000). La fragmentation de beaucoup d’objets de la grotte des Perrats peut probablement être rapprochée du bris et autres processus de destruction des armes des sanctuaires de plein air. Dans le même site, une procédure de semblable nature avait été appliquée au casque d’apparat du IVe s.. CONCLUSION Les abandons d’objets métalliques dans les grottes et autres cavités dans le centre-ouest de la Gaule et les régions voisines ne relève visiblement pas, pour l’essentiel des cas du moins, de processus triviaux. Les objets de métal peuvent être associés à des restes humains. La composition comparable des dépôts des grottes de Rouffignac et de Chenoves, qu’on peut rapprocher de ceux, en Gaule Belgique, du Trou de l’Ambre, ou encore de Sinsin, fournit  BIBLIOGRAPHIE Arcelin, Brunaux 2003 : ARCELIN (P.), BRUNAUX (J.-L.) dir. — Dossier Cultes et sanctuaires en France à l’âge du Fer. Paris : CNRS, 2003, p. 107-138 (Gallia ; 60). 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(Nebehay 1973, Taf. 11), ein Latène B1-zeitlicher Grabkomplex mit unter anderem zwei Meißeln, einem Setzhammer und einem flachen Amboss, oder das seit langem in der Literatur bekannte mittellatènezeitliche Feinschmiedegrab von St. Georgen am Steinfeld (NÖ.) 1. EISENDEPOTFUND VOM NIKOLAUSBERG BEI GOLLING (SZBG.) Rund 30 km südlich der Stadt Salzburg, nahe dem Pass Lueg, wurde von Fritz Moosleitner 1982 im Zuge einer systematischen Grabung auf einer fast 10 m über den Talboden herausragenden Felshöhe die Werkzeugausstattung eines Grobschmiedes entdeckt (Moosleitner, Urbanek 1991, 63 ; Moosleitner 1998-1999, 500). In nur 35 cm Tiefe lagen in einer natürlichen Felsaushöhlung mit etwa 1 m Durchmesser ein Amboss und ein Setzhammer. Rund 30 cm daneben lagen eine Herdschaufel und zwei große Zangen sowie ein gefaltetes Bandeisen sorgfältig zusammengelegt. Die Langwerkzeuge dürften mit Hilfe eines kleinen Eisenringes zu einem Bündel verschnürt nieder gelegt worden sein. Der 14 bis 15 cm große, pyramidenstumpfförmige Amboss ist 11,4 kg schwer 2. Der ein 3⁄4 kg schwere und 10 cm lange Setzhammer hat ein schmalrechteckiges Schäftungsloch. Die annähernd quadratische Schlagfläche kragt allseitig über ; der Hammerkopf weist asymmetrisch eine schmale Rille auf und auf einer Seitenfläche findet sich eine kleine, kreisrunde Vertiefung. Die beiden Schmiedezangen, Spitzzangen, mit etwas unterschiedlich geformten Griffenden sind 55 bzw. 82 cm lang. Sie wurden gegenständig orientiert und gemeinsam mit der 70 cm langen Herdschaufel und einem gefalteten, etwa 4 cm breiten und 60 cm langen Bandeisen, niedergelegt. Die Herdschaufel weist ein breitovales Schaufelblatt auf, der Griff ist tordiert, im Ösenende hängt ein Eisenring (Abb. 1). Im näheren Umfeld des Eisendepots fanden sich neben zahlreichen fladenförmigen Schmiedeschlacken ein schwerer Eisenhaken sowie ein Durchschlag und eine Feile. Die Zugehörigkeit zum Werkzeugdepot erscheint Fritz Moosleitner jedoch „wenig wahrscheinlich“. Der Depotfund wird nach Latène B datiert, wobei „ein mittel- bis spätlatènezeitliches Alter [...] jedoch Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir. : Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F.-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 83-99 (Bibracte ; 11). OTTO-H. URBAN nicht gänzlich auszuschließen“ ist (Moosleitner, Urbanek 1991, 71 und 76). Der Gesamtbefund deutet auf eine Schmiedewerkstätte auf der Felshöhe, in dessen unmittelbarer Nähe das gebrauchsfertige Werkzeug vergraben, verborgen, jedoch nicht mehr gehoben werden konnte. EISENDEPOTFUND VON HAINBACH (SZBG.) Hainbach, ein Weiler in der Gemeinde Nußdorf am Haunsberg, liegt im Oichental, östlich von Oberndorf im Salzburger Flachgau. Der Altfund, welcher 1894 in das Salzburger Landesmuseum Carolina Augusteum gelangte, wurde wohl bei Rodungsarbeiten im Wald entdeckt. Er umfasst insgesamt drei Sensen, ein Pflugmesser, eine schmale Pflugschar und ein Beil (Abb. 2). Die Sensen, deren Spitzen jeweils abgebrochen sind, weisen eine leicht spitzwinkelig angesetzte Griffplatte mit L-förmig hochgebogenem Dorn auf. Zum Griff des mit einer Länge von 44 cm größten Sensenblattes gehört ein bandförmiger Sensenring 3. Das kräftige Pflugmesser ist 35,9 cm lang, die kurze, schmale Pflugschar mit Lappen dagegen nur 16,7 lang und 3,7 cm breit. Sie diente als Spitze eines Hakenpfluges und weist starke Abnützungsspuren auf. Das Pflugmesser gehört dagegen zu einem anderen Pflugtyp. In dem Pflugbalken ritzt das Pflugmesser die Scholle auf und eine dahinter angebrachte Pflugschar mit breitem Blatt reißt die Scholle breit auf.Von einem eigentlichen Wendepflug kann allerdings noch nicht gesprochen werden. Das Beil mit breit geschwungener Schneide weist eine rechtwinkelig geschmiedete Tülle auf. Zumeist werden diese Beile als Holzbearbeitungsgerät interpretiert. Eine Verwendung beim Schlachten und Zerlegen von Haustieren ist aber auch nicht auszuschließen (Moosleitner 1998-1999, 503 ff.). Der Depotfund, welcher in erster Linie landwirtschaftliche Gerätschaften umfasst, kann meines Erachtens in die Spätlatènezeit datiert werden ; nicht wenige Kollegen datieren dagegen diesen Typ der langen Sense bereits in die römische Kaiserzeit. Fritz Moosleitner sucht daher den Kompromiss und datiert den Depotfund von Hainbach „an das Ende der Stufe Latène D bzw. an den Übergang zur römischen Epoche“ (Moosleitner 1998-1999, 506 ff.). Zum weiteren archäologischen Kontext der Fundstelle ist nichts Näheres bekannt. 84 EISENDEPOTFUND VON KAISERBRUNN AM ATTERSEE (SZBG.) Der Altfund, welcher um 1900 in die Sammlung M. Much gelangte,stammt vom Südufer desAttersees. Er dürfte im Zuge von Steinbrucharbeiten entdeckt worden sein. Noch heute ist der direkt neben der Uferstraße liegende Steinbruch im Gelände gut erkennbar. Das Depot (Abb. 3) umfasst eine Sense mit 87 cm langem Blatt und abgesetztem, langen Blatt und Hakenende, einer breiten und einer schmalen Pflugschar mit Schäftungslappen – auch sie weisen auf zwei unterschiedliche Pflugtypen, wie im Depot von Hainbach, einen Löffelbohrer und einen mehrteiligen Kesselhaken mit einer Gesamtlänge von 155 cm sowie einem alt geflickten Schöpflöffel. Außerdem zählen ein Hakenschlüssel und eine Klammer, die an einer Seite aufgebogen ist, zum Depot (Amberger 1927, 206 ; Moosleitner 1998-1999, 506 ff.). Das Depot, an einer prominenten Stelle am Südufer des Attersees niedergelegt, umfasst gebrauchsfähige Gerätschaften der Landwirtschaft, des Handwerks und des gehobenen Hausrates. Sie können grosso modo in die Spätlatènezeit datiert werden. Auch hier gilt ähnliches, wie bereits beim Depot von Hainbach, gesagt. EISENDEPOTFUNDE VOM LINZER GRÜNDBERG (OÖ.) Die vier Eisendepotfunde aus dem Befestigungswerk der spätlatènezeitlichen Höhensiedlung vom Gründberg, welche 1997 im Zuge des Forschungsprojektes „Keltische Höhensiedlungen an der mittleren Donau“ vom E. M. Ruprechtsberger und O. H. Urban entdeckt worden sind, wurden bereits mehrfach der interessierten Fachwelt und Öffentlichkeit vorgestellt. Zuerst, im Oktober 1997, beim Treffen der Forscher in Bibracte, danach – im Original - im Rahmen einer im Oktober 1998 im Linzer Stadtmuseum Nordico durchgeführten Fachtagung „… und sie formten das Eisen“ sowie in der vom Dezember 1998 bis Ende Februar 1999 organisierten Sonderausstellung „Berge – Beile – Keltenschatz“. Die metallurgische Untersuchung der Eisenfunde wurde durch den österreichischen Fonds zur Förderung wissenschaftlicher Erforschungen FWF dankenswerterweise gefördert (Projekt P 13 898-SPR - Preßlinger, Mayr 2001, 283-290) ; ein notwendiges Nachfolgeprojekt jedoch leider nicht. Erst 2004 konnten diese notwendigen Arbeiten AUSGEWÄHLTE LATÈNEZEITLICHE EISENDEPOTFUNDE AUS ÖSTERREICH durch das persönliche Engagement Dozent Hubert Presslinger durchgeführt werden (Preßlinger, Mayr 2001). Einer monographischen Vorlage, wohl im Rahmen der Linzer Archäologischen Forschungen, steht daher nichts mehr im Wege. In diesem Rahmen sollen nun erstmals alle vier Depots vollständig als Foto vorgestellt werden. Sie sind bereits seit längerem im science. orf. at allgemein zugänglich. Drei der vier Depots wurden in situ im südlichen Befestigungswerkes des Gründberges entdeckt, Depot 4 fand sich in Sturzlage am Fuße des Walles. Die über 30 Hektar große Anlage erstreckt sich auf einem annähernd Nord-Süd-verlaufenden, 1,5 km langen und bis zu 400 m breiten Höhenrücken der an drei Stellen durch Steilabfälle natürlich geschützt ist. Auf der leicht zugänglichen Nordseite wurde er durch zwei Abschnittswälle (Nord- und Südwall) gesichert. Erstmals wurde die Anlage 1911 durch Ludwig Benesch topographisch genau beschrieben ; er fertigte auch einen Übersichtsplan an (Benesch 1911, 184-187). Erste Ausgrabungen wurden 1937 durch Franz Stroh und Leonhard Franz durchgeführt (Franz, Stroh 1940, 216-238, Taf. 1-8). 1994 bis 1998 fanden dann unsere Untersuchungen auf dem Gründberg statt. Im Zuge der systematischen Erforschung begannen 1996 die Untersuchungen des Südwalles. Erstmals konnten gut stratifizierte Funde der jüngeren Latènezeit, darunter bemalte Tonware, an der Basis der Wallaufschüttung sowie im Versturz der Blendmauer festgestellt werden. 1997 wurde dann die Nordseite des Walles flächig untersucht und dabei die drei Eisendepots in situ sowie ein mit der Blendmauer verstürztes Depot entdeckt werden. Es konnten Reste einer zum Großteil verstürzten, trocken gesetzten Bruchsteinmauer freigelegt werden, die an der Innenseite – jeweils im Abstand von rund 2,5 m – 40 cm breite Nischen für eine mit Steinsetzungen gestützten Holzkonstruktion aufwies. Diese Holzkonstruktion dürfte ursprünglich die Blendmauer gestützt haben und wohl auch einen Wehrgang getragen haben. Auf Grund des verstürzten Baumaterials hatte die Mauer eine ursprüngliche Höhe von zumindest 3 m und stand an der Vorderfront der Erdrampe (Ruprechtsberger, Urban 1998, 48-63). Im Depot 1 fanden sich insgesamt 16 Gegenstände mit einem Gesamtgewicht von ursprünglich fast 20 kg Eisen, darunter ein großer Hakenschlüssel, fünf aufwendig profilierte Nabenringe, fünf Hämmer, ein Hakenamboss und ein Barrenfragment (Abb. 4). Im Depot 2 lagen zwölf Gegenstände. Zwischen den verbogenen Resten eines bandförmigen Radreifens befanden sich unter anderem ein Schwert mit Scheide, eine antik verbogene Schwertklinge, ein Herdsatz bestehend aus einem Bratspieß, einer Aschenschaufel und einer Fleischgabel, sowie ein weiterer Hammer und ein Beil. Das Gesamtgewicht betrug fast 10 kg Eisen (Abb. 5). Depot 3 besteht aus 13 Gegenständen und ist mit 21,2 kg Eisen am schwersten. Auch hier fanden sich zwischen einem alt verbogenen und alt gebrochenen Radreifen diverse Utensilien, darunter zwei Kesselhaken, ein Radnabenpaar, ein Beil, ein Schmiedehammer sowie eine Schmiedezange. Ein großer Dreizack sowie ein Spieß könnte zum Fangen von großen Donaufischen bzw. zur Jagd gedient haben (Abb. 6). Im Depot 4, welches mit der Blendmauer verstürzt ist, fanden sich zwei Barren (Abb. 7). Die Zusammensetzung der Depots ist auffallend reichhaltig und vielfältig. Neben den Werkzeugen und Radbeschlägen sind insbesondere die Waffen herausragend. Die Werkzeuge zeigen ein breites Spektrum, besonders bei den Hämmern finden sich die unterschiedlichsten Formen : schwere und leichte Treib- bzw. Schmiedehämmer sowie Hämmer mit hoch- bzw. quergestellter Finne. An Holzbearbeitungsgeräten sind Querbeile sowie Lochäxte nachgewiesen. Zum Großteil handelt es sich um Werkzeuge, die zu einer Schmiede gehören. Neben der Schmiedezange zählen auch die Eisenbarrenstücke zu dieser Gruppe. An Wagenbestandteilen sind die beiden Radreifen, die für Speichenräder mit einem Durchmesser von etwa 1 Meter gedient haben, und die zahlreichen profilierten Nabenringe zu nennen. Zu den Waffen sind die beiden Schwerter, der Lanzenschuh sowie der Dreispieß zu zählen.Die weiteren Gerätschaften gehörten zum Hausrat : Kesselhaken, Bratspieß und Fleischgabel. Auch die Aschenschaufel wird wohl ihren Dienst beim Herd versehen haben. Viele Stücke tragen deutliche Gebrauchsspuren. Die Gerätschaften bieten einen guten Einblick in die Technik einer keltischen Schmiede, einerseits durch die Barren und Schmiedewerkzeuge und andererseits durch die damit gefertigten Produkte. Besonders bemerkenswert erscheint dabei die große 85 OTTO-H. URBAN 1. Depotfund von Nikolausberg (aus Moosleitner, Urbanek1991, Abb. 1-3). 86 AUSGEWÄHLTE LATÈNEZEITLICHE EISENDEPOTFUNDE AUS ÖSTERREICH 2. Depotfund von Hainbach (aus Moosleitner 1998-1999, Abb. 4-5 ; Graphik : F. Krois). 87 OTTO-H. URBAN 3. Depotfund von Kaiserbrunn (Foto : G. Gattinger, IUF). 4. Depot 1 vom Gründberg (Foto : O. Chrstos, IUF). 88 AUSGEWÄHLTE LATÈNEZEITLICHE EISENDEPOTFUNDE AUS ÖSTERREICH 5. Depot 2 vom Gründberg (Foto : O. Chrstos, IUF). 89 OTTO-H. URBAN 6. Depot 3 vom Gründberg (Foto : O. Chrstos, IUF). 90 AUSGEWÄHLTE LATÈNEZEITLICHE EISENDEPOTFUNDE AUS ÖSTERREICH 7. Depot 4 vom Gründberg (Foto : O. Chrstos, IUF). 91 OTTO-H. URBAN 8. Auswahl an Hämmer aus den Depots vom Gründberg (Foto : O. Chrstos, IUF). Palette verschieden Hämmer (Abb.8).Metallurgische Analysen zeigen, dass das verwendete Eisen von den Schmieden gekonnt aus verschiedenen Qualitäten zusammengefügt worden war und die Produkte einen hohen technischen Standard aufweisen (Preßlinger, Mayr 2001). Über die Gründe, die zur Deponierung führten, gibt es naturgemäß nur Hypothesen. Die Lage der Depots direkt hinter der Blendmauer eines Befestigungswerkes lässt im ersten Moment an ein Bauopfer denken. Es fällt aber auch die Nähe der Depots zu einer heute als Brunnen gefassten Quelle auf (Ruprechtsberger, Urban 1998, 63). entdeckte Tüpfelplatte belegt außerdem eine Münzprägestätte auf dem Gründberg (Moser 2001) 4. Die im Großraum Linz nachgewiesenen keltischen Münzen zeigen einerseits direkte Beziehungen zum nördlich gelegenen boischen Gebiet im 2. Jahrhundert, andererseits Kontakte zum süddeutschen Raum im 1. Jahrhundert. Intensive Belege nach Osten sowie nach Süden, in das Gebiet des Regnum Noricum, fehlen dagegen (Prokisch 1993 ; Urban 2000a). EISENDEPOTFUND VON FALKENSTEIN (NÖ.) Die reichen Eisenfunde vom Gründberg belegen die wirtschaftliche Bedeutung der Höhensiedlungen als Handelsplatz wie als Produktionsstätte während der späten Latènezeit. Die Datierung der Gesamtstruktur auf Grund bemalter spätlatènezeitlicher Keramik erfolgte bereits ein Jahr vor Auffindung der Depots. Es besteht kein Anlass, diese Rahmendatierung in die späte Latènezeit zu modifizieren. Eine kürzlich im Depot des Oberösterreichischen Landesmuseum 92 1994 wurde von Johannes-Wolfgang Neugebauer (Bundesdenkmalamt) im Zuge einer archäologischen Untersuchung der Ruine Falkenstein im Weinviertel ein kleines, mittel- bis spätlatènezeitliches Eisendepot geborgen. Unter anderem befanden sich in diesem Fundkomplex (Abb. 9) neben wenigen Gefäßfragmenten ein Tüllenbeil, drei Messer, zwei davon mit Hakengriff und eines mit Ringgriff sowie zwei Klammern und AUSGEWÄHLTE LATÈNEZEITLICHE EISENDEPOTFUNDE AUS ÖSTERREICH 9. Depotfund von Falkenstein (Urban 2000b; Foto : O. Chrstos, IUF). 93 OTTO-H. URBAN zwei nicht näher bestimmbare Eisenfragmente. Im Zuge der Ausgrabungen wurden keine weiteren aussagekräftigen mittel- bis spätlatènezeitlichen Funde festgestellt – eine weiterführende Interpretation des Befundes auf Grund des archäologischen Kontextes erscheint daher nicht möglich (Urban 2000b). Schwertscheiden datieren typologisch in die Phase La Tène B2 ; die Rüstungsteile dürften aber zuerst in einem Heiligtum oder Trophaeum aufgestellt gewesen sein und erst sekundär, ähnlich wie die bekannten Bronzehelme des Negauer Depots, in einer Grube vergraben und versteckt worden sein (Gleirscher, im druck). EISENDEPOTFUND VOM BRAUNSBERG (NÖ.) Zusammenfassend können daher in Österreich folgende Eisendepots unterschieden werden : − Eisendepots an spezifischen topographischen bzw. architektonischen Situationen, wie in Kaiserbrunn am Attersee bzw. im Südwall des Gründberges in Linz, aus wahrscheinlich primär rituellen Gründen. − Waffen, wie jene aus Förk, welche ursprünglich in einem Heiligtum oder einem Trophaeum ausgestellt waren und aus rituellen Gründen oder des Schutzes wegen vergraben wurden. − Werkzeugdepots, welche im Bereich einer Werkstätte versteckt worden sind, wie das Depot vom Nikolausberg. Auch das Depot von Hainbach mit vorwiegend landwirtschaftlichem Gerät soll hinzugerechnet werden, auch wenn die eigentliche Arbeitsstätte nicht unmittelbar bestimmt werden kann. − Werkzeugsätze in Gräbern, welche im Kontext eines Grabes in die Erde gelangt sind. Beispiele dieser Fundkomplexen, es handelt sich dabei terminologisch natürlich nicht um Depotfunde, sondern Grabfunde, fanden sich in St. Georgen am Steinfeld und in Au am Leithagebirge (Grab 16). − Depots diverser Gerätschaften innerhalb einer Siedlung,wie auf dem Braunsberg,in Falkenstein und vermutlich auch in Schwarzenbach. 1996 wurde bei den Siedlungsgrabungen auf dem Braunsberg bei Hainburg an der Donau, nahe der Porta Hungarica, neben einer in den Hang eingetieften Hütte mit Stampflehmboden und Feuerstelle ein kleines Eisendepot entdeckt (Abb. 10). Es umfasst ein Ringgriffmesser, eine Lanzenspitze, ein Schwerklingenfragment, ein Bandeisen sowie drei Beschläge eines Holzgefäßes und einen Eisenbuckel mit kreuzförmig angebrachter Dellenzier unbekannter Funktion. Das Ringgriffmesser macht es wahrscheinlich, dass der Befund entsprechend der daneben liegenden Siedlungsstruktur in die jüngere Latènezeit datiert (Urban u. a. 1994 ; 2000b, Abb. 7) ZUSAMMENFASSUNG Neben diesen Altfunden bzw. im Zuge von Rettungsgrabungen bzw. systematischen Siedlungsforschungen geborgen Eisendepotfunde gibt es eine kaum zu überblickende Anzahl von Metalldepots,welche von Raubgräbern entdeckt und meist erst nach Umwegen der Fachwelt bzw. deren Institutionen bekannt gemacht wurden. Als Beispiel für viele seien die Eisenfunde von Schwarzenbach in der Buckligen Welt, im südlichen NÖ., erwähnt. Hier liegen mehrere Eisenwerkzeuge, Beile, ein schwerer Hammer, Ringgriffmesser, Lanzenspitzen etc. vor. Der ursprüngliche Kontext ist nicht mehr feststellbar (Adler 1989). Gleiches gilt auch für die interessanten Bronzefunde, die in der Nähe des Eingangsbereiches der Pfostenschlitzmauer von Schwarzenbach gefunden worden sein sollen (Urban 1998 ; Löcker u. a. 1992). Auch der Waffendepotfund von Förk (Ktn.) konnte nur durch mühevolle detektivische Nachforschungen rekonstruiert werden. 14 Helme, 14 Lanzenspitzen, zehn Schwerter, zwölf Schwertscheiden sowie mehrere Schwerketten und Schildbuckel erhalten bzw. dokumentiert (Abb. 11). Insgesamt dürften daher auf dem Förker Laas-Riegel 14 Rüstungen in einer Grube deponiert worden sein. Der Dekor auf den Helmen und 94 Chronologisch gesehen nehmen die Eisendepots von der Frühlatènezeit zur Spätlatènezeit hindurch deutlich zu. Im Vergleich mit den Nachbarstaaten fällt das Fehlen von Massenfunden, Wasser- bzw. Moorfunden und Barrendepots auf. Eisendepots wurden auch nicht, wenn der Forschungsstand nicht trügt, an Pässen und Gebirgsübergängen niedergelegt worden sein. Die geringe Anzahl der Depots lässt über die Verbreitung der jeweiligen Depotsitte keine überzeugende Aussagen zu, in eine derartige Studie müssten außerdem alle anderen zeitgleichen Deponierungssitten mitberücksichtigt werden, also zum Beispiel die Brandopferplätze, Münzdepots, AUSGEWÄHLTE LATÈNEZEITLICHE EISENDEPOTFUNDE AUS ÖSTERREICH 10. Depotfund vom Braunsberg bei Hainburg (Urban u. a. 1994; Foto : G. Gattinger, IUF). 95 OTTO-H. URBAN 11. Waffendepotfund von Förk (Foto : RGZM Mainz, 1991, 22). der Schildbeschläge und Eisenschwerter stellt allerdings noch ein Desiderat dar. Fibel- und Bronzedepots etc. Es stellt sich letztendlich überhaupt die Frage, ob es so etwas wie eine Depotsitte oder Deponierungssitten in der Laténezeit gegeben hat und in welchem Bereich. Jedes der vorgestellten Einzeldepots hat eine spezielle Zusammenstellung, einen speziellen archäologischen Kontext und wohl auch eine spezielle Ursache. Sitten folgen dagegen ebenso wie rituellen Handlungen Regeln. Am ehesten können Deponierungssitten in Zusammenhang mit Waffen, mit wohl im Kampf erbeutete Waffen, gesehen werden. Sie kommen in Österreich nur selten vor – eine systematische Zusammenstellung Die Eisendepots sind aber auch eine wichtige Quelle für den technischen Fortschritt in der Latènezeit, sei es in der Metallurgie, der Schmiedetechnik, oder am Beispiel landwirtschaftlicher Geräte, der Pflüge und Sensen. Der Fortschritt in der Eisengewinnung und -verarbeitung bildete die wirtschaftliche Basis für die Entwicklung und Entstehung der so genannten Oppida-Kultur in der jüngeren Latènezeit (Urban 2002).  ANMERKUNGEN 1. Das Grab wurde ursprünglich in die Spätlatènezeit gehört, gehört allerdings meines Erachtens auf Grund der Eisenfibel in die Mittellaténezeit. F. Moosleitner ordnet dagegen den Grabkomplex bereits in die Frühlatènezeit. 2. Im Zuge der Restaurierung der Gründberger Depots (siehe aben) konnte eine deutliche Gewichtsabnahme dokumentiert werden. 3. Ein gut erhaltenes Vergleichsstück stammt aus den Altgrabungen vom Oberleiserberg bei Ernstbrunn (NÖ.) (Nischer-Falkenhof, MitschaMärheim 1937, Taf. 4). Die Zugehörigkeit zur spätlatènezeitlichen Siedlung ist wahrscheinlich, ein gesicherter archäologischer Kontext ist allerdings nicht dokumentiert. 4. Zu Werkstättenkreise und Beziehungen vgl. auch Trebsche (2003). 96 AUSGEWÄHLTE LATÈNEZEITLICHE EISENDEPOTFUNDE AUS ÖSTERREICH 12. Verbreitung latènezeitlicher Horte/Deponierungen mit Eisengegenständen Österreich (O.-H. Urban). Résumé Cet article présente les dépôts d’objets en fer laténiens trouvés à Salzbourg, en Haute-Autriche et en Basse-Autriche. Il ne tient pas compte des tombes dites de forgeron, comme la tombe n° 13 de Au am Leithagebirge (nord-est) datable de La Tène B1, qui contenait deux ciseaux, une masse et une enclume plate, ou la tombe d’un orfèvre de St. Georgen am Steinfeld (nord-est), datable de La Tène moyenne (Nebehay 1973, taf. 11 ; cf. note 1). Le dépôt d’objets en fer du Nikolausberg près de Golling (Salzbourg) daté de La Tène B comprend une enclume, un marteau, une pelle de forgeron, deux grandes tenailles ainsi qu’une bande de fer déformée. Les outils longs étaient soigneusement pliés et probablement ficelés (ill. 1). Les environs de cette cachette ont livré de nombreuses scories de forge, un lourd crochet en fer ainsi qu’un poinçon et une lime. Cette découverte indique la présence d’un atelier de forgeron sur ce rocher. Un forgeron avait caché son outillage à proximité immédiate de son atelier sans avoir pu le récupérer (Moosleitner, Urbanek 1991 ; Moosleitener 1998-1999). Le dépôt d’objets en fer de Hainbach, dans la commune de Nußdorf am Hausberg (Salzbourg), dans le Flachgau, est une découverte ancienne datée de La Tène D. Elle comprend trois faux, un grand coutre et un soc d’araire étroit fortement usé qui avait été intégré dans un araire. En revanche, le coutre fait partie d’un autre type d’araire. Placé sur le dental, le soc étroit gratte la glèbe, un soc plus large fixé derrière, brise les mottes sans pour autant vraiment retourner la terre. Ces outils sont attestés dans le dépôt d’objets en fer de Kaiserbrunn. Une hache à tranchant courbé, trouvée également dans le dépôt de Kaiserbrunn, pouvait servir à travailler le bois, à abattre et à dépecer des animaux. (ill. 2 - Moosleitener 1998-1999). Le dépôt d’objets en fer de Kaiserbrunn am Attersee (Salzbourg), dégagé sur la rive sud de ce lac, à un endroit proéminent, fut probablement découvert lors de travaux dans une carrière. Ce dépôt (ill. 3) comprend une crémaillère de 155 cm de long, une louche réparée et une faux avec une lame de 87 cm de longueur. Un soc large et un soc mince à douilles attestent l’existence de deux types d’araire différents, comme c’est le cas dans le dépôt de Hainbach. Ce dépôt daté de La Tène D, comprend des outils en parfait état de fonctionnement destinés à l’agriculture, l’artisanat et à l'usage domestique (Amberger 1927 ; Moosleitener 1998-1999). Les quatre dépôts d’objets en fer de Linz-Gründberg proviennent des remparts d’un habitat de hauteur de La Tène finale. Trois des quatre dépôts ont été découverts in situ dans la partie méridionale des fortifications ; le quatrième dépôt dans les déblais du rempart. Le dépôt n° 1 contient au total seize objets, dont une grande clé en forme de crochet, cinq frettes de moyeu, cinq marteaux, une enclume bigorne et un fragment de lopin. Le dépôt n° 2 a révélé douze objets : entre 97 OTTO-H. URBAN les restes déformés d’un bandage de roue se trouvaient deux épées, une broche à rôtir, une pelle à cendres, une grande fourchette à viande ainsi qu’un marteau et une hache. Le dépôt n° 3 se compose de treize objets d’un poids total de 21,2 kg ; c’est le plus “lourds” de tous les dépôts. Entre un bandage de roue anciennement déformé étaient placés deux crémaillères, une paire de moyeux, une hache, un marteau de forgeron et des tenailles. Un grand foëne ainsi qu’une broche auraient pu servir à la pêche des grands poissons du Danube, ou à la chasse (ill. 4-7). Le dépôt n° 4 caché dans les déblais des parements a livré deux lopins de fer. La composition des dépôts est extrêmement variée. À côté des bandages de roue et des outils on remarque surtout les armes. La gamme des outils est assez large ; ce sont avant tout des marteaux de formes très variées (ill. 8). La majeure partie des outils appartient à une forge : l’enclume bigorne, les tenailles et les lopins de fer. De nombreux objets de ce dépôt daté de La Tène finale, présentent des traces d’usure marquées. Les raisons de ces dépôts sont hypothétiques. Leurs lieux de déposition directement derrière les parements du rempart laissent penser à des offrandes en relation avec la construction de la fortification (Amberger 1927 ; Moosleitener 1998-1999 ; Preßlinger, Mayr 2001). La proximité d’une source transformée actuellement en fontaine pourrait également jouer un certain rôle. Le dépôt d’objets en fer de Falkenstein (nord-est) datant de La Tène moyenne à La Tène finale a été découvert dans une ruine médiévale. Il comprend entre autre une hache à douille, trois couteaux et deux crampons (ill. 9- Urban 2000b). En 1996 les fouilles d’un habitat sur le Braunsberg près de Hainburg an der Donau (nord-est) ont livré un petit dépôt d’objets en fer de La Tène finale. Il contient un couteau à manche plat terminé par enroulement, une pointe de lance, un fragment d’une lame d’épée, une bande en fer ainsi que trois attaches d’un récipient en bois et une calotte en fer. Ces objets étaient placés à côté d’une cabane excavée dans la pente avec un sol en torchis et un foyer (ill.10 - Urban et al. 1994). À côté de ces découvertes anciennes de dépôts mis au jour dans le cadre de fouilles archéologiques programmées, on connaît un nombre important de dépôts d’objets métalliques découverts par des clandestins, comme par exemple les objets en fer de Schwarzenbach in der Buckligen Welt (nord-est), dont on ignore totalement le contexte (Adler 1989). Le dépôt d’armes de Förk (Ktn.) n'a pu être reconstitué qu’à la suite d’une enquête quasi-policière (ill. 11). Le dépôt sur le Förker Laas-Riegel contenait probablement 14 panoplies de La Tène B2 comprenant des casques, des fers de lance, des épées et des boucliers. Les objets étaient déposés dans une fosse après avoir été exposés pendant un certain temps dans un sanctuaire ou un trophaeum (Gleirscher, en préparation). En Autriche on distingue donc différents types de dépôt d’objets en fer : − Les dépôts d’objets en fer enfouis probablement pour des raisons rituelles dans des lieux spécifiques, soit par leur topographie, soit par leur architecture : Kaiserbrunn, Gründberg. − Les armes d’un sanctuaire ou d’un trophaeum enfouis pour des raisons rituelles ou pour obtenir une protection : Förk. − dépôts d’outils enfouis à proximité d’un atelier : Nikolausberg, Hainbach. − Les ensembles d’outils dans des tombes dans un contexte funéraire : St. Georgen am Steinfeld et Au am Leithagebirge. − Les dépôts d’outils variés à l’intérieur d’un habitat : Braunsberg, Falkenstein et probablement aussi Schwarzenbach (?). Du point de vue chronologique, les dépôts d’objets en fer augmentent nettement entre La Tène ancienne et La Tène finale. Si l’on compare la situation en Autriche avec celle des pays voisins, on constate l’absence de dépôts contenant beaucoup d’objets, mais aussi l'absence de dépôts dans l’eau ou dans des marais et l'absence de dépôts de lopins de fer. Le faible nombre de dépôts ne permet pas de porter de jugement sur la répartition des coutumes de dépositions particulières. Une telle étude devrait tenir compte de tous autres types de dépôt contemporains, comme les sanctuaires à sacrifices, les dépôts de monnaies, de fibules, de bronze, etc. Finalement se pose la question de savoir si, à l’époque laténienne, les dépôts ou les dépositions étaient courants et dans quel domaine. Chacun des dépôts décrits se caractérise par une composition particulière, selon un contexte archéologique spécial et probablement selon une raison de déposition distincte. Comme les actes rituels, les coutumes sont soumises à des règles. C’est avant tout en relation avec les armes, c'està-dire les armes comme butins de guerre qu’on pourrait parler de rites de déposition, mais les dépôts d’armes sont rares en Autriche. Les dépôts d’objets en fer constituent une source importante d’information sur le progrès technologique de La Tène, que ce soit en matière de métallurgie et de technologie des forgerons ou d’outils agricoles comme les araires et les faux. Le progrès en matière de l’extraction et de transformation du fer forme la base économique du développement et la génèse de la soi-disant culture des oppida pendant la phase récente de La Tène. Traduction : Anneliese Pleyer  98 AUSGEWÄHLTE LATÈNEZEITLICHE EISENDEPOTFUNDE AUS ÖSTERREICH BIBLIOGRAPHIE Adler 1989 : ADLER (H.). — Schwarzenbach. Fundberichte aus Österreich, 28, 1989, 200 f., mit abb. 499-508. Preßlinger, Mayr 2001 : PRESSLINGER (H.), MAYR (M.). — Celtic steel : an evaluation of depot finds. Steel Research, 72. 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Ces derniers existent aussi aux périodes de la Migration et du haut Moyen Âge (Michálek 1999, p. 29-30 ; Bartošková 1986). La période de l'âge du Fer est caractérisée par une grande diversité dans les types de dépôts. Tout en ignorant les ensembles de céramique déposés aux sommets des tumuli réutilisés (Michálek 1999, p. 30), les objets confectionnés en terre cuite (Dubský 1949, p. 205-217), ceux en pierre comme les meules (Waldhauser 1981), les objets en matière organique ne sont pas attestés sur notre territoire. Nous nous attachons donc seulement aux dépôts d'objets métalliques. Nous connaissons pour l'âge du Fer, en Bohême et en Moravie, des dépôts de monnaies, de parures, d'armes, d'outils, de produits et de matériel lié à la construction de la maison, la vie domestique, la production artisanale, la production agricole et le transport. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir. : Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F.-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 101-108 (Bibracte ; 11). PAVEL SANKOT LA COMPOSITION DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES Par les nombreux types d’objets et d'outils dans le contexte d’un site d’habitat ouvert, le dépôt de Kolín en Bohême centrale (Rybová, Motyková 1983) daté de l'époque des oppida, est le plus souvent le seul cité pour la région de la Bohême. Cependant, pour la compréhension des questions concernant les dépôts métalliques et de leurs causes historiques, il nous faut étendre la réflexion sur d'autres périodes de l'époque laténienne, sur d'autres types d'ensembles et sur les modalités de leur déposition. Les dépôts métalliques du Ve s. av. J.-C. Ce n’est que récemment que des découvertes de cette période furent identifiées dans les rivières en Bohême (Beneš, Sankot 1994a). Sur le site de Vlkov (commune de Veselí n. Lužnicí, district de Tábor) en attente d'une fouille systématique, la découverte récente d'un dépôt regroupe une série d’objets individuels de caractère luxueux, provenant de la transition entre la période hallstattienne finale et la période laténienne. La déposition d'objets sélectionnés, sur un temps long, est démontrée par la coexistence de céramique hallstattienne tardive, d'une situle en bronze et d'une plaque avers d'un fourreau d’épée richement ornée et rituellement déformée de La Tène A (Beneš, Sankot 1994b). On peut rapprocher ces gestes à celui qui a consisté à la déposition d’un objet isolé de caractère symbolique dans la structure du site d’habitat n° 64 de la période La Tène A à Tuchomėʼnice (district Prague-ouest ; fouille de l'auteur). Dans le remplissage de la structure furent découverts des fragments de parures (bracelets, boucles de ceintures) et d'outils spécialisés (compas métallique, lime minuscule), ce qui nous permet de supposer l’existence d'un l’atelier de bijoutier. Pour cette activité, un bloc de pierre en silex noir soigneusement choisi, devait servir d’enclume. C'est au-dessous que fut découvert une pointe de lance en fer déposée avant la mise en place de l’enclume. Malheureusement, à cause de sa corrosion avancée, la pointe n'a pas put être sauvée. Une contribution importante à la connaissance des pratiques de la déposition pendant le début de la période laténienne est fournie par le dépôt situé dans la structure d’habitat 21/82 à LibĀice-Chýnov (Sankot, Vojtėchovská 1986 ; 2001). 102 Avec un seul anneau en bronze, il contient une soixantaine d’objets fabriqués en fer. La présence d'outils le rend proche des dépôts de la période plus récente des oppida. Il est constitué d'outils agricoles (faux), d'outillage du travail des métaux (marteaux, limes) et du bois (ciseau). Les formes spécialisées des outils découverts, particulièrement les marteaux de petite taille et les limes, tout comme la présence d’autres outils – petites scies, série de produits finis (pointes de lances et flèches) et stocks du matériel pour la réutilisation (fragments des fourreaux d’épée cassés) –, me font penser que ce dépôt est lié à l’équipement de l’atelier d’un artisan spécialisé. Une partie importante de son métier est la production de parures, y compris en matière osseuse. Celle-ci est représentée par des poignées d’outils produites à partir de bois de cerfs et par une poignée de couteau décorée de motifs animaliers dans une côte de vache (Sankot 2002). Mêlées à ces produits, des pointes de flèches sont sans doute destinées aux clients provenant de l’élite sociale. Une nécropole tumulaire éloignée de quelques centaines de mètres seulement comporte de somptueuses parures (Sankot 2001). Nous avons recueillis des données précises sur la modalité du stockage. L'ensemble se trouvait dans un récipient de 47 cm de haut. La découverte de LibĀice-Chýnov démontre l'importance de la structure des dépôts et surtout de leur contexte pour la compréhension de ce phénomène. Ce dépôt se trouve sous le plancher d'une structure de forme standard appartenant à la période finale de l’habitat. Ces habitats qui apparaissent à l’âge du Bronze moyen disparaissent brutalement vers la fin de La Tène A. Cela veut dire 1 000 ans plus tard, comme le rite funéraire de l’incinération sous tumulus. Peu après, au cours de la période pré-Duchcov, une nouvelle nécropole plate à inhumation fut fondée non loin de la précédente sur la commune de Letky (Waldhauser 1987, p. 89 et suiv.). Compte tenu des circonstances, nous considérons l'implantation du dépôt de LibĀice-Chýnov dans un lieu caché ou intentionnellement inaccessible sous le plancher d'une structure d’habitat standard comme l’expression d’une situation de crise (Sankot 2001, p. 308) découlant des changements sociaux, culturels ou historiques profonds. Cette situation de crise de la fin de La Tène A, avec parfois incendie de la fortification, se retrouve dans un autre dépôt, à Ježkovice-ÿernov composés d'outils artisanaux et agricoles et d'un élément de costume. Découvert en Moravie par LES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DE BOHÊME ET DE MORAVIE M. ÿižmáʼn (1993, p. 385-386, ill. 254), l'ensemble de dix-neuf objets en fer regroupe un outil du forgeron (marteau à douille), des outils liés au travail du bois (haches, ciseau), de l’équipement domestique (couteaux, coutelas, pincette, clé) et de la quincaillerie de construction (crampon). Dans une des structures situées dans l’enceinte intérieure de ce site fortifié, fut découvert un second dépôt d'objets en fer, deux haches et deux faucilles. Dans un autre cas, une analyse critique de la série de douze disques en bronze décorés, trouvés à Jaromėʼn (district Hradec Králové) et déposés l'un sur l'autre dans un paquet lié par un fil métallique, a permis de les identifier comme appartenant à un dépôt de la période de La Tène A récente, dans une nécropole tumulaire d'origine hallstattienne située sur la voie de communication entre la Bohême du Nord-Est et la Silésie, situé à proximité d'un gué, sur le fleuve Labe (Vokolek, Sankot 2001). Les dépôts métalliques du IVe et IIIe s. av. J.-C. La déposition “non pratique” d'objets ou de catégories individuelles comme les armes et les bijoux dont l’importance symbolique est attestée par leur rôle standard dans le mobilier des tombes, sont matérialisés par des exemples moins frappants au cours de la période du IVe-IIIe s. av. J.-C., c'est-à-dire pendant une période relativement stable, représentée surtout par l’ensemble des soi-disant nécropoles plates à inhumation et cela, non seulement au sein des nécropoles, mais aussi à l’extérieur de celles-ci. Dans les nécropoles, il s’agit de dépôts d'éléments de l’équipement en position non-fonctionnelle (par exemple, le torque dans le bassin de la tombe n° 39 et d’autres exemples identifiés lors de la fouille récente de la nécropole de Kutná Hora-Karlov : Sankot, Valentová 2002, p. 387, ill. 8-10). En dehors des nécropoles, des dépôts de parures ou d'armes sont déposés aux abords des voies de communications ou dans les endroits humides. C'est le cas de l’ensemble des bracelets des différentes périodes de La Tène découverts à Klatovy (Sankot 2003, p. 179, ill. 2) passage montagneux entre la Bohême et la Bavière. Pour la région voisine de la Slovaquie centrale, on peut citer pour plusieurs phases de La Tène, le dépôt d'armes déformées de Detva situé vraisemblablement sur la voie de communication interrégionale (Sankot 2005). La source thermale “Obʼní pramen” (Source de géant) près de Duchcov est un endroit dont l’importance symbolique est incontestable. Il y a été trouvé une collection de milliers d’objets déposés sans doute d’une manière rituelle dans un chaudron en bronze, de seulement trois types d’objets : fibules, bracelets et bagues (Kruta 1971). Il est prouvé que ce lieu était fréquenté pendant une longue période (Müller 1993, p. 186) En revanche, aucun dépôt d'objets d'outillage n'est connu pour cette période. Les dépôts métalliques de La Tène finale La situation change totalement à La Tène finale. Dans le dépôt de Kolín, se trouvent des produits liés à la vie domestique – récipients en métal et outils utilisés pour le service du foyer (crémaillère, pelle à feu), l'outillage du travail des métaux (marteau, burin) ainsi que des fragments de matériel en fer et éléments liés au travail du bois (haches, herminette à douille, ciseaux à bois, plane ou racloir de tanneur, mèche à cuillère). En dehors des outils domestiques (clé, couteaux, forces), on retrouve les pièces d'un char (clavette, bandages de roue), des éléments d'harnachement (mors, anneau de guide) ainsi que des outils agricoles (soc d'araire, faux, faucille, houe, couteau à greffage ou serpe). Les fragments d'armes en petit nombre datent d'une période antérieure et sont pour un retraitement futur. Les parures font complètement défaut. Par sa composition et par sa datation, le dépôt de Kolín s’intègre dans la vague importante des dépôts de l’époque des oppida, comme il en découle de la synthèse de Rybová et Motyková (1983, p. 150, tableau 1). Ce dépôt est dans une agglomération à caractère de centre administratif, de production et de commerce, situé à proximité du fleuve Labe (Elbe). Cependant, il manque des données plus précises sur l'emplacement du dépôt (Rybová, Motyková 1983, p. 166-167). Ce qui s’avère intéressant, c’est la comparaison du dépôt de Kolín avec une découverte récente : le dépôt de Bezdėdovice près de Blatná en Bohême du Sud (Michálek 1999). Les quelques dizaines d’objets de cet ensemble proviennent vraisemblablement du site d’habitat agraire avoisinant et les outils agricoles y prévalent (croc à arracher, pelles, houe à douille, viroles de faux). Les objets relatifs à d’autres activités exercées dans la ferme agricole y sont représentés comme le transport (cerclages de moyeux de roue, mors de chevaux, anneau passe-guide), l'outillage du forgeron servant la réparation des objets en métal (marteau, pelle 103 PAVEL SANKOT à feu, lime), l’outillage pour la préparation des objets en bois (haches) et les ustensiles domestiques (couteaux, ciseaux, haches, crampons, piton, clés). Contrairement au dépôt de Kolín les outils du foyer, les récipients en métal et les fragments d'armes sont absents. mune de Podmokly, district Rokycany ; Voigt 1971), on a découvert en milieu non-humide, un dépôt comprenant environ 7 000 monnaies plutôt considérées comme la thésauration de la richesse d'une élite sociale ou d'une communauté au moment de la fin de la civilisation des oppida. D'une importance quantitative moindre, un autre dépôt de Bohême centrale dans l’ensemble de Lipany (commune de Vitice, district de Kolín) comporte une hache, deux coutelas, un soc d'araire et une fourchette à chaudron (Rybová, Motyková 1983, p. 145, ill. 25). Le contexte précis n’est pas connu. Tout comme à Kolín, malgré un nombre restreint d'objets, seuls deux catégories sont représentées, les outils artisanaux et agricoles et les instruments pour le service du foyer. Dans une vaste fouille du site d’habitat de Sobėsuky, (district de Chomutov) on mentionne la découverte de deux clés et un coutelas dans la petite fosse n° 2001/87 en dehors des structures d'habitats (Holodļák 1991, p. 432). À l’intérieur de la fortification de l’oppidum de Stradonice (district de Beroun) on a découvert au début des années quatre-vingt-dix − malheureusement sans conditions précises − un dépôt de douze outils agricoles en fer complets et de nombreux fragments de ceux-ci : hache/curette, objets en forme de tige, dont une broche (?), soc d'araire, coutres et faux (Waldhauser 1995). LOCALISATION DES DÉPÔTS Un type différent de dépôts d'objets en fer provient, quant à lui, de l’oppidum d'Hostýn en Moravie. Celui-ci comportait exclusivement une douzaine de faux en fer (Ludikovský 1986). D’après les connaissances actuelles, le site d'Hostýn n’est pas un centre de production important, mais a plutôt joué un rôle majeur sur la communication commerciale reliant le nord de l’Europe avec la Méditerranée, par la “Porte morave” (ÿižmáʼn 1993, p. 406-407). Le dépôt de Ptení (district de Prostėjov) est aussi sur cet axe de communication. Les objets métalliques sont, dans cet ensemble, accompagnés de produits provenant des régions situées au sud et au sud-est des Alpes (ÿižmáʼn 2002). Finalement, on doit mentionner les dépôts monétaires dont malheureusement les conditions de découverte précises manquent le plus souvent. Le dépôt de vingt sept monnaies à Leskovice, (district Pelhʼnimov) fut découvert dans une source (Militký 1995, p. 35). En revanche, à une vingtaine de kilomètres de l'oppidum de Stradonice (sur la com- 104 Dépôts d'armes et de parures En tant qu'exemple jusqu’ici exceptionnel, nous avons mentionné la déposition d’une pointe de lance au fond d’une structure d’habitat, probablement avant l’installation de l’atelier à Tuchomėʼnice. Les autres objets de ce type sont toujours attestés en Bohême dans les endroits situés à l’extérieur des sites d’habitats. La découverte de la plaque avers du fourreau d’épée de Veselí nad Lužnicí, a été constaté dans un fleuve. Les disques en bronze de Jaromėʼn (district Hradec Králové) ont été déposés dans une nécropole tumulaire à proximité d'un gué, sur le fleuve Labe. En dehors des sites d’habitat, se trouve le dépôt de parures constitué de 2 000 à 2 500 fibules, bracelets et bagues laténiens, placés dans un chaudron hallstattien en bronze à Duchcov-Lahošt. Il se situe à 6 m de profondeur dans une cavité du rocher de la source thermale (Kruta 1971, pl. 2). Il nous manque des informations sur l’ensemble de bracelets de Klatovy. La présence de ces catégories d’objets dans cette région, caractérisée par l’absence de tombes, nous permet de proposer une possible liaison avec le trafic sur la voie de communication, à travers la chaîne de montagnes entre le bassin de la Bohême centrale, densément peuplé, et la région de la Bavière (Sankot 2003). L'ensemble d’armes déformées de Detva en Slovaquie est dans une situation analogue (Sankot 2005). Contrairement à l’éventail standard des objets des IVe-IIIe s. av. J.-C., une idée claire du mobilier des tombes de l’époque du IIe-Ier s. av. J.-C. nous manque suite à l’absence actuelle de nécropoles de cette époque. De profonds changements sont constatés dans le domaine spirituel pour la civilisation laténienne en général (Bataille 2004) et la déposition d'armes et de parures diminue en faveur d'autres catégories, comme les outils, monnaies, etc. Sur la base de comparaisons interrégionales de la civilisation laténienne, il serait intéressant d'étudier LES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DE BOHÊME ET DE MORAVIE les rares découvertes de monnaies isolées, outils, ustensiles (hache, clé) et fragments de céramique, déposés dans les tombes de cette époque, par exemple en Bavière (Krämer 1952), avec des objets identiques en Bohême découverts soit sur le sommet ou la surface des tumulus préhistoriques, soit en haut des collines. Ces objets, déjà décrits par L. Jansová (1962, p. 329-330), sont identifiés comme des cadeaux votifs ou des objets liés aux pratiques cultuelles. Dépôts de mobilier liés aux activités artisanales et à la vie domestique En ce qui concerne le dépôt de Kolín, le lieu de découverte serait situé sur le bord ouest du territoire de la ville actuelle, dans le Faubourg praguois, sur la rive gauche de la rivière Elbe. Même si nous ne pouvons pas exclure une certaine relation avec le milieu humide, voir fluvial (Rybová, Motyková 1983, p. 98, ill. 1), des traces d'habitats de cette époque, existent sur tout le site. Les dépôts découverts à LibĀice-Chýnov, à Sobėsuky, près de la fortification, à ÿernov et sur le lieu le plus élevé de l'interieur de l'oppidum à Stradonice sont situés directement dans l’aire du site d’habitat. À moins de 500 m de Bezdėdovice, un ensemble d'objets est déposé sur le versant ouest de la colline, à 487 m d’altitude, dans le voisinage d’une très grande roche bien visible et “tape-à-l’œil” (Michálek 1999). Compte tenu de l’absence de traces d'activités rituelles, J. Michálek prend surtout en considération le motif pratique « une bonne orientation pour le cas d’une reprise éventuelle des objets déposés » (Michálek 1999, p. 31). Les preuves évidentes de gestes rituels nous manquent dans tous ces exemples comme pour les dépôts à caractère plutôt commercial (Hostýn, Ptení). De plus, dans les exemples où les conditions de la découverte sont connues, nous remarquons qu'il s'agit d'une concentration marquée d'objets formant le dépôt, soit dans un récipient (LibĀiceChýnov : Sankot,Vojtėchovská 2001, p. 312, ill. 18.1), soit dans un espace limité comme à Stradonice (Waldhauser 1995, p. 420, ill. 1) ou à Bezdėdovice (Michálek 1999, ill. 5). Cette concentration reflète la déposition obligatoire d'outils dépourvus de leurs manches à la différence des objets utilisés dans un milieu rituel où ils sont exposés dans leur intégralité, ainsi que l'a montré F. Müller (Müller, Koënig 1990). La déposition d’une large gamme d’objets provenant de structures de sites d’habitat ou d'ateliers au moment d'une situation critique, est supposée pour le dépôt de Kolín (Rybová, Motyková 1983, p. 168) et de Bezdėdovice (Michálek 1999, p. 55). Elle est en liaison avec un changement brusque de la situation politique. Cela ne contredit pas une possible liaison avec des activités religieuses qui ne devraient pas être, dans tous ces exemples, à caractère sacrificiel, mais peut-être investies de mission protectrice. La présence d’un objet ancien rare, du type amulette sans doute, une hache en pierre néolithique dans le dépôt de LibĀice-Chýnov (Sankot, Vojtėchovská 2001, p. 321, ill. 18.7.14) est, selon mon opinion, un tel cas, car celui-ci ne révèle aucune trace de pratique secondaire (par exemple en tant que pierre à aiguiser). Pour d'autres dépôts (Kolín : Rybová, Motyková 1983, p. 153 et suiv.) ce rôle protecteur est attribué à un type de mobilier peu habituel comme, par exemple, les chaudrons ou leurs composants. Une telle interprétation comme moyens de protection peut être admise pour les bijoux comme les torques ou les bracelets qui accompagnent le lot de monnaies dans le dépôt de Podmokly (ill. 1), district de Rokycany (Voigt 1971). Cela correspond aux conclusions de Furger-Gunti (1982). CONCLUSION Les ensembles étudiés traduisent le caractère des dépôts provenant de Bohême et de Moravie, et permettent de tirer les conclusions suivantes : la déposition intentionnelle de différents types d'objets avait sans doute une importance irremplaçable dans le monde spirituel de la population laténienne des régions mentionnées. Toutefois, sur la base des découvertes locales, les modes de déposition et les différentes structures des dépôts nous signalent deux pratiques complètement différentes. Pour la période de la stabilité − non seulement au cours de la période de la formation de la civilisation laténienne au Ve s. av. J.-C. en tant que point culminant de l’évolution antérieure de longue durée, mais aussi, pendant la période ultérieure avec une prédominance des soi-disant sépultures plates à inhumation aux Ve-IIIe s. av. J.-C. −, la pratique de la déposition est liée au critère “qualitatif”. La déposition d'objets individuels ou même d'un plus grand nombre 105 PAVEL SANKOT 1. Découverte du dépôt de Podmokly d'après M. A. Voigt (1971). Sans échelle. 106 LES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DE BOHÊME ET DE MORAVIE d’objets de la même catégorie, dont l’importance symbolique est majeure, nous démontre le caractère correspondant au mobilier symbolique déposé dans les tombes (céramique, armes, parures : Veselí, Tuchomėʼnice, Duchcov, Klatovy, Detva, éventuellement pour la période laténienne finale, les découvertes de monnaies et d'outils ou d'armes isolés). Contrairement à l’interprétation rituelle des dépôts composés de différentes catégories de produits représentant une gamme d’activités de travail proposée par Rybová et Motyková (1983, p. 144 et suiv.) et Waldhauser (1995, p. 424), les dépôts d’outils et de mobilier de la vie quotidienne, connus jusqu'à aujourd'hui en Bohême et en Moravie, reflètent souvent − à la différence de régions d'Europe occidentale −, une atmosphère découlant de situations de crise de caractères historique ou politique. Ces bouleversements sont liés à l’achèvement de l’évolution locale à la charnière de La Tène A et B et plus tard, à la fin de l’évolution de la période laténienne et au début de la colonisation germanique. Pour assurer les survivances et l’assurance pratique des moyens d’existence,ces dépôts comportent non seulement des outils, mais en plus, d’autres équipements de l’atelier, des produits finis et du matériel pour la fabrication à venir. Néanmoins ce besoin de la protection du bien déposé, n’exclut nullement des pratiques ou des actes rituels de protection, liés directement à la culture spirituelle de la population laténienne. BIBLIOGRAPHIE Bartošková 1986 : BARTOŠKOVÁ (A.). — Slovanské depoty železných pʼnedmėtś v ÿeskoslovensku – Slawische Hortfunde von Eisengegenständen in der Tschechoslowakei. Praha, 1986. Furger-Gunti 1982 : FURGER-GUNTI (A.).— Der “Goldfund von Saint-Louis” bei Basel und ähnliche keltische Schatzfunde. 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Er war von einem auf Waffen spezialisierten Auktionshaus als neuzeitlich klassifiziert angeboten worden (vgl. Jahrbuch RGZM 46, 1999, 530f. Abb. 45). Es handelt sich um ein Ensemble von 21 Gegenständen mit einem Gesamtgewicht von ca. 22,8 kg. Als Herkunft wurde das „Donaugebiet” angegeben, wobei der Hortfund den Eindruck eines zumindest weitgehend geschlossenen Ensembles erweckt, was durch den gleichmäßigen Erhaltungszustand gestützt wird. Der Hortfund umfasst drei Funktionsgruppen : Schmiedegerät, landwirtschaftliches Gerät und Werkzeuge zur Holzbearbeitung (Abb. 1). Es handelt sich um folgende Stücke (Nummerierung entsprechend der Inventarisierung) : 2. Flachzange L. 42,7 cm ; größte Br. 4,3 cm ; G. 632 g Lange Schenkel mit rundem Querschnitt ; bogenförmige, im Querschnitt rechteckige Backen ; leichte Beschädigung an einer Backe ; das Auge ist noch beweglich, und die Zange lässt sich öffnen und schließen. 3. Schmiedehammer L. 17,1 cm ; größte Br. 4,8 cm ; G. 1 253 g Ovales Auge ; die im Querschnitt rechteckige Bahnseite ist gut erhalten, die Finne ist stark abgenutzt und besitzt einen so genannten „Bart”. 4. Setzhammer L. 16,7 cm ; größte Br. 8,8 cm ; G. 3 393 g Gerader Nacken, darunter das große, runde Auge ; der Hammer verjüngt sich zur Bahn ; die Bahn besitzt einen leichten „Bart”. Schmiedegerät 1. Flachzange L. 50,1 cm ; größte Br. 6,3 cm ; G. 1 071 g Lange Schenkel mit rundem Querschnitt ; bogenförmige, im Querschnitt rechteckige Backen ; das Auge ist noch beweglich, und die Zange lässt sich öffnen und schließen. 5. Schöpfkelle L. 27,4 cm ; Dm. 13,6 cm ; G. 368 g Leicht beschädigte Schöpfkelle aus dickem Eisenblech ; kalottenförmige Schale, deren Boden durch ein aufgenietetes langrechteckiges Eisenblech verstärkt wurde ; aus dem Rand wächst an einer Stelle ein pfannenartiger Stiel, der abgebrochen ist. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir. : Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p.109-127 (Bibracte ; 11). MARTIN SCHÖNFELDER Landwirtschaftliches Gerät 6. große Pflugschar L.28,5 cm ; Br. (Lappenbereich) 13 cm ; G.3 145 g Große, gedrungene Pflugschar mit kurzen umgebogenen Schaftlappen und einer leicht gerundeten Sohle (Spitze) ; unter dem oberen Rand in der Mitte ein kreisrundes Loch. 7. kleine Pflugschar L. 19,6 cm ; größte Br. 7,5 cm ; G. 669 g Kleine Pflugschar mit langen Schaftlappen ; die Schar verbreitert sich unter den Schaftlappen, um leicht gerundet zur Sohle (Spitze) zu laufen. 8. schlanke Pflugschar L. 27,9 cm ; Br. 4,4 cm ; G. 803 g Schlanke Pflugschar mit einer doppelten Schäftungsvorrichtung ; kurze Schaftlappen finden sich oben am Rand sowie auf der anderen Seite der Schar nahe der Spitze. 9. Pflugmesser L. 43,9 cm ; Br. 8,75 cm ; G. 2 854 g Schweres Pflugmesser ; oben sitzt der im Querschnitt rechteckige Schäftungszapfen, unten das breite, abgeknickte Messer ; der Schäftungszapfen ist zum Messer um 90° verdreht. 10-11. ein Paar Sensen L. 66,2 cm bzw. 64,9 cm ; G. 916 g bzw. 899 g Zwei durch D-förmige Schäftungsringe (25 u. 38 g) antik zusammengesteckte Sensen ; die Blätter besitzen ein weitausbiegendes Blatt ; das längere Exemplar ist stärker gebogen als das kürzere ; beide mit rechteckiger Befestigungszunge mit einem im rechten Winkel abbiegenden Dorn. Geräte zur Holzbearbeitung 12. große Tüllenaxt/-dechsel L. 17,2 cm ; Br. (Schneide) 16 cm ; G. 1 779 g Tülle aus zwei rechteckig umgebogenen Lappen mit deutlicher, offener Naht ; rechteckiger Tüllenquerschnitt, stark verbreitertes Blatt. 13. große Tüllenaxt/-dechsel L. 17,5 cm ; Br. (Schneide) 15 cm ; G. 1 659 g Tülle aus zwei rechteckig umgebogenen Lappen mit deutlicher, offener Naht ; rechteckiger Tüllenquerschnitt, stark verbreitertes Blatt. 110 14. kleines Tüllenbeil L. 11,8 cm ; Br. (Schneide) 12,2 cm ; G.455 g Tülle aus zwei rechteckig umgebogenen Lappen mit Naht ; rechteckiger Tüllenquerschnitt, stark verbreitertes Blatt, schartige Schneide. 15. kleines Tüllenbeil L. 11 cm ; Br. (Schneide) 10,6 cm ; G. 364 g Tülle ohne Naht ; rechteckiger Tüllenquerschnitt, stark verbreitertes Blatt, schartige Schneide. 16. schlankes Tüllenbeil L. 15,2 cm ; Br. (Schneide) 5,8 cm ; G. 704 g Tülle ohne Naht ; ovaler Tüllenquerschnitt ; am Tüllenrand ein Schnitt ; schmales Blatt, leicht schartige Schneide. 17. schlankes Tüllenbeil L. 15 cm ; Br. (Schneide) 5,8 cm ; G. 575 g Tülle ohne Naht ; ovaler Tüllenquerschnitt ; Tüllenmund leicht geschwungen ; am Tüllenrand ein kurzer Schnitt ; schmales Blatt, schartige Schneide. 18. Klinge von einem Gerät L. 25,5 cm ; Br. (Schneide) 5,7 cm ; G. 547 g Lange, leicht taillierte Klinge ; der Schäftungsteil ist wie bei einem Ärmchenbeil durch Schulterbildung abgesetzt ; die aus der Schulter wachsenden, beschädigten „Ärmchen” sind im rechten Winkel umgebogen, und auch die beiden oberen Ecken der Klinge sind entsprechend gebogen. 19. langer Tüllenmeißel L. 24,1 cm ; Dm. (Tülle) 2,35 cm ; G. 208 g Lange, sich leicht konisch erweiternde Tülle mit rundem Querschnitt, Tüllennaht noch erkennbar ; drei umlaufende Linien unter dem Tüllenrand nur noch schwach sichtbar ; langer, im Querschnitt rechteckiger Schaft. Die schmale Schneide ist ebenso wie der Tüllenrand teilweise ausgebrochen. 20. kurzer Tüllenmeißel L. 18,7 cm ; Br. (Tülle) 2,9 cm ; G. 188 g Eiserner, komplett erhaltener Tüllenmeißel ; kurze, sich konisch erweiternde Tülle mit rechteckigem Querschnitt ; kräftiger, im Querschnitt rechteckiger Schaft ; schmale Schneide. Tüllenrand teilweise ausgebrochen. 21. Löffelbohrer L. 26,1 cm ; Br. (Löffel) 2,65 cm ; G. 220 g EIN SPÄTLATÈNEZEITLICHER WERKZEUG- UND GERÄTEHORT AUS DEM OSTKELTISCHEN GEBIET Leicht verjüngende Schäftungszapfen mit rechteckigem Querschnitt ; Schaft mit ovalem Querschnitt ; die löffelartige Bohrerspitze ist an den Schneiden vielfach ausgebrochen. Vermutlich waren die Objekte ohne ihre hölzernen Schäftungen niedergelegt worden : Die beiden Sensenblätter waren durch zwei Sensenringe zusammengesteckt, was beweist, dass sie beim Zeitpunkt der Deponierung nicht in Funktion waren. Auch ansonsten ist zu vermuten, dass etwa die umfangreiche Holzkonstruktion der Pflüge bei einer Deponierung nicht mehr vorhanden war. In den Schäftungslappen der Geräte und in den Augen der Hämmer konnten ebenfalls keine organischen Reste festgestellt werden. BEMERKUNGEN ZU DEN GERÄTEN Das Schmiedegerät setzt sich aus Hammer, Setzhammer und zwei Zangen zusammen. Im Kontext mit den anderen Werkzeugen können sie Schmiedehammer und -zangen genannt werden. Dieser funktionalen Gruppe soll hier die mit einem Blech geflickte Schöpfkelle (Nr. 5) angeschlossen werden, da sie zur Holzverarbeitung entbehrlich und aufgrund des Materials als für die Landwirtschaft zu hochwertig scheint – hier hätte es ein hölzerner Schöpfer auch getan. Die geflickte Schöpfkelle könnte als Herdschaufel bzw. für Flüssigkeiten zum Löschen, Abschrecken oder Härten gedient haben. Für andere Fundkontexte mag diese funktionale Zuweisung nicht gelten – eiserne Schöpfkellen mit unterschiedlich gestalteten Stielen sind in der Spätlatène- und frühen Kaiserzeit zahlreich : z.B. im Grab 2 283 von Wederath (Cordie-Hackenberg, Haffner 1997, 102 Taf. 629-631) u.a. mit Bronzegefäßen, Hiebmesser und Fleischhaken oder im Grab 5 von Idrija pri Baci mit Bronzekessel und zahlreichen Bronzegefäßen (Gustin 1991, Taf. 4-9), die aber keine Schmiedewerkzeuge enthalten. Die hier wie in mehreren anderen Depots auftretende Kombination von zwei unterschiedlich langen Zangen (Nr. 1, 2) verdient eine besondere Aufmerksamkeit. Andere Beispiele sind das Depot von Schmiedegerät vom „Nikolausberg” bei Golling (Land Salzburg) (Moosleitner, Urbanek 1991) und das von Kappel (Kr. Biberach; Fischer 1959,Taf. 14, 43-44). Ein Spannring zur Fixierung der Greifbewegung, wie er im neuzeitlichen Handwerk Verwendung findet, fehlt aus latènezeitlichen Fundkontexten. Auch die hohe Differenzierung der Zangen je nach Materialstärke und Form des zu greifenden Gegenstandes, wie sie aus der Neuzeit bekannt ist, scheint in der Latènezeit nicht erreicht. In der Regel gibt eine Zange bei paralleler Stellung der Schenkel die optimal zu greifende Stärke an den Backen wieder. Zangen für feine Gegenstände haben bei paralleler Schenkelstellung geschlossene, solche für größere Materialstärken geöffnete Backen. So wurde die große Zange aus Golling für stärkere Objekte verwendet als die kleine (Moosleitner, Urbanek 1991, 68, Abb. 3-4). Die beiden Zangen aus dem hier vorzustellenden Depotfund waren beide nicht für besonders starke Objekte geeignet – obwohl die größere der beiden Zangen 1,07 kg wiegt (!). Der Schmiede- wie der Setzhammer (r. 34) sind beide oft benutzt worden – ein „Bart” zeugt von ihrem Einsatz bzw. von einem relativ weichen Eisen. Setzhämmer werden zum Glätten von größeren Oberflächen und zum Erzeugen von („abgesetzten”) Kanten verwendet, nicht zum eigentlichen Schmieden. In der Latènezeit waren besonders ab der Stufe Latène B bei der Waffenproduktion (Bandschildbuckel, Schwertscheiden, Schwertklingen und breite Blätter von Lanzenspitzen) derartige Werkzeuge notwendig ; trotzdem soll keine Zuweisung zum Werkzeugbestand eines spezifischen „Waffenschmiedes” erfolgen. Pflüge mit der Kombination breite Pflugschar/ Pflugmesser (Nr. 6, 9) stammen ebenfalls aus den Gräbern 5 und 18 von Idrija pri Baci sowie aus weiteren Fundstellen Sloweniens (Gustin 1991, 60-61 ; 1975 ; Gabrovec 1955). Breite symmetrische Pflugschare sind aus verschiedenen Depot- und Siedlungsfunden ab der späten Latènezeit bekannt und im gesamten Gebiet der Oppidakultur verbreitet (Gustin 1991, 60-61 ; Jacobi 1974, 67-70 ; Spehr 1992 ; Fries 1995,Taf.15-17),jedoch lässt sich die Verbreitung der 37-47 cm langen, scharfen Pflugmesser mit rechteckigem Befestigungsteil in der Latènezeit auf das Gebiet des heutigen Slowenien eingrenzen ; in der Römischen Kaiserzeit wird dieser Zusatz zum Pflug dann allgemein gebräuchlich (Pohanka 1986, 9-56). Das hier vorgelegte Exemplar ist besonders breit und massiv. Es wäre weiter zu fragen, ob die kleine, herzförmige Pflugschar (Nr. 7), die ebenfalls in Idrija pri Baci eine Parallele findet (Gustin 1991, Taf. 28, 14), mit dem Gegenstand, der hier als „schlanke 111 MARTIN SCHÖNFELDER 1. Hortfund aus dem „Donaugebiet”. Übersicht (Foto : I. Feddersen, RGZM). 112 EIN SPÄTLATÈNEZEITLICHER WERKZEUG- UND GERÄTEHORT AUS DEM OSTKELTISCHEN GEBIET 2. Hortfund aus dem „Donaugebiet”. n°1-5 Schmiedegerät (Zeichnung M. Weber, RGZM). 113 MARTIN SCHÖNFELDER 114 EIN SPÄTLATÈNEZEITLICHER WERKZEUG- UND GERÄTEHORT AUS DEM OSTKELTISCHEN GEBIET 3. Hortfund aus dem „Donaugebiet”. n°6-9 Landwirtschaftliches Gerät (Zeichnung M. Weber, RGZM). 4. Hortfund aus dem „Donaugebiet”. n° 10-11 Landwirtschaftliches Gerät : Sensen (Zeichnung M. Weber, RGZM). Pflugschar” (Nr. 8) bezeichnet wird, gemeinsam an einem zweiten Pflug verwendet wurde und letztere dabei als Pflugmesser diente, oder ob beide an getrennten Geräten, aber doch in bewusster Kombination verwendet wurden. Die doppelte Befestigungsmöglichkeit des schlanken Stücks weist auf eine andere Verwendung/Schäftung, als es für eine Pflugschar mit vier gleichseitigen Lappen (Fries 1995, Typ. 2b) notwendig ist. Der Hortfund von Kaiserbrunn am Attersee (Land Salzburg) besitzt eine Kombination von breiter Pflugschar und einer unverhältnismäßig langen Pflugschar mit Lappenschäftung (Amberger 1927,206 [„Haue”] Abb.1,8 ;Moosleitner 1998-1999, 506-510). Auch im Hortfund von Kolín (Bez. Kolín) treten breite Pflugschar und sechähnlicher Gegenstand mit doppelten Schäftungslappen gemeinsam auf (Rybová, Motyková 1983, Abb. 13, 4 ; Abb. 16, 3). R. Spehr möchte die schlanken Pflugschare mit doppelter Schäftung als entwickelte Variante der älteren, schlanken Pflugschare betrachten (Spehr 1992) ; für das auf beiden Seiten mit Schäftungslappen versehene Stück aus dem „Donaugebiet” kann jedoch sein Rekonstruktionsvorschlag nicht funktionieren. Man könnte, vor allem in der Kombination mit der herzförmigen Pflugschar, an eine ähnliche Kombination wie bei Pflugschar/Pflugmesser denken. In jedem Fall sind sie aber (auch) zeitgleich mit den typischen breiten Pflugscharen der Spätlatènezeit. Wären diese Überlegungen zutreffend, dann würde es sich hier um die Eisenbestandteile von zwei typologisch und wohl auch funktional unterschiedlichen Pflügen handeln. Zur Chronologie des Sechs ist noch anzumerken, dass das schlanke Exemplar aus dem 1995 von J. Waldhauser aus Stradonice stammenden Hortfund zusammen mit einer breiten Pflugschar (Waldhauser 1995, Abb. 2, 9-19) wohl in die Stufe Latène D1/D2a datiert, womit für andere ähnliche Exemplare von mehrperiodigen Fundplätzen diese Datierung nicht ausgeschlossen werden kann (vgl. z.B. Jacobi 1977, 48, Taf. 19, 21 – angeblich mit der schlanken Pflugschar Taf. 18, 3 zusammen von einem Sondengänger gefunden). Ein Sech und eine einfache, schlanke Pflugschar stammen auch aus dem 1894 erstmals erwähnten Hort von Hainbach (Gem. Nußdorf am Haunsberg) (Moosleitner 1998-99, 503-506). R. Pohanka schlägt aufgrund neuzeitlicher Analogien ein eigenes Gerät mit einem Pflugmesser zum Aufreißen der Erde vor, dem dann in einem zweiten Arbeitsgang der Pflug dann folgt (Pohanka 1986, 11 mit Abb. 1-3). 115 MARTIN SCHÖNFELDER Die beiden demontierten Sensenblätter, die mit zwei steigbügelförmigen Sensenringen zusammengesteckt waren (Nr. 10-11 ; Abb. 1,4), stellen mit über 60 cm Länge große Vertreter ihrer Gattung dar, womit sie in Anbetracht der Formentwicklung als relativ spät in der Spätlatènezeit (d.h. eher nach Latène D2) einzuordnen sind. Sie finden ebenfalls in den Gräbern von Idrija pri Baci Parallelen ; in der Kombination mit einer Pflugschar gibt es ein Gegenstück im Hortfund vom Attersee (Amberger 1927). Bei diesen Stücken handelte es sich vermutlich um richtige Sensen im modernen Sinn mit langem „Baum” und nicht um „Hausensen”, wie sie in der Mittel- und auch noch in der Spätlatènezeit üblich waren (Jacobi 1974, 76-78 ; Pohanka 1986, 147-149). Die Verbindung zweier Sensenblätter mit einem Sensenring ist beispielsweise an einem Fund aus dem Oppidum von Gallis-Lovatschka in der Ukraine zu beobachten (Lehóczky 1901, 203, Abb. 2). Die Tüllenbeile und -äxte aus dem Hortfund (Nr. 12-15) entsprechen gut dem aus der Zeit der oppida bekannten Spektrum (Jacobi 1974,2832). Ihre Funktion als Waffe, Schlachtgerät oder Werkzeug zur Holzbearbeitung ist in Gräbern, in denen sie als einziges Gerät vorkommen, umstritten (Schumacher 1989 ; Schönfelder 2002, 318) ; im Zusammenhang mit dem Löffelbohrer und den beiden unterschiedlich langen Meißeln (Nr. 19-21), die ebenfalls der Holzbearbeitung dienen, ist eine primäre Verwendung als handwerkliches Alltagsgerät jedoch unstrittig. Eine Unterscheidung in schwere, beidhändig geführte (Nr. 12-13) und leichte, einhändig geführte Werkzeuge (Nr. 1415) ist generell sehr schwierig, im vorliegenden Ensemble jedoch aufgrund der deutlichen Größenund Gewichtsunterschiede leicht möglich. Nach den Untersuchungen von J.-P. Guillaumet (2003, 71) wären die beiden schweren Geräte (Abb. 12-13) aufgrund der asymmetrischen Schneiden (Grundform : rechtwinkliges Dreieck) als quer geschäftete Dechseln anzusprechen, wohl als grobe Geräte zum Entrinden und zum Glätten von Balken (Axt/Beil – Grundform : gleichschenkeliges Dreieck). Die Breite der Schneiden wird zu einem gewissen Maße mit dem nachträglichen Schärfen und Nachschmieden der Klingen zusammenhängen. Vereinzelt auftretende Tüllenbeile mit geschlossener Tülle (Nr. 15) kommen beispielsweise auch im Hort von Kolín vor, in denen neben zwölf „offenen” Tüllenbeilen, -äxten und -dechseln unterschie- 116 dlichster Ausprägung ein Beil mit geschlossener Tülle vorhanden ist (Rybová, Motyková 1983, Abb. 9, 3) ; auch im Hort von Kappel sind unterschiedliche Möglichkeiten der Schäftung (Loch ; Lappen ; geschlossene Tülle) bei Äxten und Beilen vertreten (Fischer 1959, 49-50 ; 54-55). Die beiden schlanken Tüllenbeile (Nr.1617) sind von besonderem Interesse, da sich für sie im Bereich der Oppidakultur nur sehr selten Parallelen finden. Vergleichsstücke aus dem Bereich der Osthallstattkultur sind älter und waren als Waffen in Gebrauch (Stary 1982, p. 38-39 ; Egg 1996, p. 151-155). Einzelne Exemplare stammen in Idrija pri Baci auch noch aus Gräbern mit Certosafibeln der Frühlatènezeit (Gustin 1991, Taf. 24-26 : grab 34, 37). Der leichte Schwung im oberen Abschluss der Exemplare aus dem „Donaugebiet” entspricht dieser osthallstättischen Tradition ; eine Befestigungsöse fehlt allerdings. Ein Tüllenbeil mit einer glatten Oberkante stammt als Einzelfund vom Dünsberg in Hessen (Jacobi 1977, p. 22, Taf. 15, 10), nach G. Jacobi gehört es „vermutlich der frühen [La Tène B] Besiedlungsphase” an. Gleichwohl sind die beiden Exemplare aus dem „Donaugebiet” gedrungener und nicht so lang und schlank wie die älteren Stücke. Aus Nottonville (Eure-et-Loire) stammen zwei Hortfunde mit ausschließlich eisernen Beilen ähnlicher Form, allerdings mit eher rechteckiger Tülle ; ein nicht näher datierbarer doppelpyramidenförmiger Eisenbarren wurde in ihrer Nachbarschaft gefunden (Lelong 1991). Für eines der Depots ist überliefert, dass es sich um ein „organisiertes” Depot in einer Grube handelt, wie es auch für die Spätbronzezeit im Nordwesten typisch ist ; eine klare Datierung ergibt sich jedoch nicht. Von unklarer Funktion ist ein Gerät, was an ein hallstattzeitliches Ärmchenbeil erinnert ; seine lange, gerade Klinge und seine Schäftung mittels zweier, an einem Absatz im rechten Winkel ausbiegende „Ärmchen” sowie zweier feiner Schäftungslappen am oberen Rand sprechen nicht für ein Werkzeug, das mit einer im rechten Winkel abknickenden Schäftung in Gebrauch war ; einfache Dechseln besäßen eine der üblichen Tüllenschäftungen oder ein Schaftloch (Jacobi 1974, 34f.). Die taillierten Seiten der Klinge und die symmetrische, gebogene Schneide wären an einem Hobel undenkbar (Bach 1999 ; Gaitzsch, Mattäus 1981). EIN SPÄTLATÈNEZEITLICHER WERKZEUG- UND GERÄTEHORT AUS DEM OSTKELTISCHEN GEBIET 5. Hortfund aus dem „Donaugebiet”. n°12-17 Werkzeug zur Holzbearbeitung : Äxte und Beile (Zeichnung M. Weber, RGZM). 117 MARTIN SCHÖNFELDER 6. Hortfund aus dem „Donaugebiet”. n°18-21 Werkzeug zur Holzbearbeitung (Zeichnung M. Weber, RGZM). Aus neuzeitlichen Analogien wäre noch an ein Werkzeug zum Entrinden von Stämmen zu denken, ohne dass eindeutige Parallelen vorliegen. In jedem Fall ist jedoch an ein Werkzeug zur Holzbearbeitung zu denken. sind. Diese Werkzeugtypen sind jedoch in den süddeutschen Oppida der Stufe Latène D1 bis auf die breite Pflugschar (noch) nicht vertreten ; somit kann eine Datierung in die Stufe Latène D2 als am Wahrscheinlichsten angenommen werden (Kurz 1995, p. 27). DATIERUNG Eine Datierung von Werkzeugen ist aufgrund der funktionalen und meist zeitunabhängigen Formbestimmung ein problematisches Unterfangen. Jedoch lassen sich in einer größeren Gruppe von Gegenständen dennoch Hinweise für eine Zeitstellung finden. Die Tüllenbeile und -äxte/dechseln mit breiter Klinge sind mit Sicherheit Erzeugnisse der vorrömischen Eisenzeit, die in der Römischen Kaiserzeit vollständig durch Geräte mit Lochschäftung ersetzt werden (Pohanka 1986, 228263 ; Dolenz 1998, 146-150). Auch für die schmalen Tüllenbeile auf osthallstättischer Grundlage – die sich aber dennoch eindeutig von den älteren Stücken unterscheiden – könnte man sich kaum eine Datierung in die Kaiserzeit vorstellen. Auf der anderen Seite ist ein Pflug mit breiter Schar und Sech vorhanden sowie zwei Sensen – Geräte, wie sie erst aus der Spätlatènezeit bekannt 118 Der überwiegende Teil (Zangen, Hämmer, Bohrer,Tüllenmeißel) lässt sich nicht näher zeitlich einordnen, jedoch sind die Typen in spätlatènezeitlichen Kontexten gut vertreten. HERKUNFT Die Fundortangabe „Donaugebiet” für den hier vorgelegten Hortfund ist nur als sehr unsicher zu betrachten ; sogar eine dadurch verschleierte süddeutsche oder französische Abkunft wären theoretisch möglich, da spätlatènezeitliche Werkzeuge sich selten regional unterscheiden lassen. Anzumerken ist jedoch, dass typische Werkzeuge aus dem heute rumänischen oder bulgarischen (dakischen oder thrakischen) Bereich im Hort nicht vertreten sind (vgl. Iaroslavschi 1997). Hier sind vor allem für diesen Bereich charakteristische Hämmer, Hacken und Äxte zu nennen, die durchweg ein rundes bzw. ovales Auge mit einem EIN SPÄTLATÈNEZEITLICHER WERKZEUG- UND GERÄTEHORT AUS DEM OSTKELTISCHEN GEBIET verdickten Bereich aufweisen und nicht mehr auf der altertümlichen Tüllenschäftung basieren. Es sind auch keine oberständigen Lappenbeile vorhanden, wie sie sogar in der Spätlatènezeit zumindest für die Gegend um Idrija pri Baci, dem Tal des Flusses Soca bzw. dem Posocje genannten Gebiet charakteristisch sind (Gustin 1991). Jedoch erinnern die beiden schlanken Tüllenbeile im Hortfund an osthallstättische Tüllenbeile, die sich im westlichen Bereich kaum belegen lassen und damit den Fundort des Hortes näher eingrenzen. Eine Kartierung der hallstattzeitlichen Exemplare ergibt als Verbreitungsschwerpunkt das Gebiet um Novo mesto, das mittlere Save-Tal und das Tal der Krka (Stary 1982, 39, Abb. 4). Das Sech und die kleine herzförmige Pflugschar verweisen ebenfalls auf das Gebiet des heutigen Slowenien bzw. Kroatien. ZUR ZUSAMMENSETZUNG Der Hortfund setzt sich aus drei klar abgetrennten Funktionsgruppen zusammen : Schmiedegerät, landwirtschaftliches Gerät und Werkzeuge zur Holzbearbeitung. Rohmaterial, Halbfabrikate oder Kleingeräte wie feine Meißel, Feilen, Punzen oder Ahlen fehlen beispielsweise. Auch Herdgeräte und Wagenteile, die ansonsten häufig in Werkzeughorten auftauchen, sind anscheinend nicht vorhanden. Natürlich kann die Zusammensetzung auch durch die Zwischenstufe des Antiquitätenhandels beeinflusst sein, jedoch wirkt dies bei derart klaren Abgrenzung eher unwahrscheinlich. Im Inventar des Hortes aus dem „Donaugebiet” lassen sich auch keine Hinweise auf einen besonders hervorgehobenen Status der(s) (ehemaligen) Besitzer(s) erkennen. Andere Hortfunde wie die von Kappel, Kolín oder aus dem Wauwilermoos (Kt. Luzern) beinhalten noch dazu Herdgeräte (Feuerböcke), Kesselbestandteile und z.T. auch Elemente vom Wagen (Fischer 1959 ; Wieland 1996, 68-70 ; Müller, Koënig 1990, 171, Abb. 76). Für diese Gruppe schlägt G. Wieland eine rituell motivierte Niederlegung, evtl. als (Selbst-) Ausstattung für einen Toten, vor. Bei dem Hort von Kappel und dem aus dem Wauwilermoos, aber auch dem von Lozna (RO) kommt hinzu, dass sie aus einem als naturheilig deutbaren Platz stammen ; Kappel und Wauwilermoos wurden allerdings in mehreren Gruppen aufgefunden. Jedoch tut man sich auch schwer, beispielsweise Kappel und Lozna einer einzigen Gruppe zuzuordnen, da Kappel sich durch seine zahlreichen prestigeträchtigen Gegenstände wie die Bronzegefäße, die Bestandteile eines vierrädrigen Wagens und das Helmfragment (Bozic 1997) vom Hort von Lozna unterscheidet, der eher den Eindruck eines „profanen Werkzeugdepots” der Mittellatènezeit macht. Fast vom Gipfel eines Felsen, der später eine mittelalterliche Burg trug, stammt der Hort von Falkenstein in Niederösterreich (Urban 2000) ; jedoch lässt ihn die unspektakuläre Zusammensetzung (Tüllenbeil, drei Messer, Bauklammern) schwerlich mit anderen Horten vergleichen, obwohl eine rituelle Deponierung aufgrund der Topographie gut denkbar wäre. Bezüglich der Zusammensetzung ist mit dem Hort aus dem „Donaugebiet” ein Hort aus Stradonice vergleichbar, ein Detektorfund, angeblich aus dem Wallkörper vom höchsten Punkt des Oppidum : Pflugschar und Sech, drei Sensen, ein Löffelbohrer, ein Tüllenbeil und zwei eiserne Stifte (Waldhauser 1995). Hier sind zwar nur die Bereiche Landwirtschaft und Holzbearbeitung abgedeckt, es handelt sich jedoch auch um vollständige Geräte aus dem alltäglichen Arbeitsumfeld. Ein Depot mit starker Betonung des landwirtschaftlichen Sektors (vier doppellappige, schlanke Pflugschare, sechs Sicheln/Sensen sowie Zähne einer Egge) stammt aus einem Bereich nahe des Walls der Höhensiedlung Liptovská Mara, die der PúchovKultur zugewiesen wird (Pieta 2000). Die Tatsache, dass Metalldepots im Wallkörper von Höhensiedlungen auftreten können, wird durch die vier Depots vom Gründberg bei Linz angezeigt (Ruprechtsberger 1998 ; Urban, Ruprechtsberger 1998 ; Guichard 2003, 16-18). Diese Depots mit einem breit gefächerten Bestand an Waffen, Geräten und auch Rohmaterial (in Form von Barren und Radreifen), niedergelegt unter besonders sorgfältigen Steinlagen, können wohl eindeutig als Bauopfer gewertet werden – jedenfalls nicht als Versteckfund eines Metallhandwerkers.Eventuell wäre der Hortfund aus dem „Donaugebiet” an diese Gruppe anzuschließen, obwohl seine Zusammensetzung nicht zwangsweise einen rituellen Hintergrund für die Deponierung erkennen lässt ; genauere Aussagen verhindert die fehlende Fundüberlieferung. 119 MARTIN SCHÖNFELDER 7. Idrija pri Baci (Slovénie). Geräte aus Grab 5 (nach Gustin 1991). 120 EIN SPÄTLATÈNEZEITLICHER WERKZEUG- UND GERÄTEHORT AUS DEM OSTKELTISCHEN GEBIET 8. Idrija pri Baci, (Slovénie). Geräte aus Grab 18 (Auswahl) (nach Gustin 1991). 121 MARTIN SCHÖNFELDER Auch Depots von Metallhandwerkern scheint es jedoch gegeben zu haben – jedenfalls möchte man so wohl den sog. Leisenhart-Fund (Witz 1910-13) aus dem Oppidum von Manching, der hauptsächlich aus Bronzen und Schrott besteht, erklären. Ein ähnlicher Fund soll aus dem HeidetränkOppidum in Hessen stammen (Kurz 1995, 169, 612A). Die Äquivalente zu den urnenfelderzeitlichen Brucherzhorten mit einer hohen Stückzahl auch kleinteiliger, teilweise bewusst zerkleinerter Gegenstände (Clausing 2004) sind allerdings eher selten. Auch die Schmiedeausstattung von Golling – versteckt innerhalb eines Siedlungsareals – ließe sich plausibel als Versteckfund eines Handwerkers interpretieren (Moosleitner 1998-99, 510). Das Depot aus einer Grube in der mittellatènezeitlichen Siedlung von Sajópetri im Norden der ungarischen Tiefebene (Guichard 2003, 21) wurde vielleicht ebenfalls aus profanen Gründen verborgen. Auch andere Depots mit Anteilen von Rohmaterial wie etwa Radreifen oder Barren ließen sich in diese Richtung deuten, wenngleich auch in einem der „Bauopfer” vom Gründberg Rohmaterial enthalten ist. Die Ursache für die Überlieferung als Hortfund – ob er aus rituellen oder der Not gehorchenden Gründen nicht mehr geborgen wurde – kann in den meisten Fällen allerdings nicht eindeutig bestimmt werden. Die Zusammensetzung allein gibt darauf nicht immer eindeutige Hinweise, wie die aufgeführten Beispiele zeigen – entscheidend ist, welche Hinweise der Kontext liefert. Auf alle Fälle ist aber anzunehmen, dass es „Schatzfunde” – versteckt und aufgrund persönlichen Schicksals in Notzeiten nicht mehr geborgen – ebenfalls gegeben haben muss. Bei den Eisengerätedepots ist es notwendig, weitere Präzisierungen vorzunehmen (vgl. Fundliste). Im Folgenden werden als Eisengerätedepots nur solche bezeichnet,bei denen Gerätetypen aus mehreren Handwerksbereichen vorliegen, die Gegenstände eng zusammengepackt sind und sie sich außer Funktion (d.h. ohne Schäftung) befinden. Gelegentlich kann auch Rohmetall, etwa in Form von Radreifenabschnitten oder einzelnen Barren Bestandteil sein oder eine einzelne Waffe. Nach den Fundumständen lassen sich drei grobe Kategorien von Depotfunden bilden : Depot im Siedlungskontext/öffentlichen Raum (Wall etc.), Depot im Siedlungskontext/privaten Bereich und Depot im Kontext eines naturheiligen Ortes (Gewässer : Moor, Quelle ; Passsituation). Für die erste und letzte Kategorie an Fundkonzentrationen ist eine rituell motivierte Niederlegung ernstlich in Erwägung zu ziehen.Auch private religiös bedingte Deponierungen mag es gegeben haben, jedoch fällt hier die Entscheidung schwer, wenn beispielsweise wie in Golling ein Fund funktionsfähiger Schmiedewerkzeuge in einem Siedlungsbefund mit Schlackenresten vorliegt. 9 Entwurf einer Verbreitungskarte zu jüngerlatènezeitlichen Eisengerätedepots (Kriterien: Gerätetypen aus mehreren Handwerks bereichen, Gegenstände eng zusammengepackt und außer Funktion, zusätzlich evtl. Rohmetall oder Waffe). 1: Sorel-Moussel, Fort-Harouard; 2: Aesch/Klaffenbrunnen ; 3: Altdorf ; 4: Wauwil, Wauwilermoos ; 5 : Brehmen ; 6: Frickhofen, Dornburg ; 7: Guntendorf ; 8 : Haiger, Kalteiche ; 9: Heidelberg, Heiligenberg ; 10: Kelheim ; 11: Neuenbürg, Schlossberg ; 12: Oberehe ; 13: Sättelstädt ; 14: Staffelstein, Staffelberg ; 15: Attersee/Kaiserbrunn ; 16: Hainbach ; 17: Linz/Gründberg ; 18: Kolín ; 19: Lipany ; 20: Stradonice, Hradiste ; 21: Besenov ; 22: Gajary ; 23: Liptovská Mara ; 24: Plavecké Podhradé, Pohanská ; 25: Wyciaze ; 26: Petneháza. Nachweis vgl. Fundliste. 122 EIN SPÄTLATÈNEZEITLICHER WERKZEUG- UND GERÄTEHORT AUS DEM OSTKELTISCHEN GEBIET Auffallend ist die starke Konzentration derartiger Eisengerätedepots im Gebiet östlich des Rheins bis hin zu den Karpaten (Abb. 9) ; eine Unterteilung nach den unterschiedlichen Fundumständen ist allerdings selten möglich, exakte Datierungen sind ebenfalls schwierig (vgl. Liste für den Mitteldonauraum bei Pieta 2000, 143), womit die Liste und die Karte nur einen Arbeitsstand anzeigen können. Ihre Gesamtzahl ist im Vergleich zu der etwa spätbronzezeitlicher Horte als gering zu bewerten ; jedoch war ihre Zahl in der Hallstatt- und Frühlatènezeit noch kleiner. Der ehemals in einer Kiste verpackte Werkzeug- und Gerätehortfund aus dem Oppidum von Fort-Harrouard bei Sorel-Moussel (Eure-etLoire) (Philippe 1936, 582-583,Abb. 44) ist einer der wenigen spätlatènezeitlichen Gerätehorte westlich des Rheins, der den zahlreichen im Osten entspricht. Werkzeuge und Geräte aus Heiligtümern wie Gournay-sur-Aronde, Vienne Sainte-Blandine oder naturheiligen Orten (Larina „La Chuire”) sowie kleinere Ansammlungen von Geräten in Siedlungsbefunden sollen hier nicht mit einbezogen werden. Für sie müsste im Einzelfall anhand möglicher Regelhaftigkeiten diskutiert werden, ob es sich um Weihungen oder Gegenstände aus dem Alltagsbetrieb handelt. Die vielen Eisendepots der Spätlatènezeit sind sicher nicht als einheitliche Erscheinung zu betrachten – diese weit gefächerten Interpretations möglichkeiten wurden sowohl in der älteren (Pauli 1985) als auch in der jüngsten Hortfunddebatte (Geißlinger 2002 ; Clausing 2004) betont, monokausale Interpretationsansätze (profan : Kurz 1995, 121 ; kultisch : Hänsel 1997) werden der Vielfalt der prähistorischen Wirklichkeit wohl nicht gerecht. Sind diese Unterschiede in der Verbreitung der Werkzeug- und Gerätedepots pur als kulturelles oder auch als politisches Phänomen zu erklären ? Derartige starke großregionale Unterschiede in der Zusammensetzung der Depots begegnen bereits in der Urnenfelderzeit (Clausing 2004), wo Brucherzhorte typisch für den Osten sind, im Westen hingegen andere Typen von Hortfunden vorkommen. Für die Römische Kaiserzeit können den Eisengerätedepots ähnliche Deponierungen in einer Verbreitung zwischen Polen, Mittel- und Südwestdeutschland als rituelle Opfer gedeutet werden (Rieckhoff 1998 gegen Henning 1985). In jedem Fall ist festzuhalten, dass im Westen der spätlatènezeitlichen Welt auch die sicher als rituell bestimmbaren Eisengerätedepots fehlen ; damit liegt zumindest ein Unterschied im kulturellen Verhalten zu Grunde, ohne dass Bedrohungen von außen (Germanen- und Dakereinfälle, Kimbern und Teutonen) zur Interpretation herangezogen werden müssen. Derartige Unterschiede manifestieren sich auch in anderen Bereichen, wie z.B. der Verbreitungsdichte von Heiligtümern „nordgallischen Typs”, wenngleich in Manching (Sievers 1991), in Rosldorf „Sandberg” (Holzer 2003) und auf dem Frauenberg bei Leibnitz in der Steiermark (Tiefengraber 1997) Heiligtümer vorhanden sind, die den französischen entsprechen. Den vielen Gerätedepots der jüngeren Latènezeit ist sicher die zu dieser Zeit gewandelte wirtschaftliche Grundlage gemeinsam : Es ist mehr Eisen im Umlauf als in den vorangegangenen Epochen. Dieser Schub geht mit dem Auftreten der Oppida einher, mit einer sicher verstärkten und wohl auch verbesserten Eisenmetallurgie, mit der Münzwirtschaft und auch mit der Notwendigkeit, mehr Personen als vorher (mit einer verbesserten Landwirtschaft) zu ernähren. FUNDLISTE Jüngerlatènezeitliche Eisengerätedepots (Gerätetypen aus mehreren Handwerksbereichen, Gegenstände eng zusammengepackt und außer Funktion, zusätzlich evtl. Rohmetall oder Waffe) Frankreich 1. Sorel-Moussel, Fort-Harouard, (Eure-et-Loire): Hortfund mit 16 Gegenständen : Werkzeugen zur Holzbearbeitung, Geräten für die Landwirtschaft (schlanke Pflugschare z.T. ineinandergesteckt. (Philippe 1936, 582-583, Abb. 44). Schweiz 2. Aesch/Klaffenbrunnen,Kt.Baselland :Hortfund mit 2 Gegenständen :Werkzeug zur Holzbearbeitung, Gerät für die Landwirtschaft. (Müller, Koënig 1990, 171, Abb. 75). 3.Altdorf, Kt. Uri : Hortfund mit 12 Gegenständen : Werkzeuge zur Holzbearbeitung, Geräte für die Landwirtschaft und den Haushalt. (Müller, Koënig 1990, 169-171, Abb. 74). 4. Wauwil, Wauwilermoos, Kt. Luzern : Hort (?) in einem Moor (11 Gegenstände) sowie einem Feuerbock (separat aufgefunden ? ; freundl. Mitt. P. Jud) : Herdgerät, Werkzeuge zur Metall- und 123 MARTIN SCHÖNFELDER Holzbearbeitung, Geräte für die Landwirtschaft und den Haushalt, Wagenteile. (Müller, Koënig 1990). Geräten für den Haushalt,Wagenteilen (?). (Unpubl.; Kurz 1995, 186, 183). Deutschland Österreich 5. Brehmen, Kr. Tauberbischofsheim : 2 Depots im Bereich zwischen 2 Viereckschanzen. Depot I mit Herdgerät, Werkzeugen zur Metall- und Holzbearbeitung ;Depot II mit Herdgerät,Werkzeugen zur Holzbearbeitung, Geräten für den Haushalt. (Kurz 1995, 133). 15. Attersee/Kaiserbrunn, Land Salzburg : Hortfund mit 8 Gegenständen nahe einer Quelle : Herdgerät,Werkzeug zur Holzbearbeitung, Geräte für die Landwirtschaft und den Haushalt. (Moosleitner 1998-99, 506-510). 6. Frickhofen, Dornburg, Kr. Limburg-Weilburg : Depotfund am Fuße der Dornburg mit Werkzeugen zur Holzbearbeitung, Geräten für die Landwirtschaft. (Behaghel 1943, Taf. 40). 7. Guntendorf, Lkr. Landshut : Hortfund (?) bei der Bachregulierung, u.a. Tüllenaxt, Hiebmesser, Radbestandteile. (Kurz 1995, 149, 366). 8. Haiger, Kalteiche, Lahn-Dill-Kreis : Hortfund (?) mit Schwertbarren,Werkzeugen zur Holzbearbeitung, Geräten für die Landwirtschaft und den Haushalt, Wagenteile, Pferdegeschirr. (Behaghel 1943, Taf. 3940). 9. Heidelberg, Heiligenberg : Hortfund in der befestigten Höhensiedlung, u.a. mit Geräten für die Landwirtschaft, Wagenteilen. (Unpubl.; Kurz 1995, 150). 10. Kelheim, Lkr. Kelheim : Hortfund in einer Siedlungsgrube des Oppidum mit Werkzeugen zur Holz- und/oder Steinbearbeitung, Geräten für den Haushalt. (Kurz 1995, 154, 425). 11. Neuenbürg, Enzkreis : Hortfund (FLt ?) am Hang des Schlossberges mit Werkzeug zur Holzbearbeitung, Geräten für die Landwirtschaft. (Kurz 1995, 167, 586). 12. Oberehe, Kr. Daun : Hortfund aus 3 unterschiedlichen Beil-/Dechselklingen,eine mit abgestumpfter Schneide. (Trierer Zeitschr. 52, 1989, 441-442, Abb. 6, 1-3). 13. Sättelstädt, Kr. Eisenach : Hortfund aus 5 Gegenständen verschiedener Funktionsgruppen. (Eisenach 1963). 14. Staffelstein, Staffelberg, Lkr. Lichtenfels : Hortfund (?) aus der Höhensiedlung mit Herdgerät (?), Waffen, Werkzeugen zur Holzbearbeitung, 124 16. Hainbach, Land Salzburg : Hortfund mit 7 Gegenständen : Werkzeug zur Holzbearbeitung, Geräte für die Landwirtschaft. (Moosleitner 199899, 503-506). 17. Linz/Gründberg, Oberösterreich : Hortfunde im Wallbereich ; Hort 1 mit 16 Gegenständen (ca. 20 kg) : Werkzeuge zur Metall- und Holzbearbeitung, Geräte für den Haushalt, Wagenteile ; Hort 2 mit 12 Gegenständen (fast 10 kg) :Herdgerät,Waffe,Wagenteil, Werkzeuge zur Metall- und Holzbearbeitung ; Hort 3 mit 13 Gegenständen (21,2 kg) ; [Hort 4 mit 2 Barrenfragmenten]. (Urban, Ruprechtsberger 1998). Tschechische Republik 18. Kolín, okr. Kolín : Hortfund mit 68 Gegenständen (ca. 15 kg) : Herdgerät, Metallgefäß, Waffen,Werkzeuge zur Metall- und Holzbearbeitung, Geräte für die Landwirtschaft und den Haushalt, Wagenteile, Pferdegeschirr. (Rybová, Motyková 1983). 19.Lipany,okr.Kolín :Hortfund mit 5 Gegenständen aus einer Siedlung: Herdgerät, Werkzeug zur Holzbearbeitung, Geräte für die Landwirtschaft und den Haushalt. (Rybová, Motyková 1983, 145, Abb. 25). 20. Stradonice, Hradiste, okr. Beroun Hortfund mit 12 Gegenständen aus dem Wall auf dem höchsten Punkt des Oppidum :Werkzeug zur Holzbearbeitung ; Geräte für die Landwirtschaft. (Waldhauser 1995). Slowakei 21. Besenov, okr. Nové Zámky : Hortfund mit Eisenschüssel (?) überdeckt :(8 Gegenstände) :Geräte für die Landwirtschaft und die Holzbearbeitung, Wagen (?), Waffe. (Paulík 1970, 46-48, Abb. 14). 22. Gajary, okr. Bratislava-vidiek : Hortfund (11 Gegenstände) mit Geräten zur Landwirtschaft und Holzbearbeitung, Trense ; Kontext gilt als problematisch. (Paulík 1970, 48-52, Abb. 16-17). EIN SPÄTLATÈNEZEITLICHER WERKZEUG- UND GERÄTEHORT AUS DEM OSTKELTISCHEN GEBIET Ungarn 23. Liptovská Mara, okr. Liptovská Sielnica: Hortfund I mit 30 Gegenständen aus einer Siedlung : Werkzeug zur Holzbearbeitung, Geräte für die Landwirtschaft und den Haushalt. (Pieta 2000). 26. Petneháza : Hortfund mit Werkzeugen zur Metallbearbeitung, Geräte für die Landwirtschaft. (Müller 1983). 24. Plavecké Podhradé, Pohanská, okr. Senica : Hortfund I/68 (16 Gegenstände) auf dem Gipfel der Höhensiedlung : Herdgerät, Geräte für die Holzbearbeitung, den Haushalt und die Landwirtschaft, Wagen (?), Waffe ; Hortfund II/68 (5 Gegenstände) aus dem Eingangsbereich zur Akropolis : Herdgerät, Werkzeug zur Metall- und Holzbearbeitung. (Paulík 1970). DANK Ein herzlicher Dank geht an die Kollegen, mit denen die Aspekte dieses Hortfundes diskutiert werden konnten, besonders an die Restauratoren S. Felten, F. Hummel und R. Lehnert sowie an die Archäologen Ch. Clausing, M. Egg und Th. Schmidts vom Römisch-Germanischen Zentralmuseum ; M. Weber und H. Jung beschäftigten sich dankenswerterweise mit den Abbildungsvorlagen, E. Bott mit dem Text. M. Berranger (Dijon) und D. Bozic (Ljubljana) danke ich für Ratschläge und die Beschaffung von Literatur, P. Jud (Bern) und O.-H. Urban (Wien) für verschiedene Hinweise. Polen 25. Wyciaze, pow. Krakow : Hortfund (5 Gegenstände) aus einer Latène-Siedlung mit : Werkzeug zur Holzbearbeitung, Gerät für die Landwirtschaft. (Rybová, Motyková 1983, 131).  BIBLIOGRAPHIE Amberger 1927 : AMBERGER (H.). — Ein spätlatènezeitlicher Fund vom Attersee. Mitteilungen der Prähistorischen Kommission Wien, 57, 1927, 206-209. des Landesmuseums für Kärnten, 1998 (Kärntner Museumschriften ; 75/Archäologische Forschungen zu den grabungen auf dem Magdalensberg ; 13). Bach 1999 : BACH (D.). — Zwei römische Hobel aus Oberüttfeld. Funktionstechnologische Betrachtungen. Trierer Zeitschrift, 62, 1999, 181-191. Egg 1996 : EGG (M.), STAWINOGA (G.). coll. — Das hallstattzeitliche Fürstengrab von Strettweg bei Judenburg in der Obersteiermark. Mayence: Römisch-Germanischen Zentralmuseum (RGZM), 1996 (Römisch-Germanisches Zentralmuseum, Monographien ; 37). Behaghel 1943 : BEHAGHEL (H.). — Die Eisenzeit im Raume des Rechtsrheinischen Schiefergebirges. Wiesbaden, 1943. 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Pour la période de La Tène nous recensons également les sites suivants : Weesen (Schindler 1996), Basel-Gasfabrik Grube 217 (Furrer 1975), Basel-Gasfabrik Grube 284 (Spichtig 1995),Yverdon-les-Bains (Brunetti 2001), Wauwil-Céramiques (Wyss 1984). L’état de la recherche sur les dépôts métalliques en Suisse est très inégal pour les deux périodes de l’âge du Fer. Pour l’époque hallstattienne nous ne disposons pas encore d’un travail synthétique ou d’un inventaire systématique. Ces dépôts sont sans doute beaucoup plus rares qu’à l’âge du Bronze, et il s’agit souvent d’objets isolés. La moitié des poignards hallstattiens connus proviennent de lacs et de fleuves (Sievers 1982), apparemment déposés volontairement. L'important dépôt d'Arbedo (Tessin) du deuxième quart du Ve s. av. J.-C. annonce déjà la transition Hallstatt final-La Tène ancienne. (Schindler 1998).  Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Âctes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne- : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 129-133 (Bibracte- ; 11). PETER JUD LES DÉPÔTS UNE CONCEPTION D'ANTIQUAIRES G. Kurz ne remet pas en question la conception traditionnelle des dépôts, créée par les administrateurs des collections archéologiques c'est-à-dire : une série d’objets, enfouit ou submergé ensemble de façon intentionnelle. Selon Kurz (1995, p. 11) même les objets isolés trouvés dans une situation topographique remarquable (dans les eaux, sur des cols, etc.) peuvent être considérés comme des dépôts. Cette notion traditionnelle des dépôts ne tient pas compte de la nature des intentions qui se trouvent à l’origine des dépositions. Toutefois, le débat sur l'intentionnalité de ces dépôts me semble incontournable, et doit être intégré dans la définition des dépôts. Si ces intentions sont les mêmes pour tous les dépôts, il est important de les décrire. Si au contraire ces intentions sont multiples, il faudrait développer des instruments scientifiques pour séparer les différentes catégories de dépôts. F. Müller (1993) a proposé une stratégie pour identifier les manifestations religieuses en archéologie afin d’établir une “phénoménologie du sacré”. À partir de contextes sacrés incontestables (sanctuaires gaulois avec continuité gallo-romaine) il faudrait définir les similitudes topographiques et les compositions de dépôts, en partant des sites et dépôts connus pour arriver à ceux qui le sont moins. À peu près la moitié des dépôts suisse enregistrés par Kurz provient de lacs, de fleuves, de sources ou de marais. Pour la plupart de ces dépôts une récupération des objets immergés était impossible, il ne s’agit donc pas de “cachettes”, mais plus vraisemblablement de dépôts votifs, liés à des cultes en rapport avec l'eau. La situation topographique des dépôts terrestres est moins évidente, et pour beaucoup d'entre eux elle reste énigmatique. Pour compléter nos connaissances sur cette question il nous faut travailler encore plus en détail sur ces dépôts. Toutefois, l'emplacement de certains dépôts terrestres laisse peu de doutes sur l’intention votive : sur le col de Splügen (Grisons) nous avons découvert un lingot de fer dans un petit lac de montagne, situé 200 m en dessus de la route du col, à près de 2 300 m d’altitude (ASSPA 46, 1957, 115). 130 1. Les catégories d’objets dans les dépôts simples et complexes. (P. Jud). En ce qui concerne les objets et leur assemblage, nous ne distinguons pas de différences entre les dépôts terrestres et ceux provenant des eaux – à l’exception des Massenfunde, dont nous parlerons par la suite. Manifestement les dépôts ont des caractéristiques particulières, et regroupent un assemblage identique d’objets (voir les catégories ill. 1). Plus de 90 % des dépôts découverts en Suisse ne contiennent que des objets métalliques, et très souvent exclusivement fabriqués à partir d'un même métal. Nous pouvons décrire ces ensembles comme des “dépôts simples”. Cependant, il faut être prudent, car la composition des dépôts peut également révéler l’effet normatif des classifications archéologiques. Dans le petit marais de Wauwil (Lucerne) fut trouvé à partir de 1882 toute une série de dépôts (Wyss 1984) : – deux monnaies en or en 1884, suivies de quelques-unes les années d'après ; – une série d’objets en fer (ill. 2) en 1896 ; – deux parties latérales d’un chenet (ill. 3) en 1904. – quelques céramiques (ill. 4) en 1932 et 1952. Parmi ces objets, seulement ceux en fer sont souvent mentionnés dans la littérature archéologique comme le dépôt de Wauwil. Les autres objets, surtout ceux en céramique, sont considérés comme des découvertes isolées. Le “dépôt” d'objets en fer qui a été découverten 1896 par les ouvriers de la tourbière, puis acheté par l’archéologue Heierli et enfin vendu au Musée national, regroupe deux catégories d’objets : les outils ou instruments et les restes de plusieurs chaudrons. Notons que cette combinaison d'objets est assez rare et peu donc paraître douteuse. LES DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES AUX ÂGES DU FER EN SUISSE : GUERRIERS, FEMMES ET ARTISANS 2. Dépôt de Wauwil (LU). Objets en fer trouvé en 1896. (D'après Wyss 1984). Les Massenfunde Les Massenfunde, expression inventée au milieu du XIXe s. pour décrire le dépôt de BernTiefenau, se distinguent des “dépôts simples” par leur complexité. Nous les appelons donc des “dépôts complexes”. Selon Kurz (1995, p. 87) les dépôts de Bern-Tiefenau, de La Tène, de Port (Wyss, Rey, Müller 2002), et de Brügg appartiennent à cette catégorie. On peut y ajouter les ensembles d’Arbedo (Tessin) et de Cornaux (Neuchâtel). Felix Müller a concentré ses recherches sur les Massenfunde qui regroupent une grande majorité d’armes (Müller, Köenig 1990). Ce dernier a pu démontrer qu’il s’agit de dépôts votifs, rassemblés dans les environs des sanctuaires (Müller, Köenig 1990, 76 ff.). La présence d’armes détermine l'interprétation sociale des dépôts qui font partie « d’un monde d'hommes de guerre et d'artisanat. Nous ne rencontrons pratiquement aucune parure féminine comparable à celles des sépultures contemporaines : pas de bracelets en verre, de chaînes de ceinture, de bagues » (Lüscher, Kaenel, Müller 1999, p. 275). Cette interprétation exige que les centaines de fibules trouvées sur le site de La Tène et dans d’autres Massenfunde appartiennent exclusivement à des porteurs masculins, une hypothèse qui ne nous semble peu convaiquante. De plus, ces grands dépôts sont caractéristiques de l'apanage féminin (Jud, à paraître). Par conséquent, il vaut mieux examiner attentivement toutes les catégories d’objets, et pas seulement les armes. En ce qui concerne la composition complexe des Massenfunde, notons qu'ils ne contiennent pas seulement un mélange de différentes catégories d’objets, mais aussi, de façon régulière, des objets non-métalliques, cas rarissime pour les “dépôts simples”. Nous nous demandons alors si cette complexité peut être expliquée par la masse d'objets réunie. Selon Zimmermann (1970, p. 74) les Massenfunde sont composés d’une série de petits “dépôts simples”, comme par exemple les dépôts d’outils découverts à La Tène, enveloppée dans un sac de cuir (Maier 1991, p. 416-417). Cette simple explication demande à être validée (ill. 1). Néanmoins, on voit très vite que la supposition de Zimmermann est erronée : les “d épôts complexes” regroupent des catégories d’objets qui ne forment jamais, ou très rarement, des “dépôts simples”. 131 PETER JUD 4. Dépôt de Wauwil (Lucerne). Dépôt de céramique (1932-1952). D'après Wyss 1984. ments, les restes d’un chaudron, des fusaïoles, des fragments de meules et de la céramique. 3. Dépôt de Wauwil (Lucerne). Chenet (1904). D'après Wyss 1984. Sanctuaires et Massenfunde Suivons donc la piste des “sanctuaires”, proposée par Müller, sans nous limiter aux sanctuaires avec beaucoup d’armes. Le petit sanctuaire rural de WaldenburgGerstelfluh se trouve proche d’un col important dans le Jura bâlois (Berger, Müller 1981). Parmi les objets de La Tène finale on remarque des fibules (parfois cassées volontairement), des parures féminines, des fragments d’armes, des outils/instru- 132 Le sanctuaire de Gütenberg-Balzers dans le Lichtenstein, utilisé pendant toute l’époque de La Tène, est plus connu que le précédent (Hild, von Merhart 1933). Le caractère votif du mobilier est confirmé par la présence de statuettes en bronze et de tôles de cliquetis typiques. Ces objets étaient déposés ensemble accompagnés de fibules, de parures en verre, de parures annuaires, et de céramique. Les parallèles entre les ensembles d’objets provenant de ces sanctuaires et des Massenfunde sont évidentes : il y a tout d'abord la variété des catégories, dont celles que nous ne trouvons pas dans les “dépôts simples”, mais aussi l’assemblage des objets métalliques et non-métalliques, et enfin la présence indéniable d'objets faisant partie de l'apanage féminin. LES DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES AUX ÂGES DU FER EN SUISSE : GUERRIERS, FEMMES ET ARTISANS cifiques, nous pourrions même constater que l’on trouve dans les sanctuaires des groupes sociaux qui n’étaient pas concernés par les rites des “dépôts simples”. Cette observation et surtout valable pour le groupe des femmes qui a laissé très peu de traces dans les “dépôts simples”. En revanche, les objets caractéristiques de l'apanage féminin, toujours présents dans les “dépôts complexes”, attestent qu'elles fréquentaient ces sanctuaires, tout en contredisant l'interprétation selon laquelle les sanctuaires étaient réservés aux “rites des guerriers”. Il est donc probable que les Massenfunde sont des ensembles de mobilier votifs issus de sanctuaires laténiens, et qu’ils appartiennent à une tradition différente que celle des “dépôts simples”, plus ancienne. La diversité de compostion de ces deux types de dépôts traduit manifestement un changement de croyances, de rites, mais aussi probablement de divinités. Si nous identifions les différentes catégories d’offrandes avec des groupes de sacrificateurs spé-  BIBLIOGRAPHIE Berger, Müller 1981 : BERGER (L.), MÜLLER (F.). — Sondierungen auf der Gerstelflue bei Waldenburg BL 1968 und 1974. Baselbieter Heimatbuch, 14, 1981, p. 9-91. 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Ainsi à Wenns, dans le Tyrol, ont été retrouvés ensemble quatre objets dépourvus de tout contexte : l’association d’une épée, d’un bouclier, d’une hache-hallebarde et d’une fibule évoque la composition d’une panoplie personnelle, correspondant à un individu (Zemmer-Planck 1992 ; Egg 2002, p. 970, fig. 4). La conservation d’éléments organiques adhérents aux fragments d’orle du bouclier indique que les objets n’ont pas subi l’action du feu. Ce détail distingue la déposition de Wenns d’une autre trouvaille, effectuée fortuitement à Förk, Förker Laas, dans la vallée du Gail en Carinthie. Pourtant la composition de ce dernier ensemble pourrait évoquer à nouveau les panoplies personnelles, correspondant à un certain nombre d’individus (au moins douze, d’après le nombre d’objets découverts : casques, épées avec leur système de fixation, pointes de lance, boucliers, quelques fibules), et l’homogénéité chronologique de la plus grande partie de ces objets (attribuables à La Tène B2) semblerait confirmer la réalité d’un dépôt effectué collectivement, et en une unique occasion, par un groupe de guerriers. Des fouilles effectuées a posteriori sur les lieux et dans l’environnement de cette découverte clandestine, n’ont, en effet, livré aucun indice se rapportant à un éventuel contexte aménagé (Fuchs 1991), ce qui devrait indiquer le dépôt isolé, plutôt que la déposition effectuée au sein d’un sanctuaire. Pourtant la plupart de ces objets portent la trace d’un contact avec la flamme, et donc les stigmates d’un probable “sacrifice” par le feu (Egg 2002, p. 968) qui les rapprocheraient plutôt des restes trouvés dans les dépôts des aires cultuelles (infra). L’interprétation la plus souvent avancée est donc celle d’un dépôt secondaire (une sorte de favissa ?) attenante à un sanctuaire (Gleirscher 2001, p. 216). En bordure de la zone alpine, dans l’extrême nord-est de l’Italie, d’autres découvertes récentes d’armes laténiennes plus ou moins erratiques ont été attribuées également à des épanchements de mobilier votif, à partir de zones cultuelles englobées dans des habitats, mais dont l’emplacement n’a pas été retrouvé : le meilleur exemple est celui du Monte Sorantri, à Raveo dans le Frioul (Villa 2001 ; Righi 2001). Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p.135-145 (Bibracte ; 11). ANNE-MARIE ADAM LES BRANDOPFERPLÄTZE (“BÛCHER VOTIF”) La notion centrale de notre réflexion est donc celle de Brandopferplätze (“bûcher votif”) : cette notion, qui ne recouvre d’ailleurs pas une réalité complètement homogène, définit la forme la plus courante d’espace religieux dans les régions alpines à l’âge du Fer. C’est une aire cultuelle dont le vestige essentiel consiste en une couche (épaisse de plusieurs dizaines de centimètres) de cendres et charbons de bois, mêlés à des céramiques très fragmentées, des ossements animaux et humains, des éléments métalliques, entiers ou fragmentaires ; l’ensemble de ce mobilier porte les traces d’un passage au feu ou au moins de proximité avec une flamme. Au-delà de cette définition globale, le contexte dans lequel s’inscrivent ces pratiques est variable : le “bûcher votif” peut être installé dans un lieu isolé, et souvent en un point remarquable du paysage, comme au sommet d’une hauteur, ou au contraire se trouver contigu à un habitat. Beaucoup de ces lieux de culte ont en commun l’absence (du moins apparente, en l’état actuel de la recherche) de structures construites, mais ce caractère n’est pas généralisable non plus, car des vestiges de bâtiments semblent accompagner certaines de ces zones de cendres et charbons. La distinction entre le “bûcher votif” et le sanctuaire (dans un sens plus architectural du terme) n’est donc pas toujours facile à opérer. Sur le plan culturel, l’aire d’extension géographique du phénomène correspond principalement aux limites de diffusion de la culture rhétique, identifiables, au second âge du Fer, à celles du “Groupe de Fritzens-Sanzeno”, entre le cours supérieur du Rhin, les Pré-alpes bavaroises et la haute vallée de l’Inn, au nord, et les confins de l’aire culturelle Vénète au sud et à l’est, en Italie nord orientale (Gleirscher 1991). Mais, plus largement, des manifestations religieuses de cette nature sont connues dans l’ensemble de la zone alpine centrale et orientale, ainsi que sur les marges du massif. Différentes catégories d'objets Les ensembles mobiliers provenant de ces zones de bûcher se caractérisent eux aussi par leur extrême variabilité : les dépôts ne comportent pas exclusivement des objets métalliques, puisque la céramique est très présente également (le plus souvent en très petits fragments), mais des quantités importantes de métal ont néanmoins été 136 déposées, et toutes les catégories fonctionnelles sont représentées. Il s’agit alors d’offrandes “par destination”, parmi lesquelles les objets de parure (perles et anneaux, bracelets, fibules) constituent souvent les séries les plus nombreuses, à côté des outils et des armes, eux-mêmes présents en proportion variable, et recouvrant, pour ce qui est des outils un large éventail de fonctions (couteaux, instruments pour le feu et la cuisson, outillage agricole, outils de métallurgistes, etc..) (exemple de Ortisei, Col de Flam, dans le Haut-Adige : PrinothFornwagner 1993). Outils et armes peuvent être brûlés, mais de façon moins systématique que dans le cas des parures, et ils sont souvent aussi moins fragmentés. Les objets à usage exclusivement votif, ou offrandes “par nature”, sont également de nature variée : plaquettes anthropomorphes, armes miniatures, notamment des “boucliers” votifs en tôle de bronze (voir par exemple le mobilier, récemment présenté, qui provient du sanctuaire du Piller Sattel, à Fließ, près de Landeck, dans le Tyrol : Tschurtschenthaler, Wein 2002, p. 657-659, fig. 10). La longue durée de fréquentation de ces aires sacrées introduit un facteur de variabilité supplémentaire, car la nature des offrandes n’est pas identique d’une période à l’autre : la principale innovation de l’époque romaine, pour les bûchers votifs, dont beaucoup perdurent après la conquête, comme pour les autres types de sanctuaires, est l’introduction massive des offrandes monétaires (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, p. 196). Le dépôt des fibules demeure aussi une pratique courante, en revanche les autres objets métalliques (armes et outils) apparaissent beaucoup moins fréquemment après la fin de l’âge du Fer. La récente publication d’une fouille conduite entre 1984 et 1986 sur le Rungger Egg, à Seis-Siusi, dans le Haut-Adige, nous permet des considérations d’ordre statistique, compte tenu de l’exhaustivité du travail de terrain. Beaucoup d’autres ensembles, en effet, comme celui de Ortisei, Col de Flam, déjà cité, résultent plus de ramassages déjà anciens, que de véritables fouilles systématiques, et ne permettent donc pas de raisonner précisément à partir des proportions respectives des différentes catégories d’objets déposés. Le tableau suivant (ill. 1) recense les résultats d’un comptage rapide, effectué à partir du catalogue présenté par P. Gleirscher (Gleirscher, DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER DANS LE NORD-EST DE L'ITALIE ET LES ALPES ORIENTALES Nothdurfter, Schubert 2002, p. 36-92) : il réunit les objets métalliques (bronze et fer),ainsi que d’autres éléments de parure, non métalliques (perles en verre), et les “amulettes”: vingt-sept astragales de différents animaux, et éventuellement les outils et éclats de silex (pour un total de vingt-quatre pièces), peut-être récupérés et recyclés comme amulettes, selon un usage fréquemment attesté, de l’âge du Fer au début de l’époque médiévale (mais plutôt, il est vrai, dans des sépultures). Enfin, le recensement inclut quelque quarantecinq poids de métier à tisser en terre cuite (les fusaïoles, en revanche, ne sont pas présentes sur le site). Il faut, bien entendu, garder à l’esprit que ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ les chiffres ici rassemblés ne résultent pas d’un comptage précis, mais sont extraits des indications (parfois imprécises sur ce point) fournies par la publication. Nous pensons toutefois qu’ils reflètent les proportions respectives des différentes catégories d’objets, et qu’ils restent donc utilisables pour une réflexion de type statistique sur les pratiques de déposition (ill. 2). Le reste des dépôts est constitué de céramique très fragmentaire et pour laquelle aucune indication de NMI n’est fournie. Ce mobilier céramique représente un poids total de 1900 kg environ et réunit les principaux types caractéristiques du groupe “Fritzens-Sanzeno”, avec une prédominance des coupes (coupes profondes à profil droit de “type Fritzens” et coupes à profil en “S” de “type Sanzeno”) et des gobelets à anse, déclinés en plusieurs séries typologiques (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, p. 111-119). Ces catégories réunies constituent environ les deux tiers de la céramique retrouvée lors des fouilles et reflètent donc une spécialisation fonctionnelle marquée, en relation avec les pratiques de consommation de boisson et/ou les libations sur le lieu sacré. Enfin, en dehors des artefacts dont les fragments ont été retrouvés dans et autour du bûcher, il faut signaler la présence de quelque 18 kg d’ossements calcinés, dont les vestiges de faune ne constituent pas l’essentiel (pour certains prélèvements, pas plus de 10 % de la masse totale des ossements), mais sont largement devancés par les restes humains, ce qui ne contribue évidemment pas à éclaircir la nature des rituels, certainement complexes et ambivalents, qui étaient pratiqués là. ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ ฀ 1. Tableau de comptage des principales catégories d'objets présentes dans le “bûcher votif” de Rungger Egg, Seis/Siusi (Haut-Adige). 2. Répartition en pourcentages des principales catégories d'objets présentes dans le “bûcher votif” de Rungger Egg, Seis/Siusi (Haut-Adige). 137 ANNE-MARIE ADAM S’il est donc tout à fait hasardeux de prétendre caractériser ces cultes, l’inventaire des catégories d’objets présentes à Rungger Egg paraît mettre en évidence, tous matériaux confondus, une prédominance numérique des dépôts qui se rattachent à la “sphère féminine”: objets de parure, ustensiles liés aux activités textiles (aiguilles à chas et poids de métier), et peut-être également une partie, au moins, des couteaux (que l’on peut interpréter comme des ustensiles de la vie domestique, mais aussi, il est vrai, comme les instruments de pratiques sacrificielles : Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, p. 86 ; et infra). La fragmentation des objets L’étude des objets métalliques a mis en évidence, comme pour les récipients, un fort taux de fragmentation pour certaines catégories de parures, notamment les bracelets et les fibules. Compte tenu de leur petite taille, cette notion de fragmentation n’est sans doute pas pertinente pour d’autres types de parures, très abondamment représentées ici, comme les anneaux. En revanche, certaines séries d’ustensiles, comme les poinçons et alênes, ainsi que l’armement, paraissent moins fragmentés. La catégorie des couteaux est représentée par quelques exemplaires entiers et un certain nombre de fragments, qui pourraient résulter, au moins en partie, de cassures volontaires. Ce processus de cassure volontaire est bien attesté, en tout cas, pour les fibules, souvent privées de leur ressort, ou brisées au niveau du pied, voire des deux côtés à la fois. Pour les fibules “Certosa” notamment, la cassure est parfois visible (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, p. 45-46) et le nombre de pieds ou d’arcs retrouvés isolés (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, pl. 22-24) n’est pas lié uniquement aux points de fragilité naturels de ce type d’objets. Pour les autres catégories de fibules, les modes de destruction sont plus variés, mais on peut noter aussi la répétition de certains gestes : par exemple, sur un groupe de fibules de “schéma La Tène moyenne”, toutes privées de leur pied (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, pl. 28). De même, des modules récurrents apparaissent pour les restes de chaînettes (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, pl. 30-31), tout comme pour les tronçons de bracelets (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, pl. 38 et 40, par exemple). 138 Stratigraphie horizontale Les différences de traitement suggèrent que tous les objets présents dans le dépôt ne jouaient certainement pas le même rôle dans le rituel. La prise en compte de la stratigraphie horizontale du gisement de Rungger Egg permet d’étudier la position de ces différentes catégories, par rapport aux limites de l’épandage de cendres et charbons qui marque le cœur du dispositif cultuel. L’analyse comparative met en évidence plusieurs cas de répartition spatiale (ill. 3) : − la céramique et les os calcinés sont présents sur l’ensemble du “bûcher”, même si la concentration particulière des fragments de récipients dans la partie méridionale de celui-ci, et non au cœur de la zone charbonneuse, distingue un peu les deux catégories et témoigne sans doute de gestes spécifiques, liés à l’emploi de la céramique dans les pratiques rituelles (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, p. 125126). − les objets de parure (les anneaux surtout, mais aussi les fibules) sont présents également dans la partie centrale de l’épandage, et répartis de façon relativement régulière. − parmi l’instrumentum, les objets touchant à ce que nous avons appelé la “sphère féminine”, c’est-à-dire ici le travail textile (poids de métier et aiguilles), se caractérisent par une moindre densité et un éparpillement plus important, mais limité également à la zone charbonneuse, avec une distribution plus ou moins régulière. − en revanche, les armes témoignent d’une répartition totalement différente : absentes du cœur de l’épandage charbonneux, elles sont regroupées sur sa périphérie sud et ouest, et présentes aussi à l’extérieur de cette zone, vers l’ouest et le nord. Les couteaux semblent caractérisés par une distribution intermédiaire entre les deux dernières catégories : analogue, pour l’essentiel, à la distribution des aiguilles, elle s’en démarque toutefois par la présence de plusieurs exemplaires en dehors de la zone de “bûcher”, vers le nord. Faut-il voir dans cette répartition, à la fois interne et externe à l’épandage charbonneux, le signe d’une ambivalence fonctionnelle des couteaux, qui peuvent être, selon leur type, liés à la sphère domestique et quotidienne, à celle de la chasse (et donc de l’armement), ou encore du sacrifice (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, p. 92) ? DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER DANS LE NORD-EST DE L'ITALIE ET LES ALPES ORIENTALES 3. Schéma de répartition spatiale de quelques catégories d'objets à Rungger Egg (d'après Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, p. 46, 66, 79, 80, 82, 126) - a : Céramique ; b : ossements calcinés ; c et d : objets liés à la parure (c : anneaux en bronze/d : fibules Certosa) ; e : poids de métier à tisser ; f : aiguilles à chas ; g : armes ; h : couteaux. 139 ANNE-MARIE ADAM La disposition particulière des armes, le fait qu’elles apparaissent en quantité limitée, par rapport à toutes les autres catégories, pourrait inciter à leur attribuer une fonction particulière dans l’aire cultuelle, autour de laquelle elles montaient peut-être “la garde”, pour en assurer symboliquement la protection (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, p. 92). LE CAS PARTICULIER DE SANZENO INTERPRÉTATIONS Si l’extrême diversité des situations, en terme de structures et de dépôts, rend, nous l’avons vue, la caractérisation de certains gisements difficile, il est quelques cas dont l’interprétation est plus ardue encore, et en tout premier lieu celui des découvertes effectuées en abondance, depuis plus d’un siècle, sur le plateau de Sanzeno, dans la Val di Non (Trentin). Les conditions particulières de l’exploration de ce site contribuent pour une large part à expliquer les difficultés que nous rencontrons à comprendre la nature même de ces découvertes. La pointe nord de la terrasse (secteur des Casalini) a connu, dès la fin du XIXe s., une intense activité de ramassage, les paysans qui exploitaient ce secteur vendant, principalement au musée d’Innsbruck, le fruit de leurs découvertes fortuites, et identifiant du même coup un certain nombre de bâtiments à murs de pierres, que F.-H.Von Wieser, alors directeur du Museum Ferdinandeum, fit figurer entre 1899 et 1901 sur un plan schématique du secteur des H Casalini (Nothdurfter 1979, p. 6, fig. 2). À la suite des brefs sondages qu’il réalisa, des fouilles régulières et plus longues, menées de façon discontinue, en 1926 par E. Ghislanzoni, puis entre 1950 et 1955 par G. Fogolari (Fogolari 1960), permirent de dresser les plans de quelques grands bâtiments, et de conforter l’idée d’une agglomération organisée et, au moins dans le secteur des Casalini, plutôt dense (Adam 2004, p. 45-47). Dans les intervalles, entre la fin du XIXe et le milieu du XXe s., un certain nombre de découvertes sporadiques affluèrent aussi dans diverses collections et, de là, au Musée de Trente. Au cours des vingt dernières années, plusieurs opérations liées à des travaux de construction ont touché surtout la partie centrale de la terrasse, et non plus les Casalini, et, si elles ont permis de confirmer l’éten- 140 due de l’habitat, organisé dès le second âge du Fer selon un schéma urbanistique, elles sont loin d’avoir livré les quantités de matériels, en particulier métalliques, produites depuis des décennies par le secteur nord, et tout à fait inhabituelles pour une zone d’habitat. La publication des objets en fer de Sanzeno par H. Nothdurfter (Nothdurfter 1979) fournit un inventaire de 1 448 pièces, où toutes les catégories d’outils et d’ustensiles sont représentées, et qui servira principalement de base à notre réflexion. Il faut y ajouter plusieurs centaines de fibules, dont la typo-chronologie couvre une longue période, du Hallstatt à l’époque romaine, d’autres parures et divers objets en bronze, dont des récipients, des ex-voto zoomorphes et anthropomorphes (avec inscriptions) et plusieurs statuettes en bronze. Une fraction au moins de cet abondant mobilier est donc incontestablement de nature cultuelle, ce qui a conduit certains auteurs à conclure à une fonction sacrée de tout ou partie des bâtiments des Casalini, et plus particulièrement au cours des dernières années, à mesure que progressait la connaissance des aires cultuelles en milieu alpin. Malgré une organisation totalement différente (notamment la présence d’un grand nombre de constructions), ce secteur de l’agglomération, par les pratiques religieuses qui s’y déroulaient, offrirait donc de fortes parentés avec les Brandopferplätze déjà évoqués, à travers l’abondance et la variété des dépôts d’objets métalliques, et également le fait que beaucoup d’entre eux présentent les stigmates d’une intense exposition au feu (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, p. 192 et 251 ; Egg 2002, p. 970 ; Nothdurfter 2002, p. 1131-1 136). Par rapport aux “bûchers votifs”, on note toutefois deux différences qui peuvent avoir leur importance : d’une part, les traces d’exposition au feu sur les objets métalliques ne sont pas systématiques ; elles concernent surtout certains lots d’objets en bronze et de façon plus occasionnelle l’instrumentum en fer. D’autre part, la quantité de céramiques retrouvées au cours des fouilles est faible, selon les relations publiées. Pour toutes les découvertes anciennes, les données nous manquent, quant à d’éventuels regroupements d’objets, et quant à leur situation à l’intérieur ou éventuellement à l’extérieur de bâtiments. Mais il n’apparaît pas, en tout cas, d’après les sources dont nous pouvons disposer (et qui ont été à plusieurs reprises relues par H. Nothdurfter : DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER DANS LE NORD-EST DE L'ITALIE ET LES ALPES ORIENTALES Nothdurfter 1979, p. 4-7 et 2002, p. 1132), que la grosse masse des objets découverts ait concerné seulement des endroits précis, que l’on pourrait considérer comme des lieux de culte à l’intérieur d’un habitat. On a plutôt l’impression que cette abondance de matériels se trouvait assez largement répartie dans les vingt-neuf bâtiments repérés depuis la fin du XIXe ., et que, par exemple, les quatre pièces contiguës, fouillées dans les années 1950 étaient toutes richement pourvues. En revanche, il semble que le lot des ex-voto inscrits, trouvés de façon fortuite à plusieurs reprises entre 1947 et 1949, provienne, lui, d’un seul et même endroit, qui se situe un peu au nord des grandes maisons fouillées par G. Fogolari, et où cette dernière propose de localiser un petit sanctuaire (Fogolari 1960, p. 297-303 ; Fogolari 1975, p. 150-151). Les fouilles de G. Fogolari ont fait l’objet d’une description en apparence plus précise que les interventions antérieures. Malheureusement, l’interprétation des stratigraphies présentées est difficile et ne permet pas de résoudre la question de la fonction des pièces ou du rôle des objets qui y ont été découverts partout en grand nombre. Pour la partie nord de la zone de fouille (bâtiments A, C, D, ill. 4), sont décrits trois niveaux, entre l’humus et le sol en argile battue : immédiatement sous l’humus, une couche de destruction de l’habitat (avec décombres de murs et poutres calcinées), puis un niveau de terre plus noire qui comporte l’essentiel du mobilier, enfin une fine couche “brûlée”. Dans la pièce H (ill. 4), ont été repérés deux niveaux de terre noire, riches en mobilier métallique, séparés par un remblai ou couche de destruction. La liste détaillée du matériel provenant de chaque espace, avec l’indication précise de sa localisation sur le plan général (ill. 4), n'est pas d’un grand secours pour comprendre le fonctionnement de ces pièces, même si on remarque que certains groupes d’objets semblent avoir été trouvés le long des parois. Dans l’angle méridional de l’espace C, ont été retrouvées des quantités importantes de céréales carbonisées. 4. Sanzeno (Trentin), Casalini : Plan de fouilles de G. Fogolari, avec emplacement du mobilier (d'après Fogolari 1960, ta. A). 141 ANNE-MARIE ADAM Lors des fouilles précédentes (dans un secteur immédiatement adjacent, côté sud), E. Ghislanzoni signale, quant à lui, quelques indices d’activité métallurgique (Ghislanzoni 1931, p. 469). À la lecture de ces comptes rendus de fouilles, rien ne permet donc d’aller au-delà de l’interprétation proposée successivement par les responsables des fouilles : celle d’un habitat d’une richesse inusitée, dont les maisons, conformes par leur aspect à ce que l’on connaît, par ailleurs, de l’architecture domestique en milieu rhétique (sur ce point, également : Migliavacca 1993), ont connu deux, voire trois phases de (re)construction, à la suite d’une destruction violente par le feu. Un mobilier varié Il est donc plus prudent de reconnaître que nous sommes, à propos de ce site, dans une impasse et que nous devons prendre acte du caractère exceptionnel de ces découvertes métalliques, sans pouvoir expliquer de façon totalement satisfaisante leur présence. L’échantillonnage des outils correspond à tous les types d’activité : on trouve ainsi des instruments divers pour le travail de la pierre, du cuir, du bois (environ quatre-vingt pièces), des métaux (environ cinquante), une centaine d’outils agricoles, des pièces de harnachement et de charronnerie, des ustensiles pour la cuisson et le feu (vingt-quatre broches à rôtir, sept fourchettes, etc.), et toutes sortes d’éléments de quincaillerie. En dehors du problème posé par leur nombre, tous ces objets trouvent naturellement leur place dans une agglomération. Ils résultent certainement, pour une grande partie d’entre eux, d’une production régionale, voire locale (Nothdurfter 1979, p. 98-103 ; Gleirscher, Nothdurfter 1992), mais il est vrai que cela n’indique rien quant à leur destination finale, dans le cadre d’un habitat ou d’un ensemble cultuel. Le nombre important des pièces d’armement est, certes, plus troublant, puisque le site a fourni 35 pointes, de lance ou pilum, et 20 talons, 6 épées laténiennes au minimum et un gladius romain, une dizaine de casques de type Negau et à bouton, et trois fragments de boucliers (dont un umbo de “type Mokronog”). 142 Parmi les casques, un exemplaire à bouton a conservé, fixé dans son couvre-nuque, un clou de suspension (Nothdurfter 1979, n° 1275, pl. 76) : il a probablement terminé accroché à une paroi, et on a proposé de le placer dans la catégorie des “trophées”. Mais, même dans ce cas, l’appartenance finale à un sanctuaire n’est peut-être pas la seule hypothèse envisageable (Egg 2002, p. 970-971). Plusieurs entraves (et serrures d’entraves) constituent aussi des objets rares dans un habitat ordinaire (Nothdurfter 1979, n° 1282-1289, pl. 77-78). Pourtant, elles ne sont pas totalement inconnues dans des fermes ou des agglomérations, par exemple en Gaule, à la fin de l’âge du Fer, et ne paraissent pas non plus entretenir une relation privilégiée avec des zones cultuelles. Enfin, une catégorie bien représentée parmi ce mobilier est celle des grandes clés en arc de cercle, que l’on dénomme justement “clés de type Sanzeno” (ill. 5). Quarante-deux exemplaires ont été retrouvés sur le site, dont cinq en bronze et un modèle réduit, en bronze également. La fonction cultuelle, ou du moins symbolique, de ces clés a été reconnue par la plupart des auteurs et réexaminée en détail par H. Nothdurfter (Nothdurfter 2002), qui propose d’associer aux clés elles-mêmes de courtes tiges en bois de cerf, légèrement arquées et souvent gravées d’une inscription, considérées comme des imitations de poignées de clé (ill. 6). Ces pièces en bois de cervidé, dont une dizaine a été trouvée à Sanzeno, se rapprochent, en tout cas, par leur forme, de certaines poignées métalliques (ill. 5a) et des garnitures en os (ou bois) qui complétaient les clés métalliques et qui sont parfois conservées (ill. 5b et d). L'exemple de Montesei di Serso L’association entre clés de métal et bois de cerf inscrits se retrouve sur d’autres sites de la région, par exemple dans l’habitat de hauteur de Montesei di Serso (commune de Pergine Valsugana, à l’est de Trente). Dans l’une des maisons de la terrasse supérieure, a été découvert une dizaine de ces ex-voto et deux clés, mais aussi une série d’autres objets métalliques (une épée, une houe, un chenet, plusieurs poignées en fer et des fibules), ainsi que des galets gravés de signes, auxquels on attribue un usage divinatoire (Perini 1978, p. 58-59 et 71-80). DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER DANS LE NORD-EST DE L'ITALIE ET LES ALPES ORIENTALES 5. Clés de “type Sanzeno” (d'après Nothdurfter 1979, pl. 54 et 59 et Preistoria Alpina, 17, 1981, p. 40). a : Clé à poignée tubulaire métallique (de Sanzeno) ; b : poignée de clé en os (de Sanzeno) ; c et d : Clés à poignée rapportée, os ou bois de cerf de Sanzeno et Rotzo. 143 ANNE-MARIE ADAM p. 245 ; Nothdurfter 2002, p. 1139). On constate en tout cas que, sur le plan architectural, elle se démarque des bâtiments voisins, par sa taille et la complexité de son plan. Nature du site des Casalini ? Ces parallèles ont incité H. Nothdurfter (Nothdurfter 2002, p. 1136 et 1143), après plusieurs autres, à affirmer le caractère sacré des bâtiments de Sanzeno (alors qu’il avait interprété les vestiges des Casalini comme ceux d’un habitat, dans sa publication de 1979). Il nous propose ainsi la vision d’une succession de lieux de culte ou “trésors” (Schatzhäuser), alternant avec d’autres constructions, vouées aux services du sanctuaire, notamment des ateliers où l’on fabriquait les ex-voto. Faut-il retenir cette image quelque peu “delphienne” du fonctionnement d’un site, qui aurait comporté aussi, de toute façon, une agglomération, contiguë à la zone sacrée, comme l’ont montré les fouilles des autres secteurs de la terrasse ? 6. Ex-voto inscrits en bois de cervidé (symbolisant des poignées de clé ?). Provenance : Magrè ; d'après Fogolari 1975, pl. 96, sans échelle). Compte tenu de l’aspect architectural de la zone des Casalini,de l’intégration de ces bâtiments, par leur orientation, dans la trame de l’habitat, il est sans doute préférable de ne pas dénier tout à fait à ce quartier une fonction résidentielle. Mais on peut supposer que l’habitat y était réservé à une certaine couche de la population, qui exerçait là des prérogatives économiques, politiques (et sans doute religieuses), en accord avec son statut aristocratique. La “consommation”, réelle et symbolique, d’abondantes quantités de métal trouve parfaitement sa place dans ce cadre. À l’extérieur de ce bâtiment, une zone de cendres et charbons de bois, riche en fragments de céramique, évoque des célébrations rituelles proches de celles pratiquées sur les Brandopferplätze. La “maison 2” de Montesei est donc le plus souvent interprétée comme un bâtiment à fonction particulière, communautaire et/ou cultuelle (Gleirscher, Nothdurfter, Schubert 2002, n° 126,  144 DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER DANS LE NORD-EST DE L'ITALIE ET LES ALPES ORIENTALES BIBLIOGRAPHIE Adam 2004 : ADAM (A.-M.). — L’habitat en zone rhétique. In : AGUSTA-BOULAROT (S.), LAFON (X.) dir. — Des Ibères aux Vénètes. Rome : École française de Rome, 2004, p. 39-50 (Collection de l’École française de Rome [EFR] ; 328). Migliavacca 1993 : MIGLIAVACCA (M.). — Lo spazio domestico nell’Età del Ferro. Tecnologia edilizia e aree di attività tra VII e I secolo a.C. in una porzione dell’arco alpino orientale. Preistoria Alpina, 29, 1993, p. 5-161. Egg 2002 : EGG (M.). — Eisenzeitliche Waffenweihungen im mittleren Alpenraum. In : Kult der Vorzeit in den Alpen. Opfergaben-Opferplätze-Opferbrauchtum. Bolzano, 2002, p. 961-984 (Schriftenreihe der Arbeitsgemeinschaft Alpenländer). 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It has long been apparent that the surviving assemblage of British Iron Age ironwork is highly selective and conditioned by the infrequency with which iron entered the record during much of the period (Manning 1981). Paradoxically, whilst the onset of the Iron Age is marked by the abrupt cessation of largescale bronze hoarding in the decades just before and after 800 BC and by concomitant changes in the settlement pattern and material culture (Needham 2005), these developments do not coincide with the commencement of large-scale iron deposition. Indeed, but for a certain number of late Hallstatt and early La Tène weapons found in the Thames and other rivers in eastern England and the occurrence of smithing slag on settlement sites, there is remarkably little evidence for the introduction of the new metal for another five centuries. The chronological focus of our study reflects this ; almost all the material with which we are concerned here belongs to the later Iron Age, as the period from the 4th or 3rd century BC to the mid 1st century AD is usually termed, although we will also include a small number of large ironwork hoards deposited in southern Scotland after the Romans had permanently occupied southern Britain. Ironwork deposition continues during the early Roman period in Britain, although the contexts in which objects were deposited often differed from those used during the Iron Age (Hingley forthcoming). In keeping with recent research on Iron Age Britain, we subscribe to the idea that much of the Iron Age metalwork found on settlements and elsewhere was deliberately deposited for what we might loosely call ritual or religious motives ; the proportion lost accidentally was possibly quite small (Gwilt, Haselgrove 1997 ; Haselgrove et al. 2001 ; Hill 1995 ; Hingley 1990). This is apparent both from the contexts in which the material is found, and from the structured character of the individual deposits. It follows that demonstrating that objects of a specific type or made in a particular raw material – in this case, iron – were treated in broadly equivalent ways over a wide area may bring us closer to uncovering the structuring principles underlying such depositional practices, whilst the exact nature of the similarities and differences that existed between regional communities may well provide us with further insights into the existence of any core religious beliefs or ideology uniting different Iron Age societies. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 147-163 (Bibracte ; 11). COLIN HASELGROVE, RICHARD HINGLEY In this paper, we will focus first on the hoarding of iron “currency bars” as this has recently been the subject of a comprehensive study by one of us (Hingley 1990 ; 2005). We will then examine other types of ironwork deposit in more detail, not just those recognised as hoards but groups of iron objects of any kind found together in a particular archaeological context. We will also consider individual and small-scale finds of iron on settlements, as these seem us an integral part of the overall picture (see Hingley forthcoming for additional discussion). The paper concludes with a discussion of the significance of iron deposition in Iron Age Britain, and what this suggests about the underlying meaning and significance of this metal to its users. First, however, we need to explain the methodology that we have followed. METHODOLOGY We should emphasise that the information used in this study is partial. It has been collected from both published and unpublished sources, both by us and by others, and at least in some cases in the course of research directed to other ends. In the case of larger collections of Iron Age ironwork, we believe that our data set is fairly comprehensive, and we have directed our systematic analysis primarily to that material in the expectation that the patterns thus uncovered will be reasonably robust. We have not attempted to deal with single finds or small deposits in the same way, as there is simply too much material. In order to circumvent this issue and as a convenient cut-off for the purposes of this paper, we have therefore adopted a minimum of five associated iron objects to qualify as a “group”. This raises a series of conceptual and practical problems. As several authors point out, the distinction between a single object and larger groups of finds is often entirely arbitrary (Fitzpatrick 1984 ; Haselgrove 1987 ; Hingley 1990). For instance, both in Britain and on the Continent, it is clear that many single gold coins, or groups of two or three coins, display the same depositional patterns as the much larger collections of coins for which the term “hoard” is habitually reserved (Haselgrove 1987). Rather, these form a continuum, in which – as we might expect – small groups and single coins 148 far outnumber larger deposits, which are altogether less common. An individual object may represent a “hoard” then, just as much as a group of similar objects, depending on the context and the motives behind their deposition ; and this evidently applies as much to other potentially valuable items such as torcs or iron currency bars, swords or ploughshares, as it does to coins. Size is relevant only inasmuch as the larger deposits, unsurprisingly, are more variable in composition, and tend to be selected for special attention in a way that smaller finds are not. A further difficulty arises that, whilst with some “closed” groups and “hoards” we can be fairly sure of their original size and composition (e.g. objects placed in a cauldron or coins in a hollow flint), this is usually not the case. Much of our material derives from older excavations and casual finds that were, at best, indifferently recorded, leaving open the possibility that further objects were missed, or their stratigraphic context (if any) misunderstood. How in the absence of detailed records, for instance, do we distinguish a deposit of five objects placed together in a pit from a group of five artefacts that have become accidentally associated, or be certain whether a stray find of three objects is complete or came from a larger group of which the rest was not recovered ? Even in the case of well-recorded information, post depositional factors may also have led objects to become scattered and disassociated. As we shall see below, the fact that many single finds and small deposits of iron objects display the same tendencies as larger deposits provides our best justification for arbitrarily adopting a minimum group size for systematic study as a way of reducing what would otherwise be an enormous data set to manageable proportions. As an extreme example of the difficulties posed by the poor quality of much older data, we can contrast the large ironwork collections recovered in uncontrolled XIXth century investigations at hillforts like Bigberry (Kent) or Hunsbury (Northamptonshire) with the equally substantial assemblage of ironwork recovered through the controlled excavation of just over half the interior of the hillfort at Danebury (Hampshire). At the first two sites, we do not know what was found together, but the quality and quantity of material has led most scholars to assume that the majority of objects came from one or more hoards. However at Danebury, a significant proportion of the ironwork was actually found singly, although IRON DEPOSITION AND ITS SIGNIFICANCE IN PRE-ROMAN BRITAIN there are also some larger deposits (Cunliffe, Poole 1991 ; note 1). Despite most of the Danebury objects occurring singly, the artefacts themselves appear to be highly structured to certain areas of the sites and particular types of features (see below). Both for this reason, and because for many people the term “hoard” encompasses ideas of concealment for safekeeping and eventual recovery that may well be inappropriate to the Iron Age, we will avoid using the word here. The context of many Iron Age metalwork ‘hoards’ (e.g. bogs, rivers, storage pits) and/or treatment meted out to them before burial (e.g. deliberate breakage, bending, cut marks) strongly suggests that they were never intended to be recovered, although in other cases there is greater ambiguity (from an Anglophone perspective, the French word ‘depot’ seems much less value-laden with regard to the motivation of the depositor(s) and thus much better suited to Iron Age studies, although in practice it often has the same overtones as “hoard”). In a similar vein, we need to be aware that some such deposits of ironwork were evidently formed at a single point in time, whilst others may represent collections that accumulated over longer periods as a result of repeated acts of deposition. Equally, groups deposited at a specific point in time can include curated objects of some antiquity, although few can compete with the find of more than 500 bronze objects covering the whole of the Bronze Age and much of the Iron Age (including many miniature shields and cauldrons) placed in the top of a later Iron Age storage pit at Netherhampton, near Salisbury (Stead 1998). In all cases, what seems to us most important is where similar groups of objects, however formed, display a clear tendency to occur at certain types of site or in particular locations within them or within the wider landscape. In this paper, we will generally use the term “multiple deposit” for instances of five or more pieces of Iron Age ironwork found together, as this seems to us better to encompass a variety of formation processes.Two further caveats are nevertheless required. Genuine hoards may sometimes have been deliberately dispersed when buried, or after burial, making them difficult or impossible now to reconstruct as such. Conversely, even where detailed records exist, some supposed “groups” of objects may owe more to the perspective of the modern analyst than to any past reality, particularly in the case of finds dispersed through different layers of the same pit. It is also conceivable that some antiquarian discoveries were embellished or even assembled by collectors using artefacts from a variety of sources. We do not however believe that such problems are likely to apply in enough cases to distort the more general patterns adduced here, particularly where iron is concerned. Any collections where there is serious doubt over the integrity of the material have been excluded from consideration Finally, we may note one potentially significant category of evidence not specifically discussed here : the presence of iron in burials.Accompanied burials are rare in Iron Age Britain, and those that do occur are almost all of later Iron Age date and largely confined to East Yorkshire and southern England (Whimster 1981). This lack of burials dating between the 8th and 5th centuries BC provides one of the main reasons why there is so little evidence for early iron objects in Britain compared to many areas of continental Europe. A mere 64 Iron Age burials are known containing weapons (Hunter 2005) and even fewer British burials have substantial inventories of iron objects. Nevertheless, the occasional presence of iron grave goods should not to be overlooked, if for no other reason that in certain regions and periods of European prehistory, it seems likely that the deposition of valuable objects in burials functioned as an alternative to their ritual consumption in hoards or watery places (e.g. Bradley 1991 ; Dieepeveen-Jansen 2005 ; Fontijn, Fokkens 2005). CURRENCY BARS Over the past forty years, there have been a number of studies of British Iron Age “currency bars” (Allen 1967 ; Crew 1994 ; 1995 ; Hingley 1990 ; 2005). The British examples are part of a wider European phenomenon, with other kinds of bars being found in several other countries including France, Germany and Greece (Berranger this volume ; Mangin 1994 ; Orengo 2003). We suspect, however, that the surviving distribution of these objects in time and space, which is relatively uneven, actually indicates when and where Iron Age cultural practices favoured the incorporation of whole or cut iron bars in the record ; similar bars were probably used just as extensively in many regions where there are few or no archaeological 149 COLIN HASELGROVE, RICHARD HINGLEY finds (see the discussion by Hingley 1990 of the evidence for gaps in the distribution in Britain). The function of such bars has been extensively debated, previous suggestions ranging from a form of primitive currency to standardised ingots for metalworking. Current opinion in Britain favours their interpretation as one kind of trade iron alongside other forms such as hooked billets (Crew 1994 ; 1995), but for simplicity we will retain the established term ‘currency bar’ here. In Britain,iron currency bars occur primarily in an arc running from Wessex up into the Severn-Cotswolds region and across to the south-east Midlands, with a thin scatter of finds around the margins of this zone and in the rest of south-east England (ill.1). Further to the north and west, there have been hardly any finds : one from Wales ; one from northern England ; and none in Scotland. All told, a total of 69 deposits containing bars are known from 56 separate locations, amounting to at least 1579 bars (Hingley 2005, p. 191 ; note 2). Although the records do not always permit certainty, a majority of these appear to have been small deposits containing less than five bars (60,1 %) ; conversely only five finds (7,3 %) contained more than 100 bars.These larger finds are all in the SevernCotswold region. The majority of deposits seem to date between the 3rd and 1st centuries BC, but a few are apparently later, perhaps even of Roman date (Hingley 2005, p. 185-186 ; forthcoming). Allen’s (1967) fourfold classification of the British series into sword-shaped, spit-shaped, ploughshare and leaf-shaped types now appears a considerable over-simplification. Crew (1994) has distinguished at least 20 different varieties of bar, which he argues were the product of different regional workshops, a view supported by the limited chemical and metallographic analysis that has been undertaken (Hedges, Salter 1979). The wide variety of forms and weights also militates against the older view that the bars operated as part of a single, unified system. It remains true however that most varieties of “currency bar” were based on one of two main models – the sword and the plough. In the case of the first group, which are slightly tapered and have a tang, the use of the sword as a model was essentially symbolic (Hingley 1997). The form of the latter group derives from the standard Iron 1. The distribution of Iron Age currency bar hoards in Britain (after Hingley 2005). 150 IRON DEPOSITION AND ITS SIGNIFICANCE IN PRE-ROMAN BRITAIN Age plough-share, but whilst some plough-share bars are certainly too long to have been effective for ploughing and must have been purely representational (Hingley 1990), the distinction is not a hard and fast one ; some bars may even have been mistaken for actual plough-shares in the past (Allen 1967). Each main group thus displays a conceptual link to activities that were potentially central to the ideology and beliefs of Iron Age peoples – agriculture and warfare – a theme to which we will return below. An examination of the depositional context of the British bars reveals two separate distributions (Hingley 1990 ; 2005). In the first of these geographical zones, which effectively corresponds to Wessex and the Severn-Cotswolds region, most of the finds of “currency bars” are from settlements (ill.1). This zone also has the densest concentration of finds, and, as we have seen, includes all the largest hoards. With one exception, the settlement finds from this region are from enclosed sites, most coming from the large elevated enclosures generally known as hillforts, including Danebury and other major examples such as Bredon Hill (Hereford and Worcestershire), Cadbury Castle and Ham Hill (both Somerset) and Hod Hill (Dorset). Around this “core” zone, currency bars tend to occur in a wider variety of locations, but now including a few settlements and with a certain emphasis on wet places, especially eastflowing rivers like the Thames and the Witham known for their many finds of Iron Age weaponry and martial equipment (Fitzpatrick 1984 ; Bradley 1991). This division between the core zone and elsewhere is apparent in the frequencies of finds in different types of context (ill. 2). All finds of currency bars are shown, but if the histogram were limited to groups of five or more objects, the overall frequencies would be hardly affected. Hillforts are easily the commonest type of findspot, and represent an even higher proportion by number of bars. This is particularly evident when they are compared to the smaller settlements, where the individual deposits are typically smaller. Outside the core zone,apart from rivers,the provenances include other kinds of “natural” location such as rocky clefts, caves and a former lake (Llyn Cerrig Bach, Anglesey), but also culturally significant contexts such as a burial (Winster, Derbyshire) ; a burial mound (Crawley, Hampshire) ; and a pit-alignment (Gretton, Northamptonshire). Given the abundant evidence we possess for natural locations having had a religious significance for Iron Age societies, we may reasonably conclude that in this second zone, “currency bars” were mostly votive offerings at sacred sites of one form or another. Formal temples appear in Britain only at the very end of the Iron Age and the fact that the only definite find of a currency bar from a cult site is from the same zone – comprising fragments of two bars from the late Iron Age shrine at Hayling Island (Hampshire), which is itself highly unusual on account of its early date and strong Continental affinities – should almost certainly be seen as the exception that proves the rule. Whilst the currency bars from the core zone are virtually all from enclosed settlements, a closer look at the contexts of the individual deposits suggests that they, too, were mostly ritually deposited. Where the detailed provenance is known, the vast majority of settlement finds are actually from the immediate vicinity of the enclosing earthworks, whether within the ditch, from a pit in the bank, or simply near the boundary (Hingley 1990). The symbolic and ritual significance of boundaries is well known, whether natural features like bogs and caves and rivers, or cultural ones such as ramparts and ditches. This being so, votive acts connected with the well-being of a community would seem to provide the simplest explanation for the repeated deposition of valuable and symbolically-charged objects like currency bars on or near settlement boundaries. There is nothing to suggest that deposits were meant to be recovered and it may be relevant that the only currency bars from settlements outside the core zone are also from boundary ditches (Hingley 2005, p. 191). OTHER LARGER GROUPS OF IRONWORK Having argued that currency bar deposits in Iron Age Britain were predominantly of a votive character, albeit where the exact nature of the rituals in which they were incorporated differs depending on the region, we will now examine large finds of other kinds of ironwork. Unlike currency bars, these have not been not been systemically studied for some decades. The most recent inventory is that of Manning (1972), who lists nine ironwork “hoards” of Iron Age date, plus three belonging to Conquest period, 151 COLIN HASELGROVE, RICHARD HINGLEY 2. Percentage of Iron Age currency bar hoards found in different types of context (a) by number of deposits and (b) by number of bars (C. Haselgrove). 3. The distribution of large Iron Age ironwork deposits in Britain. (For key to sites, see Appendix). (Map C. Haselgrove). 152 IRON DEPOSITION AND ITS SIGNIFICANCE IN PRE-ROMAN BRITAIN and three early Roman Iron Age deposits from southern Scotland, which contain both native and Roman ironwork, giving a total of 15. Manning (1981) favoured a Roman origin for these Scottish hoards, linked to the presence of the Roman army in the region, but recent opinion sees them as more probably deposited by the indigenous inhabitants (Hunter 1997, p. 116, n° 7), on which basis we have included them here. All told, 52 multiple deposits of Iron Age ironwork can now listed from Britain, a more than threefold increase (note 3). The primary reason for this has been the increased number and scale of excavations over the last 30 years, but three other factors have contributed. One is metal detecting. Another is the lower size threshold we have adopted, since – although Manning (1972) does not actually define his use of the term “hoard” – he was essentially concerned with larger groups. Third but not least, adopting a more general definition has inclined us to retain a number of finds that Manning excluded, such as the so-called “massacre” deposits found at hillforts like Bredon Hill (Hencken 1938), Cadbury Castle (Barrett et al. 2000) or Spettisbury, Wiltshire (Gresham 1939), where quantities of weaponry and personal artefacts are mixed with human remains. A full list of larger ironwork deposits may be found in the Appendix, along with references. All told, we appear to have a full inventory of two-fifths of the relevant finds (40,4 %), and a potentially complete one for another ten deposits (19,2 %). Unfortunately, whereas we know that currency bars were often buried in bundles (Hingley 2005), we are poorly informed about how the artefacts in most ironwork finds were deposited in relation to one another,even those that were contained in cauldrons, as at Santon Downham, Norfolk, or Blackburn Mill, Borders, and Carlingwark Loch, Dumfries and Galloway. A wide variety of objects are represented, especially weapons, tools and domestic objects, as we will see from the more detailed analysis presented below. As a rule, deposits – even quite small ones – contain more than one category of ironwork (84,6 %), whilst at least three-fifths included objects made from other materials (59,6 %), particularly bronze. As with currency bar hoards (Hingley 2005), some groups include items that had clearly been deliberately damaged before burial, whilst many more are broken ; indeed, where deposits are more or less intact and detailed studies have been conducted, it is not unheard of for a majority of artefacts to be broken, as in the three southern Scottish hoards (Hunter 1997, fig. 12.4). In other cases, however, the objects were in good condition when buried and not obviously worn. The overall distribution of Iron Age ironwork deposits is shown in Figure 3 (ill.3). As can be seen, there are close similarities to the distribution of currency bars. All told, the 52 deposits derive from 39 different locations, but finds once again concentrate in Wessex and the Severn-Cotswolds, with a lesser scatter to either side of this region. The main difference is that this time there are finds north of the Humber, an extension that is chronological as well as geographical. Many of the key trends are already apparent on the maps plotted by Manning (1972, fig. 2-3), who noted how Iron Age and Conquest period ironwork hoards focus on southern England, whereas those of later first to mid 2nd century AD date are in north central Britain, a phenomenon which seems to be partly – although, as we have already seen, probably not entirely – connected with Roman military activity. The similarity in the depositional treatment meted out to different forms of Iron Age ironwork becomes even clearer when we look at the types of findspot are considered. Almost all of the finds from Wessex and the Severn-Cotswolds are from enclosed settlements - hillforts and, in smaller numbers, less substantial enclosed settlements. Of the remainder, two are from caves, whilst one is from a ditch that predates the Roman temple at Uley (Gloucestershire) and encloses a possible late Iron Age shrine. Outside the core zone, finds from naturally significant locations predominate, particularly rivers and lakes or bogs (ill. 4), and deposits come from a wider variety of locations, including the pre-Roman shrines at Harlow (Essex) and Hayling Island, whilst finds at enclosed settlements outnumber those at hillforts. Multiple deposits are restricted to hillforts, which weights the overall pattern even more towards the core zone (although in this respect, we should remember that the two hillforts outside the core region, Bigberry and Hunsbury, probably both possessed multiple deposits which are only counted once in the overall histogram, owing to lack of information). As Figure 4 shows, there are some minor differences from currency bars, notably the greater proportion of finds from enclosed settlements – which reflects the greater chronological 153 COLIN HASELGROVE, RICHARD HINGLEY 4. Percentage of Iron Age ironwork deposits found in different types of context (a) by number of sites and (b) by number of deposits (C. Haselgrove). and geographical spread of other ironwork finds – and an avoidance of certain types of location used for depositing currency bars, such as rocks and pit alignments, but not others such as caves, which is not so easy to explain. Whether inside or outside the core zone, a majority of site finds come from liminal contexts, implying that many of them were ritually motivated deposits. Pits represent the commonest provenance, whether specially dug or reused from some other purpose ; they are followed some way behind by ironwork from ditches and from layers that formed in various places (ill. 5a). A similar trend is apparent with regard to the location of iron-rich contexts within sites (ill. 5b). A majority of the larger ironwork finds come from settlement boundaries or entrances, or, as in the case of Danebury, from pits within structures that stood just behind the ramparts. Within the overall pattern, however, there are indications of a degree of change through time. A majority of the finds in pits were buried in the 3rd or 2nd centuries BC, reflecting the central role of structured deposition on hillforts at this period (Cunliffe 1995 ; Hill 1995 ; Hamilton 1998).In the 1st centuries BC and AD, the emphasis on liminal contexts continued, but more finds now come from enclosure ditches and from specific areas of the site, such as entrances. 154 A similar phenomenon is apparent at the pre-Roman shrines of Harlow, Hayling Island, and Uley, where offerings of ironwork and other items are concentrated in front of and to the left of the cult focus (Haselgrove 2005 ; King, Soffe 2001). The finds of weaponry and other objects on sites L and Q at Maiden Castle,Dorset (Wheeler 1943) may well represent another example of this practice, lying as they do over a Neolithic burial mound, and to the south-east of a circular building of unknown function and the later Romano-Celtic temple (note 4). The dichotomy between the core zone and other areas extends to the overall chronology of ironwork deposits (ill. 6). Where deposits are longlived, the likely terminal date has been used, whilst many groups can only be approximately dated due to a lack of diagnostic artefacts and/or uncertainties about the original composition. Even so, it is apparent that in the core zone, the main period of deposition was between the 3rd and early 1st centuries BC, with numbers falling away quite sharply in the final century of the Iron Age. This coincides with the end of the intensive hillfort occupation in Wessex and the Severn-Cotswolds, although some sites clearly remained a focus for certain kinds of activity, often including metalworking, especially Maiden Castle (Sharples 1991, p. 243, n° 4). Around the mid 1st century AD, however, the number of deposits increases again, reflecting a resurgence IRON DEPOSITION AND ITS SIGNIFICANCE IN PRE-ROMAN BRITAIN 5. The contexts of Iron Age ironwork finds on settlements A. by feature type B. by location within site (C. Haselgrove). of ironwork deposition in hillforts. As we have already seen, these new multiple deposits tend to be quite different in character from before ; rather than being discrete deposits of largely intact items, many of them probably accumulated over a period of time and much of the material is damaged and/ or deliberately broken. Most complex of all are the weapon-rich deposits from the gateways to hillforts like Cadbury Castle and Maiden Castle. These undoubtedly reflect a range of formation processes and their precise character consequently differs from site to site, but certainly included the deliberate deposition of weapons (Barrett et al. 2000, p. 105-132). Outside the core zone, however, we see a gradual increase in iron deposition over time. The 6. Percentage of large Iron Age ironwork deposits in Britain by chronological period (a) in the core zone and (b) elsewhere (C. Haselgrove). earliest deposits – earlier than any of those in the core zone – are from around the edges of the Fens in eastern England, at Fiskerton, Lincolnshire, and Flag Fen, Cambridgeshire. Along with a later find from Orton Meadow, Cambridgeshire, these relatively small deposits are probably little more than a variant on the existing tradition of late Hallstatt and early La Tène weapon offerings in the major rivers of eastern England (Fitzpatrick 1984). Similar practices may already have existed in others areas as well, since radiocarbon dates on animal bone associated with the famous metalwork find at Llyn Cerrig Bach in Anglesey imply that deposition in the lake started in the mid first millennium BC (Hedges et al. 1998) even though the bulk of the objects belong to the final centuries of the Iron Age. The iron finds from the outlying hillforts at Bigberry and Hunsbury seem to be broadly contemporary with the main Wessex hillforts, although at both sites they include elements that might relate to a secondary phase of deposition in the 1st century AD, analogous to that seen in the core zone. From the 1st century BC onwards, ironwork is deposited on a wider range of sites, including the shrines at Harlow and Hayling Island, and another possible cult site at Essendon, Hertfordshire. These three sites have all produced large numbers of Iron Age coins, which were now regularly used as offerings in south-east England and – from a slight later date – throughout the former core zone of iron deposition (Haselgrove 2005). As in Wessex, the latest ironwork deposits in south-east England appear to belong to the period just after the Roman invasion, at which point they disappear for a couple of centuries, only to resume again in the later Roman period (Manning 1972). 155 COLIN HASELGROVE, RICHARD HINGLEY Sizeable ironwork deposits do not seem occur north of the River Humber until the 1st century AD, probably initially in northern England, as at Embleton, Cumbria, or South Cave, Humberside ; and then slightly later in southern Scotland. In both areas, the relevant finds are best seen as a development of an existing regional traditions of object deposition which can be traced back at least a century before the Roman invasion of southern Britain, if not longer (Hunter 1997). Thus in northern England, there is a strong emphasis on weaponry and – apart from the major XIXth century find at Melsonby, North Yorkshire, close to the “oppidum” of Stanwick – deposits are generally small and display a relatively limited range of associations, whereas in southern Scotland, larger deposits are more common and finds usually contain a wider range of object types, more of which tend to be of non-local origin. Finally, we can examine the types of iron objects represented in these finds in terms of broad functional categories.Figure 7 shows the number of deposits with one or more objects in each category ; given the variable quality of the records, we have not attempted to quantify the individual objects represented, which can range from a single item to a substantial number (ill.7). Only weapons and domestic objects are present in more than half the finds. This latter is a somewhat diverse category, including knives as well as more obvious items such as latch-lifters, keys and hearth furniture, although if knives were removed, numbers would only fall slightly. Agricultural tools are the next best-represented category, then general-purpose tools, cart and harness fittings, and metalworking tools. One-third of the deposits include currency bars and/or iron billets. Rarer objects include parts of iron vessels or their suspension chains (bronze bowls or cauldrons are present in a further six hoards) and shackles and gang-chains. Personal objects and ornaments are conspicuous by their absence, although six finds include bronze – as opposed to iron – brooches or finger-rings. Human bone or sometimes bodies were present is as many as twelve deposits. As we indicated above, relatively few deposits have only a single identifiable category of object (15.3 %), usually weapons, but in two cases, metalworking tools. At Gussage All Saints, Dorset, the tools and a quantity of scrap iron were buried in a pit on the opposite side of the entrance to another pit containing further iron metalworking tools and other implements as well as a large amount of bronze casting debris (Wainwright 1979 ; Fell 1990). At Weelsby Avenue, Humberside – another settlement with large quantities of bronze metalworking debris (Foster 1996) – the tools were found scattered in the enclosure ditch and an adjacent partition (Fell 1990). 7. Numbers of Iron Age ironwork deposits containing iron objects belonging to different functional categories (C. Haselgrove). 156 IRON DEPOSITION AND ITS SIGNIFICANCE IN PRE-ROMAN BRITAIN If we compare the content of ironwork deposits from the core zone with those elsewhere, various differences emerge. In Wessex and the Severn-Cotswolds, domestic objects (54,8 %) and agricultural implements (51,6 %) occur in over half the deposits, whereas weapons are present in rather less than half of them (41,9 %). Everywhere else, however, martial equipment predominates, with over four-fifths of finds containing weapons (81 %). Items relating to transport are also significantly better represented outside the core zone (present in 52,4 % of finds as against 29 %), as are metalworking tools (47.6 % against 29 %) and bronze and iron vessels (38,1 % against 22,6 %). Agricultural tools, however, are less common (42,9 %). Currency bars, by definition, occur more often in the core zone (since the area is defined by the regular occurrence of these), as does human bone, although the difference in the proportion of deposits in each zone containing human remains is less marked (25,8 % to 19 %).Almost certainly, these variations in the composition of deposits will have held meaning for the inhabitants of the different regions, a question to which we shall return below. SINGLE OBJECTS/SMALL GROUPS It is possible that single items and small groups of iron that occur outside the regions discussed above may have performed comparable roles to the larger collections of objects. A number of potentially significant objects will be considered here, although a full survey is not possible. In Wales, at Capel Garmon, a highly ornate iron firedog was found in a bog, weighted down with stones (Savory 1976, pl. 6). Aldhouse-Green (2002, 11) has suggested that this elaborate object might have taken three years of a smith’s life to complete. At Lydney, a remarkable late Iron Age bowl, decorated with three knob-horned bulls’ heads was found at a site associated with iron working, which later became a Roman temple (Wheeler, Wheeler 1932, n° 9, fig. 11 ; Aldhouse-Green 2002, p. 12). In northern and western Scotland and islands, a digging tool was found in the ditch surrounding one of the substantial roundhouses at Aldclune (Perth and Kinross ; Hingley et al. 1997), while at A’Cheardach Bheag (South Uist, Western Isles) an iron plough share was found in the peripheral area of a wheelhouse (Fairhurst 1971 ; Hingley 1992, p. 23). Such finds may indicate the use of single ornate, or alternatively fairly mundane iron objects, to make significant offerings. Comparable evidence from Danebury (note 1) illustrates that single iron objects may also have performed similar roles in the regions in which multiple deposits of iron objects are more common. As with the larger ironwork deposits, finds of single iron objects seem to be concentrated around the periphery of the hillfort, especially to the left and right of the east-facing entrance (Osgood 1995a, p. 192-193). At the Caburn (East Sussex), a wide variety of single iron objects were buried in pits in the interior of the site along with human or animal bone and artefacts in other materials in some cases after first being put deliberately beyond use. The pits containing these deposits are predominantly situated on either side of the entrance, and in the centre of the site, where there is a basin-like depression, which – although poorly dated – could well have had a ritual function (Hamilton 1998, p. 32-35). There is also evidence from a number of sites indicating that the total number of iron (and bronze) objects deposited at hillforts and on other enclosed settlements rose sharply in the 3rd and 2nd centuries BC (Sharples 1991, p. 242-244 ; Osgood 1995b, p. 204 n° 5), precisely the period when currency bar hoards and other large ironwork deposits also became common. DISCUSSION The highly structured character of the information reviewed in this paper may be explained through reference to the potential significance of iron and iron working in Iron Age society. In many cultures, iron working has been viewed as a mystical and highly charged process (Aldhouse-Green 2002 ; Gillies 1981 ; Herbert 1993, Hingley 1997). In pre-modern and non-western societies,the exact character of the process whereby iron ore is transformed into metal items is not understood in terms of the chemical reactions. Often, as a result, iron production is imbued with beliefs about the social and ritual meaning of the act of production. In this context, several authors have argued that iron production in the past cannot have been an entirely pragmatic industrial process (Budd, Taylor 1995 ; Hingley 1997 ; Aldhouse-Green 2002). Smithing, and particularly smelting, are impressive and dangerous processes that transform raw materials into cultural items. The production of iron often involves recycling, as old iron artefacts can be reworked (Manning 1972) ; iron was required to create iron. The temperature achieved in smelting and smithing required implements that would not melt, and iron was used for many 157 COLIN HASELGROVE, RICHARD HINGLEY of the tools that were employed in the processes of industrial production – hammers, files, axes and anvils (Leach 1962 ; Manning 1972). In the context of Iron Age Britain, we have good reasons to suspect that iron was a highly significant metal. This is indicated by the form of the currency bars, which drew upon the symbolism of agricultural production and the offensive/defensive power of weapons (Hingley 1990 ; 1997). The significance of iron to Iron Age communities may also be indicated by the writings of Herodian of Antioch, a 3rd century author. Writing about Septimius Severus’ preparations for the invasion of areas of free Britain that now lie in Scotland, Herodian remarked : Strangers to clothing, the Britons wear ornaments of iron at their waists and throats ;considering iron a symbol of wealth, they value this metal as other barbarians value gold. (Herodian, History 3, XIV, 7). Herodian was writing about a later society that had been subject to Roman invasion and interference for well over 100 years and was also under immediate threat of invasion by Rome. Such considerations might have placed a particular premium on iron, while he was evidently also concerned to emphasise the savagery and warlike character of the Britons. His comments may, however, have some relevance to the significance of iron to earlier peoples in Briton. Iron was used to produce powerful weapons – swords, spearheads and axes – vital to communities both for defence and to attack others (Hingley 1997, 13-4). Such objects are found in deposits derived from the whole of period considered in this study. Iron was also used to create highly effective agricultural tools, providing flexible but strong shares for the ploughs and ards essential for agricultural production (Rees 1979, p. 48 ; Hingley 1997). The deposition of items connected with the agricultural cycle – including scythes and sickles, in addition to plough and ard shares, could have drawn upon their symbolic association through a reference to the fertility of the soil through the creation of agricultural surplus (Hingley 1990 ; 1997 ; 2005). In fact, one of us has suggested that the process of iron production during the middle Iron Age may have drawn upon the idea of the cycle of life (Hingley 1997) and the agricultural cycle (Barrett 1989). Iron ore may often have been 158 gathered from the fields, smelted and smithed in a manner that drew upon associations with the cycle of agricultural production. The arable cycle appears to have been particularly significant for many of the communities of the densely occupied south of Britain, including the core area of currency bar distribution,and people at this time may have drawn upon strong associations with the arable cycle in their ritual actions (Barrett 1989 ; Hingley 1997). In particular, the actions of the creation of “special deposits” in grain storage pits may have drawn upon such an association, while the use of iron deposits to reinforce the boundaries of communities may have drawn upon comparable concerns about the identity and perpetuation of the community into the future. The creation of currency bars that drew upon the symbolism of the sword and the plough, therefore, reflect the significance of the metaphor of the agricultural cycle in the lives of Iron Age people. CONCLUSION We have summarized evidence for structuring in the deposition of later Iron Age iron objects across Britain. Two broad zones have been distinguished, based mainly on the evidence for currency bar distribution. In the core area, the largest hoards occur and these are often focused upon boundary context, particularly upon the ramparts, banks and ditches surrounding enclosed settlements. Outside this core area, hoards are generally rarer and appear more common in naturally related features. There are suggestions that the tradition of hoarding iron objects may have commenced rather later across much of this peripheral area, particularly over the central areas of northern England and southern Scotland. The power of iron as a highly symbolic and valuable material may be the reason for the strong pattern in the distribution of the objects.The assessment of the contexts of individual iron finds may point to comparable conclusions, although the material considered in this paper requires to be followed up by a far fuller examination than has proved possible in this context (Hingley forthcoming). Further research to analyse the detailed character of deposition within the two regions defined above would also provide a fuller picture of the complexity of depositional traditions across Britain at this time. IRON DEPOSITION AND ITS SIGNIFICANCE IN PRE-ROMAN BRITAIN AUTEUR ANCIEN CITÉ Herodian : Herodian of Antioch’s History of the Roman Empire from the death of Marcus Aurelius to the accession of Gordian III. Translated by E. C. Echols. Berkeley and Los Angeles : University of California Press 1961. BIBLIOGRAPHIE Aldhouse-Green 2002 : ALDHOUSE-GREEN (M.). — Any old iron ! Symbolism and ironworking in Iron Age Europe. In : WEBSTER (P.), ALDHOUSE-GREEN (M.) dir. — Artefacts and archaeology : aspects of the Celtic and Roman world. Cardiff : University of Wales Press, 2002, p. 8-19. Allen 1967 : ALLEN (D.-F.). — Iron currency bars in Britain. Proceedings of the Prehistoric Society, 33, 1967, p. 307-335. Balch, Troup 1911 : BALCH (H.E.), TROUP (R.D.R.). — A late-Celtic and Romano-British cave-dwelling at Wookey Hole, near Wells, Somerset. Archaeologia, 62, 1911, p. 565-592. Barrett 1989 : BARRETT (J.). — Food, gender and metal : questions of social reproduction. 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Due to the condition of the iron, it is uncertain how many bars were present. 3.We have not included the Somerset lake villages at Glastonbury and Meare East and West in our analysis, despite all three of these sites having yielded large collections of ironwork. A glance at the records indicates that numerous building mounds produced groups of five or more iron objects, albeit often apparently distributed through several levels (Coles 1987; Coles, Minnitt 1995), but quite apart from the work that would be needed to reconstruct all possible groups, we felt that including these sites here would bias the numerical analysis too much to one particular category. We concur with the view that these Lake Villages cannot be regarded as unproblematic settlements (Coles, Minnitt 1995, p. 206-209), and with Field and Parker Pearson’s suggestion (2003, 188) that some of the occupants of Glastonbury may have been ritual specialists, so that in a general sense, at least, the plentiful ironwork finds from these watery places should certainly be seen as another facet of the depositional practices under discussion here. 4. At Cadbury Castle, the sizeable assemblage of ironwork from the central plateau area was initially interpreted as special deposits relating to the nearby 1st century AD shrine (Building N5). The final report, however, introduces an alternative – that the material relates to a metalworking area situated to the east of the shrine (Barrett et al. 2000, p. 300-301). It may however be wrong to see these possibilities as mutually exclusive, given the widespread evidence that exists for metalworking taking place in a religious context. Equally relevant is the new interpretation of a nearby robbed-out cruciform stone structure as a Roman temple, which provides evidence for the religious significance of this area of the plateau at a not much later date.  162 IRON DEPOSITION AND ITS SIGNIFICANCE IN PRE-ROMAN BRITAIN Appendix : Significant ironwork groups from Iron Age Britain. (C. Haselgrove). W : weapons ; A : agricultural tools ; T : transport ; M. : metalworking tools ; G : general purpose tools ; V : vessel ; D : domestic items (including knives) ; P : personal ; O : other significant objects ; B : billet or currency bar ; U : Uncertain. 163 L’état des recherches sur les dépôts d’objets métalliques du second âge du Fer en Pologne Tomasz BOCHNAK LE CADRE CULTUREL DANS LE BASSIN DE LA VISTULE AU SECOND ÂGE DU FER Les Celtes viennent sur les territoires actuellement polonais à partir de La Tène B, en traversant les cols des Carpathes. À l’époque, les territoires du bassin de la Vistule et de l’Oder sont occupés par des populations indigènes de la culture lusacienne, une des grandes cultures de cercle des champs d’urnes et de la culture dite “de Poméranie”. Une culture dite “des tumulus des Baltes occidentaux” se développent dans la partie nord-est de la Pologne. Des éléments de la culture de Jastorf sont visibles dans une large zone allant de l’Oder et la Grande Pologne (Wielkopolska), en passant par la Kouïavie (Kujawy), la Mazovie orientale (Mazowsze), la Podlasie, le Plateau de Lublin. Cette région est considérée par des chercheurs comme une zone de migration, des Bastarnes et des Skires qui s’étaient finalement établis dans le bassin du Prout et du Siret, en créant une culture dite de “Poieneüti-Lukaševka”. Leur présence est confirmée par les sources écrites. Le modèle économique de la culture de Poméranie et celui de la culture “des tumulus des Baltes occidentaux” n’étaient pas différents des caractéristiques propres à l’âge du Bronze et au premier âge du Fer ; le bronze restait le métal dominant tandis que le fer n’était utilisé que rarement. La question des dépôts métalliques de la culture de Poméranie ne sera pas traitée dans cet article. On peut supposer, que l’expansion de la population de la culture de Jastorf ait contribué à l’affaiblissement des structures de la culture de Poméranie, bien qu’à présent, nous ne puissions rien dire sur la nature des éventuels contacts entre ces deux cultures. Les représentants de la culture de La Tène ont gardé une certaine autonomie culturelle, en formant des îlots celtiques sur les terres occupées par les populations indigènes. Ainsi, pouvonsnous, avec beaucoup de précision, tracer une limite entre la colonisation celtique et les habitats locaux, de culture de Poméranie et, parfois, des éléments lusaciens. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 165-182 (Bibracte ; 11). TOMASZ BOCHNAK L’apparition de nouvelles influences culturelles a radicalement modifié la situation sur les actuelles terres polonaises. À partir de La Tène C1, la culture de Poméranie, soumise auparavant aux incursions de la culture de Jastorf, s’est rapidement éteinte. Deux cultures tout à fait différentes ont surgi à sa place. Ces cultures, nommées de Przeworsk et d’Oksywie sont d’excellents exemples des structures nées sous l’influence de la “latènisation”, où l’impact celtique se manifeste, entre autres, dans la production locale du fer, son usage, dans l’assimilation d'éléments de costume et d'armement celtique, ainsi que dans le rite funéraire. L’introduction sur les terres polonaises, vers la fin du IIIe et début du IIe s. av. J.-C., de la destruction rituelle d’équipement funéraire, consistant à plier et à casser des outils et des armes en métal, est considérée comme une imitation du rite connu aussi dans les nécropoles du type de Ponđtovice en République Tchèque (Meduna 1962). L’adaptation de telles pratiques funéraires est liée vraisemblablement aux changements du système de croyances des populations des terres polonaises. Ce modèle de rite funéraire n’a pas connu de changements essentiels jusqu’au début de la période des Grandes Migrations, alors qu'à La Tène D, sur les vastes terres d’Europe des Celtes, apparaît le rite funéraire, qui ne se laisse pas découvrir par les méthodes archéologiques actuelles. C’est justement sur les terres de l'actuelle Pologne, que la crémation se maintient, alors que dans les tombes on trouve des importations celtiques, notamment des armes, accompagnés d'éléments locaux, Vu ce qui précède, il faut prendre en considération aussi bien des dépôts de la culture celtique proprement dite, que des trouvailles, que l’on peut rattacher à la culture de Przeworsk, dont on dit que c'est la plus “celtisée” des cultures non celtiques (Dćbrowska 1988a, p. 105 ; 2003, p. 153). Dans la culture d’Oksywie, les influences celtiques sont beaucoup moins marquées et actuellement, nous ne connaissons pas de dépôts d’objets métalliques qui appartiendraient à cette culture. Pour compléter l’image des dépôts sur le territoire polonais, je présenterai brièvement des trouvailles prises généralement pour les dépôts de la culture de Jastorf ou bien liée aux influences venant du bassin de Prout et Siret. 166 LA CULTURE CELTIQUE Comme il est admis, la colonisation celtique dans le bassin de la Vistule et de l’Oder se limite aux enclaves situées dans la partie méridionale de la Pologne (ill.1). Un de ces îlots est constitué par la région de la Basse Silesie, ou fonctionnait entre autres un lieu de culte au mont Ŋlĕŧa, caractérisé par un certain nombre de statues considérées comme typique pour l’art celtique. Les habitats celtiques dans cette région se développaient de La Tène B1 à La Tène C1 (Jahn 1931 ; Woťniak 1970, p. 40-84). Une autre région de la colonisation celtique est le plateau du Głubczyce (de La Tène B1 à La Tène C) (Woťniak 1970, p. 85-104 ; Gedl 1972 ; 1978) et le sud est de la Pologne (Ginalski, Muzyczuk 1999), où la culture de La Tène se développe à La Tène C (Gebhard 1989, p. 118-127). Dans la Petite Pologne (Małopolska) occidentale, dans la région de Cracovie, à partir de La Tène C1, il existait un groupe mixte “celtoPrzeworsk”, dit “groupe de Tyniec” (Woťniak 1970, p. 105-149 ; 1990 ; Poleska 1995). Le développement du groupe de Tyniec est précédé par une courte période de la culture celtique “pure” de La Tène B2. Dans le milieu du groupe de Tyniec, dans une phase finale, on observe l'apparition d'éléments de la culture de Puchov de la Slovaquie septentrionale. Le groupe de Tyniec a probablement disparu vers le début du Ier s. ap. J-C., mais certains de ses traits caractéristiques se sont maintenus dans la région encore à l’époque des influences romaines.D’indubitables éléments typiques de la culture celtique (entre autres les trouvailles de monnaies, de céramique celtique et d'un atelier de production de meules rotatives) ont été trouvés en Kouïavie, et les influences du groupe de Tyniec s’étendent jusqu’au Plateau de Sandomierz (Woťniak 1970, p. 166 ; 1994, p. 133-137). Nous connaissons trois trésors de monnaies d’or, un dépôt d’outils métalliques ainsi que deux trouvailles sorties de rivières, peut être de caractère votif. Tous ces objets proviennent des régions de la culture celtique où de ses zones d'influences. Je ne tiens pas compte ici de trouvailles singulières de monnaies celtiques, dont une partie, dite les statères de Cracovie, vient des émissions L'ÉTAT DES RECHERCHES SUR LES DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER EN POLOGNE 1. Territoire de la Pologne entre La Tène B2 et C2 (représentation uniquement de quelques cultures ou phénomènes choisis). (Carte T. Bochnak.) Culture celtique 1. Brzezinka Ŋredzka, com. Miĕkinia. Dépôts de monnaies (Jahn 1931, p. 85, 88-90, 93, 95 ; Woťniak 1967, p. 206-207, 223 ; 1970, 282). 2. Gorzów, com. Chełmek. Dépôts de monnaies (Demetrykiewicz 1898, p. 101-103 ; Woťniak 1967, p. 320 ; 1970, p. 320). 3. Inowrocław, com. Inowrocław, Dépôts de monnaies (Zakrzewski 1925-27 ; p. 217-218 ; Woťniak 1967, p. 205, 208-209, 223, 225 ; 1970, p. 347). 4. Kraków (Cracovie) Nowa Huta-Wycićŧe, com. Kraków (Cracovie). Dépôt d'outils (Buratyĸski 1951-1952). 5. Radymno, com. Radymno, dans la rivière San. Une tête de bovidé en argent. (Hadaczek 1909, p. 13, 18, fig. 5 ; Antoniewicz 1954 ; Głosik 1973). 6. Rembielin, com. Chorzele. Dépôt de parures et d'outils (?), (Waluŋ 1992). 7. Rzeszów, com. Rzeszów, dans la rivière Wisłok : une épée dans son fourreau. (Kunysz 1959 ; Woťniak 1970, p. 341). Culture de Jastorf : les matériaux du type de Pikule 16. Kluczewo, com. Ostroróg. Collier en bronze en forme de couronne, trouvé dans le marais (Demetrykiewicz 1900, Kostrzewski 1919, p. 75-78, 277). Wichrowska, Wichrowski 2002). 18. Synogaþ, com. Wierzbinek. Collier en bronze en forme de couronne, trouvé dans le marais (Zielonka 1970, p. 15). 19. Ulvivok, Ukraine. Collier en bronze en forme de couronne, trouvé dans la rivière Boug, (Pasternak 1944). locales (Castelin 1966, p. 168 ; 1976 ; Woťniak 1967, p. 207-208 ; 1978 ; 1984, p. 30-32 ; 1984a ; Kaczanowski 1996 ; 1997, p. 88-89). Les trésors des monnaies d’or connus de nos jours proviennent de Gorzów en Petite Pologne, de Brzezinka Ŋredzka en Silesie et d’Inowrocław en Kouïavie. Les monnaies celtiques de Pologne montrent avec certitude, que ces terres se trouvent dans le champ d’influences du monnayage dit Boïens. Le trésor de Gorzów contenait peut-être jusqu’à cent monnaies, dont on a identifié seulement trente-deux : quatre statères de la série 2a selon Castelin (pièces plus légères que la moyenne), dix-sept monnaies d’un tiers de statère, trois d’un huitième de statère et une pièce de 1/24 de statère (ill. 2). D’après K. Castelin, ces monnaies appartiennent à la série Alkis I-III et elles sont caractéristiques de la première phase du monnayage celtique 167 TOMASZ BOCHNAK séries Alkis IX de la 4e phase de la monnaie celtique en République Tchèque ou des émissions des statères dites “vindeliques” ou rhénans. La trouvaille d’Inowrocław est datée à la première moitié du Ier s. av. J.-C. Ce qui est très important, c’est que le dépôt en question a été trouvé sur le terrain non celtique, mais occupé par la population de la culture de Przeworsk. 2. Les monnaies du dépôt de Gorzów. Collection du musée national de Cracovie, cabinet de numismatique. n° 1 : MNK VII A 3 797 ; n° 2 : MNK VII A 3 801 ; n° 3 : MNK VII A 3 800 ; n° 4 : MNK VII A 3 799 ; n° 5 : MNK VII A 3 798 ; n° 6 : MNK VII A3 582 (photo J. Bodzek). en République Tchèque. On peut donc supposer, qu’elles sont frappées avant le milieu du IIe s. av. J.-C. Les monnaies du type Atena Alkis (Alkidemos) sont considérées comme imitations de monnaies celtiques d’Italie. Elles-mêmes copient à l'avers de didrachmes romains du type Romano et au revers, de tetradrachmes macédoniens de Philippe II. (Morawiecki 1980 ; 1986, p. 44-45). Le trésor de Gorzów trouvé sur le terrain où nous n’avons pas de traces de la colonisation de cette période, se trouve sur une voie de marchandises menant de la Moravie vers la Petite Pologne. Ce trésor aurait pu y être déposé par les membres de la population de la culture celtique ou de la culture de Przeworsk. Pour la même période, c’est-à-dire la première phase de la frappe de la monnaie en République Tchèque, est datée une trouvaille de Brzezinka Ŋredzka. On y a trouvé une trentaine de pièces de monnaies environ, dont on connaît seulement trois exemplaires, c’est-à-dire 1/3 de statère, du type Alkis II ou III, 1/8e du type Alkis II et 1/24e du type Alkis II. La plus récente découverte de monnaies celtiques provient d’Inowrocław. Le dépôt est constitué par quatre monnaies de la même valeur, mais avec les représentations un peu différentes. Les deux connus actuellement ont un poids inférieur à celui d'un tiers de statère, mais supérieur au poids moyen d'un quart de statère. Sur l’avers, on voit un motif arqué, ressemblant un peu à un torques connu des émissions postérieures des 168 À Rzeszów, ville située au nord de l’enclave celtique, en 1957 on a dragué dans la rivière Wisłok, une épée celtique dans son fourreau (ill. 3). À présent, le fourreau est conservé dans un état très fragmentaire, qui rend impossible toute analyse typologique. À partir d’un dessin exécuté avant la restauration, Izabela Tomaszewska a prétendu, que l’ornement de fourreau, aujourd’hui effacé ressemblait beaucoup au motif dit “de paires de dragons”, très répandu dans le milieu celtique. Ce décor montrait des animaux fantastiques en représentation héraldique, dans la partie supérieure du fourreau (Tomaszewska 1997, p. 147). L’ornement de ce type constitue un des motifs caractéristiques, de l’art celtique. Les fourreaux décorés avec les représentations des “paires des dragons” sont connus aussi bien dans le bassin du Danube qu’en France, en Suisse et en Italie septentrionale, aussi l’ornement en question ne peut pas servir comme indice dans l’établissement de l’origine de l’épée de Rzeszów (de Navarro 1972, p. 65, 216, 238 ; Bulard 1982 ; Frey 1986, p. 87-88, Abb. 3 ; Megaw, Megaw 1990 ; Szabó, Petres 1992, p. 29-36). Cet objet constitue une trouvaille particulière, isolée, et nous ne pouvons pas dire, s’il s’était trouvé au fond de la rivière en tant qu’une offrande destinée à une divinité, ou bien acciden- 4. n° 1 : tête de bovidé en argent de San à Radymno ; n° 2 : cruche en argent de Kołokolin (Ukraine) ; sans échelle (planche T. Bochnak, d'après Glosik 1973 et Ŋmiszko 1935). L'ÉTAT DES RECHERCHES SUR LES DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER EN POLOGNE tellement. Il faut pourtant signaler que cette arme ne porte aucune trace de l’action du feu, donc elle ne faisait pas partie d’un équipement d’une tombe à incinération. La forme et les proportions de cette arme sont proches d’exemplaires celtiques de La Tène B2 et La Tène C1. Un autre objet, très intéressant, malheureusement à présent disparu, a été trouvé en 1819 dans la rivière San près de Radymno au sud-est de la Pologne. Des pécheurs ont dragué une tête de bovidé faite en argent (ill. 4, n° 1). La tête portait des fraîches traces d’arrachement, ce qui laissait supposer, qu’elle faisait partie d’un objet plus grand, enfoncé dans le lit de la rivière. Le dessin de cette trouvaille, sans dimensions, n’a été publié qu’en 1909, c’est-à-dire à 90 ans après la découverte (Hadaczek 1909, p. 13-18, fig. 5). Dans les études postérieures, on a admis, à tort, que le dessin présentait les dimensions naturelles de l’objet et on l’a interprété comme une partie métallique d’un cor à boire, une hypothèse, trouvant d’ailleurs des confirmations dans les trouvailles scandinaves (Antoniewicz 1954). En effet, sur le territoire de la Péninsule de Jutland et des îles danoises, on observe une concentration des trouvailles de ce type (Hachmann 1991, p. 857958 ; Abb. 59). Une recherche, menée par J. Głosik au début des années soixante-dix, dans la presse quotidienne datant de l’époque contemporaine (Gazeta Warszawska, le 17 juin 1826, nr 113, 1707) à la découverte de San à Radymno démontré, que la tête en question (après la conversion des unités de distance et de poids au système métrique) mesurait environ 22 cm de largeur, la longueur des cornes atteignait 29,7-36,4 cm et le poids 1 350 grammes (Głosik 1973, p. 59). Malheureusement, comme on a déjà remarqué, la trouvaille de la rivière San à Radymno a disparu et, à présent, nous ne disposons que du dessin de 1909. Sur ce dessin on peut néanmoins observer des détails qui permettent de relier cette représentation de la tête du bovidé avec l’art celtique. Nous pensons ici surtout aux boules, se trouvant à l’extrémité des cornes (Vial 2001,p. 31-32).Des représentations des bovidés avec les cornes bouletées ont été entre autres découvertes à Jasseines (Aube), à Vienne (Isère), à Altenburg et à Mörslingen (Allemagne) (Déchelette 1927, p. 1018-1019,; fig. 691 ; Bittel 1981, p. 104-105, Abb. 40 ; Seitz 1988). Le motif de tête de bovidé avec les boules à l’extrémité des cornes est aussi connu comme un détail de chenets ou de cadres en fer de Stradonice (République Tchèque), Wauwil 3. Épée de Rzeszów et son fourreau. Collection du muzeum Okrégowe de Rzeszów. (musée régional). n° 1 : épée en fer ; n°2a : fourreau en fer (cliché T. Bochnak). 169 TOMASZ BOCHNAK (Suisse), Kappel (Allemagne) de Welwyn (tombes A et B) (Angleterre), de St. Bernard, de Vienne ou du couple de chenets de fer d’une riche tombe de La Mailleraye-sur-Seine (France) (Stead 1967, p. 53, 55, 57-58 ; Gallay, Huber 1972, p. 318-326 ; pl. 11-13 ; Kimmig 1981, p. 200, Abb. 111-112 ; Feugère 1982 ; Lequoy 1993, p. 126-127, fig. 9, n° 6-7). On peut observer des détails semblables aussi sur un couteau de Heppenheim (Hesse) ou bien sur une figurine en bronze, probablement un pendentif provenant de Manching en Bavière (Allemagne) (Déchelette 1927, p. 568 n° 6 ; v. Endert 1991, p. 55-56 ; Taf. 13 : 244). On connaît aussi des représentations pareilles au Mont Beuvray (Bulliot 1899, p. 202-203 ; Thiollier 1899, pl. 49, n° 24 ; Teegen 2004). Les découvertes de ce type sont datées généralement à La Tène finale. Les boules sont aussi aux extrémités des cornes rehaussant des casques, comme on peut l'observer sur l’exemplaire dragué dans la Tamise à Londres ou sur les plaques du chaudron de Gundestrup (Botheroyd, Botheroyd 1998, p. 334, 335). La manière de fixer des cornes à la tête observable sur le dessin de la tête de San à Radymno, est proche de l’assemblage du masque chevalin en bronze provenant de Torrs (Écosse). Il faut pourtant remarquer que les analogies du monde celtique mentionné ci-dessus sont représentées par des objets de petite taille, exécutés en bronze ou en fer (chenets). Je ne connais qu’un objet en argent, orné avec un motif de cornes bouletées. Je pense à une trouvaille partiellement conservée (probablement une cruche) provenant d’un tumulus détruit à Kołokolin (Ukraine) (ill. 4, n° 2) (Ŋmiszko 1935, p. 156-159, fig. 43, n° 1-5, fig. 45 n° 3). En se référant aux monuments qui l’accompagnaient, entre autres les fibules du type 44 selon O. Almgren, la découverte de Kołokolin est datée du début du Ier s. ap. J.-C. L’utilisation de l’argent dans la toréuthique est un fait plutôt rare dans le milieu celtique, mais ce métal est typique pour la culture thrace et géto-thrace. Sur le territoire thrace on connaît des représentations animalières en ronde-bosse, surtout en forme de pythons. Il faut remarquer que dans la littérature on soulignait l’existence des liens entre les Celtes et les Traques, les Gétes et les Daces (Woťniak 1974 ; 1975 ; Sulimirski 1976 ; Iaroslavschi 2000 ; Megaw, Megaw, Theodossiev, Torbov 2000 p. 37-41). On connaît des objets d’art possédant aussi bien les traits caractéristiques de la culture celti- 170 que et des cultures géto-daces ou thraces. Il s’agit par exemple du chaudron de Gundestrup ou du torque de Trichtingen (Kimmig 1981, p. 193-195 ; Eichhorn et. al. 1987 ; Hachmann 1990). Il n’est pas exclu qu’il faille y ajouter la tête de bovidé de San à Radymno et la vaisselle en argent de Kołokolin, mais cette question mérite d'être approfondie. Le dépôt suivant provient d’un habitat occupé par la population du groupe de Tyniec, une unité syncrétique d’une culture réunissant des éléments de la culture celtique (tels que la céramique tournée, les objets métalliques, le monnayage, et le rite funéraire, qui ne se laisse pas découvrir par les méthodes archéologiques actuelles) et de la culture de Przeworsk (la céramique non tournée dont la présence augmente systématiquement dans les phases successives). Sur le site archéologique de Cracovie-Nowa Huta-Wycićŧe, on a entre autre découvert un fourneau sidérurgique laténien dans une structure contenant de la céramique graphitée et à proximité d'un dépôt d'outils en fer (ill. 5). Le dépôt se composait de trois haches à douille rectangulaire, de deux ciseaux et d’une faux (Buratyĸski 1951-1952). Ces outils trouvent de bonnes analogies dans les matériaux celtiques, entre autres à Stradonice et à Manching (Déchelette 1927, p. 864-867 ; fig. 595 ; Jacobi 1974, p. 28-32, 35-37 ; Taf. 9, 13-15). Il est impossible de présenter une interprétation définitive de la trouvaille de Cracovie-Nowa Huta-Wycićŧe, mais il faut remarquer, qu’elle est constituée par des outils de charpentier et un outil agricole, donc par des objets répondant aux activités humaines différentes. D'autres dépôts contenant des objets celtiques sont à Rembielin, dans la région de la Mazovie septentrionale (Waluŋ 1992) à la phase contemporaine de La Tène B et de La Tène C1. C’était une zone limitrophe entre la culture de Poméranie et de la culture “des tumulus des Baltes occidentaux”, c’est-à-dire d’une culture qui s’étendait sur les terrains du nord-est de la Pologne, de la Lithuanie et de la région de Kaliningrad. Ces deux cultures appartiennent au premier âge du Fer, et leurs racines remontent à l’âge du Bronze. Il est dont évident, que la découverte des trouvailles celtiques dans ce contexte-là était une grande surprise. Le site a été très dévasté et publié en partie, mais on y a trouvé, entre autres, une série d'objets celtiques typiques pour La Tène B2. L'ÉTAT DES RECHERCHES SUR LES DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER EN POLOGNE 5. Le dépôt de Kraków Nowa Huta-Wycićŧe. n° 1-3 : haches à douille en fer ; n° 4, 5 : ciseaux en fer ; 6 : faux en fer (d'après Buratyĸski 1951-1952). 171 TOMASZ BOCHNAK 6. Quelques objets provenant du dépôt de Rembielin (Mazovie septentrionale) - n° 1-5 : les fibules (n° 1 en bronze ; n° 2-5 en fer) ; n° 6 : fragment de torque en bronze ; n° 7 - 11 : bracelets en bronze (d'après Waluŋ 1992). 172 L'ÉTAT DES RECHERCHES SUR LES DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER EN POLOGNE À Rembielin, on a identifié un ensemble de sites d’habitat et de nécropoles, mais l’homogénéité des inventaires est souvent douteuse. On a trouvé, près l’un de l’autre, deux bracelets intacts, quatre fragmentés et un élément d’un torque en bronze. À côté des bracelets on a rencontré des fibules du type Duchcov, dont l’une en fer porte un petit disque sur l’aiguille (ill. 6). Des constructions semblables sont rares, d’après Adam Waluŋ, elles peuvent trouver une analogie dans certaines fibules d’Ornavasso (Graue 1974, p. 41-42,Abb. 4, n° 2,Taf. 17, n° 1, p. 54, n° 7 ; Waluŋ 1992, p. 92). À Rembielin, on a découvert aussi une hache en fer et un ciseau. Il est difficile de dire, si ces outils doivent être reliés avec les parures celtiques, mais sans aucun doute ils ne sont pas typiques pour les cultures indigènes. Sur le terrain du site à Rembielin on a recueilli en plus de petits fragments d’objets non identifiés en bronze, vraisemblablement rassemblés pour être refondus. Le contexte archéologique des trouvailles en question n’est pas net. On ne peut pas préciser exactement à laquelle des cultures indigènes il faut relier le dépôt. Selon les dernières conceptions, le site pourrait être rattaché à la culture de Poméranie (Woťniak 1995, p. 206). Vraisemblablement il s’agit d’un dépôt d'objets celtiques enfoncé dans un tumulus aplati, mais on ne peut pas exclure que les importations celtiques aient fait partie de l’équipement d’une ou de plusieurs tombes. Il paraîtrait que la présence d'objets celtiques si éloignés de terrains occupés par des Celtes trouve ses racines dans le commerce de l’ambre. On sait, que les Celtes ont été intéressés par cette substance, obtenue au bord de la mer Baltique. La participation des Celtes dans ce commerce est attestée aussi par les stocks d’ambre, entre autres à WrocławPartynice, où on a trouvé à peu près 1 500 kilos de cette matière première, dont le plus grand morceau pesait 500 g. (Godłowski 1978), où à Stare Hradisko en Moravie. Les influences celtiques sont aussi visibles sur la Péninsule de Sambia, où l’on observe une certaine quantité des importations celtiques (Pozarzycka-Urbaĸska 1978). LA CULTURE DE PRZEWORSK La culture suivante présente sur les terres polonaises, où on observe des dépôts d’objets métalliques est la culture de Przeworsk. Comme on a déjà mentionné, cette culture est considérée comme la plus celtisée parmi toutes les cultures non-celtiques. La majorité des parures métalli- ques, des éléments de costumes, de l’armement (surtout des épées et des éléments de ceinture d’épée) trouvaient des analogies précises sur les territoires celtiques et pratiquement elle ne diffère pas d’objets celtiques. Malgré les constatations d’E. Blume et de J. Kostrzewski (Blume 1912, p. 178-180 ; Kostrzewski 1919, p. 243), qui ont démontré la présence des dépôts particuliers au caractère votif, il est admis de croire que les dépôts votifs, aussi bien d’objets métalliques (sauf ceux de monnaies romaines) que d’autres, n’étaient pas connus sur les terrains polonais au second âge du Fer et durant la période des influences romaines. Cette opinion se trouve modifiée avec les travaux de T. Dćbrowska qui a assemblé des découvertes votives de la période préromaine précoce, et avec ceux de T. Makiewicz qui s’est occupé de la problématique des dépôts d’armes en Kouïavie (Dćbrowska 1988a, p. 202-204 ; Makiewicz 1992 ; 1995). Nous ne connaissons pas de trouvailles des dépôts massifs d’objets métalliques (ni autre, d’ailleurs) qui pourraient être attribués avec certitude à la culture de Przeworsk, mais dans le centre de la Pologne, en Kouïavie, on observe très nettement une région abondante en découvertes d'épées provenant des rivières et des lacs (ill. 7). La concentration de trouvailles de ce type permet pratiquement d’écarter les suppositions que les armes se soient trouvées dans l’eau par hasard. Il faut pourtant remarquer, que l’état de recherches sur ce terrain dépend en partie de l’exploitation intense, dans le passé, de la tourbe. Nous tenons à souligner, que nous ne disposons pas de trouvailles d'âge du bronze, du premier âge du Fer et de Moyen Âge provenant de cette région. D'autre part, la zone, où nous avons découvert ces dépôts d’armes, n’est pas intensivement occupée à la période préromaine précoce et à la période des influences romaines. En plus, dans d’autres rivières de la région, nous n'avons pas trouvé d’objets militaires, malgré la même intensité des travaux d’exploitation de la tourbe. Les trouvailles en question ne peuvent pas être considérées comme des éléments d’équipement des tombes lavées par la rivière, parce que les armes ne portent pas de traces d’action du feu, ce qui est un trait caractéristique pour les offrandes funéraires de cette époque-là. En plus, la population de la culture de Przeworsk fondait généralement ses nécropoles le long de petits cours d’eau ou à une certaine distance de la rivière. 173 TOMASZ BOCHNAK 7. Territoire de la Pologne à La Tène D (représentation uniquement de quelques cultures ou phénomènes choisis). (Carte T. Bochnak.) Culture de Przeworsk 8. Babimost, com. Babimost, dans le cours d’eau. Pointe de lance (Lewczuk 1997, p. 83). 9. Białoŋliwie, com. Białoŋliwie, dans la rivière Noteþ. Deux épées et deux fourreaux ; (Kostrzewski 1919, p. 89, 91, 94 ; Abb. 72a ; Makiewicz 1992, p. 113 ; ryc. 4, n° 2-4). 10. Biskupin, Pointe de lance (Maciejewski 1962, p. 221). 11. Chmielniki Bydgoskie, com. Nowa Wieŋ Wielka dans le lac. Une épée ; (Naumowiczówna 1963, s. 383). 12. Inowrocław Mćtwy com. Inowrocław, dans la rivière Noteþ. Une épée (Kostrzewski 1919, p. 90 ; ryc 75a ; Petersen 1940, p. 33 ; Zielonka 1970, p. 197 ; Makiewicz 1992 ; Łuczkiewicz 1997, p. 200). 13. Kunersdorf, Kr. Bad Freienwalde, Allemagne, (Lewczuk 1997, p. 100, 101 ; tableau 11, n° 9). 14. Nowa Wieŋ Ujska, com. Ujŋcie, dans la rivière Noteþ ou sur ses rives. Deux - trois épées. (Piaszykówna 1956, p. 191 ; Makiewicz 1992, p. 113 ; ryc. 5, n° 1-2 ; Gałĕzowska 1996, s. 168 ; ryc. 7 ; Łuczkiewicz 1997, p. 202, 203 ; ryc. 5, n° 4 ; 2000, p. 359, 421). 15. Ŧurawia, com. Kcynia, dans le marais. (Kostrzewski 1919, p. 85, 279, Abb. 65 ; Makiewicz 1992, p. 112 ; ryc. 3, n° 1 ; Łuczkiewicz 1997, p. 207). Culture de Jastorf : les matériaux du type de Pikule 17. Pikule com. Janów Lubelski. Dépôt d'armes et d'outils (Garbacz 1991 ; 1994 ; Wichrowski 1997 ; 1998 ; Kokowski, Łuczkiewicz 2002 ; Wichrowska, Wichrowski 2002). À présent, nous connaissons cinq épées du second âge du Fer sorties du lit de la rivière Noteþ (ill.8). Deux autres épées sont trouvées respectivement dans un lac et un marécage. Il est remarquable que les trouvailles des épées de Kouïavie montrent de fortes influences celtiques. Toutes ces épées sont des exemplaires à deux tranchants, alors que la population de la culture de Przeworsk utilise des armes à un seul tranchant. La proportion du 174 nombre des épées à deux tranchants, importations celtiques ou imitations, par rapport au nombre de glaives à un seul tranchant est de 4 pour 1. Les découvertes de Noteþ sont souvent des exemplaires somptueux, sans aucun doute de grande valeur. Deux d’entre eux possèdent des marques de forgeron. Une épée, (malheureusement non conservée) draguée dans la rivière Noteþ à Białoŋliwie, avait une lame fabriquée L'ÉTAT DES RECHERCHES SUR LES DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER EN POLOGNE 8. Épées et fourreaux en fer de la culture de Przeworsk (Pologne). n° 1 : épée de la rivière Noteþ à Białoŋliwie (1a : photo provenant de la documentation privée de J. Kostrzewski ; 1b : dessin de J. Kostrzewski) ; n° 2 : épée de la rivière Noteþ à Inowrocław-Mćtwy (dessin de S. Jasnosz publié par T. Makiewicz avec plusieurs versions du dessin de la marque, dont celle placée en haut, jusqu’à présent inédite, provient de la documentation privée de J. Kostrzewski) ; n° 3 : épée de la rivière Noteþ à Nowa Wieŋ Ujska ; n° 4 : épée du marais à Ŧurawia ; n° 5 et 6 : fourreaux de la rivière Noteþ à Białoŋliwie (5 : dessin de J. Kostrzewski) ; n°1b - 8 : sans échelle. 175 TOMASZ BOCHNAK par assemblage de plusieurs barres de métal. La marque frappée sur l’exemplaire en question (une demi-lune) (ill. 8, n°1a) et celle sur l’autre épée, draguée dans la rivière Noteþ à InowrocławMćtwy (une tête humaine ?) (ill. 8, n° 2) ont des analogies proches avec les marques celtiques déjà répertoriées (Drack 1954, p. 55). L’une des deux épées de Białoŋliwie possédait vraisemblablement un fourreau chagriné (ill. 8, n° 6). Ce dernier exemplaire ne s’est pas non plus conservé, mais la façon dont le dessinateur avait rendu le décor du fourreau est analogique à celle du dessin du fourreau d’une épée de Skalice en Silésie, qui sans aucun doute était chagriné. La plupart des épées de Noteþ, dont on peut préciser la chronologie, sont datées à la phase A2 du développement de la culture de Przeworsk, c’est-à-dire à La Tène D1. Il s’agit de longues et lourdes épées aux estocs arrondis, destinés à trancher. Leur longueur atteint à peu près 100 cm et la largeur de la lame dépasse 5 cm. Une épée de Ujŋcie est connue seulement d’une photographie publiée par Alina Gałĕzowska. La qualité de cette photo ne permet pas, à mon avis, d’établir avec certitude, si l’arme représentée est une épée de La Tène moyenne (suggestion de P. Łuczkiewicz), ou plutôt un glaive romain, caractéristique pour le Haut Empire (selon A. Gałĕzowska). (Gałĕzowska 1996, p. 168-170, ryc. 7 ; Łuczkiewicz 2000, p. 359, 421). D'autres trouvailles d'armes de Kouïavie proviennent des tourbes de Ŧurawia et de Biskupin. À Ŧurawia, on a découvert une longue épée (ill. 8, n° 4), et à Biskupin - une pointe de lance. La coutume de déposer des armes dans un milieu humide se maintient, en Kouïavie, à la période des influences romaines. À cette époque-là, on donne en offrandes, aussi des glaives à un tranchant et des pointes de lances. En dehors la région de la Kouïavie, dans la culture de Przeworsk, la tradition, d’offrir de l’armement est rare dans le moyen bassin de l’Oder. À Babimost, on a découvert une pointe de lance, et à Kunersdorf, (Kr. Bad Freienwalde en Allemagne) on a trouvé une épée dans son fourreau, un chaudron en bronze de type Eggers 4/5 et une bague en bronze. Selon J. Lewczuk, la trouvaille mentionnée doit être identifiée comme un ensemble de la culture de Przeworsk (Lewczuk 1997, p. 100-101 ; fig. 11, n° 9). Le plus souvent, les trouvailles provenant d’un milieu humide sont interprétées comme 176 des offrandes ou des dons, destinés à une divinité. Il faut néanmoins rappeler qu’une tradition particulière observée à Athènes antique permet d’admettre que les dépôts d’armes dans l’eau pouvaient avoir un autre caractère que celui d’offrande. Dans le cadre du rite dit Bouphonia, on sacrifiait sur un autel dédié à Zeus Polieus un taureau, et ensuite on cherchait à établir le coupable de la mort de cet animal. On accusait, successivement, des femmes, qui ont apporté de l’eau pour laver les outils de sacrifice, des hommes, qui aiguisaient le couteau et la hache, et enfin des mageiroi, qui ont tué le taureau. Le procès se terminait par une sentence disant que le seul coupable était le couteau, qui, de ce fait, devait être éliminé et jeté dans la mer (Frazer 1978, p. 351-352 ; Lengauer 1994, p. 84-85). Évidemment, nous ne pouvons rien dire sur les racines de la tradition de déposer l’arme dans un milieu humide en Kouïavie, mais je crois, qu’à côté des interprétations les plus simples il faut aussi montrer la possibilité d’autres explications. Les éléments de la culture de Jastorf et des cultures apparentées On ne peut pas préciser si la déposition des armes dans un cours d’eau ou dans la tourbe présente dans la culture de Przeworsk doit être interprétée comme un élément des influences celtiques, ou plutôt comme le témoignage des contacts avec des populations de l’Europe du nord, où les pratiques pareilles sont largement répandues. Sans doute, les dépôts de colliers en forme de couronne dentelée, trouvés dans les rivières ou dans les tourbières doivent être interprétés comme un élément de la culture de Jastorf (ill. 9) (Kostrzewski 1926 ; Woťniak 1977, p. 276 ; Dćbrowska 1988a, p. 182-184 ; 1994 ; Domaĸski 1995). Du territoire polonais proviennent neuf colliers de ce type dont deux ont été trouvés séparément dans un milieu humide. Les trouvailles en question, selon la chronologie de la période de La Tène, doivent être datées vraisemblablement à La Tène C. Un dépôt d'armes et d'outils découverts à Pikule, au sud-est de la Pologne, au début des années quatre-vingt-dix se caractérise par sa qualité unique. Des concentrations de céramique, d'armes et d'outils en fer (plus de 240 objets métalliques) ont d’abord été interprétées comme des objets de sépultures de la culture de Przeworsk. L'ÉTAT DES RECHERCHES SUR LES DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER EN POLOGNE 9. Quelques colliers en bronze, en forme de couronne dentelée provenant des territoires de la Pologne et de l’Ukraine. n° 1 : ýmachowo ; 2 : Wybranowo ; n° 3 : Daszewo ; n° 4 : Dwikozy ; n° 5 : Kluczewo ; n° 6 : Boug `a Ulvivok (Ukraine) ; n° 7 : région de Kiev ; n° 8 : Zalesie (Ukraine) (planche T. Bochnak, d'après Pasternak 1944). Depuis une dizaine d’années, cette découverte est considérée comme un ensemble proche du matériel provenant de la péninsule de Jutland et des terrains de la culture de Poieneüti-Lukaševka (ill. 10) (Garbacz 1991 ; 1994 ; Dćbrowska 1994, p. 74). Actuellement, on admet que la découverte en question, vraisemblablement à caractère votif, n’appartient pas à la culture de Przeworsk, mais à des analogies avec du mobilier du bassin de Prout et de Siret (Kokowski 1999, p. 206-207 ; 2001, p. 112 ; Kokowski, Łuczkiewicz 2002). Il se peut, que le dépôt de Pikule reste en relation avec d'hypothétiques contacts entre la population de la culture de Poieneüti-Lukaševka et de la culture de Jastorf, propre au bassin de l’Elbe. En effet, une migration possible de petits groupes établis dans le bassin de Prout et Siret, et revenus dans le bassin de l’Elbe, d'après T. Makiewicz (1986, p. 32). 177 TOMASZ BOCHNAK 10. Quelques objets du dépôt du Pikule (Pologne). n° 1,2 : des agrafes de ceinturon en fer ; n° 3 : un fragment de fourreau en bronze ; n° 4, 5 : des éperons en fer ; n° 6 : une pointe de javelot en fer ; n° 7 : une faux en fer ; n° 8 : une hache à douille en fer. (D'après Kokowski, Łuczkiewicz 2002.) 178 L'ÉTAT DES RECHERCHES SUR LES DÉPÔTS D'OBJETS MÉTALLIQUES DU SECOND ÂGE DU FER EN POLOGNE CONCLUSION En résumant nos considérations, il faut constater, que les trouvailles d’objets métalliques sur le territoire polonais restent en rapport avec des cultures variées et que leur origine se situe dans les différents contextes. Pour la culture celtique, à côté des trouvailles qui se laissent interpréter comme des dépôts relatifs au commerce (Rembielin et peut-être aussi Gorzów), il existe aussi des dépôts considérés comme votifs (l’épée de Wisłok à Rzeszów, la tête du bovidé de San à Radymno), ainsi que des trésors de monnaies et d’outils, que l’on peut interpréter de différente façon. Dans la culture de Przeworsk, nous pouvons distinguer un groupe dense, concentré sur un territoire limité, de trouvailles d’armes, souvent d’origine celtique.Ces découvertes peuvent être reconnues comme un témoignage d'offrandes déposées dans les cours d’eau. À présent, il est pourtant impossible de préciser si la coutume de déposer des objets militaires sur les terres polonaises doit être mise en relation avec les influences du monde celtique, ou avec celles de la population des cultures de Barbaricum de l’Europe septentrionale, où la tradition de déposer des offrandes dans un milieu humide était séculaire et elle a été observée aussi bien pendant les derniers siècles av.ant J.-C., qu’à la période des influences romaines. Les objets de la culture de Jastorf, c’est-à-dire les dépôts de colliers en forme de couronne dentelée et les trouvailles d’armes et d’outils de Pikule ne trouvent pas d’analogie sur les terres polonaises et représentent, sans aucun doute, une culture distincte.Ces objets ne sont pas d'influences celtiques, mais ils sont dans la tradition de la population établie dans le bassin de l’Elbe. BIBLIOGRAPHIE Antoniewicz 1954 : ANTONIEWICZ (W.). — Srebrna głowa byka z Sanu, Wiadomoŋci Archeologiczne, 20, 1954, p. 263-266. Bittel 1981 : BITTEL (K.). — Religion und Kult, In : BITTEL (K.), BEHRENDS (R.-H.) dir. — Die Kelten in Baden-Württemberg. Stuttgart : Konrad Theiss Verlag, 1981, p. 85-117. Blume 1912 : BLUME (E.). — Die germanischen Stämme und Kulturen zwischen Oder und Passarge zur römischer Kaiserzeit. Würzburg, 1912. Botheroyd, Botheroyd 1998 : BOTHEROYD (S.), BOTHEROYD (P.F). — Słownik mitologii celtyckiej. Katowice, 1998. 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L’ensemble des découvertes est alors déposé à Vienne, capitale de l’empire austro-hongrois (ill.1),au Naturhistorisches Museum. Il s’agit de plus de 700 objets de parure en bronze (ill.2-3), or, fer et sapropélithe, armement, vaisselle, outils, pièces de harnachement, éléments de chars, céramiques, ossements humains de plus de quarante individus, ossements d’animaux dont de nombreux chevaux, perles d’ambre et de verre, amulettes, fusaïole en terre cuite, peson, marteau et moule permanent en pierre, manche et instruments en bois de cervidés et en os, loupe et barre de fer, vannerie, cordes et restes de plantes. Les techniques de fouille de l’époque ne permettent pas de différencier les phases de dépôts. Les objets les plus anciens sont datables du Hallstatt C1 et les plus récents de La Tène B. La grande majorité des découvertes date du Hallstatt D. Cet ensemble unique et encore assez mystérieux vient de faire récemment l’objet d’une publication exhaustive (Parzinger et al. 1995). Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 183-191 (Bibracte ; 11). JEAN-PAUL GUILLAUMET 1. Reconstitution très imagée des scènes de sacrifices dans la grotte de BýĀí Skála (d'après Parzinger et al. 1995, p. 184, fig. 2). 2. La figurine de bovidé de BýĀí Skála (d'après Parzinger et al. 1995, Taf. 4, n° 369). 184 QUELQUES AUTRES DÉPÔTS D'EUROPE 3. Quelques exemples de parures en bronze recueillies à BýĀí Skála (d'après Parzinger et al. 1995). 185 JEAN-PAUL GUILLAUMET ment un dépôt de la fin du Hallstatt ou du début de La Tène suivant des modalités déjà en usage à l’âge du Bronze (Lelong 1994 ; Provost, Ollagnier, Joly 1994). L'agencement et le type de mobilier renforcent cette hypothèse. 4. Dépôt de haches à douille armoricaines en alliage cuivreux, en provenance de Trelly (Manche) (d'après Santrot 1999, p. 18-20). En Armorique, on peut citer les dépôts de Treillières et de Ruffigné (Loire-Atlantique) et en Normandie, depuis la découverte à Trelly (Manche ; ill. 4), « d’un dépôt de hache à douilles armoricaines associées à des parures typiques du premier âge du Fer (Hallstatt D1) tel le bracelet à engrenages » accompagné d’un bracelet massif à bossettes. Ces dépôts de haches à douille en alliage cuivreux, associés ou non à d'autres mobiliers, sont considérés du premier âge du Fer (Santrot 1999, p. 18-20). En Eure-et-Loir, dans les années quatre-vingtdix, deux dépôts de cinquante haches à douille en fer, de 20 à 25 cm de longueur, pesant environ 300 g, ont été découverts fortuitement lors d’un labour, sur la commune de Nottonville. La fouille a montré, pour chaque dépôt, une disposition dans un rectangle, sans doute une caisse. D’après une photographie (ill. 5), la majorité des haches est empilée à plat, par quatre, tête-bêche et elles sont disposées sur les longs côtés encadrés par une ligne de cinq haches, tranchant vers le bas. Deux lingots bi-pyramidaux aux extrémités aplaties inversées du type “Spitzbarren” avaient déjà été recueillis en ce lieu. Une reprise des recherches a permis de retrouver la cachette de barres dont le nombre s’élève à vingt-quatre exemplaires (ill. 6). Leurs longueurs oscillent entre 380 et 710 mm, le poids de 3100 à 7300 g. Elles étaient, à l’origine, empilées les unes sur les autres par six sur quatre épaisseurs. L’existence de plusieurs dépôts, dont deux similaires dans un même lieu, suggère forte- 186 Au Liechtenstein, en 1932, on met au jour au pied de l’éminence de Gutenberg à Balzers, un ensemble de huit statues, toute en alliage cuivreux, six humaines et deux animales (Wiss 1978 ; ill.7). Publié très rapidement, il est encore le plus grand ensemble de statuettes en contexte de dépôt. Il ne s‘agit pas d’un ensemble homogène et construit comme le char de Strettweg. Ces statuettes humaines, toutes masculines, représentent des guerriers de taille et de facture différentes aux caractères communs affirmés, nus ou cuirassés, la plupart casqués. De plus, ils ont tous un sexe apparent. Les extrémités des bras ou avant-bras sont préparées pour recevoir bouclier, lance ou hache. Les deux animaux, un cervidé ou un bouquetin et un sanglier portaient, dans des cavités prévues à cet effet, des yeux en émail, en verre ou en corail. Ce dépôt par son association animaux/êtres humains, rappelle celui de Thorigné-en-Charnie (Mayenne) de la fin du VIIe ou début du VIe av. J.-C. (Santrot 1999, p. 78-79). Dans les deux cas, il s’agit de statues dépareillées conservant les traces de fixation par tenons ou brasure à l’étain sur un plateau en métal. Cet ensemble est bien souvent considéré comme de la fin de l’époque gauloise. Par sa cuirasse du même type que celle du Glauberg et sa nudité héroïque, le grand personnage est datable de la fin du Hallstatt. Les autres représentations humaines sont, par leurs traitements et leurs nudités héroïques, affirmées plus anciennes. Les deux représentations animalières peuvent parfaitement correspondre à cette période. En août 1997, la ligue spéléologique de Bourgogne entreprend le pompage de la fontaine vauclusienne de La Douix à Châtillon-sur-Seine (Buvot et al. 1997 ; Coudrot 1996). Dans des sédiments de la galerie de résurgence terrassés pour l’installation des pompes, apparaît du mobilier métallique protohistorique. Alerté par J.-L. Coudrot, conservateur du musée de Châtillon, le Service Régional de l’Archéologie dépêche P. Buvot pour suivre l’opération. La surveillance de l’opération et quelques sondages permettent d’appréhender la topographie antique et de recueillir un important mobilier. À l’époque protohistorique la résurgence est sous un grand QUELQUES AUTRES DÉPÔTS D'EUROPE 5. Dépôt de hache à douille en fer en provenance de Nottonville “La Pièce de la Cave” (Eure-et-Loir) (d'après Provost, Ollagnier, Joly 1994). 6 Cachette de lingots à Nottonville “La Pièce de la Cave” (Eure-et-Loir) (d'après Lelong 1994, p. 49). 7. Quelques représentations de figurines de Balzers (dessins inédits D. Bertin). 187 JEAN-PAUL GUILLAUMET dans un couloir d’avalanche pour le remplacer par une protection plus importante du village en contrebas, ce dépôt isolé comprend quatre torques et trois bracelets en or, au décor figuré de grande qualité. Provenant du milieu aristocratique d’Europe moyenne, ils sont datables de la seconde moitié du Ve s. av. J.-C. (Guggisberg, Voûte 2000). LA PÉRIODE DE LA TÈNE 8. Fibules en bronze et en fer de La Douix, Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) (d'après Buvot et al. 1997). porche hors d'eau. Elle est un peu fréquentée dès le Bronze final. Au Hallstatt, on y précipite des fibules surtout en fer. Ces premiers travaux ont déjà permis d’en recueillir plus de 210 en majorité du Hallstatt moyen (ill. 8). À l’époque romaine, on aménage le lieu et un premier bassin est construit au moyen d’un mur formant barrage où l’on dépose des ex-voto en pierres, surtout des bustes. La totalité, ou une partie de ceux-ci, pour des raisons inconnues, est tombée ou jetée dans la résurgence. Si, la présence d’ex-voto gallo-romains est bien connue dans les sources depuis les trouvailles des sources de la Seine et de Chamalières, la découverte d’un tel nombre de fibules, de la fin du premier âge du Fer, est exceptionnelle. La seule comparable a eu lieu en Bohême à Duchcov où au siècle dernier, dans une source thermale, on a découvert un chaudron en bronze rempli de plusieurs centaines de fibules, bracelets et anneaux datables de la fin du IVe s. av. J.-C. (Kruta 1971). Pour La Tène A, le dépôt d’Erstfeld, dans le canton d’Uri reste unique. Découvert fortuitement lors de la démolition d’un rocher situé 188 Sur le territoire des Allobroges, deux découvertes ont été souvent qualifiées de dépôts. Dans les années 1955, sur les pentes de la colline Sainte Blandine qui domine la ville de Vienne (Isère) G. Chapotat recueille et étudie un amas de mobiliers celtiques. Dans les années quatre-vingt, F. Perrin reprend à son tour quelques travaux de terrain et l’étude complète du mobilier recueilli dans la faille de La Chuire, déchirure en forte pente semblant se jeter dans la tourbière d’Hyèressur-Amby. Il s’agit de céramiques, parure en verre et en majorité de mobilier métallique, armes, fibules, vaisselle, outils et ustensiles. La période d’occupation principale est de La Tène D. Aucune structure n’est associée directement à ces ensembles, très semblables par leur composition et sans comparaison, avec les autres dépôts d’Europe (Chapotat 1970 ; Perrin 1990). En Grande-Bretagne (Stead 1995), dans les années cinquante, à Snettisham (Norfolk) sont découverts plusieurs parures fragmentaires et complètes essentiellement des torques et des bracelets, en or pur et en or allié ainsi que des monnaies et du métal non travaillé. Depuis, il est fait régulièrement mention de trouvailles sporadiques. En 1990-1991, à la suite de nouvelles découvertes, il est décidé de lancer une opération de fouille. Les prospections et les décapages s’effectuent sur de grandes surfaces. Les résultats sont spectaculaires. L’emplacement de treize dépôts est identifié dans un vaste enclos polygonal marqué par un fossé interrompu par une entrée à l’ouest. L’ensemble des dépôts est implanté dans la partie centrale sans ordre apparent. Certains sont composés de torques complets (dépôts J, H et L) et d’autres, comme le dépôt F, regroupent des éléments de parure brisés en or, argent et base cuivre, de monnaies et de lingots. Il est proposé de dater ces dépôts de la fin du Ier s. av. J.-C. et le début du Ier s. ap. J.-C. QUELQUES AUTRES DÉPÔTS D'EUROPE 9. Dépôt de Bešeļov (Slovaquie) lors de sa découverte (d'après ToĀik 1951). En Slovaquie, les dépôts les plus nombreux et les mieux connus de la dernière période de La Tène, sont dans les sites d’habitats fortifiés. Sur le site de Pohanská à Plavecké Podhradie, sur la dizaine de dépôts découverts, seulement quatre ont été fouillés et étudiés. Les trois premiers sont mis au jour lors des fouilles des années soixante et le dernier en 2001. Le nombre d’objets par dépôt varie de six à une centaine. À l’exception d’un contrepoids de balance en alliage cuivreux, tous les objets sont en fer. Il s’agit de demi-produits ou de barres, d’outils agricoles et artisanaux, d’ustensiles, de pièces de char et d’un fourreau d’épée, le tout daté du IIe s. av. J.-C. Ces dépôts sont disséminés sur la partie haute dans le rempart et des lieux ouverts (Pieta 2003). Liptovská Mara est le site le mieux documenté de la culture de Puchov qui se développe à partir du IIe s. av. J.C. dans les Tatras. Cinq dépôts se trouvent dans la partie fortifiée du site, dans les places et les rues. Un seul, découvert en 1992, possède un aménagement des pièces métalliques sans leurs manches, dans un contenant en bois ou autres matériaux périssables. Il se compose de trente objets de fer, vingt-cinq à usage agricole : six faux avec trois douilles de fixation du manche, quatre socs, neuf dents de herse ou de râteau, une hache, un ciseau à bois et une lame interprétée comme un couteau de tourneur ; quatre objets domestiques : deux clés, un couteau, une broche et un indéterminé (Pieta 2000). À Bratislava, dans le secteur des fours de potiers, on a recueilli dans un four des instruments agricoles et quelques outils en fer pour le travail du bois (Rybová, Motyková 1982). Un autre dépôt d’outil de fer, connu seulement en partie, provient du village proche de Gajary. À Bešeļov, ont été découverts d’une façon fortuite huit objets en fer, une hache à œil, une à douille, une 10. Bijoux en or issus du trésor de Szárazd-Regöly (Budapest, musée national hongrois) (d'après Szabó 1975, p. 162, pl. VII). grande lance, deux faucilles, deux ciseaux à bois et un indéterminé (ill. 9). L’ensemble, à cause de la hache à œil, ne peut être antérieur à La Tène D (ToĀik 1951). En Hongrie, nous avons recensé cinq dépôts tous datés de La Tène. Deux d’entre eux sont composés exclusivement d’objets en or. Il s’agit de l’ensemble de Szárazd-Regöly daté du IIIe ou IIe s. av. J.-C. (ill. 10) composé de perles à masques, de roues, de tubes, tous décorés de filigranes, dont les conditions de découverte restent obscures (Szabó 1975). Le torque de Gajic du même type que ceux de Fenouillet (Haute-Garonne) et de Civry de Touraine près de Tours sont également sans contexte précis. Trois de ces dépôts sont uniquement composés d’objets de fer. L’un à Dunaújvaros où ont été découvertes dans le Danube quatre barres de demiproduit en fer (Szabó 1966). Les deux autres ont été trouvés dans le nord de la grande plaine hongroise. Ils se rattachent aux phénomènes observés en Slovaquie très proche. Celui de Petneházá, conservé seulement en partie dans les collections du musée archéologique András Josá de Nyíregyházi, trouvé en 1908 (ill. 11), se compose de six coutres, huit faucilles, une enclume, deux marteaux de forge, deux pinces de forge, une enclume, un marteau à rebattre, une lame asymétrique (Müller 1983, p. 61-80, fig. 34). La datation est peu claire et un doute plane sur l’homogénéité de la découverte. Le troisième dépôt provient de la fouille franco-hongroise de l’agglomération à fortes activités artisanales celtiques de Sajópetri, près de Miskólc. Il a été découvert en 2002 lors de l’intervention d’O. Nillesse. Dans une 189 JEAN-PAUL GUILLAUMET 11. Le dépôt de Petneházá (Hongrie) (d'après Müller 1983). La seule publication (Guichard 2003) donne une fausse composition du dépôt. En Roumanie, de nombreux dépôts de périodes plus récentes rassemblent en majorité des outils agricoles (Glodariu, Iarosslavschi 1979) mais les travaux anciens seraient à réactualiser. fosse oblongue, reposaient en désordre sept objets en fer : deux forces, une hache à douille longue de 160 mm, une agrafe de construction, un outil ou instrument à soie déportée non identifié, une scorie, une meule plate et un poids avec un anneau d’attache en fer ainsi qu'une perle en os. Cet ensemble est datable de La Tène B2 comme l’agglomération où se déroulent trois activités artisanales dans des secteurs bien séparés : – Épuration de loupe de fer et fabrication de barres, – Manufacture d’équipement guerrier en fer : épée, fourreau et ceinturon, umbrine et orle de bouclier, fibule, lance, couteau et rasoir, – Fabrication de céramique. Notre approche est donc loin d’être exhaustive mais montre la diversité et la difficulté d’appréhender la plupart de ces dépôts si aucun travail récent ne les a fait surgir de l’oubli. Seule une reprise systématique et une critique de toutes les données encore oubliées dans les musées permettront de cerner ce nouveau champ de recherche pour nos périodes.  190 QUELQUES AUTRES DÉPÔTS D'EUROPE BIBLIOGRAPHIE Pieta 2000 : PIETA (K.). — Hortfund mit latènezeitlicen Eisengeräten aus Liptovska Mara. In : FRIESINGER (H.), PIETA (K.), RAJTAR (J.) dir. — Metallgewinnung undVerarbeitung in der Antike (schwerpunkt Eisen). Nitra : Archäologisches Institut der Slowakischen Akademie der Wissenschaften, 2000, p. 135-160 (Archaeologica Slovaca Monographiae ; 3). Buvot et al. 1997 : BUVOT (P.), DEGOUVE (P.), LAUREAU (P.), LEVEQUE (D.). — La Douix de Châtillonsur-Seine (Côte-d’Or). Dijon : Ligue spéléologique de Bourgogne, 1997 (Sous le plancher ; Hors série). 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Lyon : Circonscription des antiquités historiques de la région Rhône-Alpes, 1990 (Documents d’Archéologie en Rhône-Alpes ; 4).  191 Assemblages métalliques dans les structures du village d’Acy-Romance (Ardennes) Bernard LAMBOT LE VILLAGE D’ACY-ROMANCE (ARDENNES) L’organisation spatiale du village Le village de La Tène finale d’Acy-Romance a été fouillé pendant seize années. Il couvre une superficie de seize hectares dont seul un hectare, au sud-est, n’a pu être étudié en raison des réticences de l’agriculteur. L’espace bâti, très organisé, ne représente qu’une dizaine d’hectares. Il conviendrait de parler de bourg pour cet habitat. Unique gros village fouillé exhaustivement en Gaule septentrionale, il présente comme autre particularité d’être organisé rigoureusement autour d’une grande place centrale et de trois cours principales d’un hectare. Un tertre de l’âge du Bronze a servi de point de référence pour tracer un carroyage rigoureux, base d’un découpage en parcelles et en lots bâtis. Sur la partie sommitale du plateau a été installé un grand centre communautaire et religieux regroupant une place centrale en forme de D de 3 500 m2 de superficie délimitée par un fossé palissadé. Cinq constructions cultuelles et leurs annexes s’alignent parallèlement au grand côté ouest de la place. Différents témoignages de pratiques cultuelles importantes ont été découverts. C’est notamment le cas pour dix-neuf jeunes hommes sacrifiés, d’un vingtième tué d’un coup de hache et de trois autres individus trouvés assis dans des fosses quadrangulaires au milieu d’une grande cour. Des fosses comblées de restes de brebis, toutes gravides et âgées de trois ans, témoignent d’abattages massifs (Lambot, Méniel 2000). La dernière découverte de ce type réside dans le rejet de milliers de fers de lances miniatures dans la partie supérieure d’un puits. Position géographique Au cœur du territoire des Rèmes, cet habitat est installé sur un plateau dominant la vallée de l’Aisne d’une quarantaine de mètres. L’oppidum de Château-Porcien est installé à 6 km à l’ouest, sur la rive droite de l’Aisne. L’oppidum de Condé-surSuippe/Variscourt est éloigné de 35 km à l’ouest, celui de Vieux-Laon (la Bibrax de La Guerre des Gaules de César) à 45 km au nord-ouest et Reims (Durocortorum) est à 40 km au sud.Aussitôt l’Aisne franchie, la craie laisse la place progressivement à des argiles rouges ferrugineuses superficielles du Jurassique. Les crêtes pré-ardennaises sont à 40 km au nord. La vallée en contrebas du village est très large et était consacrée, il y a encore peu de temps essentiellement à l’élevage. La craie affleure sur les plateaux. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 193-209 (Bibracte ; 11). BERNARD LAMBOT L’étude des structures et de leur répartition spatiale a permis de proposer des occupations sociales différentes pour trois grands secteurs de l’habitat. Au nord se trouvaient les éleveurs, à l’est les agriculteurs et au sud les artisans forgerons/ dinandiers. LE MÉTAL La distribution des objets en métal sur une partie de La Warde, en nombre et sans distinction de fonction, montre quelques concentrations sur un fond assez homogène. Ces points correspondent à des silos ou des caves dont le comblement principal fait suite à un incendie. Reste que la présence d’objets en fer en quantité est fonction, comme pour tout le matériel archéologique, de l’existence de structures de grande taille ayant servi de pièges. Les objets en fer Il ne sera question ici que des objets en fer. Le bronze n’interviendra que ponctuellement par sa présence en compagnie de produits manufacturés en fer. L’or concerne principalement les monnaies qui témoignent de pertes, un seul objet, en l’espèce un bracelet, est retenu. L’argent n’est présent que par un flanc monétaire non empreint. Le potin est représenté en quantité par des monnaies (350 environ) et quelques anneaux. Quatre silos, deux caves, trois trous de poteau, une fosse, une fosse polylobée, un puits, un chablis, de La Tène C2 et La Tène D, une cave et une fosse rectangulaire augustéennes seront prises en compte ici. Ces structures se répartissent sur l’ensemble de l’habitat avec une représentation plus importante autour de la cour des forgerons/ dinandiers, ce qui est logique (ill. 1). 1. Plan général de l’habitat d’Acy-Romance (Ardennes) et emplacement des structures mentionnées (plan B. Lambot). 194 ASSEMBLAGES MÉTALLIQUES DANS LES STRUCTURES DU VILLAGE D'ACY-ROMANCE (ARDENNES) LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES D’ASSEMBLAGES D’OBJETS EN FER Les petits objets fragmentés abandonnés La structure 082505 Il s’agit d’une fosse circulaire de 1,80 m de diamètre et de 0,75 m de profondeur, aux parois sub-verticales. Quelques lentilles terreuses, obli- ques, témoignent de plusieurs épisodes dans le comblement qui est par ailleurs homogène. Le mobilier céramique, très fragmenté, est abondant. Cette fosse a été comblée dans un temps assez bref, difficilement appréciable. Les ordures ont eu le temps de se tasser au fur et à mesure du remplissage, comme le démontrent la densité des terres et le cône de comblement final peu important. Les objets en fer, plus d’une trentaine, sont tous fragmentés (ill. 2). Leur nature est diverse : morceaux 2. Site d'habitat d'AcyRomance (Ardennes). Objets en fer de la structure 082505. Le fragment de bracelet torsadé et le petit anneau sont en bronze (dessins B. Lambot). 195 BERNARD LAMBOT de fibules, croc à viande ou fourchette à chaudron, clous divers, plaquettes de tôle, petits outils, barres à section carrée, anse de seau cassée. S’y ajoutent un fragment de bracelet torsadé et un anneau en bronze, un demi-anneau en potin et une demi-perle en verre translucide. Cette structure témoigne d’un comblement progressif par des rejets domestiques quotidiens, reliquats de table, vaisselle brisée et balayages. Les assemblages d’objets entiers Le silo 082527 Ce silo de La Tène C2, qui fait suite à une première structure, a été recoupé à sa base par un silo de La Tène D1b. Au fond se trouvait un couteau en bon état et à une dizaine de centimètres au-dessus deux socs d’araires usés, mais encore utilisables, qui étaient enfilés l’un dans l’autre. Cette association de deux socs, connue par ailleurs, témoigne du démontage des renforts des seps des araires et leur conservation dans la maison ou l’appentis. Le comblement inférieur de ce silo correspond à un nettoyage de bâtiment incendié (ill. 3). La céramique, abondante, représente le vaisselier d’une maison auquel s’ajoute un nombre élevé de fragments de vases à conserver dont des dolia. L’arasement des trous de poteau par la suppression d’un chemin lors du remembrement nous prive de l’habitation correspondante : maison avec coin de stockage ou maison avec 3. Site d'habitat d'AcyRomance (Ardennes). Socs d’araires trouvés emboîtés dans une couche de nettoyage d’un incendie de construction et petits objets en fer (silo 082527) (dessins B. Lambot). 196 ASSEMBLAGES MÉTALLIQUES DANS LES STRUCTURES DU VILLAGE D'ACY-ROMANCE (ARDENNES) annexe ? Le comblement supérieur contenait quelques objets fragmentés du quotidien, résultat d’un balayage. Cave augustéenne 051653 La cave quadrangulaire est comblée de blocs de torchis, cuits pour la majorité, de charbons de bois, de céramiques et d’objets métalliques. Cette structure a été bouchée en une fois en y balayant les restes d’un bâtiment incendié, probablement une maison d’après la nature des objets. Les vases gallo-belges (vingt-cinq exemplaires) présentent des éclatements thermiques et sont recuits sur l’ensemble de leur surface. Ils sont brisés mais complets pour la majorité. Chaque type est en double exemplaire et il s’agit indiscutablement du vaisselier d’une petite maisonnée. Les objets en fer correspondent dans l’ensemble à l’aménagement de la bâtisse : plusieurs dizaines de clous de toutes dimensions, charnières, pentures, ferrures de porte et de ventaux, serrures et clé de porte, clé et éléments de coffre, clous à tête hémisphérique, un marteau et une petite boucle à ardillon de courroie en bronze (ill. 4). Deux as émis en 17 av. J.-C. à Rome et un sesterce d’Auguste permettent de dater l’incendie des premières années de notre ère. Dans le cas présent, véritable modèle, la cave a été mise à profit pour le nettoyage de la maison incendiée. Une partie des murs et l’ossature verticale de la maison ont été préservées, le comblement des trous de poteau ne présentant aucune trace d’incendie. Après certains incendies, les poteaux verticaux sont arrachés et leur emplacement est comblé de détritus du nettoyage. Un certain nombre d’objets métalliques se retrouvent dans ces trous de poteau. Ils sont généralement entiers comme ceux de la cave augustéenne et sont des critères de détermination du type de bâtiment ayant brûlé. Très rare à La Tène finale, le fer devient abondant dans l’assemblage de la charpente et dans les portes et volets à la fin du Ie s. av. notre ère. Commentaire L’examen de ces quelques structures montre la diversité des cheminements des objets métalliques découverts. Remarquable aussi est la différence entre les objets métalliques entiers jetés à La Tène C2 et même à La Tène D et la période augustéenne. D’un côté socs d’araires, couteau ; de l’autre côté ferrures de portes, de volets et de coffres, clés et l’outil indispensable qu’est le marteau. C’est l’image même de l’habitation, de son architecture et de son intérieur, qui transparaît au travers de ces restes. Les rebuts de forge La fosse polylobée 027428 Cette vaste fosse est le résultat d’extractions successives de craie. Ses alvéoles plus ou moins profondes et volumineuses, ont été creusées au fur et à mesure des besoins. Elle a été utilisée en dépotoir et c’est ainsi que des résidus de nettoyage de forge et des environs de l’enclume y ont été jetés. La récolte des battitures à l’aimant, limitée à l’endroit le plus riche en scories de forge, a permis d’en récolter 680 g. La recherche des battitures dans les trous de poteau des maisons des forgerons et dans les fosses et silos proches a été négative. L’érosion est très importante sur cette pente sud et certains bâtiments ne sont représentés que par le fond des poteaux d’un seul côté latéral. Seuls les rejets contenus dans cette fosse témoignent directement d’une activité de forge dans ce quartier de l’habitat. Les fragments métalliques découverts, mêlés à ces balayages, sont des rebuts et ils présentent, en ce sens, une grande importance. Qu’y trouve-t-on ? Essentiellement de petits morceaux de tôles, chutes de pièces découpées elles-mêmes dans des fragments de métal récupérés. Une pièce de réparation de chaudron et une barre tordue sont deux exceptions. Ne figure aucun objet complet et, plus parlant encore, aucun clou intact. Cet assemblage de fragments métalliques est de nature à caractériser, en l’absence de tout autre élément, une activité de forge proche. Ces chutes métalliques n’ont rien à voir avec les objets en fer du silo 082505. La dinanderie se résume à quelques chutes de tôles, à une découpe de pièce décorative et à des rivets coniques de bronze. Une trentaine d’éléments à différents stades d’élaboration permettent de reconstituer la chaîne opératoire de fabrication de ces rivets (ill. 5). Un objet mérite d’être signalé. Une petite boîte quadrangulaire a été façonnée sommairement dans une tôle découpée. Une “poignée” est même aménagée. L’art du bricolage ne date pas d’hier et c’est ici l’illustration de la nature artisanale de la production. 197 BERNARD LAMBOT 4. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Marteau et quelques éléments de serrures, clés, pentures et autres fragments métalliques provenant de la cave d’une maison augustéenne (cave 051653). Des dizaines de clous de diverses formes et dimensions accompagnaient ces objets (dessins B. Lambot). 198 ASSEMBLAGES MÉTALLIQUES DANS LES STRUCTURES DU VILLAGE D'ACY-ROMANCE (ARDENNES) 5. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Petits objets en fer jetés dans une fosse polylobée (fosse 027428). En haut à droite chaîne opératoire de fabrication de petits rivets en bronze (dessins B. Lambot). 199 BERNARD LAMBOT Les objets de récupération et la matière première La fosse 027537 Cette structure de 1,6 m de diamètre et 1,15 m de profondeur renfermait un bel échantillonnage de fragments de céramiques, trois vases complets et de nombreux fragments d’amphores dans son comblement supérieur. Le tout est daté de La Tène D1. Plus d’une trentaine de restes métalliques se trouvaient dans le comblement. Aucun objet n’est complet et certains fragments sont des chutes. D’autres en revanche présentent un potentiel métallique, certes limité, mais indiscutable. C’est le cas du fer d’araire qui bien qu’usé à l’extrême peut être réutilisé et de la barre de gril transformée en anneau. Il convient de remarquer une soie d’outil qui a été tranchée au burin et une barre qui a probablement servi de matière première (ill. 6). Cette structure se trouve à proximité d’une construction qui est identifiée comme une maison de forgeron. Ces objets ont été rejetés dans ce silo en cours de comblement. Cette structure est située au nord, sous l’auvent de la maison du forgeron, à l’ouest de la cour. Une autre fosse du même type est creusée symétriquement. Circulaires, elles font 80 cm de profondeur environ et les fonds sont en cuvette. Dans cette structure ont été découverts des objets métalliques qui sont d’évidence de la récupération. On y trouve un support longitudinal de gril, deux barres démontées du même gril, deux fragments probables d’une autre barre, un morceau de cerclage aplati, un crochet de charpente, un loquet de porte, une fibule cassée et repliée, un clou à tête hémisphérique, une tige de section circulaire, un fragment de barrette aplatie et une pelle à feu au manche sectionné (ill. 8). Ces éléments sont susceptibles d’être reforgés pour fabriquer de petits objets. Ce mobilier est à comparer à celui du silo 027578. Dans ce dernier cas les chutes de forge et les objets récupérés sont associés alors que dans cette fosse se trouvent exclusivement des objets destinés à être transformés. La fosse augustéenne 084700 Commentaire Cette structure quadrangulaire, profonde d’une quinzaine de centimètres, renfermait une quinzaine d’objets en fer. Les fragments céramiques, peu nombreux, permettent de dater cet ensemble de la période augustéenne. Côte à côte se trouvent une serpette ou couteau à moissonner, une herminette à douille, un lève loquet, un ciseau, un piton à œil, le tout en bon état. Deux anneaux de mors, un troisième anneau de mors ou anse de chaudron, des fragments de panse de chaudron réparé, trois anneaux de chaîne et un morceau de cerclage de seau sont des éléments de récupération. Deux barres métalliques sont de toute évidence des barres de matière première. L’une à section en “I” a été martelée à chaque extrémité. L’autre de section carrée est légèrement écrasée aux deux bouts. Trois lots peuvent donc être distingués : des outils utilisables, des objets cassés récupérés, deux barres de matière première pour la forge (ill. 7). Une forge fonctionnait donc à proximité, forge dont aucune trace n’a été retrouvée. Elle se trouvait dans le secteur des agriculteurs, à une phase où, du grand village initial, ne subsistent que trois noyaux restreints d’habitat. Les restes métalliques de la grande fosse polylobée montrent ce qui subsiste après transformation d’objets récupérés, essentiellement des chutes de tôles de petites dimensions. Les assemblages ferreux de certaines fosses et silos illustrent la récupération d’objets destinés à être transformés et la présence de chutes permet d’évoquer la proximité d’une forge. En l’attente d’une étude précise de la distribution spatiale de ces assemblages, il est déjà possible, grâce aux dessins de la totalité des objets en fer par structure et par l’existence de scories de fonds de foyers, d’évoquer l’existence de petites forges domestiques à l’extérieur du périmètre du quartier des forgerons/dinandiers. Le silo 027578 200 Les assemblages volontaires d’objets Le trou de poteau 027786 Il fait partie d’un bâtiment rectangulaire à angles coupés au nord-ouest de la cour des forgerons. Ce bâtiment a été reconstruit une seule fois. C’est à l’emplacement du poteau de la reconstruction qu’un lot d’outils et de quelques autres objets a été découvert. Le poteau avait donc été récupéré. ASSEMBLAGES MÉTALLIQUES DANS LES STRUCTURES DU VILLAGE D'ACY-ROMANCE (ARDENNES) 6. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Objets découverts dans la fosse 027578 (dessins B. Lambot). 201 BERNARD LAMBOT 7. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Barres de fer, outils, objets divers provenant d’une fosse rectangulaire augustéenne (084700) (dessins B. Lambot). 8. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Support et barres de gril, objets en fer provenant d'une fosse du quartier attribué aux forgerons/dinandiers (fosse 027537) (dessins B. Lambot). 202 ASSEMBLAGES MÉTALLIQUES DANS LES STRUCTURES DU VILLAGE D'ACY-ROMANCE (ARDENNES) Cet assemblage est remarquable par la qualité des objets le constituant : une douille à extrémité arrondie (outil de dinandier ?), un soc d’araire en bon état, une hache de bûcheron dont le tranchant n’a pas été battu (la plus remarquable du site), une petite hache transformée en herminette à tranchant concave, une douille à extrémité arrondie aménagée avec probablement un fer de lance après arasement des ailerons, un crochet de charpente, un briquet, un petit ciseau à soie, une pelle à feu dont le manche a été sectionné, un magnifique ciseau à douille n’ayant certainement jamais servi tout comme la hache et le soc. Nous y trouvons également quelques fragments divers : barrette perforée, cerclage de seau, épingle de fibule, ruban plié et une fusaïole. Il n’y a pas de fragment de céramique mêlé directement à cet ensemble. On peut distinguer un groupe d’objets neufs ayant trait à des activités de paysans (labour et déforestation), un groupe d’outils pouvant être en rapport avec la dinanderie, et un groupe de pièces métalliques récupérées (ill. 9). Ce matériel rappelle celui des trois structures présentées précédemment. Mais dans le cas présent il s’agit d’un véritable dépôt comprenant des outils d’artisans et des pièces finies, jamais utilisées semble-t-il. Interpréter ce dépôt n’est pas aisé. Difficile d’imaginer une cache, qu’elle soit de précaution à long terme ou le produit d’un vol. Il aurait fallu profiter du moment où le poteau de la construction venait d’être récupéré. Un dépôt cultuel n’est pas une hypothèse plus positive. Pourquoi associer des bouts de ferrailles à des outils neufs ? Les trous de poteau 02208, 02201 et 02229 Ces structures contenaient un ou plusieurs objets métalliques associés, dans leur remplissage, qui résultaient tous de nettoyages de bâtiments incendiés. Dans la première, une barre de gril accompagnait une faux en excellent état. Dans la seconde, une anse de seau sectionnée et martelée (publiée fautivement comme ciseau à bois, Lambot, Méniel 1992) accompagnait un élément d’entrave, un petit marteau, un manche de brochette, un petit ciseau. La dernière ne renfermait qu’une petite hache. Rien de véritablement comparable entre les assemblages. D’un côté il y a un objet en bon état et un élément n’ayant subi aucune dégradation, de l’autre un assemblage de pièces de récupération. La hache est représentative d’un petit nombre d’objets isolés découverts dans des trous de poteau (ill. 10). Ces trois trous de poteau ont été retenus en raison de la diversité des assemblages métalliques et pour leur présence au sein des bâtiments religieux à l’ouest de la place centrale. Il est souvent évoqué des dépôts de fondations pour ces objets. Or, ils sont toujours dans ou à la partie supérieure du remplissage des structures, dans une position “secondaire” et dans un milieu de scories d’incendie. En l’occurrence les fragments de céramiques témoignent d’un feu violent. Des dépôts de fermeture pourraient être évoqués, mais la diversité des objets et le milieu détritique renvoient à ce qui a été évoqué pour les fosses et silos décrits. Commentaire Les contextes dans lesquels se trouvaient ces objets s’opposent à toute interprétation d’ordre cultuel, que ce soient des rites de fondation, de condamnation, de gestes propitiatoires ou tout autre. Une seule certitude : ils ont été déposés, dans le sens où le geste est perceptible. C’est notamment le cas pour la lame de faux posée à plat à l’emplacement d’un poteau qui était juste assez large. L’ensemble du poteau 02201 peut s’assimiler aux restes d’un petit atelier domestique de transformation d’objets récupérés, ramassés et déposés après l’incendie. En revanche l’abandon d’une faux en un aussi bon état conduit à s’interroger. Une explication pourrait être l’altération des qualités physiques du métal lors de l’incendie. Le rejet de socs d’araires ayant souffert du feu dans un silo résulterait du même principe. Cette interprétation conduit à imaginer une abondance et donc un coût négligeable du fer, ce qui s’oppose à la récupération du moindre bout de ferraille. Les objets isolés Un certain nombre d’objets ont été trouvés isolés dans des structures diverses. Leur spécificité et leur contexte conduisent à les séparer des autres objets trouvés isolés (couteau, hache, hachette, pied de trépied etc.) 203 BERNARD LAMBOT 9. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Outils divers à l’état neuf et divers fragments métalliques trouvés dans un trou de poteau d’une construction (027786) (dessins B. Lambot). 204 ASSEMBLAGES MÉTALLIQUES DANS LES STRUCTURES DU VILLAGE D'ACY-ROMANCE (ARDENNES) 10. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Objets découverts dans des trous de poteau dans le secteur des temples, à l’ouest de la grande place centrale (st. 02201, 02208, 02229) (dessins B. Lambot). 11. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Fragment de bracelet ou de petit torque tubulaire en or (photo B. Lambot). Un bijou en or Le fragment de grand bracelet ou de petit torque tubulaire (diamètre intérieur calculé 10,5 cm) du silo 114550 trouve ici sa place dans le sens où il est susceptible d’éclairer l’interprétation qui peut être donnée pour certain dépôt d’objet isolé. Ce bijou a été sectionné par pliage et écrasé. L’extrémité se termine par un anneau d’or d’1 mm de section, serti par élargissement du tube. À 2 mm de cette bague un clou l’a traversé de part en part. Cet objet précieux se trouvait dans un silo de 80 cm de profondeur, à 10 cm au-dessus d’un dépôt de meules. La structure était remplie jusqu’à la moitié de rejets détritiques classiques (ill. 11). Le comblement était égalisé et compacté à ce niveau. Un catillus, cassé en deux, et un autre, complet, étaient posés bien à plat au centre de la structure. Le comblement final était également détritique. Ce bijou a été arraché d’un support sur lequel il était cloué d’après les stigmates de la perforation et l’image antique des torques en or ornant des statues de bois s’impose. Il s’agirait donc ici d’un dépôt volontaire à connotation indiscutablement religieuse. Néanmoins l’utilisation de cet objet comme monnaie est possible en raison de son poids, 4,38 g., proche de celui d’un lourd hémistatère. Un autre petit fragment d’un bijou tubulaire en or a été trouvé dans une petite fosse et donne crédit à cette hypothèse. Le caractère rituel du dépôt ne s’imposerait plus en l’espèce, le bijou étant devenu objet profane. 205 BERNARD LAMBOT Une hache sortant de la forge a été trouvée lors du décapage du quartier des artisans, à quelques mètres de la grande fosse polylobée, dans le comblement d’un chablis (fosse 027424). Elle ne pouvait qu’avoir été enfouie au pied de l’arbre ou au moment de sa chute. Cet outil se caractérise par son état neuf, le tranchant n’a pas été battu (ill. 12). Les traces de martelage sont parfaitement visibles sur la totalité de la surface de l’objet. C’est dans l’environnement immédiat de cette hache qu’a été découverte la statue en calcaire représentant le buste d’un personnage. Des tenons latéraux et une gorge à la base indiquent qu’elle était placée sur un support de bois ou dans une niche creusée dans un tronc d’un arbre. et correspond à des rejets détritiques mêlant os et céramique. La destruction des fibules, identiques à une fibule de même type trouvée avec les armes miniatures, ne semble pas banale en l’espèce. La fosse 027056 : une pointe de lance réelle aux ailerons recoupés et martelés, une barre de gril sectionnée, un couteau ou une lance miniature (?) en cours de fabrication, un anneau en potin et un anneau en fer se trouvaient dans cette fosse accompagnant indiscutablement un bâtiment, maison de forgeron/dinandier. Le niveau social du propriétaire est attesté par la découverte dans un trou de poteau (027051) de la bâtisse d’un hémistatère uniface. Le comblement de la fosse est détritique, sans particularité. Un soc d’araire provient d’une petite fosse circulaire (027308) creusée devant un bâtiment au sud du quartier des forgerons (ill. 12). Lui aussi est neuf. Le comblement de terre ne renfermait aucun autre objet archéologique, pas même un tesson. Commentaire Commentaire Si un caractère cultuel peut être recherché dans ces exemples, c’est par sa simplicité qu’il se manifeste. En admettant que le fer épuré soit abondant, facile en approvisionnement et donc d’un faible coût, l’abandon de tels objets finis à l’état neuf, en contexte bien particulier, ne trouve pas d’explication rationnelle. Les assemblages particuliers Il convient de présenter sommairement quelques assemblages lâches, de nature différente, qui trouvent leur place dans le thème traité et soulignent sa complexité. La fosse 027998 : un fer de lance miniature, une pointe de couteau, des fragments d’amphores sont associés à un amas imposant d’os d’animaux. Patrice Méniel, qui s’est chargé de la fouille, conclut après l’étude des ossements que cet amas d’ossements n’est pas de nature commune sur le site mais ne présente pas non plus de caractères marqués plaidant pour une interprétation cultuelle indéniable. La fosse 027949 : deux fibules de type de Nauheim à arc triangulaire, en bronze, cassées volontairement se trouvaient dans le comblement supérieur. Le comblement inférieur est classique 206 Trouvés sur des sites différents, ces assemblages pourraient faire penser à du rituel. Le dépôt d’ossements d’animaux de la fosse 027949 n’est pas suffisamment caractéristique, les fibules cassées sont bien isolées contextuellement et les objets de la fosse 027056 évoquent un balayage de maison. Il s’agirait donc de rejets détritiques classiques. Cette vision doit être moins catégorique. En effet, le dépôt d’armes miniatures dont il va être question conduit à avoir une approche plus ouverte et une interprétation cultuelle est possible. Un dépôt cultuel de lances miniatures Cet imposant dépôt contenait plus de 1 500 lances miniatures et un échantillonnage important de lances réelles mutilées volontairement (ill. 13). C’est dans le cône résultant de l’effondrement des parois supérieures d’un puits (027109) qu’ont été rejetés ces ex-voto parmi lesquels figuraient une trentaine de petits vases miniatures. La présentation détaillée de ce dépôt ne s’impose pas ici. Il convient de mentionner la présence d’une fibule du type de Nauheim cassée volontairement et dont l’ardillon a été enfilé sur l’arc replié, rappelant celles de la fosse 027056. Figurent également une bouterolle de fourreau en bronze, des petits clous de coffrets, une série de monnaies et de petits éléments communs en métal, verre, bronze et os. Certains fers de lances miniatures ont été façonnés avec des fragments d’orles et d’ailettes d’umbo de boucliers, de plaques de fourreaux d’épées ou de morceaux banals de tôle et plus exceptionnellement avec des morceaux de bracelets tubulaires en bronze. ASSEMBLAGES MÉTALLIQUES DANS LES STRUCTURES DU VILLAGE D'ACY-ROMANCE (ARDENNES) 12. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Hache et soc d’araire à l’état neuf trouvés respectivement dans un chablis et dans une petite fosse près d’un bâtiment (st. 027424, st. 027308) (dessins B. Lambot). 13. Site d'habitat d'Acy-Romance (Ardennes). Dépôt cultuel de lances miniatures (photo B. Lambot). 207 BERNARD LAMBOT Deux mains d’artisans peuvent être identifiées parmi les plus belles réalisations, au milieu d’une fabrication générale de qualité médiocre. Le mobilier archéologique au sein duquel se trouvaient ces lances était de nature détritique. Patrice Méniel qui a étudié les ossements, conclut à des rejets ne se différenciant pas de façon exceptionnelle de ce qui se retrouve ailleurs sur le site. Il y a des rejets de tables et des restes résultant de balayages de sol. Ce puits a également servi de latrines, première identification pour la période gauloise. Plus profondément ont été trouvés des restes humains rongés frais par des chiens. Se marient ici des offrandes métalliques, des restes humains croqués et des déjections, association singulière peu compatible avec des manifestations religieuses in situ. Commentaire Si le mot dépôt peu éventuellement être employé pour les lances miniatures, c’est par commodité. Il s’agit en l’espèce de rejets qui n’ont rien d’organisé. Ils proviennent du nettoyage d’un lieu de culte, comme les nettoyages des maisons incendiées remplissent les silos et trous de poteau. Or aucune construction ne se distingue par son architecture du bâti des environs immédiats. Les autres gros dépôts d’armes miniatures proviennent de sanctuaires implantés dans la partie septentrionale du territoire des rèmes (Baâlons-Bouvellemont, Mouzon, Ardennes). À Acy-Romance une construction est obligatoirement un temple et il reste à l’identifier. Cet exemple est significatif. Il témoigne de la difficulté de reconnaître les lieux de culte villageois lorsqu’il y a des objets caractéristiques et dans le cas contraire, lorsque rien ne subsiste des offrandes, de l’impossibilité même d’une évocation. On peut alors se demander si les objets des fosses mentionnées précédemment ne sont pas les reliquats de pratiques religieuses, individuelles ou catégorielles ? Fer de lance miniature, couteau et amas singulier d’os d’animaux, fibules cassées, lance mutilée, prendraient alors un certain sens. 208 CONCLUSION À Acy-Romance l’image de la production semble se limiter à des objets nécessaires à la vie quotidienne et aux travaux agricoles. Cette perception se modifie radicalement lorsqu’on prend en compte les objets en fer des sépultures (Lambot, Friboulet, Méniel 1994). Presque toutes renferment un objet, de la fibule à l’énorme couteau et à la panoplie guerrière. Les haches et socs d’araires demandent des barres de matière première plus volumineuses que celles découvertes sur le site. Aucune de ces grosses barres n’a été trouvée, pas plus que les marteaux, les enclumes ou les pinces. C’est un témoignage indirect de l’abandon progressif de l’habitat et du transport de la matière première et des outils. Le dépôt du trou de poteau 027786 pourrait trouver sa justification dans le stockage provisoire d’une partie de l’outillage et de quelque réserve métallique d’un artisan quittant le village et démontant sa maison/atelier pour en tirer quelques subsides. Il faut rejeter l’interprétation en termes religieux et considérer que les hypothèses sont innombrables, les circonstances conduisant à enterrer un tel assemblage d’objets entiers étant multiples. La grande fosse polylobée réceptrice de déchets de forgeage permet de reconnaître parmi des assemblages d’objets métalliques ce qui est déchets de ce qui est objets récupérés. La différenciation entre objets du quotidien cassés et jetés avec les balayages, rejets d’objets initialement récupérés pour être reforgés et rejets d’objets entiers après incendie, est possible. La reconnaissance de pratiques cultuelles au travers d’objets métalliques, en l’absence de contexte à caractère indubitablement religieux, comme un bâtiment ou des dépôts spécifiques d’ossements, est particulièrement délicate pour ne pas dire impossible. À l’examen, nombre de dépôts métalliques, interprétés souvent comme probablement cultuels, se révèlent simples collectes d’objets usagés ou abandon résultant de la quantité de métal disponible. La perte des qualités du métal d’un objet forgé ayant subi un incendie violent n’est pas suffisante pour justifier l’abandon de certains outils, bien souvent volumineux. Leur redonner toute leur efficience n’est pas difficile pour un forgeron. Si l’abondance du fer peut justifier l’abandon de certains objets, la récupération de fragments parfois dérisoires va à l’opposé de cette proposition. Des superstitions peuvent s’attacher à ces objets ayant subi la violence du feu. De nombreuses hypothèses peuvent être proposées. ASSEMBLAGES MÉTALLIQUES DANS LES STRUCTURES DU VILLAGE D'ACY-ROMANCE (ARDENNES) BIBLIOGRAPHIE Lambot, Méniel 2000 : LAMBOT (B.), MÉNIEL (P.). — Le centre communautaire et cultuel du village gaulois d’Acy-Romance dans son contexte régional. In : VERGER (S.) dir. — Rites et espaces en pays celte et méditerranéen : étude comparée à partir du sanctuaire d’Acy-Romance (Ardennes). Actes de la table ronde organisée à Rome les 18 et 19 avril 1997 par l’École Française de Rome avec la collaboration de la section des sciences religieuses de l’École Pratique des Hautes Études, de l’UMR 126 du CNRS et de l’université de Dijon. Rome : École Française de Rome, 2000, p. 7-139 (Collection de l’École française de Rome ; 276). Lambot, Méniel 1992 : LAMBOT (B.), MÉNIEL (P.). — Le Site protohistorique d’Acy-Romance (Ardennes) : l’habitat gaulois. 1988-1990 (1). Reims : Société Archéologique Champenoise, 1992 (Mémoires de la Société Archéologique Champenoise ; 7). Lambot, Friboulet, Méniel 1994 : LAMBOT (B.), FRIBOULET (M.), MÉNIEL (P.). — Le Site protohistorique d’Acy-Romance (Ardennes II : les nécropoles dans leur contexte régional (Thugny, Trugny et tombes aristocratiques) 1986-1988-1989. Reims : Société Archéologique Champenoise, 1994 (Mémoires de la Société Archéologique Champenoise ; 8/Dossiers de Protohistoire ; 5).  209 Les dépôts de demi-produits de fer (VIIIe - Ier s. av. J.-C.) Contextes et associations de mobiliers Marion BERRANGER Les demi-produits de fer (ill. 1), réserve de matière première, sont destinés à être transformés en objets finis. Ils permettent donc, de par leur fonction, d’aborder des problématiques relatives à la sidérurgie protohistorique (entre autres : Berranger 2004, Crew 1994, Delamare, Nicolas, Mencarelli 1982, Doswald 1994, FranceLanord 1963, Thouvenin 1984). Néanmoins ces objets se trouvent majoritairement hors contextes artisanaux (ill 2). Ainsi sur trois cent neuf sites publiés, situés en Europe continentale, et ayant livré des demi-produits, seuls dix-sept ont montré des indices d’un travail du fer (Berranger 2004). Sur certains de ces sites, il est aussi possible de mettre en évidence des abandons volontaires de demi-produits. À partir des dépôts publiés comportant des demi-produits de fer, nous allons détailler les types de contextes où se trouvent ces dépôts et aborder certains questionnements que posent leurs contextes de découverte. Ne sont présentés ici que les premiers éléments d’une étude qui sera approfondie lors d’un travail de thèse. Seule la documentation publiée a été utilisée. Un futur travail se basera également sur des découvertes non publiées et sur une documentation enrichie. Les sites pris en compte se situent dans une zone comprise entre la France et la Pologne. La Grande-Bretagne n’a pas été étudiée, par manque de temps, vu la richesse de ses sites. Cette zone continentale fournit un échantillon suffisant. Elle sera cependant abordée lors des recherches postérieures. Les résultats avancés ici sont des hypothèses de travail qui devront être confirmées lors de ces études postérieures basées sur des contextes bien documentés. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE : Centre archéologique européen, 2006, p. 211-220 (Bibracte ; 11). MARION BERRANGER BREF HISTORIQUE DES RECHERCHES ET PROBLÉMATIQUES ABORDÉES (ill.1) Depuis le premier article identifiant des demiproduits de fer (Smith 1905) les recherches sur ces objets se sont focalisées autour de deux thèmes principaux : la métallurgie et leur fonction monétaire. L’attention aux dépôts de demi-produits a été au contraire anecdotique. Parmi les quelques recherches sur ce thème des dépôts il faut citer le travail de Kurz (1995) centré sur l’Europe moyenne. Certains chercheurs britanniques se sont également intéressés à la question, surtout récemment avec les travaux de R. Hingley (Hingley 1990 ; 2004), d’autres études abordent cette problématique mais de façon ponctuelle dans le cadre de la publication d’un site (par exemple : Peschel 1979). Le but de cet article est, dans la suite de ces travaux, de proposer une étude de ces demi-produits dans les dépôts. Après inventaire (disponible dans Berranger 2004), l’accent a été mis sur une caractérisation et une confrontation des contextes de découverte, et une attention au mobilier associé, qui a été souvent oublié dans ce type d’étude. Nous allons donc détailler chaque contexte, résultat d’une étude au cas par cas de chaque site, afin de présenter les arguments permettant d’attester si ces demi-produits ont fait l’objet d’un abandon volontaire ou non. Nous nous interrogerons ensuite sur la présence des demi-produits en dépôts. À quel titre les produits semi-finis ont-ils été abandonnés ? L’attention au mobilier associé, en enregistrant les associations d’objets, devrait permettre de répondre à ce type de questionnement. Les dépôts en sanctuaires et quelques sites (Sanzeno,le Trou de l’Ambre,etc.) ne seront pas étudiés de façon détaillée en raison de l’abondance du mobilier présent et des difficultés entourant leur interprétation. Ils feront l’objet d’une étude ultérieure plus développée. LES CONTEXTES (ill. 2) Les habitats Plusieurs sites d’habitats ont livré des demiproduits de fer sans qu’une activité artisanale n’ait été mise en évidence. Ces objets sont souvent situés, non pas dans les niveaux d’habitation, mais en périphérie des sites. Des demi-produits proviennent des remparts à Bourguignon-lès-Morey 212 en Haute-Saône (Piningre, Ganard 1997, Berranger 2003) et au Grundberg en Allemagne (Urban, Ruprechtberger 2003). D’autres viennent des fossés protégeant ou délimitant le site à Creil dans l'Oise (Fémolant 1989, Malrain, Pinard, Gaudefroy 1996), Cormelles-le-Royal dans le Calvados (Carpentier, Marcigny, Savary 2002), Estrées-Saint-Denis dans l'Oise (Querel, Woimant 2002) et Niederzier en Allemagne (Joachim 1991). Si, à Creil, Cormellesle-Royal et à Estrées-Saint-Denis, il est envisageable que les demi-produits soient en contexte détritique, (association avec du mobilier présent de façon habituelle en contexte détritique dans les habitats : céramique, éléments de tissage, faune, etc.), cette interprétation semble peu vraisemblable pour les autres sites. En effet les remparts et les fossés précédemment cités n’ont pas servi de zones de rejet. Les demi-produits ne sont effectivement pas associés avec du mobilier ou bien le mobilier présent ne correspond pas à ceux que l'on trouve généralement dans ces zones détritiques (éléments de char, outils de métallurgistes, un nombre important de monnaie (douze et quatrevingt-onze monnaies) de même type). Le contexte de découverte et les associations de mobilier indiqueraient donc que ces demi-produits ont été abandonnés volontairement et non pas jetés après utilisation. Un autre élément permet de renforcer cette interprétation. Plusieurs études ont mis en évidence la pratique du recyclage du fer (Crew 1995, Orengo 2003). P. Crew souligne ainsi que sur le site de Danebury (Grande-Bretagne) 80 % des objets en fer pèsent moins de 50 g. L’intérêt de ce site est qu’il a livré également des demi-produits de fer. Ceux-ci pèsent 9 780 g, représentant ainsi 32 % du poids total du mobilier en fer de Danebury. La confrontation de ces données permet d’isoler deux actions opposées. L’une consiste à récupérer du métal pour le recycler, l’autre à abandonner une quantité importante de ce même métal qui de plus était destiné à l’origine à produire des objets. Les objets de poids réduits sont les témoins d’une activité détritique : ils ont été rejetés car ils n’étaient plus utilisables ; les demi-produits ont fait l’objet d’un abandon volontaire : ils auraient pu être transformés, mais ils ont été abandonnés pour des raisons qui nous sont inconnues. L’étude du mobilier métallique provenant du site de Bourguignon-lès-Morey (Haute-Saône) conduit au même type d’observation. En 2001, le poids LES DÉPÔTS DE DEMI-PRODUITS DE FER (VIIIE - IE R S. AV. J.-C.). CONTEXTES ET ASSOCIATIONS DE MOBILIERS 1. Les cinq types connus de demi-produits de fer (Berranger 2003). n° 1 : fer plat à extrémités amincies. Jully-les-Buxy, France (Berranger 2003) ; n° 2 : fer plat à extrémité roulée ou “currency bar”. Seurre, France (Berranger 2003) ; n° 3 : bipyramidé. Saône, France (Berranger 2003) ; n° 4 : barre quadrangulaire. Tiefenau, Suisse (Müller 1990) ; n° 5 : barre à soie. Bibracte, France. 2. Les types de contextes de découverte des demi-produits publiés, situés en Europe continentale (inventaire dans Berranger 2004). 213 MARION BERRANGER total des objets de fer découverts sur ce site s’élevait à 2 711 g (Dubreucq 2001). Les demi-produits en provenant totalisent un poids de 979 g et représentent ainsi 36 % du poids du mobilier en fer de ce site. Ce type de calcul ne peut être appliqué aux autres sites faute d’information disponible. L’accès aux demi-produits et l'étude de ces sites nous laissent cependant envisager l’obtention de ce type d’information. Comme à Danebury il est donc possible d’interpréter la présence des demi-produits de Bourguignon-lès-Morey comme un acte volontaire. Traditionnellement les interprétations relatives aux dépôts proposent deux types d’explication : ces objets sont des caches de métallurgistes qui n’ont jamais été récupérées ou ils ont fait l’objet d’un dépôt à vocation cultuelle ou rituelle. La localisation de ces objets dans des remparts, emplacements qui peuvent difficilement être interprétés comme des lieux de stockage, et le mobilier qui leur est associé, plaident davantage pour une explication en correspondance avec la dernière interprétation. Les contextes humides Soixante-deux sites publiés et localisés en Europe continentale sont des contextes humides : les demi-produits viennent de fleuves, rivières, marécages ou tourbières. Pour les objets provenant de zones marécageuses se pose la question de l’existence de ces zones humides à l’époque protohistorique. Est-ce que ce sont d’anciens cours d’eau, était-ce déjà des marécages, ou ces zones humides sont-elles apparues récemment ? Une étude au cas par cas s’avère nécessaire afin de répondre à ces interrogations. Il a ainsi été mis en évidence, pour une vingtaine de sites, que ces demi-produits provenaient d’anciennes rivières ou de fleuves (affluent du Rhin et la Thielle) disparus mais dont il est possible de retrouver la trace. L’étude de la disposition de ces objets permet également de savoir si la zone était bien humide à l’époque de l’abandon des objets. À Aubigné-Racan (Lambert 1994) les fouilleurs ont ainsi observé que les objets reposaient sur une zone argileuse et que les éléments lourds étaient plus enfoncés dans le sédiment que les objets légers. Ces observations permettent de conclure que ce site est une ancienne zone humide. La présence de ces demi-produits dans des zones marécageuses, répulsives et peu propices aux implantations humaines, peut s’expliquer par des 214 actes de déposition volontaires. Ces objets n'ont pas été perdus sur d'anciennes voies de communication (aucun chemin de planche n’a été mis au jour par exemple). Une zone marécageuse semble également peu propice pour la conservation d’une réserve de métal. Un nombre encore plus important de demiproduits provient de rivières ou de fleuves. Un demi-produit a été découvert à Saint Marcel (Saône-et-Loire), associé avec un fragment de placage de marbre, de la céramique et des amphores, de la vaisselle métallique aux côtés de vestiges de construction (épandages de pierres et de tuiles) (Bonnamour 1984). Ce site, datable de l’époque romaine, est pour le moment le seul exemple du corpus qui pourrait provenir de l’érosion d’un site de berge. Une étude des gués de la Saône (Dumont 2002) donne accès à un inventaire du mobilier retrouvé sur les sites ayant livré des demi-produits de fer et permet de connaître la nature de ces contextes. Ces contextes peuvent constituer un échantillon afin d’observer si ces demi-produits ont fait l’objet d’abandons volontaires. Des points communs aux sites de la Saône peuvent être observés. Ce sont tous des gués, ils ont livré du mobilier qui majoritairement ne se rattache pas à des activités domestiques (armement), et les demi-produits ne portent pas de traces de transformation en forge. L’hypothèse d’une érosion d’un site de berge ne semble donc pas leur être applicable. En revanche ces points communs sembleraient indiquer une fréquentation de lieux privilégiés sur lesquels étaient abandonnés du mobilier, dont des demi-produits de fer. En étudiant la répartition de ces demi-produits en contextes humides, on remarque que ces objets sont souvent présents dans des cours d’eau importants, des fleuves (Rhin, Saône, Danube) et qu’ils sont regroupés en zones de concentration. Ces concentrations peuvent cependant s’expliquer, en partie, par un état des découvertes liées aux dragages. Un travail identique à celui mené sur les sites de la Saône permettrait néanmoins d’observer si ces concentrations correspondent également à des gués ou à des zones d’érosion de berges. Les sanctuaires Des demi-produits sont présents dans certains sanctuaires. Ils se trouvent généralement dans le fossé d’enclos aux côtés des autres types de LES DÉPÔTS DE DEMI-PRODUITS DE FER (VIIIE - IE R S. AV. J.-C.). CONTEXTES ET ASSOCIATIONS DE MOBILIERS mobilier représentés dans ces lieux de culte. Ils ont également souvent subi les mêmes traitements de destruction que les autres types de mobilier : torsion ou écrasement (Viand 2000 ; Brunaux, Rapin 1988). Deux hypothèses peuvent être proposées pour expliquer leur présence dans ces lieux : ces objets ont été utilisés pour le fonctionnement du sanctuaire ou ils ont eu un rôle de représentation : activité socio-économique ou valeur liée à leur contenance en métal. Quelle que soit la motivation expliquant leur présence dans ces contextes ces demi-produits ont été finalement abandonnés dans l’enceinte du sanctuaire. Leur participation à l’activité du sanctuaire leur a fait acquérir un statut spécifique qui leur a interdit de sortir de l’enceinte sacrée. Les tombes Cinq sites publiés sont des contextes funéraires. Les demi-produits sont présents à titre de mobilier d’accompagnement du défunt. Le mobilier funéraire complet est publié pour deux de ces cinq sites : les tombes d’Ulversheim (Schaaff 1983) et Ochtrup (Wilhemi 1977). Dans le premier cas le demi-produit est le seul élément évoquant une activité artisanale (présence de céramiques, parure, ustensiles de toilette, etc.), la seconde tombe comprend des outils liés à un travail en forge : une pelle à feu et une paire de pinces. Nous allons observer, par la suite, si le mobilier associé dans ce type de contexte peut aider à leur compréhension. L’interprétation des découvertes isolées ne comportant que des demi-produits est difficilement abordable et surtout aucun élément (structure, mobilier associé) ne permet de choisir entre les diverses explications. Ces découvertes peuvent être des réserves de métal qui n’ont jamais été récupérées ou bien des offrandes. Une dernière hypothèse, en rapport avec leur valeur de métal, peut être envisagée. J. Rivallain (2001) évoque une situation en Afrique où les anciens conservaient la monnaie dans des trous aménagés spécialement dans la terre et qui a été abandonnée suite à des combats. Ces demi-produits de fer, qu’ils aient été des monnaies ou qu’ils aient été conservés pour leur valeur en métal, auraient également pu faire l’objet d’une telle conservation. Cependant, les données disponibles sur ces objets et contextes ne permettent pas de trancher entre ces interprétations. Peut-être ne faut-il pas envisager une seule explication, mais plusieurs, pour comprendre l’existence de ces découvertes ne comportant que des demi-produits ? Les pratiques d’abandon : diffusion du phénomène Les découvertes isolées Les observations effectuées précédemment mettent en évidence l’existence de pratiques d’abandon volontaire de ces objets, qui ne s’expliquent pas seulement par une volonté de constituer des réserves de métal. On peut donc supposer que ces demi-produits ont fait l’objet de dépôts à vocation cultuelle ou rituelle. Ces pratiques concernent toutes les catégories de demi-produits bien documentés : fers plats à extrémité roulée, bipyramidés, barres quadrangulaires. Les offrandes ne sont donc pas en lien avec une catégorie de demi-produit spécifique mais bien avec ce que représentent ces objets : activité socio-économique ou valeur du métal. Les mêmes types de contextes se retrouvent dans toute la zone de répartition des demi-produits étudiés, de la France à la Roumanie. Il semble ainsi que les mêmes pratiques se rattachaient à ces objets sur une large zone géographique. Douze sites publiés sont des découvertes non liées à des structures, et attestées comme telles par des fouilles ou des prospections. Trois sont des associations de mobilier varié, les autres sont des découvertes ne comprenant que des demiproduits. Une étude des associations de mobilier,regroupé en catégories fonctionnelles, pourrait être un moyen de comprendre à quel titre ces demi-produits ont été déposés. Nous allons tenter d’appliquer cette démarche aux contextes dont la documentation est publiée, ayant livré des demi-produits. Des découvertes récentes de panoplies d’outils dans les tombes ont fait l’objet d’interprétation comme “tombes à outils” et non pas en tant que “tombes d’artisans” (Meylan, Perrin, Schönfelder 2002). La présence de ce type de mobilier devait néanmoins affirmer un statut particulier du porteur. Ces demi-produits, qu’ils soient présents pour leur valeur ou en tant que témoins d’une activité socio-économique, devaient de la même façon affirmer l’importance du défunt ou, du moins, son statut particulier, les tombes de ce type sont en effet très rares. 215 MARION BERRANGER L'ÉTUDE DES DÉPÔTS Problématique et méthodologie La présence de métal brut ou sous forme de lingot dans les dépôts est attestée dès le début de l’âge du Bronze. Les outils liés à la métallurgie sont très peu nombreux dans ces assemblages de mobilier. S.Verger (1992) pense que les lingots sont présents dans ces dépôts pour leur valeur en métal et ne sont pas liés directement à la production métallurgique. Peut-on effectuer les mêmes observations à partir des dépôts de l’âge du Fer contenant des demi-produits de fer ? Nous avons pris comme présupposé que l’étude des dépôts nécessite la prise en compte des assemblages de mobiliers. Pour cela nous avons regroupé ce mobilier en catégories. Les catégories définies sont : – la métallurgie, avec les outils ; les moules et les déchets ; les pinces, qui ont pu être utilisées dans les métiers de la métallurgie mais également dans d’autres activités (Guillaumet 1998) ont été rangées dans la catégorie métallurgie lorsqu’elles étaient associées avec d’autres témoins de cette activité (pelle à feu, enclume, etc.). En l’absence d’indices d’une activité métallurgique nous les avons classées dans la catégorie généraliste : outils d’usage divers. – l’agriculture : avec les faux, faucilles, etc. – le travail du bois et de la pierre a été regroupé car le même type d’outil est utilisé dans ces activités : coin, gouge, ciseaux. La taille des outils permet de différencier les activités, mais nous n’avons généralement pas eu accès à une illustration permettant d’obtenir ce type d’information. – outils d’usage divers. Cette catégorie regroupe les outils ayant pu être utilisé dans diverses activités, les marteaux, les limes, les spatules, les masses, etc. et les outils de nature indéterminée. – la vaisselle métallique. – la vaisselle céramique. – la parure. – l’armement offensif : épée, armes d’hast. – l’armement défensif : umbos, casques, cnémides, etc. – l’immobilier, avec les clés et serrures. – le transport avec essentiellement les éléments de char. – le commerce avec les monnaies. 216 nous avons isolé les couteaux et les haches qui ne peuvent entrer dans une catégorie unique, ils ont effectivement pu avoir plusieurs fonctions qu’elles soient domestiques, de boucherie ou des activités de sacrifices (Metzler et al. 1991, Lambot, Méniel 2000). Dans cette étude, nous ne prenons pas en compte la quincaillerie car le mobilier présent dans cette catégorie ne documente pas une catégorie fonctionnelle précise. – Valeur en métal et représentation socio-économique Le mobilier de dix dépôts publiés peut être pris en compte dans cette étude. Cette recherche peut potentiellement être élargie à une vingtaine de sites publiés qu’il faut documenter. Si l’on observe les assemblages de mobiliers (ill 3) dans ces dépôts on remarque que sur les dix contextes présentés, sept ont livré des objets en rapport avec la métallurgie. Dans six cas sur sept, cette activité est représentée par des outils : – Kappel (Allemagne) : enclume, pinces, pelle à feu (Peschel 1979), – Bad Nauheim-Dankeskirche (Allemagne) : pelle à feu, pinces (Schönberger 1952), – BýĀi Skála (Tchéquie) : enclume, pince (Parzinger, Nekvasil, Barth 1995), – Tiefenau (Suisse) : pelle à feu (Müller 1990), – Grundberg (Autriche) : enclume (Urban, Ruprechtberger 2003), – Ochtrup (Allemagne) : pelle à feu, pince (Wilhemi 1977). Ces outils ont pu représenter l’activité d’un métallurgiste et les demi-produits pourraient être liés à cet ensemble et tenir également ce rôle de représentation. Ces demi-produits sont, par ailleurs, les seuls objets ayant un rôle de réserve de métal dans ces assemblages de mobilier. Si ces dépôts sont une accumulation d’objets précieux par la quantité d’objet déposé, ils sont également un assemblage d’objets de nature et de fonction différentes. Ces données amèneraient donc à interpréter la présence des demi-produits, dans ces dépôts, non en tant que valeur accumulée, en tout cas pas davantage que le reste du mobilier présent dans ces contextes, mais comme représentant de l’activité métallurgique, aux côtés des outils appartenant à cette activité. À l’exception des sanctuaires et des tombes dans lesquels les demi-produits sont toujours associés avec du mobilier, tous les types de LES DÉPÔTS DE DEMI-PRODUITS DE FER (VIIIE - IE R S. AV. J.-C.). CONTEXTES ET ASSOCIATIONS DE MOBILIERS 3. Catégories de mobilier associé aux demi-produits de fer dans des dépôts de différentes natures. Les trois derniers sites correspondent aux contextes pour lesquels sont attestés des dépôts successifs (M. Berranger). contexte ont livré des demi-produits sans mobilier associé. Ces “dépôts” ne contenant que des demi-produits se retrouvent effectivement dans les habitats, à Pohanska (Paulik 1970 ; 1976) ou au Grundberg, dépôt 4 (Urban, Ruprechtberger 2003). Dans les milieux humides, l’isolement des demi-produits est attesté sur quelques sites. À Hedingen (Hieirli 1901) ou Schwadernau (Von Kaenel 1981), Rheinhausen (Anonyme 1925) ou Janneby (Peschel 1979) les demi-produits ont été retrouvés dans des fosses aménagées dans une tourbière ou dans l’ancien cours d’une rivière, sans aucun mobilier associé. Enfin, nous avons déjà cité le cas des découvertes isolées n’ayant livré ni structure ni mobilier. Nous avons déjà souligné la difficulté à interpréter ces dépôts sans mobilier associé. Une interprétation purement “pratique” est envisageable dans chaque cas. La présence de demi-produits dans les habitats peut s’expliquer, comme pour les découvertes isolées de toute structure, comme des réserves de métal non récupérées. Les demi-produits présents en milieux humides peuvent provenir de pertes suite à un naufrage ou à leur déchargement. Nous avons cependant déjà démontré que ces interprétations prenant en compte des explications événementielles nous semblaient peu crédibles en raison de la localisation récurrente de ces découvertes : dans les remparts pour les sites d’habitats ou sur des zones de gués pour les découvertes en rivière. À Pohanska (Paulik 1970 ; 1976) les demi-produits proviennent d’une terrasse au sommet de l’oppidum et non de sa périphérie, ce qui distingue ce site des autres habitats. L’explication en tant que dépôt cultuel est néanmoins envisageable car plusieurs autres dépôts d’objets métalliques sont connus sur ce même emplacement. La récurrence de ces découvertes de mobilier, la quantité d’objets présents (de quelques exemplaires à une centaine) et leurs caractères communs avec les autres dépôts d’objets métalliques découverts en Europe permettent d’interpréter cet ensemble de découvertes, au sommet de l’oppidum, comme des dépôts volontaires. La prise en compte du mobilier associé montre qu’il existe une séparation entre des dépôts composés uniquement de demi-produits et d’autres associant produits semi-finis à d’autres types d’objets. Comment interpréter cette différence ? La majorité des dépôts ayant livré du mobilier associé semble indiquer que la présence des demi-produits est en lien avec leur rôle dans la production métallurgique. Il serait cependant simpliste d’expliquer les dépôts ne comprenant que des produits semi-finis comme des réserves 217 MARION BERRANGER de métal et ceux avec association de mobilier comme des représentations socio-économiques. Les dépôts de Niederzier (Joachim 1991) seraient un contre-exemple de ce type d’interprétation. Nous ne connaissons pas tout le mobilier trouvé avec ces demi-produits mais nous savons que ces objets sont associés avec une grande quantité de monnaies (12 et 91) de même type. Ce genre d’association pourrait ainsi être un exemple de dépôt de valeur métallique regroupant monnaie et fer en semi-produit. mobilier publié. Une étude quantitative ne sera cependant pas oubliée dans une étude ultérieure. Son objectif sera notamment d’observer s’il existe une codification dans ces dépôts, en fonction de leur localisation géographique et/ou de leur appartenance chronologique. CONCLUSION L’étude des dépôts de demi-produits nous montre que ces objets ont été abandonnés dans des contextes variés et selon des modalités diverses. Le but de cette présentation était double : exposer un premier inventaire des types de contextes où peuvent être mis en évidence des dépôts de demi-produits et tester une étude de ces dépôts à partir de leur mobilier associé. Ce travail, à ses prémices, nous a ainsi conduits à définir les thèmes de recherches à aborder ultérieurement : – dans quels types de contextes ont eu lieu ces dépôts ? Quelles sont les différences et les points communs entre ces contextes ? – à quel titre sont présents ces demi-produits : en tant que valeur abandonnée ou représentation socio-économique ? – existe-t-il une codification dans la constitution des dépôts ? Sans adopter cette position caricaturale on peut cependant tenter d’expliquer ces deux cas de figure. On peut supposer que les dépôts ne contenant que des demi-produits représentent une quantité importante de métal et donc de valeurs sacrifiées. Dans le second type de dépôt, il y a eu également ce sacrifice de richesse sous la forme de demi-produits et d’autres objets, mais il se rattache un niveau de complexité supplémentaire par la volonté d’associer des objets variés dans un rôle de représentation socio-économique plus ou moins diversifié. Une démarche quantitative visant à observer la proportion représentée par chaque catégorie fonctionnelle dans un dépôt est la suite logique de l’étude des dépôts de demi-produits à partir du mobilier. La documentation publiée actuelle ne nous permet pas pour le moment de réaliser un tel travail : très peu de sites ont l’intégralité de leur Cette recherche sera poursuivie dans le cadre d’une thèse se basant sur une documentation plus importante, comprenant les sites exploités ici et sur des données inédites.  218 LES DÉPÔTS DE DEMI-PRODUITS DE FER (VIIIE - IE R S. AV. J.-C.). CONTEXTES ET ASSOCIATIONS DE MOBILIERS BIBLIOGRAPHIE Anonyme 1925 : ANONYME. — Rheinhausen. 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Olivier NILLESSE INTRODUCTION LES FOSSÉS Parmi les particularités de l’archéologie celtique, nous avons parfois à faire à des dépôts de mobiliers en fer enfouis dans le sol. Les exemples les plus caractéristiques ont fait l’objet d’une exposition au Mont Beuvray en 2003. Leur interprétation n’est pas aisée, mais dans certains cas, il est probable que ce matériel a été soustrait de son utilisation dans le cadre d’un rituel qui a conduit à sa mise en terre. Les motivations de tels gestes sont, en revanche, plus délicates à déterminer. À partir d’un corpus de 76 établissements ruraux majoritairement datés de la fin du second âge du Fer dans l’ouest de la France des ensembles essentiellement composés d’objets en fer sont analysés par type de contenant : fossés, fosses et trous de poteau. Les mobiliers de onze sites (ill. 1) retenus pour cette étude, sont d’abord décrits avant d’essayer de distinguer les dépotoirs d’habitat des dépôts que l’on qualifie avec prudence de “particuliers”. Inventaires des sites et du mobilier Le mobilier métallique est présenté à une même échelle, c’est pour cette raison que les mesures ne sont généralement pas données. Les dessins des différents auteurs ont été numérisés et repris pour permettre une présentation homogène. Cairon (Calvados), Eélazar (ill. 2) Fossé 8 Une évaluation systématique d’enclos repérés par photographie aérienne a permis d’explorer l’enclos n° 3 (San-Juan et al. 1999). Les mobiliers présentés appartiennent à des contextes datés de La Tène D par la céramique indigène et des amphores Dressel 1. L’occupation se poursuit au Ier siècle de notre ère. – – – – – 8-511 : petite serpette, fragmentaire, fer. 8-512 : hache à soie ou tranchet (?), fer. 8-513 : ciseau droit (?), fer. 8-514 : piton à double attache, fer. La pièce est insérée entre deux planches. 8-515, 8-517 : douilles coniques à extrémités massives, fragmentaires, fer. Il s’agirait d’extrémités de bâtons ferrés destinés à planter des végétaux ou à pratiquer des avant-trous pour installer des poteaux comme le suggère G. San Juan à la suite de B. Cunliffe (1984). Plus simplement, ces objets pourraient correspondre à des socs d’araires. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE, Centre archéologique européen, 2006, p. 221-246 (Bibracte ; 11). OLIVIER NILLESSE 1. Les sites présentés (DAO J-M. Bryand). 222 LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE 2. Cairon (Calvados), Eélazar, la fosse 2 n’est pas localisée (DAO J-M. Bryand, d’après San Juan et al. 1999, p. 138, 166). 223 OLIVIER NILLESSE – – – – – – 8-518 à 8-520 : indéterminés, fer. 8-521 : bague, alliage base cuivre. 8-522, 8-524 : anneaux, alliage base cuivre. 8-523 : anneau, plomb. 8-525 : fibule, fragmentaire, alliage base cuivre. L’objet n’est conservé que par une partie du pied et le départ de l’arc, il peut s’agir d’un exemplaire de type La Tène II ou pseudo La Tène II. 8-526 : indéterminé, alliage base cuivre. Pouillé (Vendée), Le Grand Paisilier (ill. 3) L’établissement du Grand Paisilier (Nillesse 1993 ; Guillaumet, Nillesse 2000) a livré de nombreux fragments de pilettes de four à sel, un rasoir et plusieurs outils. La datation est assurée par un abondant mobilier (amphores, céramiques indigènes et parures), la phase 1 est attribuée à La Tène C2/D1a, la phase 2 à La Tène D1a. Les sondages 5 (2 m de large pour une profondeur 3. Pouillé (Vendée), Le Grand Paisilier. DAO : J-M. Bryand d’après les dessins de P. Noguès, X. Pinto, I. Cattedu (Nillesse 1993, pl. 4, 51 ; Guillaumet, Nillesse 2000, p. 263). 224 LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE identique) ont livré une association de deux lève-loquets et le sondage 8, deux outils pouvant être utilisés pour le travail du cuir. Fossé 1, sondage 5 (phase 1) – 9-589, 9-590 : deux lève-loquets, fer. Le premier objet comporte un anneau de suspension, le second est fragmentaire. Fossé 1, sondage 8 (phase 2) – – 9-596 : gouge à soie, fer. 9-598 : alène, fer. Autres outils du site provenant de différents sondages – – 9-595 : repoussoir, fer. 9-597 : alène (?), fer. Dissay-sous-Courcillon (Sarthe), Beauregard (ill. 4) Le mobilier céramique indique une date de création des enclos à La Tène D1 mais la majorité de l’occupation se situe à La Tène D2a. Le site a livré deux épées, un rasoir et des instruments agricoles Des outils et une grande quantité de scories 4. Dissay-sous-Courcillon (Sarthe), Beauregard (DAO J-M. Bryand ; Nillesse 2004, pl. 4, 62). 225 OLIVIER NILLESSE en calotte (208 restes pour un poids de plus de 18 kg) témoignent du travail du métal. Les objets recouverts d’une épaisse gangue de produits de corrosion ont seulement été radiographiés, ce qui ne permet pas de produire des coupes. Les mobiliers présentés ont été trouvés en association (Nillesse 2004). – Fossé 3, sondage 57 – – – 54-1182, 54-1183, 54-1185 à 54-1188 : une ou deux pinces de forgeron, fragmentaires, fer. Si l’on rassemble les fragments de bras, l’on obtient un objet de plus de 550 mm. Ce type de grande taille est attesté par ailleurs en Europe celtique (Guillaumet 1998). Les trois tiges soudées par la rouille indiquent peut-être l’existence de deux outils. 54-1189 : pelle à feu, fragmentaire, fer. Le manche n’est pas conservé. Fossé 1, sondage 14 – – 54-1190 : étampe ou tas, fer. L’objet n’étant radiographié que sur une face, son interprétation est délicate. 54-1191 : objet massif de section rectangulaire, fer. Il faut attendre son nettoyage pour permettre une interprétation (il peut s’agir d’une matrice, d’une étampe ou d’un tas). Fossé 3, sondage 63 – 54-1192, 54-1193 : Deux socs d’araires à douille ouverte. Echiré (Deux Sèvres), Piémont (ill. 5) Une opération de diagnostic a permis de dégager 25 m d’un enclos de 75 m sur 66 m repéré par photographie aérienne (Nillesse 1998). 35 tessons correspondent à des écuelles à profil en “S”, à une jatte à bord rentrant et à un vase ovoïde. Ils étaient accompagnés de restes d’amphores républicaines. Ce matériel est daté de La Tène D1. L’ensemble du mobilier a été trouvé dans un fossé sur quelques décimètres carrés. Fossé 1, sondage 1 – – 226 34-966 : couteau à douille et dos arqué, fragmentaire, fer. 34-967 : chute de barre ou de currency bar, fer. – – – – 34-968 : attache de ceinturon, fer. Ce modèle possède un crochet bien séparé de la boucle comme on en connaît à La Tène D1 (Brunaux, Lambot 1987). 34-970 : indéterminé, fer. 34-971 : petite serpette à croc, fer. 34-972 : méta de moulin à farine, fragmentaire, granit. 34-1199, 34-1200 : plaques, fer. Les rabats visibles sur les côtés indiquent peut-être des éléments de fourreau d’épée. 34-1201, 34-1202 : fourreau d’épée, fragmentaire, fer (barrette ou bouterolle). Mondeville (Calvados), L’Étoile II (ill. 6-7) Le site de l’Étoile (Besnard-Vauterin 1996) a été dégagé dans sa presque totalité, mais la nature des terrains ne favorise pas la lecture des structures ce qui explique que la chronologie relative des différents creusements n’a pas pu être établie entièrement. L’occupation comporte cinq phases, elle débuterait à La Tène C pour s’achever au Haut-Empire. Le fossé dans lequel a été découvert le mobilier métallique est attribué à la phase 2 (La Tène C) de l’établissement avec beaucoup de prudence. Outre le dépôt que nous présentons, le site a également livré deux cerclages de roues posés l’un sur l’autre. Ils ont un diamètre de 1 110 mm pour une largeur de 35 mm. Le matériel d’accompagnement est constitué d’un anneau en alliage base cuivre, de quelques tessons non identifiables, d’une mandibule et de quelques côtes humaines. L’ensemble provient d’une fosse quadrangulaire de 2,05 m de côté pour une profondeur de 1,10 m sous le niveau de décapage. Les objets sont contenus dans une couche constituée d’un limon incluant des charbons de bois, des cendres et une grande quantité de coquilles de coques. L’auteur de la fouille rapproche cette découverte des tombes à char de type Marcilly-sur-Eure (Duval, Verron 1993) ou de La Mailleraye-sur-Seine (Lequoy 1993) et propose l’hypothèse d’une tombe pillée. Le dépôt présenté provient du comblement d’un fossé. Fossé 215 – 22-802 à 22-806 : chaudron, fragmentaire, fer et alliage base cuivre. Les deux anses sont conservées. Sur la pièce 22-805, on distingue une plaque en alliage base cuivre fixée sur la bande de fer par deux rivets en fer. LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE 5. Echiré (Deux Sèvres), Piémont (DAO : J-M. Bryand ; Nillesse 1998, pl. 3, 5, 7). 227 OLIVIER NILLESSE 6. Mondeville (Calvados), L’Étoile II. DAO : J-M. Bryand (d’après Besnard-Vauterin 1996, pl. 6, 52, 53). 228 LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE 7. Mondeville (Calvados), L’Étoile II (DAO J-M. Bryand, d’après Besnard-Vauterin 1996, pl. 52, 53). – – – – 22-807 : six barres, fer, fragmentaires. Elles appartiennent à un ou plusieurs objets. 22-808 et 22-809 : Deux lève-loquets à anneau de suspension, fer. L’objet 22-809 est fragmentaire. 22-810 : gouge à douille de section ronde, fer. Un objet de même dimensions (370 mm) est connu dans les collections du musée de Normandie. Il est attribué à un sabotier ou à un tonnelier (Halbout et al. 1987). 22-811 : serpette en forme de croissant, fer. On trouve ces serpettes dans des établissements ruraux gaulois comme au Bac d'Athis (San Juan 1994) à Eélazar (ill. 2) ou aux Genâts – – – – – – – (Guillaumet, Nilesse 2000). 22-812 : lame d’épée (?), fer, fragmentaire. 22-813 : cerclage (?), fer. L’objet pourrait appartenir à un récipient en bois, il est déformé. 22-814 : anneau ouvert (brisé ?), fer. 22-815 : indéterminé, fer. 22-816 : piton ouvert (?), fer. 22-817 : attache de récipient de type seau, fer. L'objet est à mettre en relation avec l'anse 22-818 (ill. 7). 22-818 : anse à extrémités recourbées pour fixer les attaches sur un récipient en bois. Le cerclage 22-813 appartient peut-être au même objet. 229 OLIVIER NILLESSE Caractérisation des dépôts Dans les établissements ruraux, les fossés sont utilisés comme dépotoirs. La répartition du mobilier est assez diffuse : à Beauregard, par exemple, les quantités de matériel par m3 de l’enclos le plus “riche” avec un poids total de 135 kg sont faibles : 8,4 g d’objets métalliques, 10 g d’amphores, 20 g d’os, 20 g de scories et 76 g de céramiques indigènes. Dans la plupart des cas, les différentes catégories de matériels sont mélangées et se distribuent à peu près proportionnellement d’un tronçon de fossé à l’autre. C’est dans ce sens que l’on interprète le graphique (ill. 8) figurant les quantités par type de reste et par sondage d’un fossé des Genâts (Nillesse 1997). Dans ces structures, les objets en fer relèvent d’activités diverses. Ainsi, dans le fossé 8 de Eélazar (ill. 2), on identifie une serpette illustrant le travail du bois, deux probables socs d’araires, une lame de tranchet ou de hache, un possible ciseau droit et des pièces de quincaillerie. Le mobilier des fossés est constitué d’objets usés, cassés ou en bon état. Au sein de ces rejets,on trouve parfois des objets relevant de la même activité. Au Grand Paisilier (ill. 3), un sondage a livré une gouge et une alène. Les deux outils pourraient témoigner du travail du cuir. Sur cet habitat, on relève aussi un ciseau droit et une autre probable alène utilisés pour le même travail. À Beauregard (ill. 4), une pelle à feu et les restes d’une ou deux pinces de forgeron ont été trouvés côte à côte. On note également qu’une probable étampe et un objet massif peut-être lié à la paléomanufacture métallique (matrice, étampe, tas ?) proviennent aussi d’un même sondage. Si ces objets sont en position primaire de rejet (ce qui est toujours difficile à démontrer dans un fossé) ces assemblages peuvent être la conséquence du rejet simultané d’objets faisant partie d’une même panoplie. Parmi les associations d’objets identiques, le cas des socs d’araire et des clefs “laconiennes” mérite d’être souligné. À Beauregard (ill. 4), deux socs ont été trouvés l’un à côté de l’autre. Une fosse du Bac d’Athis (ill. 9) en livre également deux comme probablement un fossé d’Eélazar (ill. 2) Dans l’Aisne, à Sermoise, Le Pré du Bout de la Ville (fouilles F. Gransar, information orale : F. Malrain), trois socs et une hache étaient contenus dans une fosse. Au Grand Paisilier (ill. 3), deux lève-loquets proviennent du même sondage, ce que l’on observe aussi sur le site des Genâts. Dans l’Oise, à Jaux, Le Camp du Roi (Malrain 1996), trois lève-loquets et une lame de forces réutilisée en couteau ont été trouvés groupés dans un fossé. À L’Étoile II (ill. 6), deux clefs proviennent d’une concentration d’objets métalliques. 8. Composition du mobilier de chaque sondage d’un fossé des Genâts exprimé en nombre de restes. La faune n’a pas été dénombrée mais uniquement pesée, sa représentation dans ce graphique a été adaptée : 10 grammes d’os = 1 objet. 230 LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE L’araire et la charrue possèdent une forte connotation symbolique depuis l’antiquité avec les labours sacrés et jusqu’à l’époque moderne avec par exemple le Plough Monday, inscrit au calendrier chrétien anglais. De nos jours des concours de labours lors de fêtes agraires perpétuent d’une certaine manière ce sentiment. A.G. Haudricourt et M. J.-Brunhes Delamarre (1986) dans leur volumineux ouvrage sur la charrue à travers le monde ont particulièrement développé ce sujet. Pour l’époque gauloise, des socs d’araires sont représentés dans les dépôts massifs d’objets métalliques comme ceux de Kolín en République Tchèque (Rybová, Motyková 1983) et d’autres comme Hainbach, Kaiserbrunn en Allemagne (Mosleitner 1999), Liptovská Mara (Pieta 2003a) et Pohanská (Pieta 2003b) en Slovaquie, Kolín en République Tchèque (Rybová, Motyková 1983), le Grünberg en Autriche (Urban 2003) et Galich-Lovachka en Ukraine (Beranova 1980). Un cas particulier a été reconnu à Hélouine (ill. 15) où le soc a été découvert associé à trois vases entiers et à des tiges de fer dans un trou de poteau. J.-L. Brunaux (1986) estime que la taille et le poids des socs découverts dans le sol, les rivières ou les marécages conduisent à écarter l’hypothèse de leur perte et que l’on doit considérer que ce sont des dépôts volontaires à part entière. À Piémont (ill. 5), un couteau à douille et dos arqué, une chute de barre, une attache de ceinturon, un outil à douille, des probables fragments de fourreau d’épée et une méta de meule ont été découverts sur une surface de moins d’un mètre carré dans le fond d’un fossé. Ces objets et 36 tessons constituent les seules découvertes de cette structure fouillée sur plus de 22 m. À L’Étoile II (ill. 6-7), au centre d’un fossé peu profond, on a trouvé les restes d’un chaudron, deux lève-loquets, une grande gouge, une petite faucille, une possible lame d’épée, des éléments d’un seau, un fragment de mors, un piton et d’autres objets non identifiés ou non identifiables. Ces trois ensembles sont hétéroclites et relèvent d’activités ou de domaines différents sans que l’on comprenne les combinaisons d’objets. L’explication la plus simple est certainement celle d’une mise au rebut du matériel. Cependant, les regroupements de mobiliers métalliques, la quasi-absence d’autres déchets domestiques, la nature ou la rareté d’objets comme le chaudron (deux mentions seulement dans notre base) et les probables pièces d’armement sont des éléments particuliers qui indiquent peut-être d’autres intentions. LES FOSSES Inventaires des sites et du mobilier La découverte d’araires entièrs conservés dans la tourbe en Europe du nord inviterait même à y voir les objets d’un rituel agraire. Pour les lève-loquets, F. Malrain (Malrain, Matterne, Méniel 2002) évoque la possibilité d’un symbole de la propriété : « La clef toujours de grandes dimensions, revêt peut-être une fonction symbolique forte analogue à la “clef de la ville” de l’époque médiévale. L’anneau de suspension, qui termine systématiquement la clef, montre d’ailleurs clairement qu’elle devait être accrochée, sans doute à la ceinture du propriétaire, et donc l’accompagner dans ses déplacements, de façon simplement pratique, mais aussi ostentatoire. » Si ces objets sont bien en position primaire et si l’on admet leur fonction symbolique, leur présence par au moins deux dans les fossés peut témoigner d’un dépôt délibéré dont l’objectif demeure néanmoins totalement obscur. Très rarement, on trouve des concentrations de mobilier presque ou exclusivement métallique. Fleury-sur-Orne (Calvados), Bac d’Athis (ill. 9-10) La datation du site est assurée par la céramique, les parures et les importations, elle est à situer à La Tène D et au gallo-romain précoce. Outre le matériel de la fosse 1, le site a livré de nombreux objets métalliques dont un fer de lance, plusieurs fibules, divers outils agricoles et un poucier de passoire (objet unique dans notre corpus). 3 900 restes d’animaux ont été récoltés. Une fosse bien conservée se distingue des autres dépôts du site par une proportion importante de petits animaux. Une carcasse de cheval non découpée et des crânes entiers témoignent de pratiques attestées dans certains sanctuaires gaulois. Le mobilier présenté provient d’une fosse contenant une fibule de Nauheim attribuable à La Tène D1. Les objets n’étant pas radiographiés, leur identification n’est pas toujours certaine (San Juan 1994). 231 OLIVIER NILLESSE Fosse 1 – – – – – – 1-19 : plaque avec deux rivets, fer. 1-21 : anneau, fer. 1-24, 1-25 : poignées (?), fer. 1-28 à 1-33 : 6 plaques, fragmentaires, fer. 1-34, 1-35 : socs d’araires à douille ouverte, fragmentaires, fer. 1-36, 1-37 : objets en forme de socs, fragmentaires, fer. Ces outils de petites dimensions (54 mm et 66 mm) peuvent correspondre à des extrémités en fer d’instruments aratoires 9. Fleury-sur-Orne (Calvados), Bac d’Athis (DAO J-M. Bryand, d’après San Juan 1994, p. 134, 158). 232 LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE 10. Fleury-sur-Orne (Calvados), Bac d’Athis (DAO J-M. Bryand, d’après San Juan 1994, p. 156-157). – – – – ou à des gouges destinées à couper la racine ou la tige de certaines plantes. 1-38 : piton ou crampon fragmentaire, fer. 1-18, 1-20, 1-22, 1-23, 1-26, 1-27, 1-39 à 1-41, 1-45 à 1-47, 1-49, 1-58, 1-59, 1-60 : indéterminés, fer. 1-42, 1-43, 1-48 : pentures à œil, fer. Leurs dimensions (99 mm et au moins 159 mm) indiquent probablement qu’elles appartiennent à des portes ou à des volets différents. 1-44 : objet formé d’un fer plat replié formant un œil permettant d’attacher un anneau, fer. Pièce de suspension ou partie d’un heurtoir de porte ? – – – – – – 1-50, 1-51 : pitons fermés, fer. 1-52 : plaques rassemblées par deux tiges rivetées, fer. Agrafe permettant de relier deux planches. 1-55 : plaque comportant deux tiges rivetées, fragmentaire, fer. Objet similaire au n° 1-52. 1-53, 1-54, 1-56, 1-57 : crampon de menuiserie, fer. 1-61 : lamelle, alliage base cuivre. 1-62 : fibule de Nauheim, alliage base cuivre. 233 OLIVIER NILLESSE Cairon (Calvados), Eélazar (ill. 2) Le site a été décrit précédemment pour le mobilier de l’un de ses fossés (San Juan et al. 1999). – ouverte, fer. Leur identification n’est pas aisée, ils peuvent correspondre à des socs d’araires. 23-832 : objet à douille, fer. Il est proche des quatre exemplaires précédents mais de plus grandes dimensions. Fosse 2 Echiré (Deux Sèvres), Le Bois Roux (ill. 13) – – – – – – – 8-527 : hache à douille, fer. 8-528 : serpe à soie (?), fer. Interprétation donnée par G. San Juan. 8-529 : curette à douille, fragmentaire, fer. L’outil de petites dimensions (75 mm) plutôt qu’une hache à douille peut correspondre à un décrottoir à soc. 8-530 : croc à viande, fer. 8-531 : soc d’araire à douille, fer. 8-532 : serpette en forme de croissant, fer. 8-533 à 8-536 : indéterminés, fer. Quetteville (Calvados), La Cohaigne (ill. 11-12) La céramique découverte sur le site ne permet qu’une datation large à La Tène D. À proximité d’un bâtiment à porche, un silo a livré un ensemble d’objets métalliques. Deux tessons et un fragment de meule accompagnent cet ensemble. Les objets n’ayant pas été radiographiés, l’identification est très partielle (Lepaumier 1996 ; 2001). À l’occasion d’un diagnostic sur un enclos datable de La Tène D1, un ensemble d’objets en fer d’une dizaine de kilos a été mis au jour dans une structure aux contours mal définis (Poissonnier 2003). Il était accompagné d’un tesson d’amphore républicaine. Les objets n’ont pas été radiographiés et les dessins ne figurent pas toutes leurs faces. Fosse 11, sondage 127 – – – Fosse 48 – – – – – – – – 234 23-819 : armature de bêche, fer. Ce type d’outil n’est pas fréquent et semble se rencontrer essentiellement en Basse-Normandie comme dans l’établissement de Vert Buisson à Saint Gatien-des-Bois (Paris 1997) ou dans le site fortifié de La Courbe (Peuchet 1993). 23-820 : soc d’araire, fer. C’est un modèle large à l’inverse des onze autres exemplaires étroits répertoriés dans notre base. 23-821 : l’objet en fer est identifié par l’auteur de la découverte comme une lame de faux. L’emmanchement perpendiculaire à la lame ne correspond cependant pas à ce type d’outil. Il s’agirait plutôt d'un faucard, outil utilisé pour nettoyer les fossés. 23-822 : cerclage, fer. L’objet fait probablement partie d’un récipient en bois. 23-824 : pièce formée d’une barre arrondie probablement clouée sur du bois, fer. Fragmentaire. 23-825 à 23-827 : indéterminés, fer. 23-828 à 23-831 : quatre objets à douille semi- – – – – – – – – – 5-448 : pince de forgeron, fer. Les bras ont été endommagés lors du décapage mécanique. L’outil mesure environ 440 mm. Le mors et le contremors sont soudés par la rouille, la forme exacte de la gueule et de la mâchoire ne peuvent être déterminées. 5-449 : tas massif, fer. Le plan de la table rectangulaire n’est pas dessiné, elle est débordante. 5-450 : chasse à œil déporté, fer. La forme convexe de la table indique un travail de chaudronnerie. 5-451 : tas à bigorne, fer. La table présente un aplatissement qui se termine par une bigorne tronconique. 5-452 : tas ou étampe, fer. La table est écrasée, un nettoyage permettrait de mieux identifier l’objet. 5-453 : crampon de menuiserie, fer. 5-454, 5-455 : Indéterminés, fer. 5-456 : marteau à œil déporté, fer. L’œil a conservé des clous mis en force pour maintenir le manche. La panne massive de section rectangulaire est arquée, sa partie terminale plus étroite sert à plier et marquer le métal. 5-457 : clou de menuiserie à tête ronde, fer. 5-458 : indéterminé, fer. Il pourrait s’agir d’un outil à manche plein comportant une lame. 5-459 : ciseau droit à douille, fer. 5-460 : ciseau droit à douille (?), fer, fragmentaire. L’outil a été endommagé à la fouille. 5-461 : fer de lance (?), fer, fragmentaire. L’objet a été endommagé à la fouille. Un examen visuel semble permettre de reconnaître une flamme détériorée. LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE 11. Quetteville (Calvados), La Cohaigne (DAO J-M. Bryand, d’après Lepaumier 1996, pl. 7, 11-12 ; 2001, pl. 7-8, 12-14). 235 OLIVIER NILLESSE 12. Quetteville (Calvados), La Cohaigne (DAO J-M. Bryand, d’après Lepaumier 2001, pl. 12-14). 236 LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE 13. Echiré (Deux Sèvres), Le Bois Roux (DAO J-M. Bryand, d’après Poissonnier 2003, pl. 3, 10). 237 OLIVIER NILLESSE Barbezieux (Charente), Les Petits Clairons (ill. 14) Le site des Petits Clairons (Baigl 1995 ; Baigl 2000) est occupé du néolithique à la période moderne. Au second âge du Fer, une forte occupation est attestée. Un fossé de 2,50 m de large et d’autres creusements linéaires de plus petites dimensions permettent d’évoquer un enclos. Pour la céramique, J. Gomez (Baigl 1995) fait remarquer que des éléments comme les pieds débordants et l’utilisation de peinture ne figurent pas dans les ensembles de La Tène D des sites régionaux. La peinture rouge est par contre connue dans la Gironde pour La Tène B. Par ailleurs, le corpus des Petits Clairons rappelle celui de la Grotte des Perrats à Agris. Cette attribution correspond à la datation au 14C obtenue sur les fours de potiers du site avec un pic de probabilité de la fourchette autour de 187 av. J.-C. La fosse contenant le mobilier est située à proximité d’autres creusements. Les objets métalliques sont essentiellement disposés sur les bords de la fosse. Deux vases dont l’un complet et des tessons accompagnent ce mobilier, ils ont été partiellement brûlés. Fosse 3038 – 42-1072 : couteau à manche plein à anneau de suspension, fer. – 42-1073 : couteau à manche plein à anneau de suspension, fer. Il est de modèle identique au précédent mais de plus petits dimensions. – 42-1074 : tige triangulaire, fer. Alène ? – 42-1075 : indéterminé, fer. Une petite plaque de bronze est également signalée. Caractérisation des dépôts À Eélazar (ill. 2), le mobilier d’une fosse est composé de divers outils ou ustensiles relevant de plusieurs domaines. L’agriculture est représentée par un soc d’araire et sa probable curette. La petite faucille appartient peut-être à l’équipement du vannier. La cuisine est illustrée par le croc à viande, le travail du bois par une hache et peut-être une serpe. Les autres pièces ne sont pas identifiables. Pour ce site, aucun élément ne semble permettre d’évoquer autre chose qu’un dépotoir plus riche que ceux d’une écrasante majorité d’établissements ruraux. 238 Au Bac d’Athis (ill. 9-10), une fosse a livré une soixantaine de restes d’objets. Ils étaient regroupés sur 50 cm2 au fond de la structure et disposés selon une certaine organisation : les plaques ou lames constituaient un petit amas entouré par les autres objets. Quelques petits tessons et de rares fragments osseux sont aussi signalés. La composition du dépôt est hétéroclite. On y trouve deux socs d’araires et deux autres outils à douille, des pièces de quincaillerie dont l’absence des clous de fixation pour certaines indiquerait un démontage préalable. Le reste du mobilier est constitué d’objets personnels comme une fibule et de pièces non identifiées ou non identifiables. D’autres structures du Bac d’Athis ont livré d’autres objets métalliques peu fréquents dans les établissements ruraux comme un poucier de passoire, un fer de lance, un style et des monnaies. Le traitement particulier de la faune dans une fosse rappelle des pratiques rencontrées dans certains sanctuaires et différencie ce site des habitats “classiques”. En présence d’un tel contexte, faut-il voir dans la fosse 1, un simple réceptacle à détritus ou un dépôt réalisé avec les mêmes motivations qui ont conduit au traitement original de la faune ? À La Cohaigne (ill. 11-12), une partie seulement du mobilier métallique est identifiable. Il se réfère principalement à l’agriculture, du travail de la terre à la récolte et jusqu’à sa transformation : un ou plusieurs socs d’araires, une armature de bêche, une probable lame de faux et un fragment de meule. Cette association d’objets représentant une partie d’une chaîne opératoire agricole a été trouvée dans un silo destiné à en conserver la production. Il s’agit d’un des rares cas où contenu et contenant se réfèrent au même domaine. Si cette particularité n’est pas fortuite, elle pourrait constituer un élément en faveur d’une interprétation de ce dépôt comme la trace d’un rituel de nature agricole. Au Bois Roux (ill. 13), les 10,250 kg d’objets en fer se rapportent au travail du métal et du bois, il existe peut-être un fer de lance. On remarque d’emblée que cet ensemble n’est pas aussi hétéroclite que celui par exemple d’Eélazar (ill.2). Les outils semblent avoir été utilisés comme le signale en particulier l’écrasement de la table d’un marteau. Le poids conséquent du dépôt en fait l’établissement rural gaulois le plus “riche” en métal de la région d’étude. Cet assemblage et son poids conséquent (15 kg LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE 14. Barbezieux (Charente), Les Petits Clairons. DAO (DAO J-M. Bryand, d’après Baigl 1995, pl. 36, 44, 65). 239 OLIVIER NILLESSE “seulement” à Kolín : Rybová, Motyková 1983) rappellent les dépôts massifs d’objets en fer attestés en Europe celtique. Comme pour La Cohaigne, le dépôt du Bois Roux n’est probablement pas lié à la récupération ou la dissimulation du métal. En effet, conserver le fer dans le sol est aberrant car il rouille et aucune trace de coffre en bois ou en toute autre matière périssable qui auraient pu le préserver n’a été mise en évidence. L’intégrité actuelle et la valeur financière à l’époque gauloise de ce matériel semblent pouvoir écarter aussi l’hypothèse de leur mise au rebut et plutôt indiquer une mise en terre délibérée. La composition du dépôt de Bois Roux peut désigner un artisan spécialisé ou plus simplement : la caisse à outils nécessaire pour entretenir et réparer l’habitat et son mobilier... Ce point ne sera jamais éclairci car, le site ne sera pas fouillé. Néanmoins, dans ces deux établissements, l’on pourrait avoir à faire à des dépôts votifs s’exprimant par la rétrocession d’une quote-part à la terre des bienfaits qu’elle procure aux agriculteurs qui la cultivent et peut-être à des artisans qui en utilisent les ressources minérales. Le biais utilisé consisterait à se séparer d’une partie de l’outillage qui apporte la prospérité (en espérant une certaine reconnaissance de ce fait). La production elle-même, est-elle associée à ces dépôts ? En l’absence d’analyses paléobotaniques à La Cohaigne, on ne peut répondre à la question. Au Bois Roux, on ne peut affirmer qu’un ou des objets ont été produits par celui ou ceux qui sont à l’origine du dépôt. fosse a plus de chance de ne pas être perturbé car il ne subit pas les réorganisations que connaissent les enclos qui sont parfois agrandis (recreusements pour adjoindre de nouvelles branches), curés ou quand ils sont comblés, réaménagés pour installer des palissades. En conséquence, les dépôts primaires en fosse se conserveront mieux. Ceci étant dit, l’interprétation de certains de ces ensembles est tout aussi délicate que pour les fossés. À Eléazar et plus encore que pour les concentrations de mobiliers dans les fossés précédemment évoquées, l’hypothèse détritique est la plus évidente. Au Bac d’Athis, c’est le traitement particulier de la faune dans une fosse rappelant des pratiques observées dans des sanctuaires qui amène à s’interroger sur la nature du dépôt d’objets métalliques ; la disposition originale des diverses pièces selon la description de G. San Juan est un autre élément pour évoquer la possibilité d’un dépôt mis en place rituellement. À La Cohaigne et au Bois Roux, pour des raisons évoquées plus haut, il semble difficile de reconnaître de simples dépotoirs. Nous y voyons plutôt les traces d’un rituel organisé pour des raisons votives par des catégories socioprofessionnelles bien déterminées (au moins à La Cohaigne). Le cas des Petits Clairons est caractéristique de la limite de nos interprétations. Si intuitivement l’on est persuadé que le dépôt participe d’un rite, les éléments pour l’affirmer sont faibles. Plus encore, les motivations d’un tel acte demeurent obscures. LES TROUS DE POTEAU Aux Petits Clairons (ill. 14), une fosse a livré deux couteaux, deux autres objets en fer indéterminés et les restes de plusieurs vases dont l’un complet est partiellement brûlé. Les objets ont été mis en terre alors qu’une partie au moins devait encore être en bon état. Cet assemblage s’apparente à ce que l’on peut découvrir dans une tombe à incinération. Ce n’est vraisemblablement pas le cas, sauf si les parties supérieures de la fosse contenant les cendres du défunt sont érodées. Là encore, l’intégrité du matériel constitue un élément important pour écarter l’hypothèse d’un simple dépotoir. Par contre, les motivations qui ont amené à la constitution de ce dépôt, outre qu’elles visent très probablement à établir un rapport avec le monde chthonien, ne sont pas établies. Contrairement aux fossés, le mobilier d’une 240 Inventaires des sites et du mobilier Marcé (Maine-et-Loire), Hélouine (ill. 15) L’occupation de l’établissement est datée de La Tène D1 par la céramique indigène et les amphores républicaines. Des céramiques et des objets métalliques ont été mis au jour dans un trou de poteau (Nillesse 2003). Trou de poteau 677 – – 7-486, 7-489 : deux tiges de section carrée, fer. 7-487 : soc d’araire, fer. L’objet est usagé. Dans les contextes détritiques des fossés de l’établissement, deux autres socs également LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE 15. Marcé (Maine-et-Loire), Hélouine (DAO J-M. Bryand ; Nillesse 2003, pl. 4, 11). 241 OLIVIER NILLESSE usés ont été trouvés. Cette partie métallique de l’araire subit d’importants frottements quand elle est en action. G. Lerche (2003) a labouré un champ avec une reconstitution de charrue médiévale pendant cinq ans. Cinq socs durent être utilisés. Le plus usé, d’un poids original de 1 480 g, a perdu 958 g de fer et sa longueur fut raccourcie de 80 mm. Echiré (Deux Sèvres), Le Chemin Chevaleret (ill. 16) Le site (Cornec 2000 ; Nillesse 2000) a livré 3 214 tessons de céramiques indigènes et 3 135 tessons d’amphores. On relève la présence de gouttières de fourreau d’épée et d’une représentation anthropomorphe ithyphallique sur anse d’amphore. 16. Echiré (Deux Sèvres), Le Chemin Chevaleret (DAO J-M. Bryand, d’après Cornec 2000, pl. 7, 72-73). 242 LES DÉPÔTS D'OBJETS EN FER DANS LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX GAULOIS DE L'OUEST DE LA FRANCE L’abondant matériel permet de dater le site de La Tène C2 et du début de La Tène D1. Les objets présentés proviennent uniquement des trous de poteau qui livrent près de la moitié du mobilier métallique du site (26 objets pour un total de 46). Caractérisation des dépôts Le dépôt d’Hélouine (ill. 15) est le plus clair. Dans ce qui fut primitivement un trou de poteau d’un bâtiment qui en comporte quatre, des céramiques et des objets métalliques ont été mis au jour. Une grande écuelle à profil en “S” contenait un vase ovoïde qui a livré deux tiges et un soc d’araire usé. Les objets métalliques étaient rassemblés en paquet contre les parois de la céramique. Un petit vase ovoïde était déposé au-dessus de l’ensemble. Ce dépôt évoque une pratique rituelle en relation avec l’agriculture comme l’indiquerait la fonction du bâtiment : un probable grenier et au moins un des objets : le soc. Il a été mis en place après le démontage du bâtiment comme en témoigne la conservation du négatif de deux poteaux. Trous de poteau – 13-1055 : cure-oreille ou instrument chirurgical, fragmentaire, alliage base cuivre. Ce type d’objet peut correspondre à un cure-oreille. Un exemplaire à palette plus ronde est connu à Manching (Maier et al. 1992), S. Sievers ne connaît aucun parallèle exact et penche aussi, mais avec beaucoup de guillemets, pour une possible utilisation médicale. La faible profondeur de la palette peut en effet, faire penser à une sonde chirurgicale (specillum : Rich 1987) comme celle en forme de spatule (spathomelae) de la tombe du chirurgien d’Obermenzing (Künzl 1991) mais l’extrémité n’est pas creuse. E. Künzl rappelle aussi que ces instruments peuvent aussi être utilisés en pharmacie ou en cosmétique. – 13-697 : Pilon de mortier à fard, alliage base cuivre. Cette identification est basée sur l'étude que R. Jackson (1985) a proposé pour ce type d'objet principalement connu en GrandeBretagne et surtout pour l'époque romaine. – 13-698 : tige plate en spirale, alliage base cuivre. Cette pièce peut être une partie d’un objet ou un résidu de fabrication (à mettre en relation avec les scories d’alliage cuivreux découvertes sur le site). Des exemplaires à spires un peu plus larges et moins détendues sont connus au Magdalensberg (Deimel 1987). – 13-700 : style, fragmentaire alliage base cuivre. L’objet peut être interprété comme un style à cause de la forme en palette de l’une de ses extrémités, l’autre partie pointue (destinée à écrire) n’est pas conservée. – 13-705 : couteau à manche plein, fer. – 13-720 : piton ouvert, fer. – 13-721 : couteau à douille, fer, fragmentaire. Une monnaie a aussi été trouvée dans un trou de poteau. Il s’agit d’un potin attribué aux Bituriges Cubi de type BN 4302/4303 (Nash 1978). Au Chemin Chevaleret (ill. 16), 56 % du mobilier métallique provient des trous de poteau. Ils ont livré des objets rares dans les établissements ruraux comme un cure-oreille, un probable style ou l’unique monnaie du site. Pour les plus petites pièces, on peut imaginer un dépôt accidentel mais pour les couteaux (184 et 247 mm) l’hypothèse est moins vraisemblable. Aux Genâts (Nillesse 1997), moins de 6 % du matériel métallique a été trouvé dans des trous de poteau mais il s’agit du seul rasoir ou de l’une des quatre monnaies et d’une chute de barre. Comme à Chemin Chevaleret le mobilier provient du remplissage des fosses et jamais du négatif du poteau, les objets sont donc présents dès la fondation du bâtiment. Les dépôts dans les trous de poteau sont de deux types. Le premier (Hélouine) comporte, entre autres choses, un soc usagé. Il est enterré dans le négatif d’un poteau d’un grenier démonté. Ce dépôt illustre peut-être de façon symbolique un cycle agricole (du labour au stockage des productions). En tout cas, il interdit l’utilisation du bâtiment. Dans le second cas, les objets sont présents dès la création de la structure. Si le mobilier n’est pas erratique, il peut s’agir du témoignage d’un rituel de fondation comme on le pratique encore aujourd’hui pour les bâtiments publics ou privés.  243 OLIVIER NILLESSE CONCLUSION D’une façon générale, on remarque (et c’est bien normal pour des établissements ruraux) que c’est le domaine de l’agriculture qui est le plus souvent rencontré. Ainsi, parmi les onze sites, on dénombre un minimum de neuf socs d’araires (peut-être treize avec les objets non nettoyés de La Cohaigne). L’identification du travail du fer est plus étonnante alors que cette activité est généralement discrète sur ce type de site (Guillaumet, Nillesse 2000). C’est aussi le cas pour l’armement et pour une série d’objets “rares” à la campagne comme les styles, les chaudrons, les monnaies, les rasoirs, les cerclages de récipients en bois ou les mors de chevaux. Il est probable que ces fréquences sont à mettre en relation avec la nature rituelle d’une partie de ces dépôts. Dans notre échantillonnage, le travail du bois n’est pas reconnu dans les proportions auxquelles l’on pourrait s’attendre dans des habitats ruraux. Enfin, la quincaillerie souvent représentée témoigne bien du milieu étudié : des habitats. Comme nous l’avons souligné au début de cet article, le mobilier métallique est rare dans les établissements ruraux. C’est pour cette raison qu’il doit être regardé avec attention à chaque fois que des dépôts se démarquent par les quantités, la qualité ou qu’ils sont trouvés dans des contextes particuliers. Nous avons passé en revue plusieurs cas de figure et presque à chaque fois, la distinction entre dépotoir domestique et dépôt votif n’est pas facile à établir. Si parfois, la nature des trouvailles permet de douter de la confortable hypothèse détritique, les motivations qui ont amené à la mise en terre de certains assemblages sont par contre souvent incertaines. Au mieux, reconnaît-on des gestes qui ne relèvent pas d’une logique purement pratique. Cette prudence dans l’interprétation tient au sujet d’étude. En effet, les établissements ruraux même s’ils ont bénéficié de nombreuses fouilles sont encore très mal connus et la documentation est difficile d’accès : son analyse globale reste à faire. Il faut maintenant multiplier les observations pour valider cette pré-étude nécessairement incomplète. BIBLIOGRAPHIE Baigl 1995 : BAIGL (J.-P.). — Barbezieux, Les Petits Clairons, (Charente). Document final de Synthèse (DFS). Poitiers : SRA de Poitou-Charentes, 1995 (Multigraphié). 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Pour ce faire, nous tenons à inscrire ce travail dans la lignée de celui réalisé par S.Verger (1992), mais adapté aux données archéologiques de l’époque laténienne. Ainsi, notre classement des ensembles s’orientera selon trois critères : − l’étendu chronologique du gisement ; − la quantité globale de mobilier (exprimé en NMI) ; − la part prise par les différentes catégories de mobilier (exprimé en NMI) ; Toutefois, cet article n’est qu’un premier essai, il ne vise donc pas à l’exhaustivité, mais est un point de départ d’une recherche plus vaste, qui ne prend en compte que des ensembles suffisamment documentés et d’origine terrestre. Ainsi, lors d’une première partie, sera réalisée une présentation sommaire des ensembles retenus. Ces petites notices sont présentées par ordre alphabétique et contiennent les informations minimum dont nous avons besoin, c’est-à-dire, la quantité globale d’artefacts métalliques et une liste des types objets retrouvés en NMI (ce qui peut induire des différences avec les nombres donnés dans les publications d’origine), une attribution chronologique de l’ensemble, ainsi que quelques précisions sur le contexte de découverte. Dans une deuxième partie, nous nous attacherons à classer les ensembles, d’abord selon leur attribution chronologique, puis selon la quantité globale d’objets qu’ils ont livré et enfin selon leur composition. Dans la dernière partie, nous présenterons les résultats de ces classements. Bataille (G.), Guillaumet (J.- P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p 247-256 (Bibracte ; 11). GÉRARD BATAILLE 1. Quantification en NMI du mobilier métallique du dépôt d’Altdorf (G. Bataille). PRÉSENTATION DES GISEMENTS RETENUS POUR L’ÉTUDE Le dépôt d’Altdorf (Uri, Suisse) Découvert fortuitement en 1915, le dépôt d’Altdorf (Müller, Köenig 1990) réuni douze objets en fer (ill. 1). Il s’agit avant tout d’outils agricoles et de travail du bois, ainsi que d’une aiguille, mais également d’un couteau et de trois clefs, donc des objets plus en rapports avec la sphère domestique. L’attribution chronologique de l’ensemble n’est pas assurée par les objets qui le composent, ceux-ci n’étant pas de très bons marqueurs chronologiques. Il est toutefois, traditionnellement daté du Ier s. av. J.-C., donc de La Tène D. C’est cette datation que nous retiendrons pour la suite. Le dépôt de Berne-Tiefenau (Berne, Suisse) Le célèbre ensemble de mobilier métallique de Berne-Tiefenau fut trouvé en 1849 par des ouvriers lors de la construction d’une route, au nord de la ville de Berne, en contrebas de l’oppidum de Enge (Müller, Köenig 1990 ; Moscatti, Frey, Kruta 1991). À l’origine, se furent environ un millier de pièces métalliques qui ont été mises au jour. Toutefois, leurs dispersions dans des collections privées et des musées à travers le monde, empêche d’avoir une vision globale de cet ensemble. Grâce aux travaux de Félix Müller, nous pouvons actuellement réfléchir sur un panel de 443 objets en NMI (ill. 2), ce qui permet d’avoir un aperçu représentatif de ce qu’était cet ensemble à l’origine. Le dépôt de Berne-Tiefenau rassemble des objets qui présentent une chronologie longue, les plus anciens peuvent être attribués à la fin de La Tène B2 et les plus récents de La Tène D2. Il s’agit 248 2. Quantification en NMI du mobilier métallique du dépôt de Berne-Tiefenau (G. Bataille). d’objets de nature variés soit, des objets de parure, du fourniment, des éléments d’attelage et de char, de l’outillage, des demi-produits de fer, des ustensiles domestiques et de la quincaillerie (ill. 2). Le dépôt de Cernov (Moravie, République tchèque) L’ensemble de mobilier métallique de Cernov provient de fouilles réalisées au cœur de l’habitat fortifié du même nom en 1987. Dix-neuf objets métalliques furent recueillis (ill. 3) au sein de ce dépôt. Il s’agit d’outils liés à l’agriculture, comme un soc d’araire, mais également au travail du bois (deux haches à douille) et au travail du métal (un tas-marteau). Ce gisement a également fourni un grand coutelas en fer, qui peut être interprété comme une arme, ou comme un ustensile domestique. Mais cet ensemble contient également d’après l’auteur (Moscatti, Frey, Kruta 1991 ; Cizmar 1990 ; 1993) dix objets liés à la sphère domestique et à la construction que nous ne pouvons pas DÉPÔTS DE MOBILIERS MÉTALLIQUES DE LA PÉRIODE DE LA TÈNE. PREMIER ESSAI DE CLASSEMENT 3. Quantification en NMI du mobilier métallique du dépôt de Cernov (G. Bataille). caractériser d’après les données disponibles.Ainsi, son classement sera incertain et basé uniquement sur les neuf objets documentés (ill. 3). Ce dépôt est attribué au Ve s. av. J.-C. soit de La Tène A, par son contexte et par le grand coutelas. Le dépôt de La Chuire (Larina, Isère, France) Le dépôt de La Chuire (Perrin 1990) provient d’une faille à l’intérieur du site fortifié du “camp de Larina” (Larina, Isère, France). Il s’agit d’un ensemble qui a fourni pour la période de La Tène 339 objets métalliques (en NMI), mêlés à des fragments de céramiques et des ossements humains et de faune. L’ensemble métallique qui nous intéresse ici, rassemble des objets sur une longue étendue chronologique de La Tène B2 à La Tène D2a et regroupe des objets de fonction variés (ill. 4), des objets de parures, des pièces de fourniment, des ustensiles domestique et de cuisson, de l’outillage, des éléments d’attelages et de la quincaillerie. Le dépôt de Chynov-Libcice (Bohême, République tchèque) Cet ensemble d’objets en fer a été trouvé sous le sol d’une maison d’époque laténienne, au sein d’un habitat groupé. Les objets étaient contenus dans un vase en céramique et enroulés dans un linge, sauf deux faux appuyées contre le vase (Moscatti, Frey, Kruta 1991 ; Sankot, Vojtechovska 1986). Ce sont environ 56 fragments d’objets qui ont été mis au jour. Il s’agit principalement de fragments d’outils (trois marteaux, cinq limes, un ciseau, deux faux) et de quelques pièces de fourniment (trois fers et deux talons d’arme d’hast) et d’un couteau. Les autres artefacts sont très dégradés, il s’agit principalement de déchets et de tôles difficilement déterminables, ainsi le 4. Quantification en NMI du mobilier métallique du dépôt de La Chuire (G. Bataille). classement de ce dépôt se fera sur des données partielles qui donnent l’impression qu’il s’agit avant tout d’un ensemble regroupant des objets liés à la production métallique et agricole. Par sa position stratigraphique, cet ensemble est attribué au milieu du Ve s. av. J.-C., soit de La Tène A. Le dépôt de Duchov (Bohême, République tchèque) Découvert fortuitement en 1882, cet ensemble provient d’une source thermale. On estime que deux mille à deux mille cinq cents objets de parures celtiques (fibules, bracelets et bagues), toute en bronze de la fin du IVe s. av. J.-C. (La Tène B1/B2), étaient contenues dans un chaudron 249 GÉRARD BATAILLE 5. Quantification en NMI du mobilier métallique du dépôt de Föker Laas Riegel (G. Bataille). en bronze (Kruta 1971 ; 2000). Il s’agit d’un des ensembles les plus importants jamais découverts et il est fort regrettable qu’il soit impossible d’en faire le décompte exact à cause de la dispersion des objets à travers l’Europe. Le dépôt de Erstfeld (Uri, Suisse) L’ensemble d’Erstfeld est composé de six objets de parures en or. Il s’agit de quatre torques et de deux bracelets (Furger-Gunti 1984 ; Guggisberg 1997 ; Wyss 1975 ; Kruta 2000). Ce dépôt fut découvert fortuitement sous un rocher en 1962 lors de travaux de construction dans la vallée de Locher. L’attribution chronologique la plus couramment acceptée considère que ces objets sont datés du milieu du Ve s. av. J.-C., soit de La Tène A. Le dépôt de Föker Laas Riegel (Carinthie, Autriche) L’ensemble de Föker Laas Riegel est issu de fouilles clandestines en 1989 et fut acquis par le musée de Mayence (Allemagne). Il semble que ce dépôt provient d’un puits situé au pied d’un site fortifié (Keltische Jahrtausend 1993 ; Schaaff 1990 ; Kruta 2000). Cet ensemble est composé de trente-quatre pièces d’armement (ill. 5) qui peuvent être attribuées au milieu du IIIe s. av. J.-C., soit de La Tène C2. Les dépôts du Gründberg (Linz, Autriche) L’oppidum du Gründberg se trouve en HauteAutriche dans la région de Linz-an-der-Donau (Urban, Ruprechtberger 2003). Les fouilles conduites en 1997 sur son rempart sud, ont permis de mettre au jour trois dépôts d’objets métalliques (ill. 6) pris dans la construction du rempart. Les restes d’un quatrième dépôt ont été retrouvés dans 250 6. Quantification en NMI du mobilier métallique des dépôts du Gründberg. a : Gründberg I ; b : Gründberg III ; c : Gründberg III (G. Bataille). les éboulis du mur, celui-ci comportait, entre autres, deux lopins de fer. – Gründberg I a livré seize objets (ill. 6a), principalement des objets liés à l’outillage et la production. – Gründberg II a livré douze objets (ill. 6b), répartis à part égale entre l’armement (trois individus, deux épées et un fourreau), la sphère domestique (trois individus, une broche, une pelle à feu et une fourchette) et l’outillage et la production (un marteau et une hache). – Gründberg III a livré treize objets (ill. 6c), répartis à part égale entre l’outillage et la production (une hache, un marteau et une paire de tenailles), la sphère domestique (deux crémaillères et une broche) et de l’attelage (deux DÉPÔTS DE MOBILIERS MÉTALLIQUES DE LA PÉRIODE DE LA TÈNE. PREMIER ESSAI DE CLASSEMENT frettes de moyeu et un bandage de roue). Et enfin une foëne, qui peut être une arme, mais également un outil de production, servant à la chasse ou à la pêche. De par leur contexte de découverte, ces trois ensembles sont attribués à La Tène D1. Le dépôt de Kolín (Bohême, République tchèque) Le dépôt de Kolín est une découverte fortuite, qui a eu lieu lors de travaux de construction dans la ville de Kolín. Cet ensemble est attribué à La Tène D, soit aux deux derniers siècles de notre ère. Nous ne pouvons être plus précis étant donné le manque de marqueur chronologique fiable au sein de cet ensemble. Le nombre de fragments d’objets en fer mis au jour est de 68 (Rybová, Motyková 1983). Il s’agit avant tout d’outils (ill. 7), principalement agricole (douze haches et herminettes, deux faucilles et une faux, un fer de bêche, au moins trois paires de forces, deux 2 socs d’araire), 8. Quantification en NMI du mobilier métallique du dépôt de Liptovska Mara (G. Bataille). mais également en rapport avec le travail du bois et du métal (un marteau, un ciseau, un tas d’enclume, sept demi-produits en fer, deux burins…), également quelques ustensiles liés à la sphère domestique (dix couteaux, une crémaillère…) et quelques éléments d’attelage (une clavette, un bandage) et enfin une pièce de fourniment de fourniment (un umbo). Le dépôt de Liptovska Mara (Slovaquie) Le dépôt de Liptovska Mara a été mis au jour en 1992 dans une petite cavité, lors des fouilles des environs de l’aire cultuelle du site fortifié du même nom (Pieta 2000 ; 2003). Cet ensemble a fourni 29 objets en fer (ill. 8). Il s’agit principalement d’outils agricoles, mais également d’ustensiles se rapportant à la sphère domestique, tel un couteau, une broche et une clef. Cet ensemble peut être attribué par le contexte général du site au Ier s. av. J.-C, soit de La Tène D1 ou D2. Les dépôts de Pohanská (Plaveche Pohradie, Slovaquie) 7. Quantification en NMI du mobilier métallique du dépôt de Kolín (G. Bataille). Au sein d’un oppidum du Ier s. av. J.-C. ont été mis au jour une série de dépôts, trois lors des fouilles de 1968-1971 (Paulik 1976 ; ill. 9) et un en 2001 (Pieta 2003). Trois ou cinq autres sont signalés : il s’agit de trouvailles réalisées par des prospecteurs. Le dépôt trouvé en 2001 ne peut être intégré à cette étude, car mise à part la notice réalisée par K. Pieta (2003), ce dépôt est encore inédit et il nous est impossible de réaliser le décompte exact de la centaine d’objet le composant. – Pohanská I (ill. 9a), quinze objets, majoritairement outillage et production, également du fourniment et des ustensiles domestiques. 251 GÉRARD BATAILLE 10. Quantification en NMI du mobilier métallique du dépôt de Wauwil (G. Bataille). ESSAIS DE CLASSEMENT 9. Quantification en NMI du mobilier métallique des dépôts de Pohanská a : Pohanská I ; b : Pohanská II ; c : Pohanská III (G. Bataille). – Pohanská II (ill. 9b), cinq objets, majoritairement outillage et production et un ustensile domestique. – Pohanská III (ill. 9c), uniquement composé de huit currency-bars. L’attribution chronologique de ces trois dépôts peut être La Tène C2/D1 par le contexte général de l’oppidum. Le dépôt de Wauwil (Luzern, Suisse) Découvert fortuitement, les objets ont été recueillis en deux fois, en 1896 et en 1905 en ce qui concerne les deux chenets (Müller, Köenig 1990). Cet ensemble est traditionnellement attribué au Ier s. av. J.-C., donc à La Tène D. Au total, ce sont quatorze objets en fer qui ont été recueillis (ill. 10). Il s’agit principalement d’outils (une faux, un burin, un ciseau, une hache, une herminette, une paire de forces, une pince) lié au domaine agricole, au travail du bois et à la métallurgie, ainsi que quelques ustensiles liés à la sphère domestique (trois anses de vaisselle [?], une clef). 252 Ce bref inventaire, nous permet de constater que quelques ensembles présentent des objets qui couvrent une longue période chronologique, ce qui inciterait à penser qu’ils ont été constitués en plusieurs fois. Cette catégorie de dépôts concerne deux ensembles, ceux de Berne-Tiefenau et de La Chuire. Les autres gisements recensés pour cette présentation semblent être les vestiges de manifestations ponctuelles, qui ont permis de réunir les objets composant les ensembles en une fois. Dans cette catégorie de dépôts, sont classés les ensembles de Altdorf, de Cernov, de Chynov-Libcice, d’Erstfeld, de Föker Laas Riegel, les dépôts du Gründberg, de Kolín, de Liptovska Mara, les ensembles de Pohanská et enfin de Wauwil. Le dépôt de Duchov présente une autre particularité. Certes, il semble indéniable que l’enfouissement des objets dans le chaudron correspond à une seule manifestation. Toutefois, les typologies et la chronologie des objets déposés ne permettent d’être certain que tous les individus sont parfaitement synchrones. Il semble plus que probable que la collecte des objets a été réalisée sur plusieurs années, voir plusieurs décennies. Donc, ce dépôt en tant que tel, est bien le fait d’une manifestation unique, mais le regroupement des objets peut être le reflet de pratiques espacées dans le temps, qui ont été enfouis en une fois. Lorsqu’on essaie de regrouper les gisements selon la quantité globale d’artefacts, les groupes ainsi formés ne sont pas les mêmes. On peut ainsi distinguer six groupes (ill. 11) : – Groupe 1 (Gr. 1) : ensembles de plus d’un millier de pièces. Un seul représentant pour ce groupe : Duchov ; DÉPÔTS DE MOBILIERS MÉTALLIQUES DE LA PÉRIODE DE LA TÈNE. PREMIER ESSAI DE CLASSEMENT 11. Classement des ensembles selon la quantité globale d’objets (G. Bataille). – – – – Groupe 2 (Gr. 2) : ensembles de plus d’une centaine de pièces. Deux représentants pour ce groupe : Berne-Tiefenau et La Chuire ; Groupe 3 (Gr. 3) : ensembles qui comprennent entre cinquante et cent objets. Deux représentants pour ce groupe : Kolín et Chynov-Libcice ; Groupe 4 (Gr. 4) : ensembles qui comprennent entre vingt et cinquante objets. Deux représentants pour ce groupe : Föker Laas Riegel et Liptovska Mara ; Groupe 5 (Gr. 5) : ensembles qui comprennent entre dix et vingt objets.Sept représentants pour ce groupe : Cernov, Gründberg I, Pohanská I, Wauwil, Gründberg II, Gründberg III et Altdorf ; – Groupe 6 (Gr. 6) : ensembles qui comprennent moins de dix objets.Trois représentants pour ce groupe : Pohanská II et III et Erstfeld. Un autre classement d’ordre quantitatif est possible. On peut essayer de grouper les ensembles non plus selon la quantité globale des objets qu’ils ont fournis, mais selon leur composition de mobilier. Ainsi, on obtient le classement suivant : – Des ensembles de classe A, qui sont composés d’un seul type d’objet. Le seul exemple du corpus réuni pour cette étude est celui de Pohanská III, qui n’a livré que des currency-bars. 253 GÉRARD BATAILLE – – 254 Des ensembles de classe B, qui réunissent plusieurs types d’objets qui correspondent à une seule catégorie fonctionnelle. Trois dépôts du corpus correspondent à cette définition. Il s’agit du dépôt de Föker Laas Riegel qui est constitué que de pièces de fourniment et ceux de Duchov et d’Erstfeld qui n’ont livré que des objets de parures. Donc cette classe B peut se subdiviser en sous-classe selon la catégorie fonctionnelle représentée. Ainsi, nous décidons que les dépôts constitués uniquement d’éléments guerriers sont de sous-classe 1 (B.1) et ceux composés que d’éléments de parure de sous-classe 2 (B.2). Des ensembles de classe C, dans lesquels nous classons tous les dépôts qui présentent une mixité des catégories fonctionnelles représentées. Cette classe peut se subdiviser selon la part prise par les différentes catégories d’objets les unes par rapport aux autres. Ainsi, nous distinguons les ensembles majoritairement composés d’éléments guerriers soit de sous-classe 1 (C.1). Dans cette sous-classe, seul le dépôt de BerneTiefenau se retrouve, surtout si on considère que les pièces de char et d’attelages appartiennent également à la sphère guerrière. Toutefois, cet ensemble présente une part importante de demiproduit de fer. La deuxième sous-classe que nous pouvons créer d’après notre corpus est celle qui regroupe les dépôts mixtes majoritairement constitués d’outils et d’artefacts liés à la production. Cette sous-classe C.2, réunie les ensembles de Cernov, de Chynov-Libcice, d’Altdorf, le dépôt du Gründberg I, de Kolín, de Liptovska Mara, de Wauwil et enfin le dépôt de Pohanská I. Une dernière sous-classe se distingue (C.3). Cette dernière regroupe des ensembles hétérogènes, où aucune catégorie fonctionnelle n’est majoritaire. Généralement dans cette sous-classe, l’outillage et les vestiges de productions sont les plus nombreux, mais une ou deux autres catégories prennent également une part importante de l’ensemble. On peut classer dans cette catégorie le dépôt de La Chuire, où derrière l’outillage, la parure prend une forte part, tout comme les ustensiles domestiques. Les autres ensembles de sous-classe C.3 sont ceux de Gründberg II (mixité entre outils, fourniment et ustensiles domestiques), de Gründberg III (outillage prédominant, mais forte part des ustensiles domestiques), de Pohanská II (outillage prédominant, mais forte part des ustensiles domestiques). 12. Classement général des ensembles (G. Bataille). RÉSULTAT DES DIFFÉRENTS CLASSEMENTS Les trois critères que nous avons retenu pour réaliser le classement des ensembles étudiés nous permettent d’en réaliser un classement systématique et ordonné que nous avons synthétisé sur le tableau (ill. 12). L’analyse de ce tableau synthétique nous permet de réaliser quelques constatations. Tout d’abord, il est remarquable que les trois plus grands ensembles de mobilier (Groupe 1 et 2), c’est-à-dire Duchov, Berne-Tiefenau et La Chuire, sont tous trois des ensembles qui présentent un spectre chronologique plus au moins long, et fournissent tous des objets caractéristiques de La Tène B2. Les dépôts les plus anciens de La Tène A et B1 sont soit des ensembles constitués uniquement d’objets de parure (Duchov et Erstfeld), soit des gisements qui présentent une majorité d’outillage et de vestiges de production, essentiellement métallique. L’unique dépôt daté exclusivement de La Tène C est celui de Föker Laas Riegel. Celui-ci est le seul à être exclusivement composé de fourniment. Ce phénomène trouve un écho dans les pratiques constatées sur la composition des ensembles métalliques issus de sanctuaires laténiens, où nous avons constaté qu’à La Tène C, les pièces d’armement sont les objets les plus couramment déposés et souvent les seuls (Bataille 2004). En ce qui concerne les dépôts de La Tène D, ils présentent tous une surreprésentation de la catégorie outillage et production. Avec quelques variantes, certains dépôts présentant une composition plus hétéroclite, où certes les outils sont les DÉPÔTS DE MOBILIERS MÉTALLIQUES DE LA PÉRIODE DE LA TÈNE. PREMIER ESSAI DE CLASSEMENT auquel nous sommes arrivés n’est qu’une étape dans notre recherche, mais la méthodologie que nous avons retenu pour cette présentation, c’està-dire coupler la chronologie des ensembles avec d’une part la quantité globale d’objets (en NMI) et d’autre part, la composition des dépôts, s’avère être applicable et permet déjà sur un faible corpus d’obtenir des hypothèses tangibles qui nous permettent d’espérer à terme des résultats concrets et novateurs. objets les plus représentés, mais ils peuvent être accompagnés dans des proportions équivalentes par des objets de la parure et/ou des ustensiles domestiques. Toutefois, ces constatations ne reposent que sur un nombre restreint de gisement et il faut les prendre avec circonspection. L’objectif principal de cette analyse était avant tout de mettre en place un protocole de classement des dépôts de mobilier métallique laténiens. Le classement  BIBLIOGRAPHIE Bataille 2004 : BATAILLE (G.). — Des mobiliers aux cultes celtiques : analyses qualitatives et quantitatives des mobiliers métalliques issus des sanctuaires laténiens. Dijon : université de Bourgogne, 2004. Thèse de doctorat sous la direction de J.-P. Guillaumet. Cizmar 1990 : CIZMAR (M.). — „Frühlatènezeitliche Funde aus dem Burgwall „Cernov” Gemeinde Jezkovice, Bez. Vyskov”. Die vorgesschichtliche und slawische Besiedlung Mährens. Brno, 1990, p. 196-204. Cizmar 1993 : CIZMAR (M.). — „Frühlatènezeitlicher Burgwall „Cernov” in Mähren (Tschechische Republik)”. Archäologisches Korrespondenzblatt, 23, 1993, p. 207-212. 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Les recherches menées récemment dans différents cours d’eau montrent que ce phénomène semble s’inscrire dans la longue durée, de la Protohistoire (Gaspari 2004) à l’Antiquité (Bonnamour, Dumont 1996) et peut-être jusqu’au haut Moyen Âge. Cette contribution fait le point des données disponibles pour les âges du Fer et cherche à revaloriser l’ensemble de cette documentation. HISTORIQUE DES RECHERCHES Dès le milieu du XIXe s., les catalogues des grandes collections européennes et les ouvrages traitant d’archéologie protohistorique intègrent des lots de mobilier issus des cours d’eau (Wegner 1995). Il faut cependant attendre les années soixante pour que le phénomène soit analysé de façon globale, en considérant différentes périodes et plusieurs zones géographiques. Walter Torbrügge est le premier archéologue européen cherchant à replacer dans un contexte les milliers d’objets extraits de façon anarchique et incontrôlée des lits fluviaux (Torbrügge 1960 ; 1970-1971 ; 1991, p. 345 sq.; 1996). Il propose de traiter les découvertes fluviales comme une catégorie de sources équivalentes aux sépultures, aux habitats ou aux dépôts. À sa suite, et plus particulièrement pour l’Allemagne, s’inscrivent les travaux de Ludwig Pauli. D’après lui, les découvertes fluviales constituent un élément important dans la compréhension des croyances celtiques et des échos que l’on peut en retrouver aux cours des périodes suivantes, notamment dans l’Antiquité mais aussi, probablement, au début du Moyen Âge (Pauli 1983 ; 1986 ; 1987 ; Pauli, Wilbers 1985). Le développement de l’archéologie subaquatique permet aujourd’hui de porter un regard nouveau sur ce sujet (Bonnamour, Dumont, Wirth 2001). D’un point de vue historique, il faut rappeler que les premières investigations menées en plongée dans le lit d’une rivière ont eu lieu en Slovénie, dans la Ljubljanica, en 1884 (Gaspari 2003). En France, la recherche en archéologie fluviale a connu un développement qui permet Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F.-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 257-277 (Bibracte ; 11). ANNIE DUMONT, ANDREJ GASPARI, STEFAN WIRTH de disposer d’une liste assez précise des types de sites susceptibles d’être préservés dans les lits mineurs des cours d’eau. Louis Bonnamour (conservateur au musée Denon à Chalon-sur-Saône), après avoir surveillé dès les années soixante les dragages effectués dans la région de Chalon-surSaône, a ensuite mené, pendant vingt ans, des prospections et des fouilles subaquatiques, faisant de la Saône chalonnaise la portion de cours d’eau européen ayant livré l’inventaire le plus riche (Bonnamour 1990 ; 2000a). Grâce à ses travaux de longue haleine, on dispose d’un important corpus archéologique ainsi que d’une bonne connaissance de la morphologie de la rivière et de l’évolution de certaines portions du lit mineur, comme les hauts-fonds (Dumont 2002). Le résultat des recherches effectuées dans la Saône et plus récemment dans d’autres cours d’eau français (Seine, Charente, Hérault, Loire), ainsi que la poursuite des prospections dans la Ljubljanica en Slovénie, montrent que le potentiel, loin d’être épuisé, reste largement méconnu et que seule la multiplication d’opérations de terrain alliant l’archéologie subaquatique aux disciplines associées généralement au domaine terrestre (recherche en archives, prospections géophysiques, etc.) déboucheront sur une meilleure connaissance des vallées fluviales et de tous les faits humains qui leur sont associés. OBJECTIFS Les recherches menées dans la Saône ont concerné tous les types de sites et toutes les périodes : elles ont livré un important corpus mobilier mais n’ont pas permis de découvrir de structures des âges du Fer. À l’échelle européenne, les sites des âges du Fer connus en contexte fluvial ou en zones humides sont rares et ont pour la plupart été fouillés anciennement : la documentation lacunaire qui leur est attachée n’en permettra pas d’interprétation définitive. S’il ne fallait citer qu’un exemple on pourrait choisir celui, emblématique, de La Tène. Nous restons donc face à un ensemble de données inégalement constitué selon les différentes régions européennes, essentiellement composé d’objets métalliques. Malgré ces handicaps de départ,plusieurs pistes de recherche sont envisageables : recherche de pertinences statistiques se dessinant à grande échelle, analyse des convergences et des divergences dans 258 la composition du mobilier métallique des régions tests, mise en évidence, s’ils existent, de caractères spécifiques aux différents cours d’eau. CONDITIONS DE DÉCOUVERTE ET VALIDITÉ DES CORPUS DISPONIBLES La constitution des lots d’objets issus du domaine fluvial et la connaissance des sites de lit mineur sont étroitement liées aux différentes phases d’aménagement des cours d’eau et au type de matériel employé pour draguer : il est absolument nécessaire de les prendre en considération préalablement à toute tentative d’analyse. La validité des corpus dépend également du suivi ou de l’absence de surveillance de ces travaux par les archéologues. Tous les grands ou moyens cours d’eau européens ont livré à un moment ou un autre du mobilier archéologique, mais ces objets n’ont que trop rarement été récupérés. La compilation des nombreuses mentions de découvertes, mise en parallèle avec les inventaires des collections publiques, montre bien que lorsqu’aucun contrôle des dragages n’a été effectué, on peut difficilement considérer comme fiable les lots d’objets recueillis tant les pertes ou les destructions sont nombreuses (Dumont 2002, p. 62-67, annexe 8). D’après le comptage des épées de l’âge du Bronze découvertes dans la Grande Saône, on estime que l’on dispose aujourd’hui, pour cette catégorie, de moins de la moitié de l’échantillon d’origine. Le pourcentage des pertes d’objets des âges du Fer est probablement supérieur à celui qui a été constaté pour les armes en bronze de la période précédente. En effet, les éléments en fer (armes ou outils) ne sont souvent, à leur sortie de l’eau, que d’informes morceaux de métal rouillés. De plus, s’ils n’ont pas été soumis rapidement à un traitement approprié, comme c’est souvent le cas des objets conservés dans les collections particulières, ils se sont considérablement dégradés. Ce constat plutôt négatif peut être modéré pour certains cours d’eau, comme la Saône ou la Ljubljanica, qui ont très tôt suscité un vif intérêt de la part des chercheurs, et qui ont par la suite fait l’objet de prospections et de fouilles subaquatiques. Des observations faites par les archéologuesplongeurs depuis une vingtaine d’années, il ressort quelques constantes. LES OBJETS MÉTALLIQUES DES ÂGES DU FER DÉCOUVERTS EN CONTEXTE FLUVIAL Les dragages, en brassant d’énormes quantités de matériaux ont certes été destructeurs, mais ont permis de révéler des vestiges qui étaient parfois enfouis profondément dans les alluvions. Nous n’avons pas à notre disposition, ou du moins très rarement, dans l’état actuel de la recherche, les moyens matériels et humains d’accéder à de tels sites. Les sites actuellement découverts au cours de campagnes de prospection à vue subaquatiques sont en cours d’érosion. Cette reprise d’érosion, qui semble relativement récente, a été constatée dans différents cours d’eau : elle est sans doute liée aux resserrements des lits fluviaux par les constructions de digues, de ponts, de quais et par les différents travaux d’aménagements pratiqués à grande échelle depuis plus de 150 ans. On ne connaît pas encore la progression de cette érosion, mais comme pour les dragages, on peut d’ores et déjà affirmer que si elle dégage des sites et en permet l’accès direct, elle constitue une grave menace pour la préservation du patrimoine fluvial. Les sites livrant du mobilier et des structures en place sont généralement conservés dans des sédiments argileux et assez compacts. Il reste encore de nombreuses études à réaliser en liaison étroite avec des géomorphologues spécialisés dans le domaine fluvial pour comprendre la taphonomie de ces vestiges. Rappelons enfin que ce type d’investigation est très récent par rapport aux recherches conduites en archéologie terrestre ou même en domaine lacustre et maritime et que le domaine à explorer reste très vaste tant d’un point de vue géographique que chronologique et structurel. REPRÉSENTATION DES CATÉGORIES D’OBJETS Dans cet article, toutes les catégories d’objets ne sont pas traitées de façon égale car des sujets, tels que l’analyse détaillée de la présence répétée de casques ou de récipients métalliques dans les milieux humides, dépassent largement le cadre de cette étude. Il apparaît cependant indispensable de citer tous les types d’objets, le but de cette contribution étant d’attirer l’attention sur le fait que l’ensemble des productions métalliques des âges du Fer découvert dans les cours d’eau forme une gamme riche et variée. Les armes Les armes constituent les objets le plus souvent cités lorsque l’on aborde le sujet des découvertes fluviales : d’une part parce que leur nombre est généralement supérieur aux autres productions métalliques, d’autre part parce que ce sont des éléments faisant l’objet de nombreuses études et synthèses typo-chronologiques et technologiques. Les découvertes sont nombreuses et concernent surtout le deuxième âge du Fer (ill. 1). On peut citer en France et en Europe, sans souci d’exhaustivité, celles qui sont issues de l’Ognon (Monnet, Thévenin 1983), de l’Yonne (Hure 1931 ; Louis 1954b), de la Marne (Chevallier 1959 ; 1963 ; Guillaumet 1974), du Rhône (Durand 1993), de la Seine (Piganiol 1963 ; Guillaumet 1974), du Danube (Rieckhoff-Pauli 1983, p. 83-84 ; Sievers 2001 ; Spindler 1980 ; Rapin, Szabó 1998 ; Wirth 2000, fig. 6 ; Pollack 1986), du Lech (Uenze 1986), de la Lahn (Kunter, Frey 2001) ou encore de la Haine (Hubert 1982) et de la Broye (Kaenel 1988), de la Tamise (Stead 1984) ou de la rivière Withan (Fitzpatrick 1984). Dans la Saône, sept armes sont attribuables au premier âge du Fer alors que l’on en recense 135 du deuxième âge du Fer (soixante-treize épées, deux fourreaux seuls, cinquante-neuf lances et un casque). Sur soixante-quinze épées et fourreaux, six sont attribuables à La Tène sans plus de précision, dix-huit à La Tène ancienne, vingt-six à La Tène moyenne et vingt-cinq à La Tène finale (Guillaumet, Szabó 2002) : on peut en déduire que leur nombre varie peu durant tout le deuxième âge du Fer. Les origines ou les influences qui ont pu être dégagées concernent diverses zones européennes : les îles britanniques, l’Italie, la Hongrie, le moyen Danube et le plateau suisse (Guillaumet 1990). Certains types, comme les épées à sphères, se répartissent dans toute l’Europe celtique continentale ; beaucoup d’exemplaires sont issus de milieux aquatiques mais aucun ne provient de contexte sépulcral (Spindler 1980 ; Gendron et al., 1986 ; Wehrberger, Wieland 1999 ; Wehberger 2000 ; 2001 ; Taffanel 2002 ; Paysan 2004). Dans la Ljubljanica, on dénombre vingt et une épées avec fourreaux appartenant à La Tène C2 et à La Tène D, cinquante-cinq pointes de lance et deux casques en fer (Gustin 1990 ; Gaspari 2003). Aucun umbo de bouclier ne figure parmi les découvertes et la rareté, voire l’absence d’arme- 259 ANNIE DUMONT, ANDREJ GASPARI, STEFAN WIRTH 1. Répartition chronologique des épées (avec ou sans fourreau) du deuxième âge du Fer et d’époque romaine découvertes dans la rivière Ljubljanica en Slovénie (A. Gaspari). ment défensif, est une particularité commune à tous les cours d’eau d’Europe centrale et d’Europe de l’Est aux âges du Fer. En revanche, sur les îles britanniques, le dépôt de boucliers existe aux âges du Bronze et du Fer (Kurz 1995 ; Stead 1985 ; 1991). On ne peut clore le chapitre concernant l’armement sans évoquer les casques de type Mannheim. Ces casques, qui étaient en premier lieu considérés comme purement laténiens, ont ensuite été attribués, sur la base de leur technologie et de leur diffusion, aux légions césariennes (Feugère 1990, p. 112 ; Schaaff 1988, fig. 8). La majorité de ces casques sont issus du milieu fluvial, c’est-à-dire hors de tout contexte stratigraphique. Un exemplaire a été retiré d’un bras du Rhône, peut-être sur l’emplacement d’un gué (Perrin 1990, p. 14). Trois ont été trouvés dans la Grande Saône : un au nord de Lyon, non localisé précisément (Feugère 1994, p. 46), un sur le gué de Taponas (Gallay, Hubert 1972, p. 299) et un sur le gué de Raconnay (Bonnamour 1976, p. 20). Un quatrième provient du Doubs à Ciel (Feugère 1990, n° 131). On en connaît un extrait du Danube à Straubing (Reinecke 1951) et deux exemplaires sont pointés sur le cours du Rhin à Mayence et à Mannheim (Schaaff 1988). 260 Les puits à offrandes d’Agen, datés de la fin de l’âge du Fer, en ont également livré plusieurs (Boudet 1995). Dans ces dépôts, qui semblent une spécificité culturelle du sud-ouest de la France, les casques sont associés directement ou indirectement à des vases céramiques indigènes complets, des crochets en fer, de la vaisselle métallique, des éléments de parure (fibule et bague), des seaux en bois ainsi que des amphores vinaires italiques. La présence de ce type de casque dans un tel contexte amène à formuler deux hypothèses quant aux découvertes de la Saône en particulier et, par extension, des autres cours d’eau. La première consiste à les voir comme un élément certain des armées de César et à les interpréter comme les témoins de faits de guerre connus (la guerre des Gaules). La deuxième hypothèse serait de considérer qu’ils ont été déposés volontairement dans l’eau selon une tradition laténienne, dans une période transitoire, en même temps que d’autres catégories d’armes. M. Feugère souligne en effet que les notables indigènes du milieu du Ier s. av. J.-C. assimilaient sans doute le casque romain à un signe supplémentaire d’intégration et donc, de pouvoir (Feugère 1994, p. 47). LES OBJETS MÉTALLIQUES DES ÂGES DU FER DÉCOUVERTS EN CONTEXTE FLUVIAL Les outils Les outils ont sans aucun doute moins retenu l’attention des dragueurs que les armes : sortis de l’eau avec une forte corrosion, ils pouvaient être apparentés à des objets récents ne présentant pas d’intérêt. Sur les passages à gué de la Saône, on en recense un faible nombre, une quinzaine en tout (couteaux, haches, faucille). Lorsqu’ils sont découverts en dehors d’un contexte stratigraphique, ces éléments restent difficiles à dater précisément. G. Kurz en a recensé dans différents cours d’eau d’Europe centrale (Kurz 1995). Plusieurs dizaines de haches et d’herminettes de différents types, datées du premier et du deuxième âge du Fer, ont été découvertes dans la rivière Ljubljanica mais on ne connaît malheureusement pas leur répartition géographique précise ni leur éventuelle association à d’autres objets. Leur répartition chronologique est similaire à ce que l’on connaît aux mêmes périodes dans les sépultures. Les haches du Hallstatt final, qui peuvent être interprétées comme des outils ou comme des armes, comprennent des types variés, dont celui de Schaftlochaxt, bien connu dans les Alpes de l’Est et qui perdurent pendant le deuxième âge du Fer. Les outils laténiens sont représentés par une quinzaine d’herminettes que l’on rencontre couramment dans les dépôts de la même période (Kurz 1995) et douze haches nordiques caractéristiques de la fin du deuxième âge du Fer. Comme la plupart des autres rivières européennes, la Ljubljanica a livré un petit nombre de couteaux. On peut noter que la rareté de cette catégorie d’objet caractérise également les lieux de culte terrestres et les sanctuaires. Les lingots Sur la Grande Saône, des lingots en fer (seize en tout), plats et à soie enroulée, de type “currency bar”, ont été découverts sur plusieurs passages à gué. Sur la petite Saône, à Seurre, plusieurs dizaines d’exemplaires ont été remontés par une drague au cours de l’hiver 1976-1977. La carte de répartition élaborée par K. Peschel (1989-1990, fig. 20) figure deux lingots de type Manching dans le Danube en Bavière. Un fragment d’un lingot semblable a été trouvé dans une gravière du Lech, affluent du Danube en Bavière (Uenze 1986). L. Bonnamour précise que, en raison de leur aspect peu spectaculaire, bon nombre des lingots remontés par les dragues ont dû passer totalement inaperçus. À Seurre et au gué des Piles, seule l’identification par un archéologue sur la drague même, peu après la trouvaille, a permis d’éviter qu’ils ne soient rejetés à l’eau ou vendus à la ferraille (Bonnamour 1980, p. 23). Trois lingots bipiramidaux épais (type Colmar) sont signalés dans le lit de la Saône (Déchelette 1913, fig. 56 ; Mohen 1980, p. 51) et un dans le Danube, en Bavière (Seitz 1967). Tout comme la plupart des outils, la datation de ces objets, hors contexte stratigraphique, reste problématique. À plusieurs reprises, des lingots bipyramidaux avaient été remarqués, souvent regroupés en lots de 2, 3, 5 et jusqu’à 10,15 exemplaires, en milieu humide. C’est notamment la découverte, en 1922, d’une dizaine de ces objets et d’une pirogue, lors de dragages effectués dans le Neckar à l’embouchure de la Kocher (Bade-Wurtemberg), qui avait fourni l’argument décisif aux auteurs pour interpréter la présence de ces objets dans l’eau comme le résultat de pertes accidentelles de cargaisons au cours d’un transport par voie fluviale. Cependant, le monoxyle extrait du Neckar n’a jamais été daté et son association directe avec les lingots n’est pas attestée (Wieland 200a ; 2000b). Outre les découvertes de lingots dans des dépôts terrestres comme celui de Bern-Tiefenau (Müller 1990) ou de Niederzier (Joachim 1991), on peut mentionner deux découvertes en milieu aquatique : en Irlande, à Llyn Cerrig Bach (Green 1991), sur la rive d’un ancien lac, au pied d’une petite falaise, des lingots figuraient parmi un ensemble d’objets divers (armes, chaînes de prisonnier, outils, objets domestiques). Sur la station de La Tène (Suisse), ils sont mentionnés par dizaines et R. Wyss, à propos de la découverte des marais de Wauwil, les compare aux monnaies (Wyss 1984, p. 138). Plusieurs auteurs ont souligné la qualité “pré-monétaire” de ces objets qui rappelle l’aes grave, type de lingot que l’on trouve au début de l’histoire de la monnaie en Italie (Kleemann 1981). La vaisselle métallique Parmi les rares exemples de vaisselle métallique hallstattienne issue de cours d’eau figurent deux cistes à cordons, l’une provenant d’un ancien méandre du Danube à Ingolstadt-Dünzlau 261 ANNIE DUMONT, ANDREJ GASPARI, STEFAN WIRTH 2. Une partie du mobilier des âges du Fer recueilli sur le gué du Port Guillot, la Saône, communes de Lux et de Saint-Marcel (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). (Reichart 1967), l’autre du Rhin (Wegner 1976, p. 153, n° 601). On recense également une situle extraite du Main (Abels 1998), une autre découverte dans la Ljubljanica (non publiée) et six récipients trouvés sur les passages à gué de la Saône (Dumont 2002, p. 152). En revanche, les fleuves et les rivières semblent avoir livré un nombre relativement important de récipients métalliques du deuxième âge du Fer, mais l’inventaire exhaustif en est presque impossible en raison du faible nombre d’éléments publiés. 262 De plus, une part importante de ces objets se trouve dans des collections privées. Le corpus référencé dans la vallée de la Saône reflète bien ce problème : on compte trente éléments laténiens (vingt-huit récipients et deux louches-fourchettes), dont la moitié se répartit sur deux gués localisés au sud de Chalon-sur-Saône, c’est-à-dire dans le secteur qui a fait l’objet d’un suivi archéologique (ill. 2). Un atelier de production de vases métalliques a pu exister dans les environs immédiats de Chalon-sur-Saône, mais sa présence, si elle était un LES OBJETS MÉTALLIQUES DES ÂGES DU FER DÉCOUVERTS EN CONTEXTE FLUVIAL jour attestée, ne suffirait pas à expliquer les raisons pour lesquelles ces récipients se sont retrouvés dans la rivière, sur des points de franchissement. Il est peu probable que tous ces vases aient été perdus accidentellement. On avance souvent la thèse du naufrage d’un bateau sur chacun des gués où ont été retrouvés plusieurs récipients de la même période alors qu’on ne dispose d’aucune donnée permettant d’attester l’existence d’un commerce de ce type d’objets par voie fluviale. En effet, aucun bateau du deuxième âge du Fer n’a été découvert et pour le premier âge du Fer on ne peut que citer la pirogue monoxyle de Saint-Germain du Plain (Dumont, Treffort 1994). De plus, si on attribuait également la présence, dans le chenal, des autres objets (armes, outils, etc.) à des naufrages, on en déduirait que les âges du Fer ont connu de bien piètres navigateurs. L’existence d’une zone portuaire et la perte de ces objets au cours de manœuvres de transbordement ont également été évoquées. Cependant, on peut penser que ces objets auraient pu être récupérés car la hauteur d’eau sur les gués, en dehors des périodes de crue, était faible (quelques dizaines de centimètres à un mètre). De plus, on constate que les vases découverts dans la Saône, pour la plupart des chaudrons, ont servi avant de se retrouver dans la rivière : onze d’entre eux présentent des réparations, parfois multiples, sur le fond, la panse ou au niveau des attaches. Les objets destinés au négoce sont habituellement neufs ou au moins en bon état. Plusieurs importations du monde méditerranéen sont répertoriées dans la vallée de la Saône : une anse en bronze, découverte entre Chalon et Tournus, datée du IVe s. av. J.-C., a probablement été fabriquée dans un atelier grec d’Italie ; une aryballe, peut-être issue du gué de Benne-Lafaux au sud de Chalon, appartient à un groupe de vases datés des Ve et IVe s. av. J.-C. dont les formes les plus proches proviennent d’Italie (Guillaumet 1984) ; une cruche à embouchure trilobée découverte sur le gué du Port Guillot a été fabriquée quelque part dans le monde grec au cours du IVe s. av. J.-C. (Guillaumet, Szabó 1985, p. 71). À cette série s’ajoutent trois vases en argent d’époque républicaine découverts sur le gué de Gigny-Thorey (Bonnamour 1985b ; 1989). La Ljubljanica a également livré trois pièces de vaisselle en bronze tardorépublicaine : une cruche de type Gallarate, une cruche de type Pescate et une cruche avec une anse de type zoomorphe (Horvat 1990, fig. 32 ; Brescak 1995, fig. 4 : 2). Plus à l’est, on peut citer un autre exemplaire du type de Pescate trouvé dans le Danube près de Novi Sad (Popovic 1992, p. 64-66, fig. 4). La parure Parallèlement à l’étude des vestiges prédominants du monde des hommes (armes), on peut s’interroger sur la présence/absence d’éléments féminins dans le corpus provenant des cours d’eau, comme l’a fait G. Kurz (1999). Aux âges du Fer, d’importants lots d’éléments de parure, sans doute des offrandes, sont connus dans des endroits marqués par la présence d’une source. La collecte de nombreuses fibules hallstattiennes dans la source de la Douix à Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) fait penser à la découverte de Duchov en Bohême, d’où l’on a tiré plus de 1 600 objets de parure, dont des centaines de fibules (Müller 2002, p. 76, 86). Dans l’inventaire des découvertes issues de la Saône et de ses affluents, on constate que les éléments de parure ou d’accessoires vestimentaires sont assez peu nombreux. Un bracelet hallstattien est mentionné dans le Doubs à Besançon, au Pont Battant (Joan 2003, p. 158s) ; dans la Saône, on en connaît deux sur le gué du Port Guillot et un sur le gué de Gigny-Thorey. Pour le deuxième âge du Fer, sept éléments ont été recensés (Dumont 2002, p. 158). À l’échelle européenne, on ne peut que généraliser le propos sur la rareté de ces objets dans les cours d’eau. Il paraît évident que cette sous-représentation est en grande partie liée à la petite taille et à la fragilité de ce type d’accessoires et qu’ils ont ainsi eu peu de chance d’être récoltés sur les dragues. Deux exemples montrent que lorsqu’une attention particulière est portée à tous les vestiges, y compris ceux de petite taille, lors d’un suivi de dragage, ou au cours d’une prospection subaquatique conduite de façon systématique, les objets de parure figurent parmi les découvertes. Ainsi, le passage à gué de Jean-de-Saône, près de Tournus, a livré le plus grand nombre de fibules (dix, toutes périodes confondues), parce que les membres du Groupe de Recherches Archéologiques de Tournus ont surveillé la station de criblage où étaient triés les produits des dragages (Feugère 1978). Dans la Ljubljanica, le suivi des dragages et les recherches subaquatiques ont livré vingt fibules du type de Certosa, des pendants d’oreille et une boucle de ceinture du Hallstatt final. Une seule fibule du début du deuxième âge du Fer est connue (du type de Münsingen) alors qu’on 263 ANNIE DUMONT, ANDREJ GASPARI, STEFAN WIRTH 3. Répartition chronologique des fibules des âges du Fer et d’époque romaine découverte dans la rivière Ljubljanica en Slovénie (A. Gaspari). recense dans cette même rivière dix exemplaires en bronze de La Tène moyenne et finale ainsi que treize fibules d’époque augustéenne (ill. 3). Ces exemples illustrent bien les pertes d’information et les risques de discuter à partir de corpus incomplets, risques qui sont d’autant plus importants que la taille des objets diminue. La discussion reste donc ouverte en ce qui concerne les objets de parure. Les ustensiles de foyer Les broches à rôtir, découvertes seule ou groupées en faisceaux, ne sont signalées que dans la Saône : dix-sept au total sont réparties sur six passages à gué (Dumont 2002, p. 152 ; Guillaumet 1996). On connaît également deux landiers, une pelle à feu et un chenet (Gallay, Hubert 1972 ; Gallay, Spindler 1972). D’autres chenets ont été découverts dans le Danube et ses affluents (Seitz 1987 ; Uenze 1991 ; Kurz 1995, p. 28, fig. 5 ; Wirth 2000), ainsi qu’un élément de crémaillère (Pauli 1987). On peut aussi signaler un élément de cadre en fer, à figuration très stylisée de tête de bovidé, trouvé dans le Rhône, probablement sur le gué de Grigny (Feugère 1982 ; 2002). Aucun objet de ce type n’est référencé parmi les découvertes de la Ljubljanica. 264 Les catégories d’objets peu représentées en contexte fluvial Parmi les objets représentés en faible nombre dans les cours d’eau, on peut citer les mors de cheval (quatre proviennent de la Saône et un mors de cerf du Danube : Pauli 1983 ; Wirth 2000), ainsi que les entraves à cadenas dont on connaît quatre exemplaires dans la vallée de la Saône. L’attribution chronologique de ces entraves au deuxième âge du Fer par A. Daubigney et Guillaumet (1985) avait été remise en question par C. Rolley (1994). Cependant, la découverte d’un exemplaire pratiquement identique aux entraves de la Saône, sur le site terrestre d’Herblay (Oise), daté de la première moitié du Ier s. av. J.-C., confirme bien la première datation. Les auteurs considèrent que la présence d’un cadenas implique l’utilisation de ces entraves pour l’homme et non pour un animal (Daubigney, Guillaumet 1985). N. Spichtig (1995), dans la publication d’une entrave découverte sur le site de Bâle - Gasfabrik, rappelle que la plupart des entraves connues proviennent de lieux de culte et de dépôts en milieu aquatique. Peu de monnaies gauloises figurent parmi les trouvailles fluviales et on peut penser qu’en raison de leur petite dimension, ces éléments ont pu LES OBJETS MÉTALLIQUES DES ÂGES DU FER DÉCOUVERTS EN CONTEXTE FLUVIAL des Antiquités nationales. Même si elle est probablement postérieure à la Conquête, son existence méritait d’être rappelée car il s’agirait d’une des rares représentations de dieu gaulois découverte en milieu fluvial. Dans la Ljubljanica, deux statuettes en bronze d’origine italique ont été trouvées à 40 m l’une de l’autre ce qui semble indiquer l’existence d’un lieu de dépôt votif (Gaspari, Krempus 2002 ; Istenic 2001). LA PRÉDOMINANCE DU MOBILIER LATÉNIEN 4. Tête en bronze recueillie à la fin du XIXe s., dans la Saône près de Lyon (photo extraite de la publication dans la Revue Archéologique par A. Danicourt en 1880). échapper aux chercheurs. Mais le fait que même en cas de surveillance accrue, aucune n’ait été recueillie, laisse supposer que cette absence correspond bien à une réalité archéologique. Par ailleurs, pour l’époque romaine, beaucoup de monnaies ont été découvertes dans les cours d’eau, partout en Europe, mais ce phénomène reste toujours sousestimé (Pauli 1986 ; Wirth 1993). Aucune monnaie gauloise ne figure au répertoire des objets localisés précisément sur les gués de la Saône et les catalogues de découvertes anciennes en signalent une vingtaine seulement. Ce constat est valable également pour le Danube ; en revanche, en Slovénie, trois dépôts de monnaies celtiques et républicaines ont été découverts dans le lit de la Ljubljanica et un quatrième dans une berge (Kos, Semrov 2003). Deux statues ont été découvertes dans la Saône : une statue ithyphallique en bois, interprétée comme une représentation de divinité, datée du Hallstatt final par 14C (Bonnamour 1983, p. 27 ; Bonenfant, Guillaumet 1998) et une tête humaine en bronze recueillie à la fin du XIXe s. dans la Saône près de Lyon (Danicourt 1880). Elle a malheureusement disparu dans la destruction du musée de Péronne en 1917. D’après la photo (ill. 4), on peut cependant noter une nette ressemblance avec la statue du dieu de Bourray conservée au musée En énumérant les différentes catégories d’objets présentes de façon récurrente dans les découvertes fluviales, on note que la plupart des éléments se rattachent au deuxième âge du Fer : dans la vallée de la Saône, 95 % des armes et 80 % de la vaisselle des âges du Fer sont laténiens. La rareté des éléments du premier âge du Fer est un fait avéré, qui semble se retrouver dans les trois cours d’eau pris en compte dans cette étude. Les cartes de répartition, par conditions de découverte, des épées du Hallstatt C (type Gündlingen, type Mindelheim, type Tamise), réalisées par W. Torbrügge (1970-1971, pl. 16-17) illustrent bien ce phénomène. Seules les épées de la région Atlantique font exception et on peut également citer les deux épées de type Gündlingen découvertes dans la Saône au Port de Grosne et à La Truchère (Boulud 1995). Pour cette période, la Grande Saône a également livré une bouterolle en bronze et une pointe de lance au gué de Jean-de-Saône. Une deuxième lance hallstattienne a été recueillie sur le gué du Port de Brouard et deux poignards du Hallstatt D sont localisés sur le gué d’Allériot et sur le gué des Piles. Le diagramme représentant, par époque, le mobilier datable issu de la Petite et de la Haute Saône, montre une forte représentation de l’âge du Bronze, une quantité de mobilier relativement importante pour le deuxième âge du Fer, une prédominance de la période antique mais très peu de découvertes hallstattiennes (ill. 5). Cette disproportion est encore plus visible sur l’histogramme présentant les trouvailles du Danube dans deux importantes portions de chenal en Bavière (Wirth 2000, p. 89, fig. 10). En revanche, dans la Ljubljanica, après un déclin évident au début de l’âge du Fer, on constate une reprise dès le Hallstatt final et une très nette augmentation du nombre d’objets présents dans le lit de la rivière à La Tène moyenne et finale (Gaspari 2003, p. 47). 265 ANNIE DUMONT, ANDREJ GASPARI, STEFAN WIRTH met en relation les trois types de dépôts suivants : sépultures, stocks de métal et cours d’eau. Cette éventualité a également été évoquée par R. Bradley (1991), pour qui les découvertes subaquatiques peuvent être complémentaires des découvertes terrestres. Il souligne que si l’on peut suggérer un lien entre ces catégories, il est plus difficile de trouver une interprétation. Peut-on opposer à la rareté des épées du Hallstatt retrouvées dans la Saône des découvertes plus abondantes en sépultures ? L’absence de tombes hallstattiennes à proximité immédiate de la Saône ne permet pas de répondre à cette question. On peut simplement signaler qu’une étude récente (Gerdsen 1986) montre que les régions voisines (Franche-Comté et Bourgogne aux environs de Dijon et de Châtillon-sur-Seine) ont livré de nombreuses tombes à épée du début du Hallstatt. 5. Diagramme représentant, par époque, le mobilier archéologique recueilli dans la Petite et la Haute Saône (S. Wirth). Dans la vallée de la Saône, cette rareté des découvertes du premier âge du Fer avait tout d’abord été imputée à une péjoration climatique qui aurait entraîné une désertion des bords de la rivière (Armand-Calliat 1958), en opposition avec l’occupation dense du Bronze final qui bénéficiait de conditions climatiques plus clémentes. Cependant, des études récentes ont permis de recenser des sites hallstattiens établis près du cours d’eau, montrant ainsi que les implantations humaines n’ont pas cessé durant cette période (Collet 1991). Il faut donc chercher d’autres raisons pour expliquer la rareté des découvertes d’objets du premier âge du Fer dans les lits des fleuves et des rivières et notamment étudier précisément un éventuel changement dans les pratiques cultuelles en se tournant vers les découvertes terrestres (sépultures, sanctuaires). Pour le premier âge du Fer comme pour l’âge du Bronze, des essais de comparaison entre le mobilier issu des cours d’eau et le mobilier découvert dans les sépultures ont été tentés. Sur le Rhin moyen, les faits suivants ont été constatés par W. Torbrügge (1970-1971) : le faible nombre d’épées retrouvées en milieu humide au tout début du Hallstatt serait compensé par un accroissement du dépôt d’épées dans les sépultures. Cette tendance serait inversement proportionnelle aux pratiques existantes à la fin du Bronze final. En France, P.-Y. Milcent (1994) 266 INTERPRÉTATION DES DÉPÔTS FLUVIAUX L’érosion des sites de berge et l’hypothèse funéraire Certaines catégories d’objets des âges du Fer, issues du lit mineur des cours d’eau, trouvent des comparaisons dans le domaine sépulcral. Il s’agit des chenets et des broches qui sont des dépôts funéraires traditionnels au Hallstatt et que l’on recense dans la sépulture de Clémency par exemple (Metzler-Zens 1991). La vaisselle de bronze et les armes sont déposées dans la majorité des tombes aristocratiques gauloises (épées et lances). Il a donc souvent été tentant d’expliquer la présence de ces objets par l’érosion de tombes implantées le long des berges. Dans le cas de la Ljubljanica, l’absence de sites des âges du Bronze, des âges du Fer et de la période romaine sur les bords immédiats de la rivière, à proximité des concentrations d’objets immergés bien connues, permet d’éliminer de façon certaine cette hypothèse (Gaspari 2003). Dans le cas de la Saône, l’importance des découvertes dans le lit mineur supposerait, dans l’hypothèse de sépultures détruites par l’action des eaux, une concentration de nécropoles particulièrement riches et réparties tout au long du cours de la Grande Saône. Pour le moment, les tombes de ces périodes sont quasiment absentes du val de Saône. Une seule découverte terrestre, pouvant être interprétée comme une sépulture, est signalée près du gué de Gigny-Thorey, au lieu-dit “le Plâtre”, à 300 m de la Saône, sur une butte, c’est-à-dire hors de portée des eaux (Bonnamour 1985a). Il s’agit de LES OBJETS MÉTALLIQUES DES ÂGES DU FER DÉCOUVERTS EN CONTEXTE FLUVIAL fragments d’une épée gauloise à l’intérieur de son fourreau. Cet unique exemple ne permet pas d’affirmer que toutes les tombes étaient implantées dans les mêmes conditions, mais une certaine logique peut le laisser supposer. Dans tous les cas de rivières à régime lent comme la Saône, l’hypothèse de l’érosion n’expliquerait qu’une partie des découvertes, celles qui sont effectuées immédiatement au pied des berges. Les prospections et les fouilles subaquatiques menées dans la Saône chalonnaise ont en effet démontré que les vestiges issus de sites de berge connus n’étaient jamais déplacés loin de leur point d’origine par l’action du courant. Beaucoup d’objets ont par ailleurs été découverts au milieu du chenal, comme par exemple sur le gué de la Casaque, où deux pointes de lance proviennent d’une zone empierrée à l’époque romaine et localisée au milieu de la rivière, à 100 m du bord. Pour ces objets, découverts dans un pavage de gué conservé en position primaire, l’explication du dépôt volontaire dans le lit du cours d’eau, sur une zone de faible profondeur, voire exondée en période sèche, est la plus probable. Du fait historique au fait cultuel… Dès le XIXe s., la présence d’armes dans les cours d’eau est rattachée à des faits militaires historiques, et plus particulièrement à la guerre des Gaules. Ainsi, dans la littérature sur la vallée de la Saône, on ne compte pas moins de quatre passages à gué identifiés comme ayant servi aux Helvètes pour franchir la Saône… Ces portions de chenal ont en commun d’être des hauts-fonds naturels importants sur lesquels un abondant mobilier archéologique de toutes les périodes a été découvert. Dans les années cinquante, les interprétations proposées pour expliquer la présence d’armes protohistoriques dans les cours d’eau ne font plus référence au récit de la Guerre des Gaules mais plutôt aux légendes irlandaises. Un article écrit par R. Louis (1954a) signale des découvertes d’armes dans le lit de la Marne, le long d’une chaussée empierrée (gué). Si l’auteur a le mérite d’accorder un intérêt à ce genre de trouvailles, il développe également une théorie qui sera reprise jusqu’à nos jours pour expliquer la présence d’armes de l’âge du Bronze mais aussi des âges du Fer dans les cours d’eau : les combats sur les passages à gué. R. Louis puise des références dans les épopées irlandaises qui relatent des combats mythologiques sur des gués (Louis 1954a, p. 187). Dans le cas de la Saône, on peut opposer à l’hypothèse des combats sur les gués la proportion d’épées découvertes dans leur fourreau, position qui ne correspond pas à une attitude offensive ou défensive. Sur soixante-treize épées du deuxième âge du Fer, soixante-deux ont été recueillies avec leur fourreau, ce qui représente environ 85 %. La plupart de ces fourreaux sont en très mauvais état et parfois même, il n’en subsiste que des traces. On peut donc supposer que, parmi le groupe des épées retrouvées seules, certains exemplaires étaient dans leur fourreau au moment de leur immersion, mais que celui-ci n’a pas été préservé. Le même phénomène a été observé dans la rivière Ljubljanica, où la plupart des épées laténiennes ont été découvertes intactes, dans leur fourreau (Gaspari 2003). Au cours des dernières décennies, les régions voisines des Alpes de l’Est, ont livré plusieurs sites remarquables de dépôts d’objets. Sur les pentes du Mont Sorantri, près de Raveo (Carnia, Italie), les découvertes comprennent des épées fragmentées, des éléments de fourreaux, des boucliers, des lances et des fibules datés de La Tène B2 et de la période augustéenne, avec une majorité d’éléments laténiens (Righi 2001).Toutes les armes ont été rituellement détruites et exposées sur des planches ou des arbres, comme le montre l’exemple d’un fourreau cassé en deux morceaux déposés ensemble. La découverte de Förker Laas Riegel, dans la vallée de Gail (Carinthie, Autriche) comprend des épées dans des fourreaux décorés, des casques, des lances, des boucliers déposés vers 300 av. J.-C (Schaaff 1990). Avant d’être déposés dans deux fosses, les objets ont été brûlés et sacrifiés. On peut encore citer un groupe de dix umbos de boucliers, qui étaient également volontairement endommagés, découvert sur le site de l’ancienne Teurnia, près de Spitall, dans la vallée de la Drava, en Autriche (Lippert 1992 ; Gugl 2000, p. 124-126). Les umbos, qui se rattachent à des formes germaniques et de la Celtique de l’Est, datent de La Tène C2 et La Tène D et ne représentent peut-être qu’une part d’un dépôt plus important. Une des plus intéressantes découvertes récentes provient du sommet du Frauenberg, près de Leibniz, en Styrie (Autriche) : une fouille de sauvetage a livré un fossé comblé avec des os humains et de la faune ainsi que différents types d’objets, dont des fragments d’armes de La Tène D (Tiefengraber, Grill 1997). Le contexte suggère l’existence d’un sanctuaire du même type que ceux qui sont connus en Gaule du Nord. 267 ANNIE DUMONT, ANDREJ GASPARI, STEFAN WIRTH C’est avec les dépôts des sanctuaires du nord de la France tels que Ribemont-sur-Ancre ou Gournay-sur-Aronde, que l’on peut tenter de comparer les découvertes de la Saône. Celui de Gournay, qui a fonctionné de la première moitié du IIIe s. av. J.-C. jusqu’à environ 120 av. J.-C., a livré, comme le lit de la Saône, des armes trouvant leur comparaison dans tout le monde celtique. Les armes recueillies sont considérées comme des objets de prestige par leur décor ou leur rareté, ce qui pourrait s’appliquer à une partie des exemplaires issus de la rivière. Mais contrairement à Gournay, aucun élément de bouclier n’a été retrouvé dans la Saône, alors que cette arme est présente en grande quantité dans le sanctuaire (trois fois plus de boucliers que de lances). L’importance du bouclier comme signal visuel dans la bataille, mais aussi lors de l’exposition de trophée dont il est un des principaux éléments, fait penser qu’il n’y a pas eu d’expositions similaires d’armes au bord de la Saône, sur les gués et probablement sur les autres cours d’eau pris en compte dans cette étude. Dans d’autres zones géographiques et plus particulièrement dans le domaine atlantique, en Irlande ou en Grande-Bretagne par exemple, des boucliers ont été découverts dans des lacs ou des cours d’eau, comme la Tamise ou la rivière Witham (Fitzpatrick 1984, p. 298). Les fourreaux de Ribemont-sur-Ancre sont presque tous dotés de leur système de suspension (Lejars 1994), comme le sont les fourreaux découverts dans la rivière Ljubljanica, alors que les meilleurs exemplaires issus de la Saône ne conservent, dans quelques cas, que le pontet. D’après J.-P. Guillaumet, ces suspensions n’étaient déjà plus solidaires de l’arme au moment de leur immersion. Les lames d’épée n’ont pas fait l’objet d’examens détaillés, mais l’étude des fourreaux menée par J.-P. Guillaumet révèle que deux exemplaires au moins portent des traces de réparation. Une partie de ces armes, non quantifiable pour le moment, a donc servi avant de se retrouver dans la Saône. Il en va de même pour certaines panoplies qui, lors de leur entrée dans les sanctuaires, n’étaient pas neuves et pouvaient avoir été utilisées, probablement dans des combats (Brunaux, Rapin 1988). Ces observations sur l’état des armes sont limitées par les problèmes de conservationrestauration des objets sortis de l’eau. En effet, beaucoup d’épées découvertes dans la Saône ou dans la Ljubljanica n’ont pas été extraites de leur fourreau. 268 La dernière comparaison que l’on pourrait établir entre les armes des sanctuaires et celles de la Saône, c’est leurs provenances multiples, avec des lieux d’origine parfois très éloignés du lieu de dépôt. La principale différence entre les objets issus des sanctuaires et ceux provenant des cours d’eau, réside dans le fait qu’aucune trace de destruction volontaire (épée ou lance ployée, bris inhumatoire) n’a été constatée sur les armes extraites des rivières. Si elles ont été déposées volontairement dans l’eau, il n’a pas semblé nécessaire de les rendre inutilisables. Le seul fait de les mettre dans l’eau consistait en une destruction et ne nécessitait donc pas un travail de bris ou de sacrifice préalable. Dans certains cours d’eau, on peut penser que la turbidité de l’eau et la profondeur rendaient toute récupération impossible. En revanche, en certains points, comme les passages à gué où la hauteur d’eau, lorsqu’ils étaient praticables, était très faible, ces armes et autres objets étaient vraisemblablement accessibles. D’autres facteurs intervenaient donc probablement, tel que des interdits religieux. Jules César relève ce fait : « Il n’est pas arrivé souvent qu’un homme osât, au mépris de la loi religieuse, dissimuler chez lui son butin ou toucher aux offrandes : semblable crime est puni d’une mort terrible dans les tourments » (BG VI, XVII). La Saône comme la Ljubljanica ont livré, avec les armes des âges du Fer, d’autres objets contemporains (outils, parures, instruments liés au foyer). Il en va de même pour la plupart des cours d’eau européens : chenets dans la Marne, cadre métallique dans le Rhône, mors dans l’Yonne, outils divers (faucille, houe, gouge, couteaux) dans la Haine. L’étude du site de Gournay a permis à A. Rapin d’affirmer que les principes régissant l’entrée des armes sont différents dans un sanctuaire ou dans une sépulture. De la même façon, on peut penser que la variabilité des objets contenus dans les dépôts, dont la fonction n’est pas encore expliquée, implique des motivations diverses. Pour J.-L. Brunaux, ces dépôts se répartissent en deux catégories : l’une à forte proportion d’armes, d’équipement militaire (La Tène, sanctuaires de type belge), l’autre caractérisée par la découverte de Kolín en Bohême (armement peu nombreux, objets liés à l’artisanat, à l’habitat et à l’attelage ainsi qu’aux activités agricoles et domestiques ; LES OBJETS MÉTALLIQUES DES ÂGES DU FER DÉCOUVERTS EN CONTEXTE FLUVIAL 6. Le mobilier du deuxième âge du Fer recueilli sur le gué du Port de Grosne (la Saône, communes d’Ouroux et de Marnay). Ce passage est celui qui a livré, dans la vallée de la Saône entre Verdun-sur-le-Doubs et Lyon, le plus grand nombre d’armes laténiennes (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). Rybová, Motyková 1983). Le dépôt de la faille de la Chuire à Larina (Isère) se rapproche de la deuxième catégorie, avec pour principale différence, la présence de nombreuses fibules (Perrin 1990). Il fait penser aux découvertes de la colline de Sainte-Blandine à Vienne (Chapotat 1970). Ce dernier site concerne une période allant du IIe s. av. J.-C. jusqu’à l’époque augustéenne, alors que la majorité du mobilier de la faille de la Chuire va du milieu du IIIe s. av. J.-C. jusqu’à la première moitié du Ier s. av. J.-C. Une différence apparaît : à SainteBlandine, aucun objet n’a subi de destruction volontaire alors que la faille de la Chuire a livré, entre autres, une fourchette déformée et une lame de faux ployée. On le voit, la bipartition des dépôts annoncée ci-dessus n’est pas si évidente lorsqu’on analyse en détail leur contenu. Le mobilier de la Saône comporte des caractères communs à ces sites mais aussi quelques différences notables. Comme sur le site de La Tène, on a une majorité d’armes, mais contraire- ment à ce qui est constaté sur cette station, dans la Saône, de même qu’à Sainte-Blandine, aucune n’a été dégradée. Aucun élément de bouclier n’est présent, contrairement à La Tène, à Larina ou à Sainte-Blandine. Les ustensiles de toilette, rasoirs, forces, pinces à épiler, sondes ou cuillers à fard, présents à Sainte-Blandine et à La Tène sont absents de la Saône et de la faille de la Chuire. La Saône n’a livré, sur les gués, aucune pièce de char, alors que ce type de mobilier existe à Larina, à La Tène mais pas à Sainte-Blandine. On peut également opposer l’absence de monnaies celtiques sur les passages de la Saône (tout en gardant à l’esprit d’éventuels problèmes de représentativité), aux nombreuses découvertes effectuées sur les sites de La Tène (Müller 1992) et de Port (Müller 1991 ; Wyss, Rey, Müller 2002), dans les marais de Lucerne, dans les dépôts de Bern-Tiefenau (Mûller 1990) et de Niederzier. Si on prend la répartition des découvertes par site, les gués de la Saône (pour lesquels on possède le plus de données) ont livré un nombre 269 ANNIE DUMONT, ANDREJ GASPARI, STEFAN WIRTH 7. Le mobilier du deuxième âge du Fer recueilli sur le gué de Jean-de-Saône (la Saône, commune de Montbellet). Pour quarante-trois objets métalliques récoltés on ne compte que trois céramiques : les tessons ont été rejetés à l’eau par les dragueurs et plusieurs éléments métalliques ont été dispersés (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). d’objets très inférieur à celui des grands dépôts, auxquels il est tentant de les comparer. La faille de la Chuire contenait plusieurs milliers d’objets métalliques et de céramiques presque complètes. À Sainte-Blandine, lors de la seule découverte fortuite de 1955, plus de 1 400 pièces en bronze, en fer et en céramique ont été recensées dans 4 m3 de terre (Chapotat 1970). Le dépôt de Bern-Tiefenau comprenait de 700 à 1 000 objets de métal. Le gué du Port de Grosne sur la Saône, est, pour le moment, le plus riche en armes : vingt du deuxième âge du Fer (ill. 6). Si on tient compte du 270 pourcentage de perte estimé (Dumont 2002), en considérant qu’on possède moins de la moitié du mobilier, ce chiffre passerait à cinquante armes. On n’aurait donc déposé volontairement, en moyenne, sur les 450 ans que couvre le deuxième âge du Fer, qu’une arme tous les neuf ans. Ce chiffre est presque le même pour le gué de Benne Lafaux (découvertes anciennes). Ceux de Jean de Saône (ill. 7), de Gigny-Thorey (ill. 8), des Ronzeaux (ill. 9) ou de Verdenet (ill. 10) ont livré chacun une dizaine d’armes. LES OBJETS MÉTALLIQUES DES ÂGES DU FER DÉCOUVERTS EN CONTEXTE FLUVIAL 8. Une partie du mobilier du deuxième âge du Fer récolté sur le gué de Gigny-Thorey. Un peu plus de la moitié des éléments recueillis pour cette période sont des objets métalliques. Une série d’objets italiques importés dans le courant du Ier s. av. J.-C. a pu être identifiée : elle comprend des morceaux d’amphores, de la céramique arétine et trois vases en argent, au centre et en bas de la figure (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). Ces chiffres sont inférieurs en ce qui concerne la vaisselle métallique ou l’outillage par exemple. Même en tenant compte des pertes, on reste encore loin des lots d’armes ou d’autres objets cités à titre de comparaison. Cependant, si les découvertes de sites de gués sont numériquement inférieures aux grands dépôts connus, elles présentent un caractère assez homogène et surtout répétitif. Sur une cinquantaine de kilomètres, du gué de Verdenet (au nord de Chalon) à celui de Fleurville, huit gués ont livré chacun un lot d’au moins une vingtaine d’objets du deuxième âge du Fer (armes, céramiques, vaisselle, outils, divers). Dans la même zone, d’autres passages présentent le même type de découvertes mais en nombre restreint (moins de dix objets). Ce constat pourrait s’appliquer par extension à toute la Grande Saône malgré le manque chronique de données relatives à la partie aval et peut-être également à la Petite Saône, où des découvertes similaires ont été effectuées. Il reste à savoir si ce phénomène est propre à la Saône ou à une zone géographique plus étendue, ou s’il pourrait se répéter sur tous les cours d’eau pendant le deuxième âge du Fer. Dans la Ljubljanica, il est intéressant de constater que les découvertes de la fin du Hallsatt correspondent à l’assemblage du mobilier que l’on retrouve dans les sanctuaires contemporains de la Vénétie, des Brandopferplätze des Alpes et des offrandes découvertes dans les failles des zones karstiques. Si des différences existent selon les périodes et les zones géographiques dans les assemblages d’objets ou dans les pratiques (bris préalable au dépôt ou objets déposés intacts), on peut s’interroger sur d’éventuelles différences dans les types d’actions qui ont conduit au dépôt de ces objets. 271 ANNIE DUMONT, ANDREJ GASPARI, STEFAN WIRTH 9. Le mobilier du deuxième âge du Fer recueilli sur le gué des Ronzeaux (la Saône, communes d’Epervans et de Lux). Ces vestiges ont été trouvés des deux côtés du lit mineur, dans une zone bien délimitée. Ce secteur est aujourd’hui considéré comme étant entièrement détruit par les dragages (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). 10. Les armes du deuxième âge du Fer recueillies sur le gué de Verdenet (la Saône, commune de Sassenay). L’inventaire recense deux céramiques seulement de cette époque, ce qui est caractéristique des collectes sélectives effectuées par les dragueurs (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). Aux dépôts collectifs des grands sanctuaires viendraient peut-être s’ajouter, en complément, des actions plus individuelles se déroulant en d’autres lieux, comme les cours d’eau. Il est bien évidemment extrêmement difficile de connaître les motivations précises et par là même le sens de tels actes. On peut simplement conclure que dans le cas de dépôts ayant lieu dans des endroits peu peuplés, on ne peut espérer disposer d’un autre contexte archéologique. Le fait de retrouver une concentration de types similaires d’armes et d’autres éléments en un point précis constitue en lui-même un contexte, d’autant plus si le phénomène s’inscrit dans la longue durée, ce qui est manifestement le cas pour les dépôts d’objets dans les fleuves et les rivières.  272 LES OBJETS MÉTALLIQUES DES ÂGES DU FER DÉCOUVERTS EN CONTEXTE FLUVIAL BIBLIOGRAPHIE Abels 1998 : ABELS (B.-U.). — Die späthallstatt-/ frühlatènezeitliche Situla aus Seubelsdorf. Das archäologische Jahr in Bayern, 1998, p. 56-57. Armand-Calliat 1958 : ARMAND-CALLIAT (L.). — Le Chalonnais à l’époque de La Tène. Bulletin Archéologique. Paris, 1958. Bonenfant, Guillaumet 1998 : BONENFANT (P.-P.), GUILLAUMET (J.-P.). — La Statuaire anthropomorphe du premier âge du Fer. Besançon : Presses Universitaires Franc-Comtoises, 1998 (Annales Littéraires de l’université de Franche-Comté [ALUB] ; 667/série Archéologie et Préhistoire ; 43). Bonnamour 1980 : BONNAMOUR (L.). — Chronique archéologique. 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Plus précisément, je démontrerai, à travers les dépôts d’outillage mixte en fer, que la comparaison entre l’époque laténienne et l’époque romaine en Allemagne est très instructive, car elle permet une nouvelle interprétation des raisons des dépositions. DÉFINITION GÉNÉRALE DU DÉPÔT Tout d’abord, j'aborderai ma définition du dépôt métallique en général, et les notions qui jouent un rôle dans cette définition. Je suis d’accord dans l'ensemble avec celle de H. Geißlinger (1983). Pour lui, un dépôt est défini par le lieu, le type d’assemblages et le contexte. Pour le lieu, on peut distinguer entre milieu sec et milieu humide (source, fleuve, lac, marais, puits) ; le lieu peut se trouver dans un habitat, dans un sanctuaire ou à un endroit isolé, marqué par un aménagement naturel, extraordinaire ou non. Les ensembles peuvent se composer d’un assemblage homogène constitué soit d'objets identiques comme les monnaies, soit d'objets divers mais appartenant à une même catégorie, comme la parure d’une femme. L’autre possibilité concerne des objets hétérogènes, par exemple dans les dépôts d’outillage et d’armes comme dans le Massenfunde (découvertes en masse) de type Tiefenau (Müller, Koënig 1990). Les objets isolés se classent dans une troisième catégorie, comme par exemple l’arbre cultuel de Manching mentionné ci-dessus (Kubach 1985 ; Winghart 1986). Généralement, les objets peuvent être complets, inutilisables ou intentionnellement détruits ; il peut s’agir de matières premières ou de déchets, de grands et lourds objets ou des petits fragments de différents matériaux, bronze, fer, argent ou or. Pour le contexte, nous distinguerons les situations réversibles et irréversibles (dans les fleuves, les lacs, les puits, les fentes de rocher, et, au moins partiellement, les marais). Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 279-292 (Bibracte ; 11). SABINE RIECKHOFF Pour l’interprétation, il s’agit seulement de dépôts irréversibles que nous pourrions interpréter comme des offrandes (à condition qu’il ne s’agisse pas de pertes accidentelles) et non destinés à être retrouvés. − RÉGIONS ET ÉPOQUES CONCERNÉES − Je parlerai des régions à l'est du Rhin, plus précisément celles d’Allemagne surtout d’Allemagne du Sud, entre les Alpes et la moyenne montagne. Ce sont les régions qui participent à la culture du Hallstatt et La Tène et qui furent sous l’influence de Rome – période allant du Ve s. av. J.-C. jusqu’au Ve s. ap. J.-C. − ÉTAT DE LA RECHERCHE Notre connaissance des dépôts en Allemagne est relativement bonne. Les dépôts hallstattiens et laténiens furent décrits par G. Kurz (1995). Depuis, d'autres furent découverts, mais leur observation reste la même. Pour les dépôts romains, il existe de nombreuses études que j’ai rassemblées en bibliographie, jusqu’en 1998 (Rieckhoff 1998, pp. 528). Un peu plus tard, un tableau des dépôts romains du IIIe s. entre le Rhin et le Danube fut publié par T. Fischer (1999). Il s’agit, à vrai dire, à moitié de dépôts d’un contexte certain ou probable. En revanche, l’interprétation de dépôts en Allemagne est très controversée et parfois même très stricte. On peut distinguer plusieurs parties dans l’histoire de l’interprétation : − Au XIXe s., les dépôts furent considérés pour la première fois comme une catégorie spécifique (Worsaae 1844). En 1897, le Danois Sophus Müller a établi la notion de “dépôt” dans la terminologie archéologique. Il fit la différence entre les “dépôts” réversibles et les “offrandes” irréversibles (Müller 1897). À cause du traitement de ces dernières, en particulier en Europe du Nord, l’interprétation du “sacré”s’imposait. − En Allemagne du Sud, la discussion se développa dans une autre direction. Depuis le début du XXe s., dans le cadre d’une appréhension plus évolutive et rationnelle des sciences, nous fûmes d’avis qu’il s’agissait surtout de dépôts servant de cachettes aux marchands ou aux forgerons (Schumacher 1914 ; Behrens 1927 ; Heck, Kraft 1927). 280 − − − − Dans les années vingt, dans le cadre d’une politique nationaliste et raciale en Allemagne, P. Reinecke interpréta les dépôts comme une réaction de la population indigène vis-àvis de l’invasion des peuples étrangers. Il a groupé les dépôts en Katastrophenhorizonte (Reinecke 1925). Une interprétation divergente des dépôts, la première fois donnée au début du XXe s., a été mise en évidence en 1955 par H. Hundt qui proposa de parler de Totenschatz ou Selbstausstattung, qui signifie l'équipement d’une personne pour l’autre monde (Beltz 1910 ; Hundt 1955). En 1960, grâce à W. Torbrügge, l’interprétation profane ou sacrée des objets trouvés en milieu humide, est traitée pour la première fois au même niveau (Torbrügge 1971) 2. À peu près en même temps, W. H. Zimmermann publia un article (qui n'a jamais été considéré comme il l'aurait mérité) sur les offrandes explicitement de fleuves, marais, sources et puits « provenant de l’Allemagne du Sud-Ouest » (Zimmermann 1970). En 1985, L. Pauli a ajouté l’idée qu’il s’agissait souvent d’une forme de dépôts d’argent, qui pouvaient être non seulement une cachette mais aussi une offrande (Pauli 1985) 3. Depuis l’exposition Gaben an die Götter en 1997 à Berlin, nous avons rejoins l’opinion du XIXe s. selon laquelle tous les dépôts préhistoriques devaient être interprétés comme sacrés: « ... so wird man die Opferhypothese als die normale anzusehen haben » (Hänsel 1997, p. 15) 4. Mais ce n’est pas valable pour les dépôts romains, parce que la plupart de ces grands et riches dépôts appartiennent au IIIe jusqu’au Ve s. ap. J.C., c’est-à-dire à l’époque de grandes invasions. E. Künzl mais aussi T. Fischer étaient d’avis qu’il s’agissait d’objets cachés ou perdus par des Germains qui avaient pillé les sites romains et les sanctuaires. Presque tous les auteurs se sont déclarés d’accord avec cette interprétation (Fischer 1995 ; 1999 ; Künzl 1996 ; 2000). Dès le début, je n’ai pas été d’accord avec cette interprétation exclusivement profane. Il y a quelques années, j’ai ajouté à cette discussion la notion et la définition du sacrifice germanique (Rieckhoff 1998). Cependant, d’autres auteurs comme par exemple A.Thiel, parlent aussi d’actes de sacrifice pour les armes de l’époque impériale récente, trouvées dans les fleuves et les rivières (Thiel 2000). LES DÉPÔTS LATÉNIENS D’ALLEMAGNE : LA CONTINUITÉ D’UN PHÉNOMÈNE EN EUROPE. TOUR D’HORIZON DES DÉPÔTS LATÉNIENS EN ALLEMAGNE et dans les Alpes, à laquelle la France et les pays danubiens ne participent pas. Je donnerai ensuite un tour d’horizon sur la répartition, la datation et l’interprétation des dépôts laténiens les plus importants en Allemagne, mis en ordre par catégories et par époques. Il s’agit de : − la parure en bronze − les fibules − les objets en métal précieux − les armes − les lingots en fer − l’outillage mixte en fer. Je ne prendrai pas en compte les monnaies car elles constituent une catégorie propre. Les dépôts en métal précieux La parure en bronze Cette catégorie comprend des anneaux ayant une large répartition à travers l’Europe centrale. Elle est représentée en Allemagne par à peu près 20 dépôts de l’âge du Fer ancien (Hallstatt D-La Tène B) concentrés dans la zone de moyenne montagne (Hesse, Thuringe) et déposés en milieu sec. Les fibules Elles ont été plus rarement déposées, mais de façon continue du Hallstatt D à La Tène D, surtout en milieu humide, de manière à ce que l'on puisse parler de sacrifice. Il faut mentionner en particulier les sites de Egesheim (Baden-Württemberg) et de Kranjski Rak (Slovénie). À Egesheim,à environ 40 km à l’ouest de la célèbre fortification hallstattienne de la Heuneburg sur le Danube, se trouve un plateau sans habitat, avec un banc de rocher percé d’un grand porche de formation naturelle dans la roche, de 6 m de haut et 4 m de large. Là, les femmes ont jeté leurs fibules pendant presque 300 ans, entre la fin du Hallstatt D et La Tène B (Bauer, Kuhnen 1993). Il faut aussi avoir la plus grande attention pour la découverte par un berger près d’un col peu important d’une paire de fibules en or de norisch-pannonischer Typ, datées d’environ 100 ap. J.-C. Il s'agit d'une véritable offrande si nous ne voulons pas admettre qu’une femme, en faisant une promenade dans les Alpes, ait perdu ses fibules, les seules en or parmi plus que 1 500 exemplaires retrouvés (Pauli 1986). Remarquons que la déposition des fibules est une tradition commune en Allemagne, en Italie Ces dépôts, en particulier des torques, bien connus en France et en Angleterre mais aussi en Bohème et dans les Alpes, sont presque totalement absents dans notre pays. Du temps de la civilisation des oppida, ont été retrouvés deux célèbres dépôts de fibules,l’un à Manching (Bayern) (Krämer 1971) et l’autre à Langenau (Baden-Württemberg : Reim 1979). Les deux fibules en argent de Manching appartiennent au “type de Lauterach” et au “type à coquille”; les fibules en bronze doré de Langenau sont décorées de corail. Tous ces exemplaires sont datés de La Tène D2a. D’ailleurs, à part le petit arbre de Manching mentionné ci-dessus, les seules dépositions notables sont celle de Trichtingen (Baden-Württemberg), le grand anneau en argent, et celle de Niederzier (Nordrhein-Westfalen), le torque et les monnaies en or. Ces deux exemples sont sans doute des offrandes. Niederzier fait, à vrai dire, déjà partie de la tradition rituelle gauloise mais ne comble pas la lacune en Allemagne du Sud. Pourquoi les dépôts en métal précieux sont-ils absents ici ? Il est sûr que ce ne sont pas les matières premières qui manquent, la région abonde en dépôts de monnaies d’or ou d’argent.Y-aurait-il des raisons religieuses, sociales ou chronologiques ? Aujourd’hui, nous pouvons seulement poser la question, mais pas y répondre. Les armes J’ajouterai une remarque sur les armes qui sont connues sur plus de 150 sites et dont un quart se trouve en Allemagne du Sud. Il s’agit surtout d’épées, de lances en moins grande quantité, immergées dans de grands fleuves, la plupart sans doute dans un contexte d'offrande. L’immersion des épées commence au Ve s. av. J.-C., culmine au IIIe s. et diminue de nouveau au Ier s. av. J.-C. Tous les types, aussi bien les épées à sphères, se concentrent le long de la Saône, de la Seine, du Danube supérieur ainsi que des lacs de la Suisse occidentale, mais ils ne franchissent la frontière de l’Autriche que dans quelques rares exemples. Les lingots en fer Les dépôts allemands les plus caractéristiques sont ceux qui contiennent des lingots reproduits 281 SABINE RIECKHOFF pour cette raison sur le titre de l’ouvrage de Kurz (1995). On peut en distinguer deux grands groupes, premièrement les barres bipyramidales (Doppelspitzbarren) que l’on retrouve beaucoup plus souvent et deuxièmement les lingots en barre (Stabbarren), auxquels appartient aussi la forme spécifique des lingots aux extrémités roulées (Schwertbarren). Les lingots bipyramidaux les plus anciens datent de l’époque de Hallstatt (Peschel 1979 ; Sievers, Drescher, Rochna 1984). L’unique exemple d’un dépôt daté de l’époque romaine a été trouvé immédiatement au sud de la frontière allemande (Kaiseraugst : Müller 1985, p. 27, fig. 15). Il n’y a qu’un seul lingot daté de La Tène A-B (Landau : Kurz 1995, n° 453) et deux exemplaires coupés,, datés du temps des oppida (Manching : Jacobi 1 974, n° 1500-1 501). Le type Manching (n° 1499) avec un bout élargi semble être plus caractéristique pour cette période. Bien que le plus ancien lingot en barre provienne aussi de l’époque hallstattienne (Peschel 1979, p. 37, fig. 1), la datation de La Tène C-D est surtout valable pour ces lingots, en particulier pour ceux aux extrémités roulées, car plusieurs d'entre eux ont été retrouvés sans ambiguïté dans le contexte de la civilisation des oppida (Jacobi 1974, n° 1505 ; Schäfer 2003). Pourtant, ils ont disparu à l’époque romaine : une caractéristique de la discontinuité entre La Tène D et l’époque augustéenne à l’est du Rhin. La majorité des lingots provient de fleuves et des lacs où ils ont été retrouvés dans un endroit isolé. Reinecke explique cette situation comme un « horizon de catastrophe » de La Tène finale, qu’il a définit, sous l’influence de l’esprit du temps, par analogie avec les dépôts de monnaies. Nous retrouvons encore cette interprétation en 1995 chez Kurz. Mais le plus souvent aujourd’hui, nous comprenons, d’une manière plus objective, les dépôts comme cachettes de matières premières le long des routes fluviales de commerce. Mais est-ce que tout cela est logique si l’on considère la répartition totale ? Si les lingots bipyramidaux étaient typiques pour les voies commerciales de la civilisation des oppida, n’attendrions-nous pas une répartition semblable à celle de la fibule de type Nauheim, par exemple ? Cependant, la réalité est complètement différente. La concentration des lingots en Allemagne de l’ouest et du sud-ouest et sur le Plateau suisse est 282 frappante. Bien qu’il y ait du fer presque partout, ils sont manifestement immergés ou enterrés surtout dans une région limitée. Cette limitation et répétition pourraient très bien s’expliquer comme un témoignage d’une pratique religieuse. Ce serait une question intéressante si ces communautés religieuses étaient les nucléi des groupes ethniques qui se sont développées durant la deuxième moitié du Ier millénaire av. J.-C. Car la répartition des lingots correspond assez bien aux régions pour lesquelles nous avons connaissance, par les auteurs antiques, surtout des Trévires et des Helvètes au IIe au Ier s. av. J.-C. On pourrait en conclure les rites d’une religion proto-trévirenne et proto-helvètienne de déposition des lingots en fer, longtemps avant l’émergence de la civilisation des oppida. Je ne fais que présenter cette hypothèse, pour montrer le potentiel de l’étude des dépôts, dans l’histoire de la civilisation celtique. LES DÉPÔTS D’OUTILLAGE MIXTE EN FER DE L’ÂGE DU FER Les dépôts d’outillage mixte en fer dont quelques-uns contiennent aussi des armes – en quantité cependant moins importante que dans la découverte en masse, ou Massenfunde – constituent l’une des caractéristiques de la civilisation des oppida à l’est du Rhin, de l’Allemagne jusqu'en Hongrie (ill. 1). Kurz recense environ 90 sites, dont un quart se trouve en Allemagne.Visiblement, ils se concentrent au nord du Danube, particulièrement dans la région de la montagne moyenne, avec une tendance vers le nord, ce que nous développerons ci-dessous. Presque un tiers de ces dépôts provient de milieu humide, mais pour la plupart ce sont des objets isolés que je ne présenterai pas. Beaucoup de dépôts ont été découverts dans, ou à proximité, d’un habitat. Ils se situaient à l’intérieur de zones d’habitation (Kelheim : Kurz 1995, n° 425A), ou aux environs de l’enceinte (Dünsberg, inédit), en partie à l’extérieur des habitats le long des talus (Schloßberg von Neuenbürg : Kurz 1995, n° 586), mais aussi en position isolée, éloignés de tout habitat, souvent en rapport avec l’eau. Interprétation profane Les dépôts d’outillage en fer ont été datés par Kurz comme les dépôts de lingots identifiés par Reinecke et interprétés comme des cachettes LES DÉPÔTS LATÉNIENS D’ALLEMAGNE : LA CONTINUITÉ D’UN PHÉNOMÈNE EN EUROPE. 1. Liste des dépôts d’outillage mixte en fer laténiens trouvés à l’est du Rhin (S. Rieckhoff). d’artisans déposées pendant une période trouble et confuse du Ier s. av. J.-C. C’est pourquoi Kurz considère les dépôts d’outillage en fer comme un bric-à-brac de ferraille. Je ne suis pas du tout d’accord avec cette idée. À mon avis, il est bien possible de distinguer les collections de ferraille (comme, par exemple, la fosse 822b de Manching : Sievers 2003, p. 140) des dépôts rituels, comme, par exemple, Körner en Allemagne, Kolín en Tchécoslovaquie ou Wauwil en Suisse. ` Cependant, c’est l’analyse de la composition de ces dépôts qui permet de distinguer ces différences. Le résultat d’une telle analyse dépend du concept théorique dans lequel cette analyse est intégrée. Interprétation sacrale En publiant les dépôts de Kolin, A. Rybová et K. Motyková ont réalisé une telle analyse. Elles montrent, d’une manière très fonctionnelle, la différence entre les dépôts d’outillage en fer en contexte domestique, qu’elles interprètent comme des cachettes de ferraille, et les dépôts, en position isolée, comme Kolín et d’autres, qu’elles interprètent comme des offrandes. Les auteurs fondent leur interprétation sur un concept historique et politique qui considère ces dépôts comme des offrandes religieuses : « die bewegten Zeiten der Endphase der keltischen Herrschaft in Böhmen und die kriegerischen Ereignisse spiegeln, die zur allmählichen Landnahme durch germanische Stämme kurz vor der Zeitenwende führten ». Étant donné que les outils agricoles et artisanaux sont caractéristiques des dépôts d’outillage en fer, ces offrandes représentent, selon Rybová et Motyková, une couche sociale de paysans et d’artisans. Je serais d’un avis différent. La composition des dépôts indique plutôt les sacrifices d’une élite dont les biens de prestige reflètent leur identité en tant que membre de l’aristocratie : la propriété foncière et immobilière le symposium, le transport (le char et le cheval), le pouvoir économique, la qualité de prêtre. Il va de soi que cette élite était aisée de manière différente ; aussi, tous les dépôts n’étaient pas composés de la même façon, mais ont une 283 SABINE RIECKHOFF structure identique. En outre, beaucoup d’objets ont leur propre symbolique religieuse. Une approche symbolique des dépôts Il est impossible de comprendre les dépôts d’outillage en fer, si on essaie d’attribuer aux outils seulement une manière fonctionnelle à un métier particulier. Est-ce que la hache est l’offrande du forgeron qui l’a faite ou du charpentier qui l’a utilisée ? Ou est-elle l’outil de boucherie d’un chef de tribu qui vient de célébrer un sacrifice sanglant parce qu’il est en même temps le prêtre, comme cela a été supposé pour le défunt de la tombe princière de Hochdorf ? De telles questions ne font pas avancer la recherche car nous ne pouvons pas y répondre. Pour cette raison, j’ai essayé d’identifier la signification symbolique ou cultuelle des objets provenant des dépôts et de les regrouper. Les catégories suivantes ont été mises en évidence (ill. 2) : − La production artisanale. – La consommation. – L’agriculture. – Le transport (le char et le cheval). − La quincaillerie de la maison. – Le statut et le rang social. − La magie. – L’argent. La production artisanale, dominée par l’élite, est représentée par les outils. Parmi ceux-ci, les haches sont les objets les plus fréquents (si on ne suppose pas que ce sont tous des objets de culte utilisés pour abattre les animaux offerts en sacrifice). Mais la présence d’autres outils, comme les ciseaux et plus rarement les mèches et les limes, qui ont servi avec certitude à la production artisanale, est aussi attestée. Quelquefois on rencontre des outils de forge comme les enclumes, les marteaux et les pinces. Ils représentent le pouvoir de disposer de la métallurgie du fer, le secteur de production le plus important non seulement dans les oppida mais encore au sein de la société germanique. Une caractéristique significative des dépôts d’outillage en fer est la composition hétérogène des objets. On y trouve des outils pour le travail du bois autant que la métallurgie. C’est pourquoi, seul un assemblage appartenant au secteur de production unique pourrait être interprété comme une cachette d’artisan, à conditions que le contexte 284 du dépôt (par exemple à l’intérieur d’un habitat et sous le sol d’un bâtiment) soit compatible avec cette interprétation (Golling : Kurz 1995, n° 336) 5. Généralement, il faut interpréter les dépôts isolés et éloignés des habitats, même s'ils contiennent peu de catégories, comme le rite d’une élite, c’està-dire une élite plus modeste, des propriétaires de plus petites fermes . En principe, dans l’antiquité, les artisans ne pouvaient pas disposer librement des ressources, qui étaient sous le contrôle d’un personnage important ou chef de la tribu. Un bel exemple de ce système est une tuyère de fourneau de réduction déposée sur le plafond de la tombe d’un noble du Titelberg à Clemency (Luxembourg : Metzler et al. 1991). Les objets tels que les pelles à feu, la louche, les chaudrons, les fourchettes à chaudrons, les broches, les crocs à viande et les barres de gril constituent la deuxième catégorie : la consommation. Ces outils représentent le repas commun – non seulement celui du noyau familial, mais aussi celui qui se déroulait lors du symposium aristocratique, des festins tribaux, d’activités cultuelles ou du sacrifce de commensalité ou auprès de la tombe d’un défunt. Toutes ces cérémonies avaient une fonction sociale. Elles permettaient à l’élite de montrer leur richesse en distribuant de la viande et de l’alcool et de renforcer l’esprit de communauté. Les outils agricoles comme les éléments de socs d’araires, les faux, les faucilles et les houes, font partie de la troisième catégorie. Ils symbolisent la propriété foncière et la richesse au sens propre ainsi que la végétation, la fécondité et le bien-être d’une communauté agricole au sens large. La quatrième catégorie est composée de fragments de roues, de mors, de moyeux et d’esses. Les mors et les chars représentent le transport en tant que privilège aristocratique. En même temps, les véhicules ou bien les roues (ainsi que les bateaux) ont toujours symbolisé des forces surmontant le temps et l’espace, C’est aussi pourquoi ils jouent un rôle important dans les récits mythologiques. Les clés qui peuvent être considérées comme le symbole de la maison et du domaine privé ne sont pas rares. Le sacrifice de clé est attesté depuis l’âge du Bronze 6. Les clous, les agrafes et les ferrures de l’architecture en bois peuvent quelques fois également symboliser la maison. LES DÉPÔTS LATÉNIENS D’ALLEMAGNE : LA CONTINUITÉ D’UN PHÉNOMÈNE EN EUROPE. 2. Pohanská, SK – objets en fer. 1 : burin ; 2 : soc ; 3 : fourreau d’épée (fragment) ; 4-6 : objets indéfinissables ; 7 : pelle à feu ; 8 : faux ; 9,13 : clés ; 10-12 : hache ; 14 : forces (fragment) ; 15 : couteau (Paulik 1970). 285 SABINE RIECKHOFF Il est étonnant de voir que les armes ne jouent qu’un rôle secondaire. Aucun équipement complet tel qu’on les connaît dans les tombes, composé d’une épée, d’un bouclier et d’une lance, n’a été mis au jour. La mutilation intentionnelle qui caractérise les armes provenant des tombes et des sanctuaires n’est attestée qu’une fois (Körner). Il s’agit soit de la moitié d’un fourreau d’épée (Pohanská) ou de minces fragments de bouclier (Kolin), soit de lances quelquefois complètes au moment du dépôts mais sans la hampe en bois (l'oppidum d'Heidetränk). Tout cela laisse penser qu’il s’agit plutôt d’un symbole de statut d’une élite que d’un symbole de guerrier comme dans les découvertes en masse. En ce sens la trompette de guerre (carnyx) de Kappel n’est pas un objet militaire mais un objet de prestige. Les épées peuvent aussi être considérées comme les insignes du pouvoir, tout comme les fers de lances,que l'on retrouve plus fréquemment, ou encore les armes de chasse symbolisant un niveau de vie élevé. Ces dernières peuvent ainsi être comparées aux pointes de flèches et à l'hameçon qui ont été découverts dans la tombe de Hochdorf. Les objets que je qualifierai d’objets magiques constituent une catégorie particulière. Il s’agit d’objets apparaissant sporadiquement comme, par exemple, une aiguille en bronze ou une balance, et qui représentaient peut-être des connaissances particulières ou possédaient, ce qui me semble être plus probable, une fonction symbolique dont nous ignorons la signification. Cela pourrait être valable pour d’autres objets, comme les forces, qui apparaissent de temps en temps. D’un côté, les forces peuvent représenter l’élevage de moutons et la transformation de la laine ; de l’autre côté, elles font partie, non seulement à l’époque de La Tène mais encore au début du Moyen Âge, du mobilier funéraire découvert dans les tombes d’hommes aisés. Cette coutume est attestée depuis les rasoirs de l’âge du Bronze. Ceci s’explique sans doute par le fait que la coupe de barbe et de cheveux possède une certaine signification symbolique qui se manifeste aussi dans les mythes (par exemple dans l’histoire de Samson qui a perdu sa force colossale après que Dalila l’eut privé d’une boucle de ses cheveux). La découverte de plusieurs femmes scalpées à Regensburg-Harting, faisant partie d’un sacrifice sanglant germanique du IIIe s. ap. J.-C., semble indiquer la même interprétation. J’utiliserai ce dépôt par la suite en tant que comparaison. 286 Le fer brut et la ferraille font partie du domaine des outils de forge. Les lingots jouaient peut-être un rôle particulier parce qu’ils servaient aussi éventuellement de moyen de paiement prémonétaire. C’est pour cette raison qu’ils sont également un symbole de richesse. Dans l’illustration 1, j’ai rassemblé des dépôts caractéristiques pour souligner mon interprétation. Régularité et répétition sont les signes des actions rituelles (Sternquist 1970). Il est déterminant pour la sélection (que l’on pourrait agrandir encore) qu’au moins trois catégories se trouvent dans les premières quatre colonnes. Cependant, il faut concéder que l’interprétation de quelques objets soit évidemment ambivalente. Les pelles à feu, par exemple, ne sont pas seulement considérées comme instrument de cuisine et ainsi comme symbole du repas rituel, mais aussi comme outils de forgeron pour le travail du métal. Cette dernière interprétation est privilégiée par la plupart des archéologues, car ils sont majoritairement convaincus que les dépôts en fer étaient des cachettes d’artisans. Mais en contrepartie, la liste montre également l’existence de pelles à feu dans des dépôts qui ne contiennent aucun outil faisant référence à la métallurgie (Pohanská, Körner). À mon avis, les “objets indéfinissables”, qui doivent normalement être considérés comme de la ferraille, ne sont pas un argument pour une cachette d’artisan. Ils pourraient aussi signaler que le traitement de fer était contrôlé par l’aristocratie. En comparaison : le caractère symbolique des offrandes chez les Germains Nous pouvons confirmer cette interprétation symbolique des dépôts d’outillage en fer de La Tène finale en analysant les dépôts germaniques du deuxième âge du Fer et de l’époque romaine. Du point de vue structural, ils ressemblent assez bien aux rites celtiques bien que des différences concrètes soient manifestes. Nous connaissons par exemple des lieux de sacrifices centraux qui ont été utilisés par une grande communauté et qui peuvent être comparés aux découvertes en masse gauloises comme à La Tène ou aux sanctuaires de type Gournay. À l’intérieur du sanctuaire des eaux d’Oberdorla près de Weimar (Behm-Blancke 2003), LES DÉPÔTS LATÉNIENS D’ALLEMAGNE : LA CONTINUITÉ D’UN PHÉNOMÈNE EN EUROPE. fréquenté pendant presque un millénaire, les archéologues ont découvert – à côté d’objets sacrifiés – les restes d’un grand nombre d’animaux dont une partie avait été consommée lors d’un sacrifice de commensalité. L’autre partie de ces restes d'animaux, qui témoignait d’une sélection, avait été sacrifiée, découpée et déposée selon certains rituels. Ce site ressemble beaucoup au sanctuaire de Gournay-sur-Aronde en Picardie. A la même époque, beaucoup de petits lieux de sacrifices existaient en milieu marécageux le long des côtes de la mer du Nord et de la mer Baltique. On y a sacrifié des objets du domaine rural et artisanal. Parmi ces objets en bois ou en métal figurent des socs d’araires, des faux, des faucilles, des houes, des bêches, des fléaux, des haches, des couteaux, des tarières à cuillère, des enclumes, des tenailles, des marteaux, des limes, des roues de char, des lingots en fer, mais aussi des fusaïoles, des tissus et des vases contenant de la nourriture. Ces produits alimentaires prouvent qu’il s’agit, avec certitude, d’offrandes et non pas d’objets que l’on voulait seulement cacher pendant un certain temps. L’exemple d’une offrande germanique du IIIe s. ap. J.-C. : un dépôt d’outillage mixte en fer Les dépôts d’outillage en fer de La Tène finale ressemblent le plus aux dépôts de fer du IIIe s. ap. J.-C. qui se concentrent le long du Limes de Germanie Supérieure, province conquise par les Alamans. Ceux-ci se trouvent à l’intérieur des villages à côté de camps romains (vici), souvent dans des puits, mais aussi dans des fosses peu profondes. La recherche a tendance à interpréter ces dépôts comme des dépôts de ferraille ou bien, depuis un certain temps, comme des butins de pillards germaniques. Il y avait sans doute des dépôts de ferraille dont les objets, provenant des ruines romaines, ont été ramassés et cachés par des Romains ou des Germains. En analysant le contexte, il est pourtant possible à La Tène finale de faire la différence entre ces dépôts de ferraille et les sacrifices. La composition d’au moins une douzaine de dépôts d’outillage en fer du IIIe s. ap. J.-C., situés surtout en Baden-Württemberg (ill. 3), est presque identique aux dépôts d’outillage en fer laténiens que je viens d’interpréter comme les offrandes d’une élite aristocratique. Ces dépôts de l’époque romaine, que je considère comme des sacrifices germaniques, contiennent, eux aussi, principalement le matériel de cuisine, des outils agricoles, la quincaillerie de maison (de préférence des ferrures appartenant aux portes, des serrures et surtout des clés), des outils des artisans (surtout des haches), des éléments de chars et d’attelage, et des objets magiques. Il est étonnant que les armes, comme à La Tène finale, n’apparaissent que rarement malgré la proximité des complexes militaires. Par ailleurs, ce n’est sûrement pas par hasard si beaucoup de dépôts étaient immergés dans des puits comme beaucoup d’offrandes laténiennes. Il est évident que le symbolique des objets a plus ou moins évolué par rapport à la Préhistoire puisqu’une part de ces objets n’existait pas encore à La Tène finale. Parmi ces nouveaux objets figurent la fourche à fumier, la grille à fenêtre, le fer à cheval, le collier de cheval ainsi que quelques objets magiques. Pourtant, on trouve les forces et la balance dans les dépôts laténiens, le style, l’encrier ou le compas apparaissent maintenant pour la première fois. Ces ustensiles, utilisés pour écrire, mesurer et compter étaient inconnus au milieu culturel rural et guerrier des Germains. Mais c’est probablement pour cette raison qu’ils ont été ressentis comme des objets magiques. J’ai essayé de vérifier l’hypothèse selon laquelle les dépôts du IIIe s. ap. J.-C. peuvent être considérés comme des restes de sacrifices collectifs de victoire des Germains en examinant le matériel provenant de deux puits d’une villa rustica près de Regensburg-Harting (Rieckhoff 1998). Sur ce site, parmi les outils en fer déjà mentionnés ci-dessus (ill.4a et b), ont été mis au jour neuf personnes, les anciens habitants de la villa, qui ont été tués, scalpés, décapités, découpés, mutilés et dont les dépouilles ont ensuite été jetées dans les puits. L’hypothèse est validée par la découverte des animaux offerts en sacrifice ou plutôt des restes de ces animaux, un squelette de cheval complet, deux pattes de boeuf, six chiens complets et un chien décapité. La sélection et le traitement des animaux de sacrifice semble être comparable avec le site de La Tène et identique avec celui de Oberdorla; ce qui prouve clairement que ces découvertes ne correspondent pas seulement à un assaut sanglant et une cache des objets en fer arbitrairement assemblé. 287 SABINE RIECKHOFF 3. Liste des dépôts d’outillage mixte en fer des provinces germaniques à l’est du Rhin au IIIe s. ap. J.-C. (S. Rieckhoff). LA CONTINUITÉ DU PHÉNOMÈNE EST LA CONTINUITÉ D’UN RITE EUROPÉEN ARCHAÏQUE En Allemagne du Sud, il n’y a pas de continuité entre La Tène finale et le début de l’époque romaine. Les objets de La Tène D2b (environ 50/40-15 av. J.-C.) sont absents entre le Rhin et l’Inn. C’est pourquoi il ne peut pas y avoir de continuité de culte telle qu’elle est attestée à l’ouest du Rhin, dans les Alpes ou chez les Germains. Les ressemblances entre la composition des dépôts d’outillage mixte en fer de La Tène finale et les sacrifices de victoire des envahisseurs germaniques dans la région du Limes, qui sont plus récents de 300 à 400 ans, n’ont aucun rapport direct. Leurs points communs résultent des mêmes croyances religieuses très répandues en Europe ancienne. On trouve des croyances semblables durant tous les âges du Fer, chez les “Celtes” et chez les “Germains” (que signifient ces notions ethniques ?). Des sacrifices effectués par une communauté politique qui enfouit ses biens les plus précieux dans des lieux sacrés – métaux précieux, objets de culte, argent – ou les jette à l’eau, existent partout. Des sacrifices d’armes, effectués par une 288 communauté de guerriers, sont accompagnés de sacrifices sanglants et parfois les sacrifices humains sont courants partout. En plus, à côté des sacrifices individuels, existent les rituels d’une élite locale, dont les dépôts laténiens d’outillage mixte en fer font partie. Leur caractère n’a pas été reconnu jusqu’à présent parce que les deux périodes, La Tène finale et l’Antiquité tardive, sont toujours traitées séparément. Il faut pourtant étudier les modes de dépôt d’une manière diachronique afin de reconnaître de tels points communs structuraux sur une longue durée. À mon avis, les découvertes des puits de Regensburg-Harting prouvent que les dépôts d’outillage mixte en fer, non seulement celui du IIIe s. ap. J.-C. mais encore ceux de la civilisation des oppida, structurés d’une manière presque identique, étaient des offrandes, bien que le contexte historique soit complètement différent et sans continuité directe. Quoi qu’il en soit, la fonction sociale des sacrifices celtiques et des cérémonies de la victoire germaniques était probablement très semblable : le rituel servait de moyen de légitimation du pouvoir, de promotion personnelle et de renforcement de l’esprit de corps en se référant à des forces surnaturelles. LES DÉPÔTS LATÉNIENS D’ALLEMAGNE : LA CONTINUITÉ D’UN PHÉNOMÈNE EN EUROPE. 4a. Regensburg-Harting. Objets en fer romains (Rieckhoff 1998). 1 : faux ; 2 : style ; 3 : collier de cheval ; 4 : porte-gonde ; 5 : serrure ; 6 : grille à fenêtre ; 7 : pioche. (1 : échelle 1:9 ; 2, 4-6 : échelle 1:3 ; 3 : échelle 1:4 ; 7 : échelle1:8). 289 SABINE RIECKHOFF 4b. Regensburg-Harting (Rieckhoff 1998). 8 : pelle à feu ; 9 : fourche à fumier ; 10-11 : armature ; 12 : forces ; 13 : clé ; 14 : cloche ; 15 : parties sacrifiées d’un cheval. (8 : échelle1:9 ; 9 : échelle 1:8 ; 10-11 : échelle 1:4 ; 12-14 : échelle 1:3). 290 LES DÉPÔTS LATÉNIENS D’ALLEMAGNE : LA CONTINUITÉ D’UN PHÉNOMÈNE EN EUROPE. 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Golling (Kurz 1995, n° 336) : marteau, enclume, deux pinces, pelle à feu et quelques pièces en fer, enterrés à l’intérieur de l’habitat. 6.Voir le petit dépôt à Manching, fosse D, secteur 28 : deux fibules en argent mentionnées ci-dessus et une clé en fer (Krämer 1971).  292 La découverte de Tailly (Côte-d’Or) Un dépôt votif d'époque gallo-romaine en Bourgogne ? Louis BONNAMOUR Voici un an, le musée de Chalon-sur-Saône faisait l’acquisition auprès d’un collectionneur bourguignon, d’un vase en bronze accompagné de vingt-six objets en fer *. Trouvé par un clandestin dijonnais en 1998, cet ensemble de documents archéologiques avait alors été vendu à un antiquaire de Montélimar, racheté par un premier collectionneur puis par un second qui assura la restauration du récipient en bronze avant de proposer la totalité de la trouvaille au musée de Chalon. L’atelier de restauration du musée a assuré le traitement des objets en fer découverts à l’intérieur du vase. LOCALISATION DE LA DÉCOUVERTE Selon le témoignage de l’inventeur, le vase reposait disposé horizontalement, recouvert par une épaisseur de 45 cm de terre, de pierres et de fragments de tegula. La trouvaille est intervenue au lieu-dit “Les Reppes”, à l’est du village de Tailly et à proximité de la source des Fontenis, elle-même située à quelque 200 m d’une voie secondaire parallèle à la voie Beaune-Autun (Thevenot 1969). En direction de l’est, le prolongement de cette voie est particulièrement apparent tant sur les documents cartographiques que sur le terrain où on peut le suivre sur la commune de Cissey notamment à travers toute l’étendue du bois de Servotte, marqué par une traînée de gravier. Cette voie est en outre jalonnée de sites gallo-romains dont un qui semble correspondre à l’emplacement d’un petit sanctuaire et où ont été découverts un lot de monnaies antiques, une petite statuette de cochon ainsi qu’une attache d’anse en bronze d’un type proche de celui que l’on observe sur la situle de Tailly. Situés en bordure de la même voie, les deux points de trouvailles, sont distants de moins de 2 km. LA SITULE Ce récipient de grandes dimensions en tôle de bronze travaillée par martelage, est constitué de plusieurs parties assemblées. Alors que le fond a été riveté, la partie supérieure du vase, les attaches de l’anse ainsi que les pieds sont soudés. Les dimensions du vase sont les suivantes : diamètre du fond 158 mm, diamètre de la panse 286 mm, diamètre du rebord 234 mm, hauteur du vase 288 mm, hauteur totale avec l’anse en position verticale 440 mm. Le fond est surélevé par trois pieds massifs en forme de pelte et l’on observe une pièce de réparation rivetée à la base de la panse. En forme de feuille de vigne, les attaches de l’anse sont ornées d’un masque barbu ; l’anse, massive, est surmontée d’un anneau et terminée par des masques zoomorphes (ill. 1). Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F.-58). Glux-en-Glenne- : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 293-299 (Bibracte ; 11). LOUIS BONNAMOUR 1. Situle en bronze provenant de Tailly (Côte-d'Or) (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). Observons que ce type de récipient est totalement absent des riches séries de vases métalliques antiques issus de la Saône. Les seuls éléments de comparaison connus sont constitués par les trois situles du “trésor” d’Apt conservé au musée d’Avignon (Cavalier 1988) et dont une seule, complète, possède encore son anse et ses attaches. Selon E. Poulsen (1979) les trois attaches subsistantes ayant appartenu aux situles d’Apt, diffèrent par leur forme ovale, du modèle en forme de feuille de vigne jusqu’alors connu uniquement par des spécimens isolés. Trois attaches de ce type ont été découvertes en forêt de Compiègne (Tassinari 1975), une autre est originaire du département de Seine Maritime (Tassinari 1995), une dernière, sans provenance précise, appartient aux collections du 294 Landesmuseum de Trêves (Poulsen 1979, pl. 141, n° 16). Outre le vase de Tailly (ill. 1), encore muni de ses deux attaches, deux autres attaches isolées apparentées au même type mais ornées de masques féminins, sont récemment entrées dans les collections du musée de Chalon. La première, déjà mentionnée, a été trouvée dans le bois de Servotte à Cissey (Côte-d'Or), la seconde provient des environs de Nuits-Saint-Georges (ill. 2a et b). Ces trois dernières trouvailles étant intervenues dans un rayon d’une dizaine de kilomètres, on est légitimement en droit de poser la question de l’existence éventuelle d’un atelier de production local ou régional. De forme proche de celle de Tailly, les situles d’Apt sont considérées comme des fabrications LA DÉCOUVERTE DE TAILLY (CÔTE-D’OR). UN DÉPÔT VOTIF D'ÉPOQUE GALLO-ROMAINE EN BOURGOGNE ? 2a et b. Attaches de situles ornées de masques féminins. a : Cissey (Côte-d'Or), bois de Servotte ; b : Les environs de NuitsSaint-Georges (Côte-d'Or) (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). provinciales du IIe s. de notre ère (Cavalier 1988, p. 63). À défaut d’autres éléments de datation, nous retiendrons cette attribution chronologique pour l’ensemble des objets appartenant à la trouvaille de Tailly. 3. Le site de Tailly (Côte-d'Or). a : Hipposandales ; b : Clavettes de moyeux de roues en fer de type 2b de la classification établie par W.-H. Manning ; c : Clavettes de moyeux de roues en fer de type 2a (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). LES OBJETS EN FER Les hipposandales Les clavettes de moyeux de roues Au nombre de deux, elles appartiennent à un même modèle pourvu de quatre anneaux et semblent n’avoir équipé que les pattes avant de l’animal (ill. 3a). Au nombre de six, elles se rapportent à deux groupes distincts. Quatre spécimens appartiennent au type 2a de la classification établie par W.-H. Manning (Feugère et al. 1992, p. 94-96). Elles sont constituées d’une tige de section carrée et d’une simple tête aplatie ; leur longueur varie de 174 à 184 mm (ill. 3c). Les deux autres clavettes, attribuables au type 2b de la même classification ont une longueur sensiblement plus faible de 160 et de 170 mm. Elles se distinguent des précédentes par la présence, au niveau de la tête, d’un appendice recourbé formant anneau (ill. 3b). Les fers à bœufs ou bousandales Ils sont représentés ici par dix-huit spécimens dont treize complets (ill. 4-5). Il est toutefois difficile de dire si les différences observées dans leur état de conservation correspondent à des degrés d’usure différents (fers neufs, fers usagés), ou seulement à une oxydation différentielle. La série apparaît typologiquement homogène avec notamment sur les fers les mieux conservés (ill. 4) des stries externes longitudinales et en forme de 295 LOUIS BONNAMOUR 4. Fers à bœufs ou bousandales provenant de Tailly (Côte-d'Or) (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). 296 LA DÉCOUVERTE DE TAILLY (CÔTE-D’OR). UN DÉPÔT VOTIF D'ÉPOQUE GALLO-ROMAINE EN BOURGOGNE ? 5. Fers à bœufs ou bousandales provenant de Tailly (Côte-d'Or) (dessins C. Michel, musée Denon, Chalon-sur-Saône). 297 LOUIS BONNAMOUR “X”, constituant un même dessin. La longueur des fers varie de 134 à 166 mm et leur largeur de 60 à 70 mm. Tous se rapportent à un type unique, le type A, défini par Véronique Brouquier-Reddé, type jusqu’alors représenté par dix spécimens pour l’essentiel localisé en Bourgogne (Brouquier-Reddé 1991, fig. 14). Pour la première fois nous constatons donc la présence non plus d’un spécimen isolé, mais de dix-huit exemplaires groupés dans une même trouvaille. Le fait n’est sans doute pas anodin. QUELQUES RÉFLEXIONS CONCERNANT LA COMPOSITION DE LA TROUVAILLE DE TAILLY La présence dans le remplissage du niveau recouvrant la situle, de pierres et de tegula implique le voisinage d’un site antique (habitat, sanctuaire ?) ce qui ne saurait surprendre. La faible profondeur de l’enfouissement, la position couchée du vase pourrait traduire soit un dépôt hâtif soit un dépôt purement symbolique (voir la casserole en bronze du gué de la Casaque). Le dépôt est constitué à la fois d’un objet semiprécieux, le vase en bronze et d’objets vulgaires en fer. Objets vulgaires certes mais objets de la vie quotidienne pour un individu précis. La première hypothèse qui vient à l’esprit est celle d’un stock de forgeron, mais un tel stock avait-il une valeur suffisante pour en privilégier l’enfouissement en cas de danger ? Il est ici regrettable qu’on ne puisse trancher de manière absolue quant au caractère neuf et usagé de certains fers. Cela a été le sentiment du restaurateur mais, objectivement, il semble difficile de trancher de manière catégorique. Compte tenu du caractère très spécifique des vingt-huit objets en fer contenus dans la situle, l’hypothèse d’un stock d’artisan ne serait défendable que dans le cas d’objets neufs répondant à une commande précise, enfouis dans la précipitation du fait d’une menace imprévue… L’hypothèse d’un dépôt intentionnel à caractère votif, semble plus séduisante : − du fait du lieu de découverte au voisinage d’une source située en bordure d’une voie avec possibilité d’existence d’un sanctuaire rural ; 298 − de par la composition même du dépôt. La série d’objets en fer paraît en effet trop étroitement liée à la profession d’un seul et même individu en l’occurrence un transporteur, pour que cela soit le fait du hasard. De toute évidence, cette série d’objets en fer est représentative de l’équipement d’un petit transporteur propriétaire d’une voiture à deux roues tirée par un cheval (deux hipposandales, deux clavettes de type 2b) et d’un char à quatre roues (quatre clavettes de type 2a, ensemble des bousandales) tiré par un nombre indéterminé de bœufs, vraisemblablement deux ou quatre. Les recherches de V. Brouquier-Reddé (Brouquier-Reddé 1991, p. 45-46) ont en effet montré la difficulté d’interprétation du nombre de bousandales utilisé par animal du fait de l’ignorance totale dans laquelle nous nous trouvons de savoir si chaque onglon avant et arrière était équipé ou seulement les onglons des pattes avant, voire uniquement les onglons externes des pattes avant. De ce fait, dans l’ignorance totale dans laquelle nous nous trouvons des conditions exactes d’utilisation comme des habitudes des bouviers antiques, le nombre de bœufs utilisés pour tracter ce char à quatre roues a pu varier de deux (un fer à chaque onglon interne et externe de chacune des pattes antérieures et postérieures plus deux fers de secours) à neuf bœufs (un fer à chaque onglon externe des seules pattes avant). La présence à l’époque romaine, à l’emplacement d’un sanctuaire terrestre, sanctuaire rural probablement, compte tenu de sa situation géographique, n’a rien en soi de surprenant si l’on se réfère aux représentations des stèles funéraires où le métier du défunt est souvent mis en lumière par la figuration d’un ou de plusieurs outils caractéristiques et à forte valeur symbolique. Le même phénomène se remarque sur les gués de la Saône où la vaisselle métallique, les armes mais aussi les outils, sont systématiquement présents dans les dépôts votifs comme l’a prouvé la fouille du gué de la Casaque au sud de Chalon (Bonnamour, Dumont 1994). Actuellement, à défaut de certitude, une forte présomption nous laisse donc penser que le dépôt de Tailly pourrait correspondre à un dépôt votif comparable à ceux rencontrés dans le lit de la Saône aux emplacements des sites de gués. LA DÉCOUVERTE DE TAILLY (CÔTE-D’OR). UN DÉPÔT VOTIF D'ÉPOQUE GALLO-ROMAINE EN BOURGOGNE ? BIBLIOGRAPHIE Bonnamour, Dumont 1994 : BONNAMOUR (L.), DUMONT (A.). — Les armes romaines de la Saône : état des découvertes et données récentes de fouilles. Journal of Roman Military Equipment Studies, 5, 1994, p. 141-154. Poulsen 1979 : POULSEN (E). — The manufacture of final models of roman mass produced pail handle attachments. In : Bronzes hellénistiques et romains. Traditions et renouveau. 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Un fort contraste existe entre la végétation de la vallée (cultures et prairies) et les plateaux boisés. Le fond de la vallée, orientée nord-sud, est à environ 70 m sous le plateau et se développe sur plus de 500 m de large au droit du hameau de Chantenot, au sud de Chevroches. Il réduit à 200 m environ vers “l’écluse de la Maladrerie” L’éperon de Chevroches présente une déclivité assez forte du sud-est vers le nord-ouest. Le point le plus élevé du site se trouve à proximité du rempart néolithique, à la côte moyenne de 197 m (NGF). Le plateau est bordé à l’est par une falaise abrupte dans laquelle plusieurs cavités sont visibles. Le méandre fossile a été classé comme site naturel au titre de la loi de 1930 en 1989. Il se situe à quelques mètres au-dessus du niveau actuel de la rivière. Les alluvions qui se sont déposées ont donné à cette vallée un caractère très fertile ; l’agriculture y est omniprésente. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir.: Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 301-326 (Bibracte ; 11). FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET Découvert par photographie aérienne en 1998 le site gallo-romain de Chevroches (Nièvre), a fait l’objet de sondages et d’une fouille de sauvetage en 2001-2002 (ill.1). Les investigations sur le terrain ont montré que nous étions en présence d’une “agglomération secondaire” implantée au début du Ier siècle de notre ère et abandonnée au début du Ve siècle. Sa surface totale n’est pas connue, mais au moins cinq îlots, délimités par des voies et des ruelles, ont été identifiés sur une superficie de plus de 14 500 m2 (ill.2). Plusieurs phases de constructions et de création de bâtiments, au caractère parfois monumental, ont été mises en évidence. Une trame viaire, installée au milieu du Ier siècle de notre ère, servira de maille urbaine durant trois siècles. Au cours du second siècle, l’adoption des techniques architecturales romaines se généralise et se concrétise par la réorganisation de certains îlots et surtout par la construction d’un bassin monumental de 18 m de large sur 27 m de long (il s’agit en fait de la longueur connue à ce jour). Sa profondeur est de 2,30 m environ. Si son rôle n’est pas encore défini (pisciculture, ornement, captage de source, installation portuaire ?), il est associé à un petit édicule cultuel. Les maisons, les divers bâtiments sont construits selon des techniques romaines, en particulier grâce à l’utilisation du mortier de chaux et de moellons soigneusement équarris (opus caementicum). Les murs sont décorés d’enduits peints aux motifs floraux ou mythologiques. Certaines maisons reçoivent l’eau courante ainsi que le chauffage par le sol (l’hypocauste). La partie sud du site a montré la présence d’une activité métallurgique soutenue (forges et travail du bronze), depuis le IIIe s., jusqu’à l’abandon de cette partie du site, à la fin du IVe s. ap. J.-C. Quatre aires de travail ont été clairement identifiées dans l’îlot A (ill.3). La plus ancienne, datée du IIe s. ap. J.-C., n’a laissé que peu de traces. Elle se situait dans un petit bâtiment (pièce n° 21) dont seules les fondations ont été reconnues. Un fond de foyer, associé à de nombreuses scories (argilosableuses et calottes) y ont été identifié. La seconde zone d’atelier, datée des années 250/320 ap. J.-C., se situait dans un grand bâtiment (pièce n° 3) où les niveaux d’utilisation, des bases de foyers et un socle d’enclume ont été retrouvés. La troisième aire de travail (pièce n° 2), a été implantée au début du IVe s. ap. J.-C. dans une pièce 1. Vue aérienne de la fouille sur l’emplacement du futur port de plaisance sur le Canal du Nivernais (cliché F. Devevey, 2001). 302 DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) 2. Plan général de l’agglomération gallo-romaine de Chevroches, toutes phases confondues (Inrap, 2004). 303 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 3. Chevroches “le domaine de Noé” (Nièvre). Vue générale de l’îlot A, vers le sud-est (cliché Inrap, 2002). 4. Chevroches (Nièvre). Plan de l’îlot A et localisation des dépôts métalliques (plan Inrap, 2004). 304 DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) qui communiquait avec la pièce n° 3. Il s’agissait à l’origine d’une pièce d’habitation domestique (IIe et IIIe s. ap. J.-C.), transformée, par la suite, en forge. Un fond de four (de raffinage ?) y a été mis au jour. Enfin, suite à un important incendie survenu vers 320 ap. J.-C., les pièces n° 2 et n° 3 ont été abandonnées. Mais l’activité métallurgique n’a pas été interrompue pour autant. Un nouvel atelier a été installé dans le même îlot d’habitation. La fouille a montré qu’il y avait donc eu un transfert de l’activité dans cette nouvelle zone (pièce n° 14). L’étude des rejets, ainsi que des différentes structures de cet atelier a montré que le travail du fer (forge), cohabitait avec le travail (plus ponctuel ?) du bronze. L’activité métallurgique semble disparaître (du moins pour ce secteur de l’agglomération), à la fin de la décennie 350. Plusieurs caches et dépôts métallurgiques ont été découverts à proximité de l’atelier de la pièce n° 14, dont un lot de plus de 200 objets manufacturés en fer, bronze et plomb, ainsi que trois trésors monétaires. Cet article présente d’une manière synthétique l’étude du contenu de ces dépôts, mais également leur contexte stratigraphique et topographique afin d’en établir la fonction et le statut. LES DÉPÔTS MÉTALLIQUES Quatre dépôts métalliques, dont le contexte d’enfouissement est estimé autour de 350 ap. J.- C. ont été mis au jour dans l’îlot A (ill.4). Ils sont liés stratigraphiquement et chronologiquement au fonctionnement de la pièce n° 14, mais, comme nous allons le voir, leur nature et leur fonction sont différentes. Le dépôt US 1020 (ill.5) C’est au cours des premiers jours de la fouille que l’important dépôt US 1020 a été mis au jour. Ce dernier se situait dans l’angle sud-ouest de la pièce n° 8. Il correspondait à une fosse de 1,10 m de diamètre et d’une profondeur de 70 cm qui avait été creusée dans le remblai de destruction de la pièce n° 8. Ce niveau était également présent dans la pièce n° 3 et la pièce n° 7. Comme nous l’avons vu plus haut, ces trois pièces ont subi un violent incendie vers 320 ap. J.-C., qui a provoqué leur destruction. C’est dans ces niveaux que les dépôts US 1020, US 1027 et US 1028 ont été implantés. 5. Chevroches “le domaine de Noé” (Nièvre). Mise au jour du dépôt d’objets dans l'US 1020 (cliché Inrap, 2001). Lors de la fouille, le dépôt US 1020 se présentait comme un enchevêtrement d’objets de diverses natures et fonction : objets en fer, en bronze et en plomb. Il s’agissait d’outils en état de fonctionnement (compas, marteaux d’orfèvres, ciseaux…), usagés ou cassés. S’y ajoutaient notamment des éléments de constructions (agrafes), des éléments de serrures, des clés (fer et bronze), des éléments de chars, des clous, des barres de forges. Malgré une fouille fine de ce dépôt, aucun tri particulier ne semble avoir été effectué par son propriétaire. L’unique regroupement correspondait aux clous, qui devaient être à l’origine réunis dans un sac. Le reste des objets devait être regroupé dans un grand sac qui ne nous est pas parvenu. Son aspect particulièrement hétérogène montre une volonté de regrouper un maximum de matière première, destinée à la refonte, ou à la réparation d’autres objets. Parmi les objets collectés par le métallurgiste, figure “le disque astrologique de Chevroches” et une garniture de fourreau fabriquée à Aquae Helveticae (actuelle Baden en Suisse) par les ateliers de Gemellianus. En revanche, l’absence totale de monnaie dans ce dépôt avait attiré notre attention. La découverte du dépôt US 1028 nous donne la réponse. Sans anticiper sur l’étude de ce dépôt, nous pouvons souligner que certains objets (dont une fibule fragmentée et la garniture de fourreau) sont beaucoup plus anciens que leur date d’enfouissement. En fait, aucun objet dans ce dépôt ne donne une datation certaine de l’enfouissement. Seule la stratigraphie a permis de fournir une date précise. 305 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 6. Chevroches “le domaine de Noé” (Nièvre). Vue du dépôt de monnaies “US 1027” (cliché Inrap, 2002). Le dépôt US 1027 (ill.6) Le dépôt/trésor US 1027 a également été mis au jour dans la couche de destruction de la pièce n° 8. Il s’agissait ici d’un trésor de 867 monnaies (et cinq flans) qui à l’origine devaient être regroupées dans un sac qui a disparu depuis. Aucune fosse n’a été observée, car le trésor avait sans doute été caché dans les gravats de la pièce PCE 08, et de ce fait, aucun trou véritable n’avait été fait (Gricourt 2004). Si l’étude finale ne nous a pas été encore rendue par le Cabinet des médailles de Paris, nous pouvons néanmoins en présenter les premiers résultats qui ont d’importantes implications à la fois dans la nature de ce dépôt, mais également dans celle du dépôt US 1020 et de l’activité métallurgique de cette époque à Chevroches : Tout d’abord, la monnaie la plus récente identifiée dans ce trésor est une “officielle”, produite à Trêves en 342-343 ap. J.-C. Selon D. Gricourt, le Terminus doit être toutefois plus tardif (autour des années 350), compte tenu des “minimissimes” qui composent l’essentiel du trésor. L’étude a porté ensuite sur une recherche systématique des liaisons de coins. Il a ainsi repéré 73 coins de droits pour 72 coins de revers dans les proportions suivantes : (les pourcentages correspondent aux 73 coins d’imitations reconnus) : Pour les droits (les pourcentages correspondent aux 73 coins d’imitations reconnus) : − 10 Constantin II, soit 13,69 % − 1 Constance II, soit 1,36 % − 2 Constant, soit 2,73 % − 19 Empereurs indéterminés (Constantin I, 306 Constantin II, Constance II, Constant ou éventuellement Delmace), soit 26,02 % − 18 Urbs Roma, soit 24,65 % − 17 Constantinopolis, soit 23,28 % − 1 Fausta, soit 1,36 % − 2 Hélène, soit 2,73 % − 3 Théodora, soit 4,10 % Pour les revers (les pourcentages correspondent aux 72 coins d’imitations reconnus) : − 1 Gloria exercitus à deux enseignes, soit 1,38 % − 32 Gloria exercitus à une enseigne, soit 44,44 % − 11 Urbs Roma, soit 15,27 % − 21 Constantinopolis, soit 29,16 % − 2 Pax publica, soit 2,77 % − 4 Pietas romana, soit 5,55 % − 1 Spes publica ou Spes augg de Tétricus I ou Tétricus II (sic), soit 1,38 % Seuls trois exemplaires officiels de monnaies ont été reconnus dans le trésor, qui est donc composé à 99,65 % d’imitations. De plus, l’étude de la surface des monnaies de ce trésor montre que plus de 98 % d’entre elles ne présentent pas de trace d’utilisation. Cette étude montre que certains coins sont surreprésentés et forment l’immense majorité du trésor, ce qui statistiquement, est incompatible avec les trésors monétaires “classiques”, amassés par des particuliers. Pour D. Gricourt, ces dernières ont été forgées sur place et n’ont pas circulé, ou bien, si elles proviennent d’un autre lieu (forcément très proche), elles n’ont jamais été dispersées. Selon ses conclusions, plus de 99 % des monnaies du trésor US 1027 ont été frappées à Chevroches. Le dépôt US 1028 (ill.7) Le dépôt US 1028 a été mis au jour dans l’angle sud-est de la pièce n° 3. Il a été caché dans les gravats de démolition de la pièce, contre le mur 1 507. Comme pour le trésor US 1027, aucune fosse ou creusement n’était visible à la fouille. Le premier objet qui a été découvert dans ce dépôt est une assiette en bronze étamé, complète et intacte, qui avait été posée à l’envers sur un vase de type “Nied. 33”. Ce dernier présentait une cassure ancienne sur une partie de la panse, dont le tesson manquant n’a pas été retrouvé. Il est fort probable que ce dernier manquait déjà au moment de l’enfouissement. Le vase renfermait 263 monnaies, quatre objets circulaires (trois rondelles monéiformes et une petite applique circulaire à deux rivets). DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) penser que ce nummus, à l'égard à son titre de fin relativement élevé par rapport aux productions des années 320, n’a pas dû circuler très longtemps, de telle sorte que le sinistre peut être effectivement daté à partir de 322. Cet élément prouve donc sans équivoque que lors de l’enfouissement du dépôt US 1028 dans la couche de démolition de la pièce n° 3, plus aucune monnaie qui le composait n’avait cours et donc plus aucune de ces 263 monnaies n’avait de valeur monétaire. D. Gricourt en vient aux mêmes conclusions que les nôtres : « Concernant le trésor US 1028, je suis effectivement persuadé que nous avons affaire à une réserve de métal destiné à la fonte » et non à un trésor, au sens pécuniaire du terme. Le dépôt US 1074 Le dépôt d’objets US 1074 a été mis au jour dans la pièce n° 14,dans l’angle nord-ouest.Contrairement aux autres dépôts, ce dernier avait été déposé au fond d’une petite fosse ovale, de 0,43 m x 0,30 m. Sa profondeur était de 24 cm. Il se composait de huit objets en fer, dont un fer de lance. CONCLUSION 7. Chevroches “le domaine de Noé” (Nièvre). Mise au jour du dépôt de monnaies “US 1028”. Ce dernier était couvert par une assiette en bronze étamé, complète (cliché Inrap, 2002). Contrairement au trésor de l’US 1027, ce dernier regroupait un lot hétéroclite de monnaies : quelques sesterces très usés, un denier de Trajan très usé également, des imitations radiées de la fin du IIIe s. et des nummi au 1/96e de livre. Les monnaies les plus récentes issues de ce dépôt correspondent à ce type de monnaie et sont à l’effigie de Constantin I et de Lucinius I. Elles ont été émises par l’atelier de Trêves en 316-317. De ce fait, la composition des monnaies de ce dépôt bute sur la réforme de 318 ap. J.-C.. Comme nous venons de la voir, ce dépôt a été caché dans les remblais de démolition de la pièce n° 3. La fouille du dernier niveau de sol de cette pièce, scellé par sa couche d’incendie, a livré une monnaie qui correspond à un nummus réformé de Constantin II, émis en 321-322 ap. J.-C. Cette dernière présente encore la totalité de son argenture d’origine, ce qui signifie qu’elle a très peu circulé. La datation de l’incendie comporte donc un terminus post quem. Mais on est toutefois en droit de Les découvertes de Chevroches remettent en cause l’attribution et le statut que peut avoir un dépôt métallique, s’il n’est pas reconnu dans un contexte stratifié et s’il n’est pas replacé dans son contexte archéologique. Ceci implique également qu’il peut y avoir une grande différence de datation absolue entre les objets d’un dépôt et l’assemblage de ce dernier. Dans le cas du dépôt US 1028, le “décalage” chronologique est particulièrement significatif : la datation des objets contenue est différente de celle de leur enfouissement. Il en est de même pour le dépôt US 1020. Si son contexte d’enfouissement est également attribué au milieu du IVe s., aucun des objets qui le compose ne permet de donner une date aussi “élevée” dans le temps. Bien que nombreux, les objets ne sont pas assez caractéristiques. Quant à la garniture de fourreau de Gemellianus, sa fabrication est attribuée à la seconde moitié du IIe siècle ap. J.-C., le fragment de fibule circulaire est attribué au IIIe siècle. Peut-on alors dater la constitution d’un dépôt par la seule typo-chronologie ? Enfin, que dire de l’assemblage même des objets d’un dépôt ? À quelle logique répond t-il ? 307 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET Les dépôts 1020, 1 027 et 1 028 sont des réserves de métal contemporaines. L’une regroupe un assemblage hétéroclite d’objets ou de fragments d’objets de toutes tailles,de toutes origines (notons en revanche l’absence des métaux précieux : or et argent) que nous classerons dans les objets voués à la récupération (aux pièces “détachées”) dont la majeure partie était vouée à servir à nouveau, en remplacement d’une pièce similaire. La réserve de métal US 1028 est composée à 99 % de monnaies qui ne sont plus en circulation lors de l’enfouissement. Comme l’a montré la présence de monnaies partiellement fondues dans la pièce n° 14, ce “trésor monétaire” n’en est vraisemblablement pas un. Il s’agit ici d’une réserve de métal, dont la composition est exclusivement basée sur des alliages base cuivre, vouée à être refondue, c’est-à-dire destinée au recyclage. Donc, seul le dépôt 1027, composé de presque 900 monnaies est identifié comme un trésor, caché à la même époque, en raison de sa valeur fiduciaire. De plus, l’étude numismatique a prouvé que ce trésor a été fabriqué sur place et qu’il n’a jamais circulé. Tous ces éléments nous montrent à quel point il est difficile, voir hasardeux de vouloir donner un statut fonctionnel, votif ou chronologique à un dépôt métallique s’il n’est pas à la fois replacé dans un contexte stratigraphique et topographique. La fonction de chaque dépôt de Chevroches n’a pu être déterminée que par corrélation avec l’étude des autres dépôts et une bonne connaissance de leur environnement archéologique. Que dire alors des dépôts plus anciens qui la plupart du temps sont issus de contextes archéologiques inconnus ? Comment savoir, par exemple, si un dépôt de haches en bronze a été constitué pour sa valeur symbolique, fiduciaire, marchande ou “simplement” comme réserve de métal ? F. D.  RÉPARTITION DES OBJETS PAR CATÉGORIES La fouille du site de Chevroches a mis au jour trois fosses contenant des objets métalliques et a permis de les mettre relation avec un atelier métallurgique en activité P14 (tableau 1 et 2). Deux de ces fosses (US 1074 et 1 020) sont interprétées comme des dépôts. La troisième fosse (US 1078) correspondrait plus à une fosse de rejet de l’atelier P14. Toutes semblent constituer les réserves de métal de l’artisan en même temps qu’elles témoignent d’une activité de recyclage des pièces en fer et en bronze. En tenant compte de ce contexte particulier, l’intérêt de l’étude des objets de ces dépôts porte sur leur relation avec l’activité de l’atelier P14. Hormis les chutes et les barres de forge présentes dans les dépôts US 1078 et 1 020 signalant une production métallurgique, le reste des objets reflètent-ils une partie de la production de l’atelier P14, ou proviennent-ils de récupération ? La fosse la plus grande, US 1020 contient une centaine d’objets en fer et une vingtaine d’objets en bronze. Cette dernière est particulièrement importante car elle atteint presque la même proportion que la totalité des objets en fer provenant des couches archéologiques du 308 site, soit 104 objets pour le dépôt US 1020, pour 153 objets provenant des couches archéologiques. Les deux autres fosses ne dépassent pas, pour la fosse US 1078, dix-sept objets en fer et cinq en bronze, et pour la fosse US 1074 sept objets en fer. Le mobilier métallique provenant des dépôts tout comme celui exhumé des couches archéologiques a été classé par catégorie qui définit le genre de l’objet. Le mot construction, utilisé pour désigner une catégorie est un terme général employé pour regrouper des éléments d’assemblage ou des objets courants dont les usages variés ne les destinent pas uniquement à un emploi lié au bâtiment (comme la clouterie, les chaînes, les crochets, les anneaux, les viroles, les pattes de scellement, les agrafes, les renforts, les gonds, les charnières, les ferrures…). En ce qui concerne Chevroches, six autres catégories permettent de classer le reste du mobilier métallique. La catégorie artisanale est assez bien représentée avec des outils apparentés aux métiers du métal et de la construction (charpentier, tailleur de pierre, maçon). La catégorie domestique également assez importante en quantité de pièces en DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) Catégories US Objets Fer US objets Bronze Dépôts US 1020 Fer Dépôt US 1020 Bronze TOTAUX 4 0 1 0 5 + 1? 0 7 0 12 Arme 41 Agricole Artisanat 39 8 + 7? 24 0 78 Char/attelage 6 0 2 1 8 Harnachement 1 1? 0 5 7 Construction 43 0 53 0 96 Domestique 20 26 +11 ? 9 14 80 Indéterminé 35 13 9 0 57 153 66 104 20 343 TOTAUX Tableau 1. Répartition des objets découverts à Chevroches “le domaine de Noé”, par catégorie (construction : sans clous). (1 : il s'agit de 4 dents de râteau ou de herse appartenant probablement au même objet). CONT Arme Agri Artis V N/S 1 V E/O 3 Char/ atte HarT 1 Voie Const Domes Indé 1 1 2 2 3 TOTAUX 3 8 2 5 3 8 2 7 20 2 7 6 5 21 P3 1 3 1 5 P5 1 1 2 1 1 6 P7 3 2 4 1 P8 1 P1 P2 1 P9 P11 1 4 P15 1 2 1 9 1 1 1? 1 2 1 2 1 3 1 1 1 M67 1 1 10 2 HS 1 1 M47 4 5 39 6 1 43 3 2 2 US 1078 1 2 1 Bassin 6 2 1 P21 P22 26 2 2? P19 TOTAUX 7 2 P16 P18 2 1 1 2 2 1 1? P10 P14 10 4 17 1 3 1 1 2 20 35 154 1 Tableau 2. Répartition spatiale des objets par catégorie (hors dépôt US 1020). Abréviations - Agri = Agricole ; Artis = Artisanat ; Char/atte = Char/attelage ; Frgt = fragment ; HarT = harnachement ; Const = construction ; Domes = Domestique ; Indé = indéterminé ; HS = Hors stratigraphie ; V N/S = Voie nord-sud ; P1- 22 = Pièce 1- 22 ; M67/M47 = Mur. 309 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 1. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Les objets de la fosse US 1074 (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). fer et en bronze, englobe des types d’objets variés tel que notamment des éléments de foyer, de vaisselle, d’huisserie, de puisage, d’ameublements ou de parure. Les catégories char/harnachement et agricole regroupent quelques objets. L’armement est sous représenté. Enfin, la catégorie des indéterminés qui regroupe les fragments d’objets selon leur forme, permet de prendre en compte la totalité du mobilier. des pièces, est présentée entièrement sur une planche toutes catégories confondues (ill.1). Cet article ne traite que du mobilier métallique provenant des fosses/dépôts même si certaines planches comportent également des objets provenant des couches archéologiques du site. Les illustrations des objets des fosses/dépôts US 1020 et 1 078 sont présentées par catégorie tandis que la fosse US 1074, du fait du petit nombre Les clous en sont les éléments les plus abondants. Les autres objets recouvrent une grande variété de type et d’usage et, au-delà de leur 310 La catégorie construction (ill.1 : US 1074, n°4 et ill.2-7) DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) identification, ils apportent une information assez limitée sur le site. Parmi les éléments de renforts et de cerclages, les deux bandes repliées n° 94 et 95 paraissent trop minces pour être des bandages de roue de char et la présence des trous de fixation caractériserait plus la fonction de cerclage. Quant aux objets (n° 88, 89, 90, 93, 96) il s’agit de différents types de renforts dont les formes spécifiques induisent des fonctions précises qui restent pour le moment difficilement déterminables. Parmi les objets usuels représentés tels que la clouterie, les viroles, les fragments de chaîne, les anneaux, les gonds et les charnières, on retiendra simplement la présence de deux groupes de types de clous. Les premières se caractérisent par une absence de tête de frappe et sont généralement tordues. Un profil similaire est cité parmi les pièces d’assemblage d’un char (Kiss, Bökönyi 1989, p 95). Les deuxièmes se distinguent par une tige effilée de section carrée, s’épaississant régulièrement pour se terminer sur une extrémité aplatie avec une torsion visible de profil. L’aspect de cette extrémité rappelle la trace de découpe qui résulte de la séparation entre la tige de préhension et l’objet façonné. Ces tiges seraient donc des chutes de forge. Cependant, un profil similaire est également identifié comme un type de crochet-clou (?) utilisé pour maintenir, soutenir ou réunir des panneaux (bois ?). Un ensemble d’agrafes et de pattes fiches de tailles diverses se distingue également par leur nombre bien que d’un usage varié. On note que ces objets se retrouvent fréquemment parmi les éléments d’assemblage dans la charronnerie (Kiss, Bökönyi 1989 ; Venedikov 1960). rectangulaire placée sous le pourtour du chapeau (passage d’un harnais ?). Les objets n° 19 et 20 dont le profil circulaire et bombé les attribuerait à la même catégorie n’ont, en revanche, pas de système d’attache à pied caractérisant l’applique de harnachement. De plus, l’exemplaire n° 20 comporte sur sa surface un décor et une inscription en grec. Le décor, dont le contour est actuellement en cours d'étude, est organisé sous la forme de douze cases alignées sur le pourtour du disque. La catégorie de l’artisanat (ill.9-10) La catégorie charronnerie (ill.7-8) Parmi les outils identifiés, tous n’ont pas une attribution certaine à un métier. La fosse/dépôt US 1020 a livré une douzaine d’outils. On trouve les métiers du métal mais aussi le travail du bois et dans une moindre proportion, le travail du cuir et de la pierre. La fosse US 1078 ne contenait que deux outils : un poinçon attribué au travail du métal, essentiellement à cause de sa forme bombée (US 1078,14) et un fragment de scie (US 1078,15). Parmi les outils incomplets difficilement identifiables, l’objet (n° 37) comporte un tranchant à dent. Par sa forme il s’agirait soit d’un racloir pour le nettoyage des peaux, soit d’une scie. L’épaisseur du dos et la largeur étroite de cette lame rapprocheraient plus cet objet du racloir. Si l’on prolonge le départ d’épaulement de l’objet (n° 35), on trouve une forme se rapprochant d’un tranchet ou d’un couteau à pied en demi-lune, objet caractéristique de découpe des peaux (Duvauchelle 1990, p 37). Le petit ustensile à tranchant (n° 39) reste aussi d’attribution incertaine. La finesse de la tige limite son utilisation à des matières souples tel que l’argile ou le stuc. Dans cette catégorie, on identifie formellement pour le dépôt US 1020, que deux objets en fer : le n° 59 se situe au niveau de l’essieu qu’il protège et/ou renforce et un exemplaire de fer à bœuf avec le fragment n° 98. Les objets en bronze complètent cet ensemble apparenté au char. Cinq objets sont attribués au harnachement du cheval : les n° 4, 16, 17, 18 (US 1020) et un objet de la fosse US 1078,3 de forme losangique avec une fixation à deux pattes (sans illustration). Tous comportent un aspect esthétique et certains sont fonctionnels. La pointe en fer associée à une tête en bronze (n° 15) dont la fonction esthétique n’est pas à remettre en question, est classée dans cette catégorie à cause de sa dimension et par la présence d’une boucle Les outils associés aux métiers du bois regroupent quatre exemplaires du dépôt US 1020 en plus de l’exemplaire de scie US 1078,15. Bien que la tête de la gouge (n° 31) révèle des traces de frappe très marquées tentant à l’attribuer au travail de la pierre (Duvauchelle 1990, p 30), la gouge reste un outil couramment et principalement utilisé pour le travail du bois. Une longue période d’utilisation sur des bois plus ou moins durs peut également laisser des traces de cette sorte. Les deux autres ustensiles (n° 30 et 34) sont assez incomplets. L’outil n° 30 s’apparenterait à un bédane sans autre preuve qu'une ressemblance morphologique avec cet outil. L’outil n° 34 est soit un pied-de-biche, soit un marteau arrache-clou. Le profil de l’objet, bien que limité 311 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 2. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie construction. Les agrafes (?) ou cerclages en fer (cliché A. Larcelet). 312 DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) 3. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie construction. a : pattes fiches ; b : fragments de charnières, gonds et crochets en fer (cliché A. Larcelet). 313 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 4. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie construction : les éléments de suspension et les crochets (?) en fer (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). 314 DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) 5. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie construction : les renforts et les cerclages en fer (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). 315 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 6. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie construction : la clouterie en fer : a : les clous ; b : crochets ou clous du dépôt US 1020 (cliché A. Larcelet). 316 DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) 7. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie construction : la clouterie et les pièces en fer liées à la charronnerie (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). par la cassure, ne révèle pas un profil courbe très prononcé qui caractérise le pied-de-biche et, en cela, le rapprocherait plus du profil du marteau arrache-clou. Du travail du bois, les métiers de charpentier ou de menuisier, liés à la construction paraissent le mieux correspondre aux quelques outils identifiés de ce groupe. Seul le poids du fil à plomb (n° 36) fait référence au métier de la pierre car le compas n° 29 bien que caractéristique de cette corporation, se retrouve également dans les métiers du bois et chez le forgeron. Une marque résultant d’un coup accidentel est visible sur la surface de l’objet. Le métier de tailleur de pierre est assez bien représenté par un groupe d’outils provenant du secteur 1. La présence du poids dans le dépôt US 1020 et celle attestée d’outils de tailleur de pierre, dont certains proviennent du contexte de l’atelier P14, implique déjà l’existence de l'activité de cet artisanat et permet de supposer une relation sur l’origine et/ou l’entretien de ces outils avec la forge P14, avant leur récupération définitive. 317 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 8. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie harnachement : les objets en bronze liés au harnachement du dépôt US 1020 (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). Quatre outils sont attribuables aux métiers du métal. Ces outils ont en commun la spécificité d’être utilisés pour des travaux de précision de façonnage et de décoration sur des objets de petite dimension. Il s’agit de deux marteaux (n° 32 et 33) qui ne diffèrent l’un de l’autre, que par leur dimension ; d’un petit poinçon n° 38 ainsi que l’objet (n° 111), interprété comme une petite enclume (un autre exemplaire d’enclumette a été identifié parmi l’outillage provenant du site). Ce dernier comporte une tête épaisse et légèrement bombée montrant des traces de frappes et d’usures. La tige, effilée, massive et décentrée, permet la fixation de l’outil sur un support plus large (pièce de bois, enclume ?). Le contexte archéologique du site n’a pas révélé la présence d’un artisan orfèvre auquel conviendraient ces outils. Ces derniers ne sont pas cassés et étaient utilisés avant leur stockage. Proviennent-ils de la fabrication de l’atelier P14 et/ou ont-ils été récupérés par l’artisan qui s’en serait peut-être servi lui-même ? Ce groupe a pu être employé à des travaux de chaudronnerie ou à la fabrication d’autres types d'objets plutôt à base de cuivre qu'en fer, aux vues de leur petite dimension. Le poinçon US 1078 peut être intégré à ce groupe car il comporte les mêmes attributs : les travaux de finition. 318 La catégorie des barres et des chutes de forge (ill.10-11) Au total, une trentaine d’objets en fer appartiennent à cette catégorie répartit dans les deux dépôts US 1020 et 1 078 regroupant une vingtaine de pièces, le reste provenant de la fouille. Les fragments en bronze, identifiés dans cette catégorie, ne proviennent que de la fouille. Les trois barres (n° 49, 109 et 110) du dépôt US 1020 ont été identifiées comme des produits de base de forge et non comme des objets, même si leurs surfaces ont fait l’objet d’un travail de martelage précis, formant une section carrée ou rectangulaire régulière. Elles se caractérisent toutes les trois par une tige effilée sur une extrémité qui permettrait leur préhension à la pince pour le travail de transformation en produit fini. À ce sujet on retrouve parmi les chutes de forge identifiées comme tige de préhension, une forme et une taille similaire à celle des barres de forge. La plupart des chutes de forge sont des tiges de dimension modeste ne dépassant pas les 7 cm de longueur, les plus grandes atteignent une douzaine de centimètres. Il faut signaler que leur petite taille facilite leur perte dans un atelier plus aisément qu’un autre type de chute de plus grande dimension. DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) 9. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie artisanat : les outils en fer du dépôt US 1020 (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). 319 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 10. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie artisanat : les chutes de forge et les outils en fer de la fosse US 1078 (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). Elles se caractérisent toutes par une extrémité effilée prévue pour la préhension, tandis que l’autre extrémité révèle soit un aplatissement ou l'on a une sorte de pincement sous la forme d’un biseau à un ou deux pans, soit une torsion sous la forme d’un bec ou d’une barbelure, qui témoigne de la découpe. Parmi les fragments de tôles et de plaques inventoriés tant en bronze qu’en fer, il est difficile de distinguer le fragment d’objet de la chute de forge, en l’absence de trace de découpe directement lisible, ou de pliage intentionnel. Peu de chutes ont pu être identifiées malgré la présence, en nombre, de ces fragments. En ce qui concerne les fosses dépôts 1 020/1078, des deux exemplaires, n° 45 et US 1078,1, aucun ne peut être clairement identifié comme chute de tôle. La dimension moyenne des chutes ne rend compte que d’une production d’objets de taille 320 modeste, mais n’exclut pas pour autant la production d’objets de dimension plus importante, dont les chutes ont pu être réemployées plus facilement et rapidement. Les objets de la catégorie agricole (ill.12) Cette catégorie regroupe quelques objets aux fonctions diverses. Un émondoir (n° 21) et une serpette (n° 22) outils à tranchant employés pour des taches de dégrossissage et de taille de pièces de bois brut, ont pu être utilisés tout aussi bien par un paysan, qu’un bûcheron ou par un artisan du bois. Les quatre tiges interprétées comme des dents de râteau (ill.1, US 1074,5 à 8), la pointe (n° 25) qui, associée à un bâton grâce à son emmanchement à douille, a pu servir à pousser des bêtes à DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) 11. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Catégorie artisanat. Les barres et chutes de forge en fer du dépôt US 1020 (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). 321 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 12. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Les objets en fer de la catégorie agricole (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). l’attelage et le fragment de force n° 105, forment un autre groupe d’outillage aux fonctions plus hypothétiques. Le fragment d’entrave (n° 86), dont le diamètre de 6 cm limite l’utilisation sur des animaux de petite taille, termine cet ensemble d’objets hétéroclites, ne mettant en évidence ni une activité agricole, ni une production de ce genre d’objets. La catégorie armement n’est quasiment pas représentée, si ce n’est peut-être, une pointe de pilum (n° 26 ; ill.12) et une pointe de lance à emmanchement à douille (ill.1, US 1074). La catégorie des objets domestiques (ill.13-14) Cette catégorie regroupe plusieurs familles d’objets dont les usages variés se réfèrent à 322 diverses activités de la vie quotidienne tel que notamment l’habillement, la parure, la vaisselle, les éléments de foyer, le puisage, la serrurerie, le mobilier d’habitation. Parmi les objets en fer du dépôt US 1020, la catégorie domestique est représentée principalement par des clefs de différents types et plutôt de grande dimension ce qui évoque une récupération par l’artisan (n° 99, 100, 101, 102, 103). Le reste du mobilier se résume à trois objets incomplets et hétéroclites dans leur fonction : une anse de seau n° 104, un objet indéterminé (n° 106) et un fragment de bord de vaisselle (n° 107). Dans le petit dépôt US 1074 un crochet de crémaillère complet et un fragment de poignard représentent cette catégorie. Quant au dépôt US 1078, seul un fragment de bord de vaisselle a été identifié (US 1078,13, sans illustration). DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) 13. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Les objets domestiques en fer (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). 323 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET 14. Chevroches “le Domaine de Noé” (2001-2002). Les objets domestiques en bronze (dessins A. Larcelet, Y. Amrane). Les objets en bronze du dépôt US 1020 se rapportent essentiellement à des garnitures de meuble (n° 2, 4, 6, 10, 12) et à des éléments de serrurerie (n° 7, 8, 13). Le reste du mobilier forme un petit groupe hétéroclite avec un fragment de vaisselle (n° 3), un fragment de garniture de fourreau (n° 14), un fragment de fibule (n° 9) et deux anneaux (n° 1 et 11). Dans la fosse US 1078, nous dénombrons un fragment de bord de vaisselle (US 1078,2, 324 sans illustration) et un fragment de clochette (US 1078,3, sans illustration). La représentation des objets dans cette catégorie est lacunaire par l’absence de groupe d’objets particuliers tant dans la fosse/dépôt, que sur le site. L’aspect hétéroclite de l’ensemble ne concourt pas à mettre en évidence un type d’habitat ou une production métallurgique orientée sur la fabrication de ce type d’objet. DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES DANS UN CONTEXTE DU VIE SIÈCLE APRÈS J.-C. À CHEVROCHES “LE DOMAINE DE NOÉ” (NIÈVRE) La catégorie des fragments d’objets indéterminés (sans illustration) Contrairement aux objets de cette catégorie provenant des couches archéologiques, le mobilier des fosses/dépôts US 1020 et 1 078 comporte peu de pièces. Nous distinguons autant de produits plats que de produits à base de barre. Les objets sont fragmentés et généralement en mauvais état de conservation. Parmi les fragments de plaques (US 1020,113 et 57), certaines sont recourbées en formant des angles droits et sont percées de trous pour la fixation. Ces éléments évoquent la fonction de renfort. CONCLUSION Le creusement US 1078, par sa fonction de fosse de rejets de forge, témoigne d'abord de l’activité de métallurgie du fer de l’atelier P14. La petite taille des chutes et les fragments informes répertoriés, ne nous semblent cependant, pas assez représentatifs de la production et n’apportent guère de précision sur le ou les objets produits. La présence du poinçon sur l'objet US 1078,14, seul exemplaire fini de l’ensemble et en bon état, quoique légèrement tordu sur sa partie inférieure, est surprenante. En ce qui concerne les deux dépôts US 1020 et 1 074, les objets des catégories armement, domestique ou agricole ne forment pas de groupes cohérents et englobent des objets aux fonctions disparates. S'il est tentant de percevoir une production d'éléments de char dans l'atelier P14, les faits le justifiant sont trop ténus pour le vérifier. les objets du dépôt et aussi ceux provenant du site pouvant être rapportés à cette catégorie forment un groupe cohérent avec celui des clés de ce mobilier métallique. Mais ils sont peu nombreux à être identifiés clairement. Les autres sont certaines pièces d'assemblage ou de renforts classés d'abord dans la catégorie du char de manière hypothétique. On remarquera quand même notamment dans le dépôt US 1020, la complémentarité des fonctions entre les quelques objets du dépôt US 1 020, ceux en bronze se rattachant au harnachement (par ailleurs quasiment absents parmi le mobilier provenant des couches archéologiques) et les objets en fer apparentés au char. Aucun élément de char n’a été retrouvé dans le contexte même de l’atelier P14, ni aucun outil caractérisant la charronnerie n'a été identifié. La présence de ces objets souvent de grande dimension s’explique d’abord par la fonction de réserve de métal des dépôts. Ces objets ont pu provenir du démontage d’un char ou de récupérations fortuites. Rien n’empêche cependant d’envisager, dans le cadre de la polyvalence de la production dont semble se caractériser la forge P14, que l’artisan forgeron ait eue à réparer ou à remplacer, une ou plusieurs pièces sur un char. La polyvalence de la forge se fonde sur l'absence d'une série d'objets témoignant d'une spécialisation et au contraire sur la variété des objets stockés. Le métal accumulé sous diverses formes (barre et chutes de forge, objets fragmentés ou non) dans les fosses/dépôts, laisse supposer une consommation régulière du fer ou/et assure à l’artisan un stock de métal toujours disponible. L’espace de l’atelier P14 et la cour attenante permettent également d’envisager une production d’objets de tailles diverses. La présence majoritaire de fer nous semble d’abord identifier un atelier de production, une forge, capable de produire des outils ou tous autres objets résultant d’une demande. Les outils, dont certains étaient complets et situés dans le contexte de l’atelier P14, qui sont liés aux métiers de la construction tels que menuisier, charpentier, tailleur de pierre assez bien identifiés dans le mobilier métallique, correspondraient aux objets que cette forge a pu produire. Notons que la cohabitation de bronzier et de forgeron dans un même espace semble difficilement envisageable pour des raisons d’organisation et de répartition des zones de travail. Toutefois, la possibilité d’une cohabitation des métiers de bronzier et de forgeron transparaît bien au sein de l’atelier P14 avec la présence du fer et du bronze dans l’atelier, dans le dépôt US 1020 et par la présence d'objets mixtes (n° 15, ill.8). Cette cohabitation contribue à accentuer la polyvalence de la production de cet atelier. Cependant, la quantité d’objets contenue dans le dépôt US 1020 amène à se demander si l’acquisition de ces pièces de métal ne s’est pas faite dans un même temps et non par accumulation progressive, jusqu’à son enfouissement. D’ailleurs, la présence du groupe d’outils liés manifestement au travail du métal (n° 32, 33, 38, 111 et probablement l’exemplaire US 1078,14) pose la question de leur provenance. Ils forment un groupe assez homogène qui représente un outillage employé 325 FRÉDÉRIC DEVEVEY, ANNE LARCELET pour des travaux de précision et orientent l’activité sur le travail de petits objets en fer ou en bronze. Le fait que ce groupe soit stocké dans le dépôt US 1020 indique non seulement qu’ils ont été récupérés par l’artisan mais que ce dernier n’en avait pas usage. artisans du métal auxquels succéda la forge P14. En revanche, si ces outils ont appartenu à l’artisan de la forge P14, leur stockage dans le dépôt suppose que l’activité de l’atelier ne nécessitait plus l’utilisation de ce genre d’outils. Cette hypothèse implique que la production d’un type d’objet est abandonnée, au cours, ou dès l’installation de la forge P14 Par conséquent, nous pouvons nous demander si ces outils n’ont pas pu appartenir à un des A. L. BIBLIOGRAPHIE Duvauchelle 1990 : DUVAUCHELLE (A.). — Les outils en fer du musée romain d’Avenches. Bulletin de l’Association Pro Aventico, 32, 1990. Kiss, Bökönyi 1989 : KISS (A), BÖKÖNYI (S.). — Das römerzeitliche Wagengrab von Kozarmisleny (Ungarn, Kom. Baranya) & Die Pferdeskelette des römischen Wagengrabes von Kozarmisleny (Anhang). Budapest : Magyar Nemzeti Muzeum, 1989 (Régészeti Füzetek Ser. II. ; 25). Gricourt 2004 : GRICOURT (D.). — L'étude des monnaies du site de Chevroches, le domaine de Noé. In : DEVEVEY (F.). — Chevroches, “le domaine de Noé”. Rapport final d'opération de fouille préventive (DFS). Sennecey-lès-Dijon : INRAP, 2005, 2 vol. Venedikov 1960 : VENEDIKOV (J). — Trakiyskata Kolesnitsa - Le char de Thrace. Sofia, 1960.  326 Conclusion de la table ronde Patrice MÉNIEL À l’issue de ces deux journées, pendant lesquelles on a pu mesurer l’étendue et la diversité du phénomène des dépôts d’objets métalliques aux âges du Fer en Europe, ce propos final sera orienté selon deux axes. Le premier, dans un esprit pluridisciplinaire, est de signaler quelques similitudes entre les approches que l’on peut faire des dépôts métalliques et des amas d’ossements animaux. Le second est d’essayer de contribuer à l’un des objectifs de cette réunion, à savoir un point méthodologique sur l’étude, les comparaisons et l’interprétation de ces dépôts. DES DÉPÔTS DE MÉTAL ET D’OSSEMENTS ANIMAUX C’est de nombreuses discussions informelles, avec, entre autres, Thierry Lejars ou Jean-Paul Guillaumet, qu’est née l’idée qu’il était possible d’établir un certain nombre d’analogies entre la nature, l’histoire et l’étude des restes animaux et des objets métalliques. En effet, il n’est pas rare que des dépôts d’ossements côtoient des amas métalliques, que ce soit dans des tombes, des sanctuaires ou des Brandopferplätze. Ce voisinage attire naturellement l’attention sur les contextes, immédiat (le contenant) ou proche (le site), qui recèlent de tels dépôts. Mais, audelà de ce voisinage, de profondes analogies peuvent apparaître entre ces deux catégories de mobiliers. En effet, il est possible d’y définir des ensembles anatomiques, squelettes ou panoplies, d’y relever des traces de sacrifice, de suivre leur décomposition, d’étudier leur mode de dépôts, d’en décompter les éléments subsistants. Ces similitudes débouchent évidemment sur des convergences méthodologiques pertinentes et devraient naturellement conduire à des approches communes. Ces deux journées ayant été consacrées au métal, il peut être utile d’élargir le champ, comme cela m’a été suggéré aussi bien par les organisateurs que lors de l’exposé préliminaire, à quelques exemples de dépôts animaux. Cela permet d’attirer l’attention sur le fait que les pièces métalliques sont assez régulièrement des restes d’objets plus complexes, et à ce titre à considérer comme des éléments de squelettes à replacer dans un processus de décomposition et de dégradation, au sein d’une démarche essentielle pour en saisir l’histoire. Bataille (G.), Guillaumet (J.-P.) dir. : Les dépôts métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Actes de la table ronde des 13 et 14 octobre 2004 (Glux-en-Glenne – F.-58). Glux-en-Glenne : BIBRACTE. Centre archéologique européen, 2006, p. 327-334 (Bibracte ; 11). PATRICE MÉNIEL Les quelques exemples de dépôts animaux qui suivent, présentent divers états de dislocation : os isolés, parties de squelettes ou squelettes complets, isolés ou en groupe. Ces états peuvent se rencontrer sur des dépôts ne comportant que des restes animaux, ou associés à des restes humains. Mais ce n’est pas le lieu de développer l’ensemble des possibilités et des combinaisons déjà observées dans ce domaine. Des amas d’ossements de bœuf ou de chevaux, souvent peu fragmentés mais dépourvus de relations articulaires, ont été trouvés lors de grands décapages (Chevrières “la Plaine du Marais” (ill. 1) ou Verberie “Les Gats” (ill. 2), Méniel à paraître). Ces ossements ont été déposés en une fois dans de vastes dépressions, datées de La Tène ancienne, sans rapport direct avec un habitat. Des dépôts analogues, mais plus récents, ont été découverts dans certains secteurs du village d’Acy-Romance (Méniel 1998) (ill. 3). Ces animaux ont été consommés, mais le nombre de sujets représentés, six ou plus, implique une consommation collective. Des dépôts d’ossements, moins denses que les précédents, mais ayant fait l’objet d’une sélection et/ou de traitements particuliers, se distinguent parfois de la masse des déchets culinaires qui constituent l’essentiel des trouvailles sur nombre de sites. Ces dépôts témoignent du statut de certains animaux qui ne sont pas consommés (souvent des chevaux, parfois des bœufs), et dont une partie des ossements (crânes, ou autres) peut faire l’objet d’un dépôt ; c’est le cas de certains ensembles à Acy-Romance ou à Braine (Auxiette 2000), par exemple. Dans d’autres cas, les ossements animaux, parfois maintenus en connexion anatomique, ont fait l’objet de déplacements après que la décomposition ait déjà été bien entamée. Ces déplacements (à moins qu’il s’agisse du prélèvement d’une pièce, le crâne par exemple) s’accompagnent habituellement de pertes plus ou moins sévères d’ossements, en particulier des plus petits. Ce phénomène, d’abord observé à Gournay-sur-Aronde (Brunaux, Méniel, Poplin 1985), l’a été également 1. Dépôt daté de La Tène ancienne d’ossements de six bœufs, trois porcs et un mouton découverts à proximité d’un établissement rural de La Tène moyenne à Chevrières "La Plaine du Marais" (Oise). Fouille F. Malrain, programme de sauvetage dans la Vallée de l’Oise (cliché P. Méniel). 328 CONCLUSION DE LA TABLE RONDE 2. Verberie "les Gats" (Oise) : dépôt de La Tène ancienne d’ossements de quatre bœufs, quatre chevaux, un porc et un mouton. Fouille F. Malrain, programme de sauvetage dans la Vallée de l’Oise (cliché P. Méniel). 3. Dépôt d’ossements déposés simultanément de trois bœufs et de trois chevaux consommés découverts dans le village de La Tène finale d’Acy-Romance (Ardennes). Fouille programmée B. Lambot (cliché P. Méniel). 329 PATRICE MÉNIEL 4. Dépôt d’ossements déposés simultanément d’ossements de trois chevaux déposés dans un tronçon de fossé du site de La Tène moyenne de Thaon (Calvados). Fouille G. San-Juan SDAC (cliché P. Méniel). 330 CONCLUSION DE LA TABLE RONDE sur d’autres sites, comme Thaon (ill. 4) (San-Juan et al. 1999) ; tous ces sites ont également livré des os humains. Une variante est une dislocation in situ des relations articulaires ; cette dernière se manifeste uniquement par des déplacements, et il ne manque pas d’ossements. Le dernier cas est celui des squelettes en connexion, complets ou non. Ils peuvent être inhumés seuls ou en groupe, en une ou plusieurs fois. La nécropole de Vertault, du début du Ier s. de notre ère, nous offre des illustrations de ces diverses possibilités (Jouin, Méniel 2001). La première est illustrée par deux inhumations individuelles (ill. 5). La seconde par le dépôt en une fois de dix sujets (ill. 6), dont les squelettes sont plus ou moins superposés. Enfin, la troisième (ill.7) est le fruit d’une série de dépôts de deux ou trois sujets à chaque fois, dont la mise en place dans une grande fosse s’opère aux détriments de dépôts antérieurs. Ces dépôts multiples font l’objet d’enfouissements différés qui, s’ils ont été assez rapides pour éviter la dislocation des squelettes, a permis néanmoins aux chiens d’intervenir sur les carcasses (ouverture des abdomens). Ces inhumations d’animaux, effectués en dehors des murs de l’agglomération, voisinent avec des inhumations humaines contemporaines. De ce rapide tour d’horizon, il ressort que les dépôts d’animaux qui se distinguent au mieux des déchets domestiques sont ceux pour lesquels l’agencement anatomique initial est préservé, ou au moins perceptible. C’est le degré de fragmentation, des relations articulaires puis des os eux-mêmes, qui s’avère l’un des critères les plus efficaces pour les mettre en évidence. L’analyse impose une attention particulière aux relations articulaires et aux positions sur le terrain. En effet, s’il est possible de restituer après coup des ensembles anatomiques, seule l’observation in situ permet d’attester les relations anatomiques, qu’il s’agisse de connexions ou de positions relatives. Dans le domaine des dépôts métalliques, cela permet de distinguer un coffret détruit, d’un coffret décomposé en place, dont témoignent les éléments métalliques en position “anatomique” (ill. 8). 5. Sépulture individuelle d’un étalon dans la nécropole d’animaux de Vertault (Ier s. de notre ère, Côte-d’Or). Fouille programmée J.-M. et M. Mangin (cliché P. Méniel). 331 PATRICE MÉNIEL 6. Sépulture de dix étalons déposés simultanément dans la nécropole d’animaux de Vertault (Ier s. de notre ère, Côte-d’Or). Fouille programmée J.-M. et M. Mangin (cliché P. Méniel). 7. Sépulture collective d’étalons déposés successivement par groupes de deux ou trois dans la nécropole d’animaux de Vertault (Ier s. de notre ère, Côte-d’Or). Fouille programmée J.-M. et M. Mangin (cliché P. Méniel). 332 CONCLUSION DE LA TABLE RONDE 8. Éléments en bronze d’un couvercle de coffret découvert en place dans un amas du IIe siècle de notre ère, dans le temple de Mercure au sommet du Puy-de-Dôme (Puy-de-Dôme). Fouille programmée D. Tardy (cliché P. Méniel). MÉTHODE D’ÉTUDE DES DÉPÔTS MÉTALLIQUES Il me semble que les dépôts qui nous ont été présentés mériteraient la mise en place d’un fonds documentaire commun, par le biais d’une banque de données informatisée. Cette banque de données me semble une étape incontournable pour la conduite des études synthétiques et comparatives envisagées dans le programme de la table ronde. La mise en place de ces modalités, forcément standardisées et quelque peu schématiques, ne doit évidemment pas conduire à un appauvrissement des analyses individuelles conduites sur les dépôts : elle aurait seulement pour objet de réunir un certain nombre d’élé- ments décrits selon une procédure commune. Cela conduirait évidemment à un certain degré de schématisation, mais ouvrirait à des traitements statistiques et à l’élaboration de critères représentatifs. N’étant pas spécialiste des dépôts métalliques, je me suis évidemment inspiré des résultats présentés au cours de ces deux journées pour établir une première liste de questions et de critères descriptifs nécessaires pour essayer de leur apporter des réponses. Il est bien sûr évident que ces grandes lignes, établies par un observateur extérieur ne peuvent être, au mieux, qu’une étape initiale qu’il conviendra de modifier afin de les adapter aux besoins de la communauté. 333 PATRICE MÉNIEL Questions soulevées par l’étude des dépôts Modalités et composition du dépôt : – gestes et vocabulaire – nature, valeur des objets Éléments pour une description sommaire commune Contexte (terrestre, souterrain ou aquatique) : – immédiat (contenant et structure) – proche (le site) Nature du dépôt : – individuel ou collectif ? – rituel ou profane ? Relations régionales : – entre dépôts terrestres, souterrains, aquatiques – avec les habitats – avec les sanctuaires – avec les nécropoles Relation avec des événements : – locaux (incendie, abandon) – économique (relation masses déposées, masses en usage) – historiques Nature des objets présents : – degré d’élaboration/dégradation (lingot, ébauche, chute, objet, fragment) – degré de représentativité : ensemble complexe (panoplie, trousse à outils, service à boire, de cuisson), objet isolé (arme, outil) ou partie d’objet (lame, umbo, fragment, miette) – traces (feu, sacrifice, décomposition, cassure) Règles d’assemblages : – inventaire : critères de dénombrements : nombre de restes (NR), nombre minimum d'individu (NMI) et poids des restes (PR) – dynamique du dépôt (instantané, accumulation, primaire, secondaire…) – chronologie des objets et datation du dépôt Histoire du dépôt (taphonomie) : – modalités de mise en place (posé, rangé, jeté, réparti…) – dynamique d’enfouissement (immédiate, différée, naturelle…) – perturbation au cours du séjour en terre ou en grotte – fouille, collecte sélective, mode d’enregistrement, relevé – assemblages et créations contemporaines BIBLIOGRAPHIE Auxiette 2000 : AUXIETTE (G.). — La faune de la vallée de l’Aisne. Les installations agricoles de l’âge du Fer en France septentrionale. Paris : Éditions Rue d’Ulm, 2000, p. 169-180 (Études d’Histoire et d’Archéologie ; 6). Brunaux, Méniel, Poplin 1985 : BRUNAUX (J.-L.), MÉNIEL (P.), POPLIN (F.). — Gournay I : les fouilles sur le sanctuaire et l’oppidum (1973-1984). Amiens : Revue Archéologique de Picardie, 1985 (Revue Archéologique de Picardie, n° spécial). Jouin, Méniel 2001 : JOUIN (M.), MÉNIEL (P.). — Les dépôts animaux et le fanum gallo-romains de Vertault (Côte-d’Or). Revue Archéologique de l’Est, 50, 2001, p. 119-216. 334 Méniel 1998 : MÉNIEL (P.). — Le Site protohistorique d’Acy-Romance (Ardennes) III : les animaux et l’histoire d’un village gaulois (fouilles 1989-1997). Reims : Société Archéologique Champenoise, 1998 (Mémoires de la Société Archéologique Champenoise ; 14/hors-série 1998). San Juan et al. 1999 : SAN JUAN (G.), MÉNIEL (P.), MATTERNE-ZECK (V.), SAVARY (X.), JARDEL (K.). — L’occupation gauloise au nord-ouest de Caen. L’évaluation en sondage du plateau de Thaon (Calvados). Revue Archéologique de l’Ouest, 16, 1999, p. 131-194. Achevé d’imprimer en août 2006 sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery 58500 Clamecy Dépôt légal : août 2006 Numéro d’impression : 605092 Imprimé en France Les premiers dépôts des âges du Fer, identifiés à la fin XIXe et au début du XXe siècle, furent découverts dans des rivières, des marais et des lacs, comme à La Tène en Suisse et à Kappel en Allemagne. Au début de la seconde moitié du XXe siècle, furent mis en évidence d’autres types de dépôts d’objets en fer. Il s’agit en majorité d’outillage artisanal et agricole de la période des oppida, essentiellement en Tchécoslovaquie, dont les plus connus sont ceux de Kolín, Hostyn et Pohanská. La découverte de dépôts du premier âge du Fer et du début de la période de la Tène est encore plus récente. En France, elle a permis de reclasser un certain nombre de dépôts de haches en bronze, tant dans l’Ouest qu’en Bourgogne et dans les régions limitrophes, en mettant en valeur une déposition encore méconnue de bracelets en alliage base cuivre. Dans le même temps, étaient mis en évidence des dépôts d’objets en fer du Hallstatt, surtout en République tchèque. Ce renouvellement de la documentation justifiait la tenue d’une table ronde consacrée aux dépôts d’objets métalliques au second âge du Fer en Europe tempérée. Lors de la présentation des communications, il est apparu que le sujet est une source inépuisable de thèmes de recherche, que chaque auteur développe selon sa propre vision. La diversité des approches montre les multiples réalités du phénomène des dépôts : composition, répartition, signification et datation, ainsi que le travail qui reste encore à accomplir. Parc naturel régional du Morvan Dfousf!bsdipmphjrvf!fvspqfo G!.!69481!HMVY!FO!HMFOOF!0!Um/!;!)44*!14!97!89!7:!11!0!Gby!;!)44*!14!97!89!76!81! F.nbjm!;!jogp@cjcsbduf/gs! ! ! !!!!!!!!!Tjuf!xfc!;!iuuq;00xxx/cjcsbduf/gs ISSN : 1281-430X ISBN : 2-909668-44-4 Prix de vente : 32 €. code barre